
1! refftmMe à une hache dans les Vénus.
Dans les Cames, il a quelque refieftiblance avec
la figure d’un pied humain.
Dans les Loripèdes, il a de l’analogie avec un
fouet.
Dans J’Anodonte des étangs , il eft très-(impie
& placé au-devant du corps vers le bord des
coquilles^; ce pied eft comprimé &■ préfente, de
chaque -côté & en dehors , une couche défibrés
venant du fond de la coquille. Intérieurement,
d autres fibres , dont les unes croifent les premières
à angle droit* & dont les autres unifient
les deux couches extérieures en s’y attachant
circulairement, le conftituent.
Le pied des Bucardes eft plus compofé j il a un
appendice triangulaire qui peut fe recourber, faifir
de fa pointe la matière glutineufe qui forme les
fils ( i) & la tirer en longueur.
Au refte, de tous les pieds des Acéphales, le
plus compliqué fans doute eft celui de la Moule
commune ( M y t i lu s ed u lis ) . Il reffemble à une
petite langue marquée d’un fillon longitudinal,
fufceptible d’un grand alongement, fort contractile
, & mue par cinq mufcles diftinéts de chaque
coté. - ^
Deux dé ces mufcles viennent des extrémités
delà coquille, non loin de fes adducteurs.
Les trois autres s’infèrent dans l'on fond & au
creux des natèces.
Tous entrent dans le pied, avec les fibres
propres duquel ils s’entrelacent.
La totalité de 1 organe eft: enveloppée d’une
gaine formée de fibres tranfverfales & circulaires,
d une couleur pourpre obfcure.
Ce pied fert a 1 animal ega'.ement pour ramper
oc pour filer.“
Outre ces mufcles du pied des Acéphales, qui
ont une analogie marquée -avec celui que nous
avons fignale dans les Patelles, il exiüe encore
chez eux d autres mufcles qui fe portent tranfver-
falement d’un côté à l’autre de l’animal, & dont
chaque extrémité s’implante fur l’une des valves.
Par l’effet de leur contraction, ces mufcles
tendent à rapprocher celles -ci l’une de l’autre.
En confequence, on les regarde comme des
mufcles adducteurs.
Quelquefois ces mufcles ne forment qu'»ne
feule mafie rapprochée dans le milieu des valves.
D autres fois, la mafie eft fubdivifée en deux
ou trois mufcles diftindts.
Lé plus habituellement, il exifte diftinaement
deux de ces mufcles, l’un antérieur, l’autre pcf-
térieur.
Ce font les infertions de ces mufcles aux valves
de la coquille , qui forment les empreintes mufeu-
laires dont nous avons parlé naguère.
(*?) y°y e \ ci-après, n». 1139.
§ V. Mufcles des Cirrhopodes•
Le manteau de l’Anatife, fort mince, fendu en,
avant fur a peu près la moitié de fa longueur,
offre, à l’endroit où il fe referme , un fort mufc'e
tranfverfal, qui réunit les deux principales valves
& les re fi erre l’ une contre l’autre, fans avoir aucune
relation direéte avec les autres mufcles de
l ’economie.
Les trois autres valves de la coquille de cet
animal, ne poffedent aucun mufcle de ce genre.
Non loin de ce mufcle, font plufieurs autres
petits faifeeaux charnus qui s’épanouiftent fur le
corps & le fufpendent à la coquille & au pédicule
en traversant le manteau. Ceux-ci font épanouis,
en fe croifant obliquement, fur toute la convexité
du corps , qu’ils appliquent.contre les nates de la
coquille & qu’ils font rentrer.
Quelques autres^faifeeaux mufculaires , nés fur
le tronc même à côté des précédens , fe rendent
dans les premières pièces de tous les pieds , & ,
le dernier de tous , dans le tube probofcidiforme.
Des mufcles plus petits exiftent dans l’intérieur
des premiers articles des pieds & en font mouvoir
les filamens déliés.
