
Poiffons,
remplir leurs fondions & agir fur l ’air atmof-
pherique.
. 1' de fait encore, & cela devient fort
important dans l’hiftoire de la fonction qui nous
occupe, que certains Poiffons, obligés par leur
genre de v ie , par leur mode d habitation, à ne
pouvoir renouveler facilement Peau qui fert à
leur refpiration, ont des appareils fupplémen-
taires pour en mettre en réferve une certaine
quantité, ou dés ouïes fi étroitement percées
que le fluide qui les baigne ne les abandonne
que difficilement.
Ceci eft notoire dans les Chironeêtes, les
Baudroies, les Macroptéronotes, qui vivent dans
-Ja vafe, & dans les Anabas, qui peuvent pafifer
un temps plus ou moins long hors de Peau,
& qui même, dit-on, grimpent fur les arbres
& le long des troncs, des palmiers qui bordent
les rives de certaines rivières de l’Inde ( i) . L’U-
ranofcope peut vivre auffi plufieurs jours hors
de le a u , & les Anguilles paroiffent faire d’affez
longs voyages fur terre.
Dans tous les Poiffons, au refte, l'appareil
de la refpiration occupe l’extrémité antérieure
corP s > entre la tête et la cavité thoraco-
abdominale, fur les côtés du coeur. Il eft fitué
dans une cavité qui communique intérieurement
avec l’origine des voies alimentaires, & qui
s’ouyre au-dehors par un ou plufieurs orifices
de dimenfions variables, différemment fituésy
fuivant les efpèces, & fermés par l’opercule,
la membrane branchioftège ou des replis des :
tégumens.
Plufieurs PoifTons, d'ailleurs, fi on les vou- !
loit claffer d’après les difpofitions de leurs organes
refpiratoires, fembleroient appartenir à
d’autres ordres zoologiques, ce qui peut avoir
porté Pallas (2) dune part, & Hermann (3)
de l’autre, à penfer que les Poiffons ne pou-
v oient qu’à peine,être diftingués des Reptiles (4 ),
tandis que l’obfervation prouve auffi que par
eux ils fe rattachent aux Annélides, ainfi qu’il
confie de la diffeétion des Cycloftomes & des
Plagioftomes, comme les Raies, les Torpilles,
les Lamproies, les Ammocetes, les Rouflettes
les Myxines, les Eptatrèmes, les. Humantins,
les Aiguillats, 8cc.
889. Le Larynx en général. Cet organe manque
absolument dans les Poiffons.
898. La Glotte. Rien ne la représente chez eux. *3 4
( I) DiLOOBFF, Naturel hifioty o f Perça fcaniens ( Trant
ofthe Lmnean S o c tcy , vol. Ï Ï I , pag. 6a. ) _ G. CuviES
le Régné animal, tome II , pag. 340. *
(a) Spicil. qoolog. , fafc. V I I I , pag. 27.
(3) D e Affinitate Animalium, pag. 2^3.
(4) Voytq auffi MeckeIi , Archiv. , vol. IV, pag. 206
T De Be at«tille Mémoire fur la,tlruüurc des branehie,
« f f les foetus <!es Squales, inféré dans la Journal de Phyftque.
903. Le Corps thyroïde. Il n’en exifle au un
veftige.
906. La Trachée-artère. Elle eft dans le même
cas exaélement.
912, 9! 3. Les Bronches droite et gauche. Elles
ne fe rencontrent point dans les Poiffons, ce qui
eft prefqu’une conféquence du défaut de tra*
chée-artère*
916, 917. Les Branchies. On appelle ainfi les
organes a l’aide defquels les Poiffons refpirent
leau, & qui different, en outre, effentiellement
deis poumons de beaucoup d’autres animaux, en
ce que ceux-ci font compofés de cavités dans
lefquelles s’introduit le fluide ambiant, tandis
que les premières font mifes en contaél avec ce
fluide par leur furface extérieure.
Dans l’un & dans l’autre cas, au refte, le
fang eft conduit dans l’ organe refpiratoire par
des vaiffeaux ramifiés également à l’infini, de
maniéré à ce que toutès les molécules de cette
humeur puiffent éprouver fuffifamment l’aétion
du fluide que l’animal refpire.
Les branchies offrent quelques différences,
fuivant les efpèces de Poiffons où on les examine.
Dans lés Raies, par exemple, les branchies
font au nombre de cinq ; leurs lames ne font
point foudées par paires, comme cela a lieu
ordinairement, mais leurs deux rangées font fé-
parées par des rayons cartilagineux fur lefquels
elles appuient, & par un mufcle particulier. Les
lames, d ailleurs, en fupportent de plus petites
qui leur font perpendiculaires, & qui paroiffent
uniquement membraneufes & vafculeufes,
Les arceaux cartilagineux de ces organes font
articules immédiatement avec le crâne & avec
les premières vertèbres. Chacun d’eux porte fur
fa convexité onze à douze rayons, qui s’élèvent
en divergeant entre deux rangées des premières
lames. Leur concavité eft liffe & unie.
Ils font mis en mouvement par plufieurs muf-
clés. Deux de ceux-ci, très-forts & venant du
grand cartilage tranfverfe, les écartent, parce
qu Us fe terminent fous leur cartilage moyen.
Chacun des deux eft, en outre, ouvert dans
fon a ie , par l ’écartement de fes extrémités qu’opère
un mufcle qui, parti de chaque côté du
rayon moyen, fe dirige vers les autres & tend
a en rapprocher le bout. Ce même arc eft fermé,
enfiu, par un autre mufcle court, épais, cy-*
o r-r^^e * dans deux foffettes fpéciales,
& fitué en travers.
