
tites, ainfi que nous en trouvons la preuve dans
Tordre des C héloniens ( i ).
Plufieurs Ophidiens, parmiIefquels il faut ranger
la Vipère, qui a même tiré fon nom de cette'
particularité, font des petits vivans. Quelques espèces
communément ovipares peuvent aufli accidentellement
accoucher de la même manière.
C'eft ainfi que Sept-Fontaines, ayant ouvert le
ventre d’un Lézard gris femelle, en vit fortir fept
jeunes individus longs de onze à treize lignes,«
entièrement formés & très-agiles. La portée étoit
de douze, mais cinq des petits avoient été atteints
par le fer de l'opérateur & ne donnèrent que de
légers lignes de vie (2).
C’eft encore ainfi que vers le printemps de
1787, don Saint-Julien, bénédictin de la congrégation
de Cluni, trouva dans les ovaires d'une Salamandre
terreftre des têtards vivans & munis de
branchies natatoires (3).
Mais la prefqu'univerfalité des Reptiles eft véritablement
ovipare, & , le plus communément,
chez ces animaux , le produit de la conception
eft évacué, comme chez les Oifeaux, fous la
forme d'un véritable oeuf, dont les.parois ne
font rompues qu'au bout d’un temps plus ou moins
long.
La tendreffe paternelle, l'amour maternel, font
des fentimens inconnus aux Reptiles. Ils abandonnent
leurs oeufs auflitôt après la ponte, contens ,
pour la plupart, d’avoir choifi, ou tout au plus
préparé & arrangé la place où ils lès dépofent.
Quelques-uns cependant fe donnent la peine de
creufer en terre des trous où ils les renferment,
& où ils les couvrent de fable & de végétaux
fecs.
La Chélonée franche eft dans ce cas 5 à l’aide
de fes nageoires & au-deflus de l'endroit où parviennent
les plus hautes vagues, elle creufe, dans
le fable du rivage, un ou plufieurs trous d'environ
un pied de diamètre & de deux pieds de profondeur
; elle y dépofe fes oeufs, & les cache
fous un lit de gravier affez léger pour que la chaleur
du foleil puiffe les pénétrer & les faire
éclore.
Elle fait du refte plufieurs pontes à quatorze
jours (4) & trois femaines (5) ou environ les unes
des autresj le plus habituellement, on compte
trois de ces pontes, conftamment faites durant la
nuit.
Nous devons faire obferver aufli qu’elle a une
forte d'affeétion marquée pour certains parages
(1) Voye^ ci-après, n°. 1257.
(a) Lacépède , Hifi. nat. des Serpens, in-12 , tome I I ,
pag. 331 & fuiv.
(3) Idem , ibidem, page 34o.
(4) C atesby , Hifi. nat. de la Caroline, vol. I I , pag. 38.
(5j Db L ac épède , Hid . nat. des Quadrup. ovipares ,
tome I , in-4°. , pag. 66, d’après des notes de Fougcroux.
peu fréquentés , & que pour y parvenir elle franchit
des efpaces de mer confidérables. Les Tortues
de cette efpèce qui pondent dans les îles de
Cayman ou de Las Tortugas, non loin de la côte
méridionale de Cuba, y arrivent de plus de cent
lieues de diftance. Celles qui paffent une grande
partie de l’année fur les bords des îles Gallap.agos,
fituées fous la ligne & dans la mer du Sud, vont dé-
pofer leurs oeufs furies côtes occidentales de l'Amérique
méridionale, c'eft-à-dire à plus de deux cents
lieues de l’endroit habituel de leur réfidence, &
les Tortues qui pondent fur les rivages de l'île de
l'Afcenfion, font encore plus de chemin, puifque
les terres les plus voifines en font éloignées de
plus de trois cents lieues ( i) .
C ’eft, au refte, depuis le mois d’avril jufqu'^u
mois de feptembre que duré la ponte des Tortues
franches fur les côtes de l'archipel des Antilles,
& des îles voifines du golfe du Mexique, tandis
que fur la côte d’iflini, en Afrique, elle s'étend
du mois de feptembre à celui de janvier (2).
