
Telles font les plaques de la tête des Couleuvres
, des Boa, des Vipères, des Bongares, &c.
Ils préfentent aufïi d’autres plaques tranfver-
fales , étroites, dont le bord poftérieur eft libre
dans une étendue plus ou moins eonlîdérable &
s’imbrique fur la plaque voifine, & qui font tantôt
entières , tantôt formées de deux parties engrenées
alternativement l’une dans l’autre.
C'eft ce qu’on obferve fous le ventre des^Boa,
des Couleuvres, des Crotales, des T^fono-
céphales, &c.
« Mais le plus fouvent ce font de petites écailles
imbriquées, hexagonales, liftes, ftriées ou carénées.
C’eft ainfi que fe préfentent celles du dos des;
Couleuvres, des Vipères & de la plupart des
Ophidiens hétérodermes, où elles font rangées
les unes à côté des autres comme fur un réfeau.
Les Amphisbènes ont tout le corps entouré
d’anneaux étroits & compofés de petites écailles
carrées.
Les Acrochordes femblent, au lieu d’écailles,
avoir la peau femée de petits tubercules miliaires,
durs & réfiflans, qui pareillenî ifolés quand oes
animaux font mal empaillés , mais qui ne font autre
chofe que de fort petites écailles relevées
chacune de trois arêtes. Ces écailles, d’ailleurs,
font répandues uniformément fous le ventre & fur
1$ dos.
Les Ba tra ciens n’ont ni plaftron, ni carapace,
ni écailles. Une peau nue revêt coniïamment leur
corps, & M. Senneider/i) a conftatéque la G r e n
o u i l le ê ç a i lie u f e de Wjjybaum, n’avoit paru telle
que par acci iént, quelques écailles, de Lézards
gardés dans le même local s’étant attachées à fon
dos.
La Céciîie, qu’on claffe communément parmi les
Ophidiens, mais qui, très-probablement, appartient
à l’ordre des Batraciens, a aufli la peau nue.
Remarquons, en terminant I’hiftoire des écailles
chez les Reptiles, que le nombre des lames &
des écailles dans les Chéloniens, lesSauriens &
les Ophidiens, quoique pouvant fervir à difiinguer
les efpèces, ne fournit cependant qu’un caradtère
fort infidèle, puifqu’il n’en pas confiant dans tous
les individus, & dépend louvent de l'âge, d’une
difformité ou d’une circonftance locale.
11 ne faut point non plus oublier que, parmi les
Reptiles -, un certain nombre d’efpèces préfentent,
dans plufieurs parties, des tubercules écailleux
, ainfi que nous l'avons indiqué déjà pour
plufieurs Agames , & comme nous lé dirons bientôt
au fujet de l’Erix, du Cérafie, de l'Iguane
cornu de Saint-Domingue, &c.
Ç’eft encore à l’hifioire des écailles qu’il faut
(i) Hifi. Arnphib. , fafcic. J , pag. jG3,
rapporter ce qui concerne ces grelots fonores qui
terminent la queue des Serpens à fonnettes.
Chez ces Ophidiens, en effet, la queue, courre,
cylindrique, un peu groffe , eft terminée par des
clochettes pergamentacées dont le nombre augmente
avec l’âge , puifqu’il s’en forme une à çha-1 2 3 * 5 6 7
que mue3-c’eft-à-dire annuellement.
Ces clochettes, ou plutôt ces grelots, font des
pyramides quadrangulaires, tronquées, plus larges
dans un fens que dans l’autre , & reçues les
unes dans les autres, de manière qu’on ne voit que
le tiers de chacune d’elles.
Cette efpèce d’emboîtement a lieu par le moyen
de trois bourrelets circulaires, dont deux répondent
à des cavités dlè l a pyramide qui précède, de
forte que la première pyramide, qui tient à la
chair, n’a que deux cavités , &r que la dernière,
celle qui-eft à l’extrémité, n’en a ,point du tout.
C’eft à l’aide de ces bourrelets, inégaux en diamè~
tre, que les grelots fe tiennent fans être liés en~
femble, & qu'ils peuvent fe mouvoir avec bruit
dès que l’animal agité fa queue. Ces diverfes
pièces ne tenant point au corps, ne peuvent recevoir
de nourriture, aufli ne croifient-eiles pas. La
der nière, c’eft-à-dire la première formée, elt conf-
tamment fermée & plus petite.
