
rence, & s'entoure d'une bande en croiflant d’une
teinte plus obfeure.
Alors ftabdomen du jeune animal fe trouve librement
ouvert j mais plus tard encore il admet
le viteWus de l'oeuf dans fa cavité & fe ferme.
Encore renfermés dans les enveloppes extérieures
de l'oeuf , les jeunes Mollufques de cette
efpèee exécutent déjà des mouvemens fréquens
& rapides, qui eontraftenc, dit M. Prevoft ( i) ,
avec la lenteur de ceux des animaux adultes.
Ces mouvemens ont aulïi plus d’étendue : ce
qui tient à ce que la future moyenne de l'abdomen
n’exiftant pas encore , l’écartement des valves de
la coquille s'opère fans aucun obftacle.
Les oeufs des Mollufques jouiffent d’ailleurs
d’une grande puilfance de vitalité j fouver.t ils
peuvent être fournis à la delficcation fans perdre
la faculté de.fe développer. C ’eft ainfi qu’au Sénégal
, Adanfon a vu une petite efpèee de Phyfe,
devenir chaque année extrêmement abondante
dans les petites mares formées par l’eau de la
pluie, en juin , juillet, août & feptembre,
mares qu’un foleil ardent mit complètement à fec
pendant le refte de l’année. M.Leach, d’ailleurs,
a obfervé aufli que le defièchement réitéré des
oeufs de la Limace agrefte ne les privoit point de
la propriété de fe développer.
Dans les Céphalopodes, les oeufs ont des
formes fingulières & différentes fuivant les; efpèces.
Dans les Calmars, ils font ordinairement réunis
en grappes par un enduit gélatineux & tranfparent.
L ’ébullition dans l’eau ne les durcit point (2).
Cet enduit commun eft opaque & corné dans
les Seiches , où d’ailleurs, les oeufs, ronds &
féparés, reffemblent tellement à des grains de
raifîn, que les pêcheurs leur ont prefque partout
aflSgné le nom de raifin de mer (5).
Les oeufs de la Seiche font ovales, enveloppés
d’une coque flexible, noirâtre, qui 1e prolonge
en un pédicule qui joint chaque oeuf à d’autres,
pour former la grappe dont il vient d'être qu.eftion.
Leur coque fe divife en. plufieurs tuniques,
dont les, intérieures font & plus minces & plus
molles.
Ce.ux du Calmar forment des grappes minces,
d’une-teinte azurée, alongées,. ferrées, femblables
aux chatons de certains végétaux de.’la famille des
Amentacées. Bohatfch , le premier , en a donné
un,e bonne defeription (4).
1257. Le Nombre des Q£ufs ou fies Foetus. Le
nombre des oeufs du Calmar eft li confidèrable ,
qu’il s’élève quelquefois à quatre-vingt mille pour
une feule ponte ( 1 ) , & fauvent à près de
40,000 (2).
Selon Denys Montfort, la quantité des oeufs du
Poulpe n’eft guère moindre (3), & cet auteur confirme
les affertions d’Ariftote (4) & de Pline (ƒ),
félon lefquels le produit d’une feule ponte peut
remplir un vafe beaucoup plus grand "que la tête
du Poulpe lui-même: ce qui, du refte, n’a rien
de fort étonnant, puifque^ comme ceux des
Seiches & des Calmars, ces oeufs augmentent
confidérablement de volume" après avoir été.
pondus. Le confciencieux abbé Dicquemare va
même encore plus loin, puifque, félon lui, une
feule femelle de Poulpe peut pondre quatre cent
mille oeufs en une feule fois (6).
Sans approcher d’une fécondité aufli extraordinaire,
les Limaces & les Hélices produifent également
un nombre d’oeufs confidèrable à chaque
ponte. J’en ai compté jufqu’à trente-fix & trente-
huit dans YHelix pomatia, & un plus grand
nombre encore, dans YHelix carthupana.
