
Sect ion s i xième.
S 10. Les Vtines lymphatiques en général. ( Voye^
ci-après, n°. 1083.)
S ect ion s eptième.
5 f 3 , fJ4 * Le Sang artériel 6? veineux. Comme
celui des autres animaux vertébrés , le fang des
Poiiïons eft un liquide qui arrofe & nourrit toutes
les parties de leur corps, & qui eft d'une teinte
rouge plus ou moins prononcée, quoiqu’en général
allez pâle. Mais il circule dans les artères
fans l'influence fpéciale d’un agent d’impulfion.
Il eft difficilement coagulable j il eft peu riche
en caillot, & il a une grande tendance à devenir
huileux.
Les globules qui entrent dans la compofition
de cette humeur ont la figure d’un difque plat &
ovale, comme le doèteur G. Kaltenbrunner (1)
l’a obfervé pour les animaux à fang froid en général.
A uffi leur diamètre varie-t-il d’une manière
fingulière, fuivant le fens dans lequel ils fe pré-
fentent à l’objeétif du raiçrofcope.
Ils diffèrent en volume les uns des autres dans
un même individu, mais la taille de celui-ci n’a
aucune influence ici.
Chacun d’eux eft compofé d’une enveloppe
yéficulaire & d’un noyau, qui fe réparent l’un de
l’autre lors de la putréfaction du fang.
Leur mouvement propre de tourbillonnement eft
moins marqué & furtout moins prolongé après
la ceffation de la vie, que dans les Mammifères
et les Oifeaux,
JF O N C T IO N TR O IS IÈM E ,
L a Sensibilité.
La Senjibilité en général. Les Poiffons ne
font doués que d'une fenfibilité évidemment peu
profonde? on diroit que difféminant, dépenfant
une portion de ce précieux attribut de l’orga-
nifme par des mouvemens continuels, il ne leur
en demeure que peu pour l’exercice intérieur des
fens & du féntiment ? le refte, à l’exception de
l’appétit groffier de la nourriture et du 4éfir
vénérien matériel, femble s’être éyaporé pendant
l ’a&ion mufculaire; un brutal inftind, les pen-
chans phyfiques feuls font encore écoutés par
eux; & la phyfionomie fans vie, les yeux amortis
de ces animaux décalent à l’abord la baffe &
lourde ftupidité qui les opprime, & dont l’imper-
fe&ion évidente d’un fyftème nerveux mal déve-
loppé fuffit pour rendre raifon, en même temps
f l ) Prpermeata cirça fatum faneuinis & vajorum in
inpammatione, Monachii, in-4®., ipsô.
que l'uniformité de leur vie, la facilité avec laquelle
font fatisfaits leurs befoins naturels, expliquent
comment, ainfi que les herbes des campagnes
incultes, leurs générations fe fuccèdent
fans amélioration aucune depuis le commencement
des âges.
S ection première.
y VEncéphale en général. Il n’en eft point
des Poiffons comme des Reptiles, où les diffem-
blances que l'on obferve dans l’encéphale des
diverfes efpèces font toujours peu importantes
& n’altèrent jamais les caractères fondamentaux
de l'organe. Les élémens du cerveau des Poiffons
font, au contraire, dans une ofcillation continuelle.
En premier lieu, l’encéphale des Poiffons chon-
droptérygiens n’eft point le même que celui des
Poiffons offeux.
Les formes générales font tellement éloignées
les unes des autres dans les êtres de ces deux
fériés, que fouyent des parties principales, des
parties de la plus haute importance deviennent
tout-à-fait méconnoiffables.
Il nous faut convenir auffi que, chez les Poiffons,
l’encéphale varie, non-feulement de famille
à famille, mais il préfente encore les différences
les plus grandes d’un genre à l’autre , d?une
efpèce à l’efpèce la plus voifîne ? lès individus
feuls de la même efpèce font identiques pour la
compofition de leur encéphale; & ces variations
ne confiftent pas feulement dans des çhangemens
de forme , de pofition ou de rapport des mêmes
élémens, car des parties entières fe transforment,
difparoifîent, fe reproduifent même.
11 en eft abfolument de même de tout le fyftème
cérébro-fpinal, comme nous allons le voir en
en pafiant fuccefliyement en jreyue les diverfes
dépendances.
Le cerveau des Poiffons eft eonftamment très-
petit à proportion de leur corps & ne. remplit
jamais entièrement la cavité du crâne. Les différ
rens lobes & tubercules qui le compofent font
placés à la file les uns des autres, dé manière que
l’enfembîe, au lieu de préfenter une malfe commune
d’une forme plus ou moins ovoïde, offre
l’afpeéî d’une forte de double chapelet, & cela
d’autant mieux que, dans la plupart des efpèces,
ces lobes & ces tubercules font plus multipliés
que chez les autres animaux vertébrés.
y ƒ 9. Les Dimensions de fe s diverfes Parties. Il
feroit peu raifonnable de chercher des rejfem-
blances frappantes, dits analogies jrrécufables entre
un encéphale aufli fimple en apparence que celui
des Poiübns , flc l’appareil fi compliqué qui remplit
le crâne des Mammifères adultes & des
Oifeaux complètement développés. Aux proportions
près, ces reifemblances peuvent être faifies
chez les Mammifères comparés a 1 homme, cJ
dans les diverfes familles dont cette clafle fe com-
pofe, il n’eft eonftamment que la répétition de lui-
même. Mais, en arrivant aux Poiffons, la chaîne
eft rompue j les anatomiftes qui abordent cette
étude avec des idées déjà formées, font arretés
dès les premiers pas dans la détermination des
parties. Rien ne peut plus être ici dénomme
comme chez l’homme , & , pour faire ceffer cette
confufion, il faut, à l’exemple de MM. Cuvier,
Geoffroy Saint-Hilaire, J. F. Meckel, Latreille,
Serres, Carus & autres, examiner le cerveau dans
la férié de fes développemens chez 1 embryon.