Lorfque chacune de ces pièces, dit avec raifon
le comte de Lacépède, a pris fon accroiflement,
elle tenoit à la peau de la queue, & elles ont
toutes été premières. Dès qu'une eft complètement
formée, il s'en produit une autre en deffous,
qui fait effort contre elle & la repouflè, en laiffant,
entre fon bord & la peau de la queue . un intervalle
occupé par fon premier bourrelet, & elle
enveloppe toujours le lecond & letroifième bourrelets
de cette nouvelle pièce.
De l’accroiffement des dernières vertèbres caudales
, dépend la grandeur de la dernière pièce
des grelots, puifque ces pièces fe moulent .primitivement
fur elle. M. le profeffeur Bofc penfé
qu’il s’en produit une tous les.ansj & fi leur nombre
varie dans la même efpèce & au même âge,
c’eft, dit cet excellent observateur, qu’elles font
fujettes à fe féparer accidentellement, & l’on
peut toujours, par le moyen du calcul, trouver
le nombre de celles qui manquent, puifque toutes
croiffent dans une proportion régulière.
Toutes ces pièces font entièrement femblables
lés unes aux autres, non-feulement par leur forme,
mais fouvent aufli par leur grandeur* elles font
toutes compofées d'une matière caffante, élafti-
que , demi-tranfparente, & de la même nature que
celle des écailles.
Leur nombre varie depuis un jufqu’à trente &
au-delà j le plus ordinairement, il fe balance entre
cinq & treize.
Le bruit que ces fonnettes produifent, lorsqu'elles
font fecouées, imite beaucoup celui qu®
fait le parchemin froifle, & celui de deux plumes
d’oie que l’on frotteroir avec vivacité l’une contr®
l’autre.
l’autre. On dit qu’il s’entend à plus de cent pieds, i
mais, dans les efpèces que M. Bofc a pu obferver
vivantes, il ne parvenoit pas au-delà de douze à
quinze pas, dans l’état de marche ordinaire,
il étoit fi foible, qu’il falloit être fur l’animal &
même prêter l’oreille pour le percevoir. Il ne fau-
droit donc pas croire fans reftridtion, avec certains
auteurs tres-eftimables d’ailleurs, mais trop amis
des caufes premières, que les redoutables Crotales,
fi funeftes par l’intoxication qui accompagne
leurs morfures, ont été p o u r v u s p a r V A u t e u r
d e La N a tu r e d ’ u n e f o n n e t t e p r o p r e u n iq u em en t a
p r é v e n i r le v o y a g e u r q u i l s f o n t p r é s d e lu i & qu’ i l
d o i t f u i r le d a n g e r ( I ).
884- L e s O n g l e s . On trouve le plus fouvent des
ongles à l’extrémité des doigts, chez les Reptiles
écailleux qui ont desmembresj mais ni leur ftruc-
ture ni leur forme ne préfentent rien de bien ca-
râdlériftique.
Dans les C héloniens, le développement & la
figure de ces organes font conftamment en rapport
avec le féjour de l’individu examiné, ou mieux
avec la nature du fol qu’il eft deftiné à fouler.
C’eft ainfi que les Tortues proprement dites,
les Tortues terreftres, ont des ongles gros &
-obtus ; que ceux des Trionyx & des Emydes font
longs & pointus..
En outre, chez les C héloniens encore , tous
tes doigts, dans chaque genre, dans chaque efpèce
, ne font point également armés d’ongles.
Dans les Trionyx, trois doigts feulement en
font pourvus.
Dans les Chéîonées, on n’en compte qu’un
ou deux à chacun des membres, tant antérieurs
que poftérieurs.
Dans la Tortue luth, il n’en exifte point.
Dans les Crocodiles, les ongles font peu confidé-
rables .& n’arment point les deux doigts externes,
en particulier.