F O N C T IO N H U IT IÈM E .
La Nutrition.
S e c t i o n p r e m i è r e .
1302. La Lallation en général. Aucun Mollulque
ne jouit de la faculté d'allaiter fes petits, faculté
qui, dans la clafiè entière des Animaux, n’appartient
qu’ aux feuls Mammifères.
1303. Les Mamelles en général. Elles n’exiftent
dans aucune efpèee de Mollufque.
1317. Le Lait en général. Rien ici ne repréfenté
cette forte d’humeur animale.
S e c t i o n s e c o n d e .
1318. Les Alimens en général, leur Nature, le
Choix qu en fait 1‘animal. Les Mollufques fe no.ur-
riflent de toutes fortes- de.fubftances , animales ou
végétales, fraîches ou putréfiées, & de proies
vivantes.
Les Poulpes, les Seiches, les Calmars, les
Argonautes, ferepaiflent d'animaux vivans, qu’ils
déchirent, qu'ils brifent, mais qu’ils ne mâchent
point.
(1) Ubi fuprà.
( a) Bp H atsic il-, ubi.infrà , pag. 168.
(3) Racemum marinum Uva marina.
(4) De quibufdajn Animalibus marin is vel nondàm vel
minus notis, Ô6C. , Dpefd* , 1.761 , c. 12,, pag. i 55> —
-Selon Denys M-ontfort & l’abbé Dicquemare, les oeufs des
Poulpes ont la mêmedifpofiiion que ceux des Calmars.
(1 ) Dænxs Montfort, , ubi fuprà , tonje li-,. pag. 10.
(2) B qh a T SC,H , l. e. , p ag . 16 1 .
(3) L. c . , tonie I I , pag. i 3q.
(4 ) ITeçi Z aav irfofncts, BtfiX. E', — B/AA. A' KsÇ>. u
m H iji.n a t ., üb. ix, m m (6) Journal de P h jfiqut.pou* 1788 , 2e. partie, pag. 3*'i.
Les,Rochers, les Pleurotomes, les Triions , tes
Buccins, les Cérithes, les Mélanopfides , les Vis,
lesTonn.es, lesCafques,les Strombes, les Cônes,
jes Olives, le.s Volutes, les Porcelaines, paroif-
fent tous carnafliers.
Au lieu d’avaler leur proie tout entière, ils la
fucent & ne la mâchent point non plus.
Les Toupies, les Sabots, lesValvées, les Gy-
cloftomes , les Paludines, les Rifloaires, les Pha-
fianelles, lesNatices, lesNérites, les Janthines,
font des Mollufques moins carnafliers que les pré-
eédens, &: ne fe fervent le plus habituellement
de leur mufle probofeidiforme que pour avaler
des matières végétales pourries.
Le faiteft conflaté d’une manière certaine pour
les Cycloftomes terreftres en particulier.
Les Lymnées, les Phyfes, les Planorbes, les
Auricu'es, les Ambrettes , lesBulimes, les Clau-
filies, les Maillots, les Colimaçons, les Vitrines,
les Teftacelles , les Parmaceiles, les Limaces, les
LimacelJes, les Onchidies , font conftamment
phytophages.
Ils mâchent, d’ai leurs » ou coupent en petits
morceaux , la fubftance dont ils font leur nourriture.
Les Sigarets, les Vélutines, lesPleurobranches,
les Aplyfies, les Dolabelles, les Patelles , les
Acérés, lesHyales,les Ciios, lesPneûmodermes,
les Phylliroés, les Cavolines , les Eolides, les
Haüôtides, les Théthys, les Doris, les Phyllidies,
ne mâchent ni ne coupent leur nourriture : ils fe
contentent de ta fucer ou de la prendre à l’état de
décompofition.
Les Tritonies & les Scyllées la coupent, au
contraire, à l’aide des mâchoires dont leur bouche
eft armée.
Les Firoles ,les Carinaires, les Atlantes, ne fe
fiourriflent que de petits animaux vivans.
