
qu’elle ne foit tachée par fon contaCt avec le foie,
comme dans la plupart des univalves, ou par
quelqu’autre appareil organique , comme dans
la Janthine.
Quant à l’épiderme, il eft communément d’un
vert plus ou moins fale.
Nous avons déjà dit que la coloration nacrée
ou irifée de la même face interne des coquilles ,
tenoît à la difpofition phyfique des molécules uniquement,
& l’expérience que nous avons citée
à cet égard eft due à M. Brewfter.
Il paroît auffi que le climat produit dans la coloration
des coquilles les mêmes variétés que celle
qu’il détermine dans les teintes du pelage-,des
mammifères, du plumage des oifeaux, de l’enveloppe
écailleufe des reptiles & des poiftons. Les
coquilles intérieures, fouftraites à l’aCtion de la
lumière, font toujours blanches. Au contraire , la
coloration des coquilles extérieures eft d’autant
plus vive, plus brillante, plus variée, que les animaux
dont elles proviennent ont été plus expofés à
l’influence des rayons du foleil. Les Pholades, les
Tubicoles font conftamment d’une nuance pâle
ou blancheles Hélices terreftres ont des teintes
fortement tranchées & éclatantes.
Quoi qu’il en foit, les teintes qui décorent
l’extérieur des coquilles pénètrent peu profondément
dans leur tiiïii ; toujours très-fuperficielles ,
elles femblent tenir au pigmentum coloré de la
peau & formées parle dépôt d’une matière d’une
nature fpéciale , dont les moléculès viennent re-
pofer furia couche calcaire, & peuvent difpa-
roîcre avec le temps ou fous l’influence de diversi
agens phyliques ou chimiques.
S e c t i o n s e c o n d e .
141. Les Mufcles en générât. Les mufcles des
Mollufques , de même que ceux de la plupart des
autres animaux invertébrés, ont une teinte blanche
plus ou moins pure, & font fouvent difficiles à
diftinguer du derme proprement dit. Leurs fibres
font, durefte, difpofées en faifceaux de figure
& de direction variables.
Les,Mollufques different tellement des animaux
vertébrés que nous avons étudiés jufqu’ à préfent,
que nous ne pouvons plus divifer les mufcles de
la même manière que chez ceux-ci, c*eft-à dire
les çlafler fuivant la région du corps à laquelle ils
appartiennent : nous fommes obligés de les con-
fidérer à parc dans chacun des grands ordres de
la clalfe.
§ Ier. Mufcles des Céphalopodes.
Le fyftème mufculaire de ces Mollufques préfente
quelques variétés fuivant les efpèces dans
lefquellès on l’examine.
Dans le Poulpe , où il a été diftéqué avec beaucoup
de foin par M. Cuvier, il femble fe partager
entre les pieds , la bourfe , la tunique charnue qui
enveloppe lé foie & l’oefpphage> l’entonnoir &
quelques organes particuliers.
Nous allons l’étudier dans fes rapports avec
chacune de ces parties fucceffivement.
Chaque pied du Poulpe, ainfi que le dit M. Cuvier,
doit être confédéré comme un long cône,
dont labafe, au lieu d’offrir une feCtion plane ,
s’alonge en une forte de bec de flûte, pour s’ unir
avec les bafes des pieds voifins autour de l’oefo-
phage, & fe fixer avec elles au petit cercle de
l’anneau cartilagineux qui rènferme le cerveau jx
les oreilles. Tous ces pieds s’ élargiffent en reliant
ferrés l’un contre l’autre, & , entrelaçant mutuel-
ment leurs fibres en rubans croifés , circonf-
crivent de cette manière une cavité fphéri.;ue
dans laquelle eft logée la maffe charnue de la
bouche.
Chaque pied eft percé , dans le fens de fon axe,
d’un long canal où fe trouvent logés un nerf <&
des vaiffeaux.
C ’eft autour de ce canal que font placés les
mufcles intrinfcqu.es du pied.
Ceux-ci font de deux fortes.
Les uns font tranfverfaux,• leurs fibres vont, en
rayonnant, fe porter des parois du canal central
vers la circonférence de l’organe.
Les autres font longitudinaux ,* ils font fitués en
dehors des précédens, en forte que leur coupe
tranfverfale préfente quatre fegmens rentrans de
cercle , flriés fortement en rayons.
Le tout eft entouré d’une double tunique
mince ; l’intérieure à fibres longitudinales, l’extérieure
à fibres annulaires.
Pareils à ceux de la langue des mammifères,
ces mufcles intrinfèques doivent alonger , raccourcir,
courber, fléchir le pied, auquel ils appartiennent
, dans toutes les directions imaginables.
Les mufcles extrinfeques des pieds font de plu-
fîeurs fortes.
Les uns appartiennent à la membrane qui réunit
leurs bafes.
Ils font difpofés fur trois plans , deux tranfverfaux
& un longitudinal.
La couche tranfverfale externe naît d’une ligne
blanche le long du dos de chaque pied > \'interne
provient des côtés de celui-ci, entre les attaches
! des mufcles des ventoufes 5 toutes deux, arrivées
au milieu de l ’efpace qui fépare les deux pieds,
y croifent une partie de leurs fibres, en forte que
celles qui viennent de dehors fe terminent en
dedans, & réciproquement.
La couche longitudinale offre un peu d’obliquité
dans fes fibres. Elle eft extérieure & naît de la
ligne blanche du milieu de chaque pied.
En rétréciffant, par leur contraction , la membrane
de la bafe des pieds, ces trois couches
charnues les rapprochent l’un de l’autre, ou les
réunifient tous en faifceau.
l’àCtion
On conçoit, d’après ce la, combien eft utile
l’aCtion de cet appareil mufculaire pour l’exercice
de la natation.