Toutes les branchies font rapprochées à la fois
par un mufcle très-fort qui les enveloppe toutes
enlemble, & qui ne leur laiffe de libre que le
coté parJequel elles regardent la cavité de la
bouche.
pn arriéré des branchies, on obferve deux
toi tes pièces cartilagineufes qui femblent rem-
PoiJJ'ons.
placer les branches hyoïdes & n’en différer que
par la pofition.
Dans la plupart des Poiffons, on ne compte
que quatre branchies de chaque coté, & chacune
eft compofée de deux rangées # de lames
cartilagineufes de forme alongee & triangulaire,
& foudées enfemble dans les deux tiers de leur
bord interne.
Ces lames, ou ces paires de lames, font appuyées
parleur bafe fur la convexité d arcs offeux
ou cartilagineux dont elles femblent les rayons ,
& dont on compte communément quatre de
chaque côté. . .
Ces arcs, que M. Geoffroy Saint-Hilaire compare
aux côtes & nomme en conféquence pieu-
réaux ( i) , font formés de pièces dont le nombre
varie , & toujours de deux proportions mobiles
l’ur.e fur l’autre, ce qui leur permet de s ouvrir
ou de fe fermer plus ou moins. Ils font articulés
immédiatement avec les premières vertèbres, ce
qui eft le cas le plus rare î ou bien ils font fuf-
pendus fous la bafe du crâne, en partie par des
mufcles qui s’y rattachent, & , en partie, au
moyen des os pharyngiens fuperieurs , qui tiennent
au même endroit par des mufcles analogues.
L’extrémité inférieure de ces memes arcs s unit à
chacun des côtés d’une férié de cartilages ou
d’offelets , à peu près comme les côtes vont fe
joindre au fternum chez les Mammifères.
L’extrémité antérieure de cette férié moyenne
de pièces fondes, qui font au nombre de deux
dans la Morue , la Paftenague, la Raie bâtis, la
Raie bouclée, & de fept dans la Squatine, eft
articulée & foutenue généralement dans l’angle
de deux branches qui le joignent a droite & a
gauche à l’os carré , & defeendent obliquement
en dedans & en avant jufqu a la rencontre de
cette extrémité. On peut les comparer aux
branches hyoïdes. Elles ne manquent que rare-
Des deux portions qui compofent chacun des
arcs dont il vient d’être queftion, l une eft fu-
périeure & plus courte 5 1 autre eft inferieure &
ordinairement plus longue. . . . . .
Elles font jointes par une diarthrofe gingly-
moïdale.
La forme des arcs varie d’ailleurs beaucoup.
Ils font, par exemple, larges & forts dans la
Chez la Murène, au contraire, ils fontfingu-
lièrement grêles.
Leur convexité eft prefque toujours creufée en
canal pour loger les vaiffeaux des branchies,
dont les lames font d’ailleurs fixées fur elle.
Dans les Raies, on trouve furnumérairement
onze à douze rayons cartilagineux, foudés à cette
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même convexité, & qui s’élèvent en divergeant
entre deux rangées de ces lames , qui font purement
membraneufes & vafculaires.
La concavité des arcs, liffe & unie dans les
Raies, les Pafienagues, les Rouffettes, les Torpilles
, & en général dans tous les Plagioftomes ,
eft plus communément dans les autres poiffons
hériffée de papilles ou de dentelures plus ou
moins fortes, plus ou moins dures, dépalfant fes
bords dé chaque coté ou d un coté feulement, 8c
qui font placées de manière qu’elles garantiffent
plus ou moins les branchies du contaét des corps
que l’animal avale 8c qui pourvoient s engager
dans leurs intervalles. Sous ce rapport, on peut
avec jufteffe les comparer aux papilles fétiformes
qui garniffenc les bords de la glotce dans les
Oifeaux ( i) .
Rarement, ces dentelures font corps avec 1 os ;
le plus fouvent, elles ne tiennent qu'à un prolongement
de la membrane muqueufe de la
bouche.
Dans les Raies, l’extrémité fuperieure des trois
derniers arcs eft articulée avec le cartilage qui
femb'ie tenir lieu de vertèbres cervicales, 8c celle
des premiers feuls va fe joindre au crâne.
Dans la plupart des autres Poiffons, ces arcs
tiennent tous, médiatement ou immédiatement,
à la bafe du crâne.
Dans ceux qui offrent des os pharyngiens fu-
périeurs, & la plupart des poiffons offeux font
dans ce cas, ces os, dont la furface inférieure
foucient les plaques dans lefquelles font implantées
les dents pharyngiennes correfpondantes (a),
fe trouvent placés longitudinalement fous la bafe
du crâne, à laquelle ils font appendus par des
mufcles, 8c s’articulent, d’autre part, fpéciale-
ment avec l’extrémité des deux arcs poftérieurs
de chaque côté , fur laquelle ils peuvent exécuter
des mouvemens de bafcule qui fervent a la
déglutition. Les deux premiers arcs viennent
pareillement y aboutir, mais d une manière plus
lâche 8c médiate.
Le premier fe bifurque à cet effet, 8c leur envoie
, d’une de fes branches , un fort ligament,
tandis que l’autre branche fe joint immédiatement
au crâne.
Chaque'arc préfente, déplus, unelargeapo-
phyfe angulaire , qui furmonte fa partie fupérieure
8c donne attache à autant de mufcles, inférés
d’ailleurs à la bafe du crâne.
11 en eft ainfi chez le Turbot, la Barbue, la
Sole 8c les autres Pleuroneétes.
Chez le Brochet, les deux derniers arcs fe
réunifient, par leur extrémité fupérieure , au
fi) Philofiphie anatomique, Paris, in-8° ,l8 l8 ,p .2 i7 .
(1) Voytq tome I I I , page 486,
(2) Voyeq çi-deflus, page 196 de ce volume.