Le fyttème mufculaire des Balanes eft analogue
à celui des Anatifes. Chez eux, des .mufcles particuliers
fe portent du tube calcaire aux valves
j mobiles & les entr’ouvrent.
22f. Phenomenes de la Contraction mufculaire.
Ainfi que tous les animaux dont nous avons fait
l'anatomie jufqu’à préfent , les Mollufques joui fi
fent de la faculté de fe mouvoir volontairement,
& , à cet effet, font pourvus de mulcles & de
parties dures, comme nous venons de le dire
dans les paragraphes précédens. Ils contribuent
ainfi à vivifier la lcène du Monde & animent de
leurs mouvemens la furface aride dtes rochers, la
fraîche verdure des prairies, lé fein des mers mu-
ginàntes, la plage tranquille & fablonneufe, les
profondeurs des lacs, le cryfial des fleuves, fg
moufle humide des antiques forêts , l’écorce
même des arbres qui s’élèvent vers les cieux.
Mais, tout en participant à la vie générale de la
Nature, ils ne partagent point avec l’aigle la
faculté de planer dans les plaines élevées de l’at-
molphère, avec le noble courfîer celle de dévorer
1 efpaçe dans line courfe précipitée, avec le cerf
agile celle de s’élancer dans l'air en bondiffant,
avec l’élégant écureuil le pouvoir de fauter de
branche en branche, avec la truite brillante, Je
brochet destructeur, le requin effroyable, Le
cygne majeftueux, Je pétrel intrépide, celui de
fe jouer en rapides évolutions à la furface des
flots argentes, de fe porter fubitement du fond
de leurs abîmes '■ aux frontières de l’atinofphère.
Aucun d’eux même ne peut, comme Je gyrin
naureur, tracer, avec la vivacité de l’éclair qui
fillonne larme, ces cercles multipliés qui troublent
en été le miroir des eaux dormantes , ou , fem-
.'bïabïe à l’innocente grenouille, au venimeux afpic,
égayer par fes fa,ucs agiles la rive du ruiffeau fo-
Jjtaire , du morne étang , effrayer le voyageur
égaré par le mouvement d’une reptation vive 8c
bruyante fous les feuilles dont un vent defiechant
a jonché le fol. Leurs mouvemens font lents,
obfcurs , embarrafles, incertains , pour ainfi dire,
le plus fouvent, & confiftent toujours en contractions
dans divers fens, qui produifent des inflexions
& des prolongemens. ou relâchemens de
leurs diverfes parties. Audi, ces animaux n’ont-ils
que la faculté de ramper, de nager, de faifir
divers-objets-5 l’abfence , chez eux , de membres
foutenus par des leviers articulés & foi ides, les
met dans l’impuifiance de marcher , de s’élancer,
de voler dans l’air, de franchir l’efpace en nageant,
de fe livrer à ces émigrations périodiques dont
l'hiftoire dés Ôifeaux 8c des Poiflons nous, pré-
fente tant & de fi curieux exemples.
Cependant, la tête arrondie des Poulpes, des
Seiches &■ . des Calmars, eft couronnée par des
bras ou pieds charnus , coniques , plus ou moins
longs, fufceptibles de fe fléchir en tous fens,
très-vigoureux , 8c armés de fuçoirs ou ventoufes
par lefquels ils fe fixent avec beaucoup de force
aux corps qu’ils embraffent, 8c au moyen def-
quel.i ils nagent la région poftéricure du corps en
avant, & marchent dans toutes les directions la
tête en bas & le corps en haut.
Des organes aufïi importans pour l’exercice
des fonctions vitales des Céphalopodes, méritent
donc de nous arrêter quelques momens , malgré
ce que nous en avons déjà dit plus haut.
Les Poulpes, dont le nom générique, chez les
anciens Grecs , étoit k-oAus-s?, que M. deLamarck
a changé en celui d’Octopus , pofièdent huit de
ces pieds , tous à peu près égaux, très-longs à
proportion du corps, réunis par une membrane
à leur bafe , & dont le diamètre eft généralement
à l’étendue dë l’axe dans le rapport de 1 à 12.