On a cru pendant long-temps que les Croco-:
diles ne faifoient qu'une ponte annuellement i
mais De la Borde, ancien médecin du Roi à
Cayenne, nous a appris que, dans l’Amérique méridionale
, la femelle de cette grande efpèce de
Sauriens faifoit, à peu de jours de diftance, deux
& quelquefois trois pontes.
. Elle dépofe fes oeufs fur le fable, le long des
rivages qu'elle fréquente. A Cayenne & à Suri-
nam (3), elle élève non loin des eaux un amas
de terre qu’elle creufe dans le milieu & qu'elle
recouvre de'feuilles & de débris de plantes, au
milieu defquelles elle place Tefpoir de fa pofté-
rité.
A Cayenne, du refte, le temps de la ponte des
Crocodiles commence avec celui qui eft aftigné
aux Tortues, mais il fe prolonge davantage.
_ De même que ces dernières auffi, les Crocodiles
ne couvent point leurs oeufs , ce qui eft ma-
nifeftement contraire à l’opinion émife par Pline le
naturalise (4), qui veut que le mâle partage avec
la femelle les foins de l’incubation. Les petits ne
connoiflent point de parens en naiffant, & cependant,
à Surinam, félon De la Borde, la femelle
refte conftamment dans le voifinage de fes oeufs
& les défend avec une forte de fureur lorfqu’on
veut y toucher.
C ’eft environ deux mois après la fin de l’hiver
que les Iguanes femelles defeendent des. montagnes
ou fortent des bois pour aller dépofer
leurs oeufs fur le fable du bord de la mer.
Le Bafilic porte-crête abandonne les liens fur
(1) D ampier , tome I.
(2) L oyer , Voyage à Ijfmifur la Côte-d’ Or.
(3) C a t e s b y , l. c.t vol. II, pag.63.
(4) Lib. X , c. 82.
les bancs de fables & les petites îles, comme s’il
cherchoit à les y mettre en fûreté.
Beaucoup d’autres Sauriens confient les leurs à
des trous d’arbre, à des fentes de murailles, à des
crevaffes de rochers , &c. C 'eft, par exemple, au
pied des murs expofés au midi, que le Lézard
gris met bas les liens dans nos contrées.
Quelquefois les femelles de cette efpèce promènent
leurs oeufs dans leur bouche & les apportent
à l'entrée de leur trou, pour les expoferaux
rayons d’un foleil vivifiant.
Le temps de la ponte des Tortues grecques
varie aufli avec la chaleur des climats où on les
trouve. En Sardaigne, c’eft vers la fin dé juin
qu’ elles pondent leurs oeufs, dans un trou creufé
par la femelle avec fes pattes de devant & rempli
enfuite de terre.
C ’eft à tort que, dans fa Salamandrologia, P.
Wurffbain a prétendu que le Gecko ne pondoit
point. Les femelles, dans cette efpèce, cachent
leurs oeufs fous un peu de terre.
Un grand nombre d’OpHiDiENs, des Vipères,
des Couleuvres, choififlent, pour y dépofer leurs
oeufs, des amas de fumier ou de feuilles , ou les
fouches d’arbres pourries.
Les Batr a cien s les pondent, foit à la furfacé
des eaux où ils flottent, foit fur la bourbe. Les.
Grenouilles font dans le premier cas i les Crapauds
, les Salamandres & la Sirène dans le
fécond, pour la plupart.
C'eft quelques jours après le début de l’accouplement
que la Grenouille femelle pond fes oeufs,
collés enfemble par une matière glaireufe & fous
la forme d'un long cordon. Le mâle les faille à leur
fortie du cloaque & les arrôfe, de fperme en répétant
plufieurs fois un cri particulier (1.) : ils font
enfuite abandonnés dans l'eau où ils nagent fous
le nom de frai de Grenouille ou de fperniole.