Dans les Geckos, les ongles, fort petits, font
d une exceflîve acuité. S’ils paroiffent manquer
au pouce & même à quelques autres doigts de
plufieurs efpèces, cela tient plutôt à leur extrême
ténuité qu’à leur abfence totale (2). En effet,
M. Ducrotay de Blainville a trouvé un ongle
même au pouce rudimentaire d’un petit Gecko de
Vile de France, qui femble au premier afpeèt n’avoir
que quatre doigts (3).
Dans les Agames & genres voifins de la famille
des Sa u r ie n s , les ongles font affez forts & en
même nombre que les doigts.
Les Iguanes ont autant d’ongles que de doigts,
& ces ongles font toujours très-forts, comprimés,
arqués & aigus.
( i ) D audin , /. c . , tome I , pag. 8 7 ,8 8 & 89.
(a) Voyc-{ ci-tfeffus ,.pag. , n°, 880, not. 2.
(3) JJbifuprà, page i 33.
Syft. Anat, Tome IV,
Ils ont moins de volume & moins de force dans
les Lézards.
Dans les Scinques, & furtout dans les Chalcides
& les Seps, ils tendent à difparoître graduellement.
Aucune efpèce d’OpHiDiENs n’offre d’ongles >
la raifon en eft évidente, de même que pour les
Orvets & les Ophifaures parmi les Sauriens.
Mais la queue des A c a n t h o p h i s eft terminée par
une forte de cornet écailleux, très-pointu, pref-
qu’épineux & analogue à un ongle.
Plufieurs Trigonocéphales font dans le même
cas. Remarquons aufli que le Boa devin, l’Aboma,
le Bojobi, le Boa élégant, le Boa broderie, l'U-
lar-Sawa des îles de la Sonde & quelques autres
Serpens, ont, de chaque côté de l’anus, un crochet,
que revêt un cône corné de la même nature
abfolument.
Dans les Batraciens, on n’obferve aucune
trace d’ongles. M. de Blainville a cependant vu
que, chez plufieurs efpèces, à la fuite de la macération,
il tomboit de l’extrémité de trois doigts
feulement de petits étuis coniques & analogues à
l'écaille qui emboîte l’extrémité de la queue des
Serpens dont nous parlions naguère.
88y. L e s C o r n e s . Nous avons déjà dit (i) que
l’os frontal des Reptiles ne portéjamais de corues
ni de chevilles de cornes.
Le Cérafte d’Egypte ( V ip e r a c e r a f t e s , D.iudin),
cependant, a au-deflus des yeux deux éminences
pointues que l’on a comparées aux cornes des
Mammifères (2), & qui font implantées fur chaque
paupière. Verticales, dures, un peu courbées,
mobiles, marquées de quatre cannelures longitudinales,
revêtues d'un épiderme écailleux, ayant,
par conféquent, quelque reffemblance, félon Be-
lon (3), avec un grain d'orge, ces prétendues
cornes, fort bien connues des' Anciens (4), &
offrant la ftrudture des cornes creufes des Rumi-
nans (y), ont donné lieu à la fable racontée par
Pline (6) & par Solinus (7), qui difent que les
(1 ) Voye5 ci-deflus, pag. 20.
(2) Cornua pratendens immania fronte cerafies ,
Dùm torquet fpinam fibilat ecce v,agus.
Rusner , Par ad. po'ét.
(3) Observations fur plufieurs Singularités & Chofes mémorables
trouvées en Judée , en A fie , & c. Paris , 1553 , in-
4°., pag. 2o3. — Belon blâme Albert G ro or, ou le Grand,
devoir accordé huit cornes au Cérafte,
, en g rec , veut dire cornu. — E llis (Phi-
lofoph. Tranf. , vol. 5 6 , pag. 287 & fuiv. ) rapporte q.i’en
1766 , on voyoit plufieurs figures de Céraftes très-bien gravées,
fur deux grandes pierres apportées d’Alexandrie à
Londres.
(5) De .Blainville , ubi fuprày pag. 127.
(6) Hifi. nat. , lib. V III, c. 25. (7) Polyhifior, c. XL. Ce livre n’eft qu’un extrait de
Pline : on fera à même d’apprécier fon mérite quand ou
faura que fon auteur donne quatre cornes au Cérafte.
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