La membrane dont il eft ici queftion reffemble
à celle qui s’étend entre les doigts des Canards,
des Cygnes, des Oies, dés Tadornes, des Sarcelles
* 8c autres oifeaux de la famille des Palmipèdes.
L’extrémité libre des pieds eux-mêmes eft effilée
8c pointue.
Leur face fupérieure eft garnie de deux rangs
de fuçoirs , qui vont en diminuant & fe rapprochant
toujours de la bafe à la pointe.
Ainfi, auprès de la bouche, il y a, fur chaque
pied , un rang de trois ou quatre de ces fuçoirs ,
ventoufes ou cupules, dont les mufcles moteurs
nous font déjà cofinus.
Plus haut, leur nombre diminue progreftive-
ment.
Sur le Poulpe commun , du refte, chaque pied
offre environ deux cent quarante de ces organes.
Tous ces fuçoirs peuvent être Côufîdéfés
comme des difques orbiculaires, plats, creufés
de filions rayonnans , rudes au toucher, grenus à
leur furface , percés dans leur milieu d’une petite
ouverture , 8c immédiatement appliqués fur la
peau, fans aucun fupport intermédiaire , comme
dans la Seiche 8c le Calmar. Ils adhèrent, au refte,
avec une telle force à la furface des corps fur lefquels
ils font appliqués , que l’on relient une vive
douleur à l’endroit où ils opèrent le vide , 8c
que de grandes taches rouges , bombées & dou-
loureufes marquent fur la peau le lieu de leur
adhérence paffée déjà depuis quelque temps.
Dans le Poulpe granuleux , les bras font moins
longs à proportion que dans !e Poulpe.commun 8c
font garnis feulement de quatre-vingt-dix paires
de fuçoirs.
Le Poulpe cirrheux n’ offre , fur chaque pied ,
qu’une feule rangée de fuçoirs.
Il en eft de même du Poulpe mufqué de de
Lamarck, ou txtfov d’Ariftote, 8c du Poulpe de
l’Argonaute. ’
C ’eft la difpofition de ces bras qui donne aux
Poulpes la faculté de nager, de ramper plus vire
que les autres Mollufques nus ou coriacés ; c’eft
leur longueur 8c leur force qui leur permettent de
faifir une proie volumineufe & de la.retenir, qui
font d’eux une arme redoutable , au moyen de
laquelle les animaux de toute efpèce peuvent
être enlacés , 8c les nageurs pàralyfés & noyés.
C ’eft encore à la préfence de ces bras que font
dues les hiftmres fabuledfes, les traditions mythologiques
des peuplades fauvages des régions
hyperborées au ■ lu jet des plus grands de tous les
animaux , de ces montires du Nord dépeints fous
des formes aufli gigantefques que bizarres, dont
I’exiftence eft niée aujourd’hui de tous les gens
raifonnables & accoutumés à l ’obfervation de la
Nature-& de fes productions ; 8c qui, s’élevant
de la profondeur des abîmes des mers, ont faifî 8c Tubmergé des vaifleaux avec leur équipage 5
ont réfiflé aux attaques des matelots les mieux
armés & les plus aguerris ; ont enfeveli dans leurs
fombres demeures, ont dévoré, anéanti les
hommes les plus vigoureux, les plus agiles, les
plus courageux j & qui, intrépides, cruels, acharnés,
n’ont jamais fui , jamais reculé devant le
danger, ne .fe font effrayés ni épouvantés de
rien.
Et, en effet, c’eft au Poulpe qu’il faut rapporter
ce que dit Ælien (1) de ce fils de l’Océan,
qui faifî & enlevé dans les airs par l’Oifeau de
Jupiter, combattit avec acharnement contre cg
tyran de l’atmofphère, enlaça fon raviffeur dans
fon propre élément, l’étrangla , retomba avec lui
(1) L . c., lib .V II.c. 11.