Qui ne voit, en effet, au premier abord,.que
l’encéphale des Poiffons eft, en quelque forte,
l ’état embryonique permanent des claffes fupé-
rieures.
Ce n’eft qu’en fuivant cette idee fi riche en
réfultats d’anatomie philofophique, qu en remontant
des formes primitives de l’encéphale dans
toutes les claffes d’animaux vertébrés, qu on peut
parvenir à la détermination & à la nomenclature
des diverfes parties conftituantes de 1 appareil
cérébro-fpinal.
Paffons aux preuves. ,
Il eft de fait que, chez tous les Poiflons, le
calibre de la moelle vertébrale fe renfle entre les
origines des nerfs des huitième & cinquième
paires, & l’accroiffement de volume, du fpecia-
lement à l’écartement des deux cordons qui la
conftituent & qui biffent là entr'eux un elpace;
vide, eft d'autant plus grand que l’une de ces
deux paires de nerfs ou toutes deux enfemble ont
plus de développement. Dans les Orphies & les
Trigles, par exemple, ou Iss nerfs dont il s agit
ont de fort petites dimenfions , aucun changement
de diamètre ne fe manifefte en cet endroit ; les
deux cordons relient prefqu en contaèt, tandis que,
dans l'univerfalité des autres efpèces, ils font plus
ou moins éloignés l’un de l’autre, comme dans es
Roulfettesy.les Milandres, les Torpilles, les
Aiguillais, les.Raies, les Myliobates, les Lrtur-
geons, où ces deux cordons d ailleurs, vers leur
face dorfate, fe relèvent en bords plus ou moins
épais, décrivent des-courhes & deffinent des
replis plus ou moins amples. G eft là ce quiconf-
titue le lobe du quatrième ventricule, qui fe termine
, comme on le fait, au meme lieu, chez les
Mammifères, par le calamus feriptorius, dont
Vexiftence coïncide pourtant avec 1 abfence de la
véritable moelle épinière dans .1 ‘ Orthagorifcus
mola.
Au-delà de la commiffure du quatrième ventricule,
les deux cordons de la moelle , fans qu'il
exilte de protubérance annulaire, fe jettent dans
le cervelet, dont ils forment les pédoncules
extérieurs ou latéraux. ,
Ce cervelet, eonftamment impair, elt plus grand
à proportion que dans les animaux à fang chaud.
11 conferve habituellement, comme on peut s’en
aflurer en examinant une Perche, un Brochet ou
Un Merlan, la forme d’une languette triangulaire,
couchée fur le quatrième ventricule, en arrière
des autres parties de l’encéphale, & dépourvue
de toute efpèce de fillon & même de ramure,
dans les Poiffons offeux du moins, car dans les
Raies, les Rouflettes, les Torpilles, & la plupart
des efpèces de 1a famille des Plagioftomes, il eft
boffelé par des circonvolutions entre lefquelles
font creufées des anfraéluofités notables. O r, on
obferve chez les Oifeaux jufqu’au milieu de l’incubation,
chez les embryons des Mammifères &
même dans le foetus de l’Homme, tout-à-fait en
arrière des hémifphères du cerveau, un corps particulier,
triangulaire auffi, & qui, d'abord très-
fimple, fe développe par une férié de transforma.-
tions , fubit une multitude de métamorphofes, fe
complique de plus en plus, & devient enfin le
cervelet fi compofé de ces animaux . preuve évidente
de l’analogie des formes primitives dans les
Poiffons & les autres animaux vertébrés j preuve
appuyée d’ailleurs par ce qui arrive dans la plupart
des Reptiles adultes, les Ophidiens, les Batraciens
, les Chéloniens & les Sauriens, où le cervelet
n’eft qu’une lame liffe dépourvue derainure ;
dans l’embryon des Oifeaux, où le même organe,
primitivemênt liffè, ne commence a erre fitlonné
qye vers la fin du huitième jour de l’incubation ;
dans celui du chien, du veau, du chat, du loup,
du lapin, du finge, du mouton, où fa furface
refte unie jufqu’au milieu de la geftation j & dans
celui de l'homme, enfin, où l’on obferve la même
difpofition dans les premiers jours du cinquième
mois encore. .
■ Dans les Plagioftomes, le cervelet fe projette
prefqu’autant au-deffus des lobes optiques en
avant qu’il fe porte en arrière au-deffus du quatrième
ventricule. Chez le Silure, il eft auffi gros
à proportion que le cerveau dans l’homme, ainfi
que l’a noté le doéteur Weber, dans une differta-
tion imprimée à Leipfîck en i8ao.
Sa confiftance eft toujours des plus mollaffes.
Dans les Poiffons qui appartiennent aux grands
genres Raja & Squalus de Linnæus, il eft cre.ufé
d’une cavité, qui s'étend jufqu’à la fuperficie des
circonvolutions, qui eft tapiffee» comme le fond
du quatrième ventricule, par une lame de fubftance
blanche, & qui s'ouvre dans le canal général de
l’axe cérébro-fpinal, en communiquant, parcon-
féquent, avec le quatrième ventricule. Dans la
Raie, cette cavité cérébelleufe fe bifurque anté-
térieurement & poftérieurement & fe prolonge
dans les quatre proceffus de l'organe.
Dans les Poiffons à fquelette offeux, jamais
non plus le cervelet n'eft entièrement folide, mais
fa- cavité eft tapiffee par de la fubftance grife,
& offre les mêmes voies de communication en
arrière. , ■
; Le quatrième ventricule . de l’encephale des
Poiffons, pratiqué, comme nous l'avons vu,