Les Acéphales ne vivent que des matières
animales ou végétales décompofées, dont les particules
font entraînées entre les lames de leur
manteau avec l'eau qui fert à leur refpiration. La
ftruéture de leur bouche , molle dans toutes fes
parties, ne leur donne aucune prife fur les corps
qui préfentent la moindre foiidité. Peut-être aufli
cependant fe nourrilîent-ils des myriades d'animalcules
microfcopiques qui fourmillent dans
toutes les eaux du Monde.
Du refte, les moyens de préhenfîon des alimens
font très-fujets à varier dans les Mollufques , &
lllivant la nature de l’aliment lui-même, û fuivant
le mode d organifation de l'animal examiné.
Les Seiches & les Calmars atteignent leur,proie
en la pourfuivant.
Les Poulpes l’attendent en embufeade pour fe
jeter fubitement defifus.
Les Colimaçons, les Limaces, & les genres
voifins font guidés par un inftintt des plus remarquables
vers les végétaux qui leur conviennent.
Les Acéphales, dépourvus de toute efpèee
d’appareil de préhenfion , ne font que recevoir,
dans leur coquille entr’ouverte, les molécules nutritives
que les eaux y conduifent.
1320. tfjes Vaiffeaux laàés. ( Voyez ci-deflilS j Î 1 H )
S eE C T I O . V T R O I S I E M E .
1321. Le Tijfu cellulaire. Il eft très-fin, très-
mou , très-délicat, très-lâche & paroît ne contenir
jamais de véritable graille.
S e c t i o n q u a t r i è m e .
1338. La Vie dans les Mollufques. On trouve des
animaux de cette clafle dans tous les milieux,
fous la terre, comme les Teftacelles j à l’air & à
la furface du fo l, comme les Hélices & les Limace^
dans les eaux douces, comme les Lymnées
& les Planorbes j dans les fources chaudes, comme
le Turbothermalis; dans les eaux bitumineufes d j
lac Afphjltitè; fous les glaces polaires, comme
le Clio boréal ; enfin , au fein des flots de toutes
les mers lillonnées fans celle par ks Poulpes, les
Seiches , les Argonautes, vivifiées par les agrégations
innombrables des Biphores, des Huîtres,
des Moules, des Balanes , &c.
Quelques Moîlufques même peuvent pafi’er
pour amphibies , car , habitans naturels de l'eau ,
ils peuvent pâflèr quelque temps fur la terre humide
fans périr.
Les Lymnées, les Planorbes, & probablement
beaucoup d’autres pulmonés, font dans ce cas.
Les efpèces qui fréquentent habituellement
l’eau falée peuvent, par degrés, s’accoutumer à
l'eau douce, & réciproquement. Adanfon, par
exemple, nous apprend (2) que pendant la moitié
de l’année le Niger roule des eaux douces , dans
lefquelles on trouve des Tarets, des Pholades,
des Pétoncles, des Glands-de-mer, des Tellines,
qui palfent les fix autres mois dans de l’eau fal^jg,
dont ce fleuve eft alors rempli.
On ohferve la même chofe dans certains étangs
de nos côtes, qui ne communiquent que rarement
avec la mer & dont les èaux ne font que faumâtres.
Dans une férié d’expériences curieufes, M. Beudant
eft arrivé aux mêmes réfultatsj il a fait vivre
artificiellement des Mollufques marins dans de
l’eau prefque douce.
Un officier de la marine françaife ,-ami zélé de
la fcience, M. de Fréminville, a vu dans les eaux
faumâtres du golfe de Livonie , vivre tout à la fois
desMollufques marins & des Mollufques fluviatiles.
Enfin, dans fou Hijloire des Mollufques de Suède,
(1) Pag. 349.
(2) Mém. de l1 * 3 4Académie royale des Sciences de Pari
année 1 7 5 9 , pag. a 5a & fui vantes.