Sur les faces fupérieures ou internes des pieds
du Poulpe exiftent des petits organes particuliers,
que l’on défigne fous le nom de ventoufes, godets,
f/foirs, cupules, & dont nous parlerons encore
plus loin (1).
Chacune de ces ventoufes eft en forme de
demi-fphère creufe & compofée de fibres qui fe
dirigent de fa face concave à fa face convexe.
Des mufcles extrinfèques embraffent fa gorge,
s’écartent enfuite en cinq ou fïx faifceaux & fe
fixent à la furface du pied, en s’entrelaçant, foit
avec les faifceaux des mufcles des ventoufes voi-
fines, foit avec les fibres de la couche interne de
la membrane d’entre les pieds.
Une tunique charnue enveloppe le foie &
l’oefophage j elle naît de toute la face inférieure
de l’anneau cartilagineux de la tête & occupe
tout l’efpace fitué derrière l’entonnoir & même
pins bas, où elle forme un anneau étroit que
traverfe le cardia.
La partie la plus épaifie de cette tunique vient
de derrière la tête entre les yeux , mais elle eft
renforcée en divers endroits par plufieurs piliers
charnus qui lui arrivent, foit des pieds , foit de la
bourfe , & qui fervent à unir celle-ci &ce qu’elle
contient avec la maffe de la tête & des pieds.
Chacun de ces faifceaux mérite une attention
particulière.
a. On voit partir au-devant de chaque oeil &
de la bafe externe du pied voifin, c’eft-à-dire de
l’antérieur externe, un gros pilier dont une partie
s’épanouit fur la tunique, tandis que l’autre fe
porte en avant, traverfe fous la bafe poftérieure
de l’entonnoir, s’unit à fon congénère, après
avoir entouré avec lui l’ouverture de l’anus, &
forme la bride antérieure qui lie la bourfe à la
maffe vifcérale.
b. Ce grand pilier eft lui-même renforcé, à
quelque diftance de fon origine , par un autre
pilier qui vient du pied antérieur mitoyen & fe
bifurque avant de le joindre.
■ c. La tunique charnue reçoit en outre directement
de ce même pied antérieur mitoyen, fous
le premier pilier, un double faifceau, & de chaque
côté de l’anneau cartilagineux de la tête, un petit
trouffeau particulier.
d. Le gros pilier latéral de l’entonnoir eft
formé par un mufcle qui part, à droite & à
gauche, d’un ftylet cartilagineux (2) logé dans les
(1) ci-après, n0*.' 883 & fui vans.
(a) Les deux ftylecs cartilagineux donc il s’agit ici femblent
repréfenter dans le Poulpe l’os de la Seiche. Ils occupent
la moitié inferieure de chaque cpté du dos, 8c font
renfermés dans des poches mcmbraneufes, fur lefquelles les
fibres de la bourfe paroiiTent particulièrement prendre leur
origine.
Syjl. Anat. Tome 1}pi
parois de la bourfe, & abandonne une partie de
fes fibres fur le bas de la tunique charnue des
vifcères.
e. Un autre pilier, de chaque côté, part de la
pointe fupérieure du ftylet dont il vient d’être
queftion , marche le long du bord interne du ganglion
latéral, & va former, à droite & à gauche,
une bride qui joint latéralement la bourfe à la
maffe vifcérale. Il fe perd fur le côté & vers le
haut de- la tunique charnue.
ƒ. Le bord poftérieur de l’ouverture de la
bourfe donne naiffance à trois petits faifceaux,
dont :
ƒ'. L’un, impair, moyen, monte vers le haut
de la tunique entre les yeux >
f " . Et les deux autres, latéraux, y aboutiffent
direClement en travers.
g. Un autre faifceau latéral fe dirige en outre,
à droite & à gauche, vers la partie de la tunique
fituée en avant de chaque oe il, près du gros
pilier.
Outre les mufcles qui joignent la tête ou les
pieds à la bourfe, par le moyen de la tunique
vifcérale, il en eft un grand qui unit immédiatement
la bourfe aux pieds.
Il naît tout le long du dos de celle-là, laiffe
de chaque côté une ouverture pour l’oeil, fe
partage dans le haut en cinq faifceaux, eux-
mêmes fubdivifés en deux chacun , & s’infère fur
les côtés des fix pieds latéraux & poftérieurs,
fous la couche tranfverfe externe des fibres de la
membrane- qui les unit.
Il devient facile de concevoir comment ces'
divers mufcles peuvent changer dans toutes fortes
de fens , par fuite de leur contraction, les rapports
de polïtion de la bourfe avec la tête & ,
conféquemment, avec les pieds confédérés, en
maffe.
A l’ orifice de la bourfe, en avant du cou, &
fous la paire antérieure des pieds, eft un organe
charnu, creux , conique, ouvert aux deux bouts,
fervant de cloaque & nommé entonnoir par les
zootomiftes.
Cet organe, qui tranfmet au-dehors l’encre,
les excrémens & la laite, mufculaire lui-même &
d’une fubftance analogue à celle de la bourfe,
offre des mufcles extrinfèques dont nous allons
dire quelques mots.
Des côtés de fa bafe, par exemple, partent
deux grands piliers charnus qui defcendent en
arrière, contractent une union intime avec le
premier pilier {a) de la bourfe , & vont s’inférer
à celle-ci le long de la partie inférieure des ftylets
cartilagineux.
Sur les côtés encore de la même bafe, s’infèrent
deux autres mufcles venant du bord poftérieur de
la bourfe , fous le grand mufcle qui attache ce
bord aux pieds.
Ceux-ci ferrnent la bourfe fur les côtés de l’en-
S$