Les Raines s’accouplent & pondent comme les
Grenouilles, non point fur les arbres & dans les
bois qu’elles habitent ordinairement, mais bien
dans l’eau, qui femble la première , la véritable
patrie de ces Reptiles aufli aquatiques que ter-
reftres.
Les Crapauds, autres Batraciens de la famille
des Anoures, s'accouplent & pondent aufli le
plus fouvent dans l’eau, mais le mâle faifît la
femelle fouvent bien loin des ruifleaux ou des
marais & fe fait alors porter par elle à des diftances
confidérables, câr ce n’eft que lorfqu'eile a rencontré
de l'eau qu’elle laifle échapper fes oeufs.
Ce n'eft, au refte, que vers la fin de 1 accouplement,
qui dure fept, huit & même vingt jours,
& plus , que ces. oeufs fortent fous la forme de
deux cordons attachés à l’anus de la femelle &
enveloppés d'une mucofité tranfparente. Le mâle
les raflèmble & les porte fous fon anus pour les
féconder, à neuf ou dix reprifes differentes ,
ce qui ccnftitue autant de pontes partielles dans
les intervalles defquelles le mâle & la femelle
montent à la furface de l'eau pour refpirer, &
dont chacune ajoute quelques pouces à la longueur
des cordons. Seulement alors que tous
les oeufs font fortis & fécondés, ce qui n’arrive
fréquemment qu'au bout de douze heures, les
cordons fe détachent, & ils peuvent être parvenus
à une longueur de plus de quarante
pieds (1).
Pendant que cette opération s’ exécute, les
mâles des Crapauds fe donnent plus de foins que
ceux des Grenouilles, non-feulement pour féconder
les oeufs, mais encore pour les faire fortir
du corps des femelles.
Il eft même une efpèce de Crapaud, le Crapaud
accoucheur ( Bufo obfietricans, Laurenti), qui,
après avoir contribué à la délivrance de fa compagne
, recueille les longs chapelets de fes oeufs
& fe les attache en paquets fur les deux cuifles au
moyen de quelques fils d’ une matière glutineufe.
Ce fait obfervé pour la première.fois dans le jardin
du Roi par l’académicien Demours (2), a été
vérifié un grand nombre de fois depuis, & moi-
même j'ai eu plus d’une occafion de m’en aflurer
fur des Crapauds de cette efpèce qui fréquentent
habituellement les carrières à ciel ouvert de pierre
calcaire que Ton exploite fur les hauteurs voifines
du Petit-Gentilly , près de Paris. Le mâle même
eft encore chargé.de fon précieux fardeau, & déjà
Ton diftingue au travers des enveloppes les yeux
du têtard qu'elles contiennent : il ne s’en débar-
rafle que lorfqu’ils vont éclore, & alors il les dépofe
dans quelque eau dormante.
Le Pipa, habitant mélancolique des endroits
obfcurs des habitations à Cayenne & à Surinam,
offre une particularité encore plus curieufe (3).
Dans cette efpèce de Batracien anoure, lorfque les
oeufs ont été pondus par la femelle & fécondés
par le mâle à peu près comme dans les Crapauds,
celui-ci, au lieu de les difperfer, les ramafle avec
fes pattes, les pouffe fous fon ventre & les
étend fur le dos de la femelle, où ils fe collent,
fans être formés dans ce lieu ainfi que Ta penfé la
célèbre Sybille de Mérian (4). La liqueur fécondante
du mâle irrite & fait gonfler les tégumens
dans cette région du tronc, & , en vertu de cet
oedème, chaque oeuf fe trouve renfermé dans une
forte de cellule, au fein de laquelle il éclôt.
Pendant long-temps , avec Georges Agricola &
(1 ) S p a l lan zan i, vol. I I I , pag. 33.
(2) Mémoires de VAcad, royale des fciences , année 1741.
(3) B onnet , Journal de Pftyfique , année 1779 , vol. II ,
pag. 425. • i ' •
(4) Differt. de generatione & metamorphofibus Infcftorum
/urinamenfium (1) Voyei ci-deflus, n°. 942. , ôcc. , Anift., 1719*