
Cet^ appendice véficuleux , que M Cuvier a fait
connoître le premier d'une manière exaéte, quoique
Fabio - Columna ( i ) , Breynius (2 ), Forf-
kaè’hl (3), Bofc ,(4), & le colonel Bory de Saint-
Vincent (5), en euffènt déjà parlé, elt attaché à
la partie poftérieure du pied , 8c eft compofé de
véficules fi tranfparentes qu'il a I’afpeéfc de
l'écume i mais les parois de ces cellules font
cartilagineufes.
Il ne paroît point que l'animal puiffe à fon gré
le remplir ou le vider d’air j il peut feulement le
comprimer en le retirant dans fa coquille, ou
l’abandonner à fon élafticité naturelle en l ’enlaif
fant fortir. Telle e ft, au moins, l’ opinion de
M. Bory de Saint-Vincent 8c de M. Cuvier, en op-
pofition pourtant avec la manière de voir de feu
leprofefleur Bofc.
Ja Janthine poflede, en outre, un appareil fé-
créteur de la vifcofité, comme les Lymnées 8c
les Colimaçons.
On retrouve également celui-ci dans la Vivipare
d’eau douce 8c dans le Turbo pica, ainfi que dans
le grand Buccin.
La matière colorante fi célèbre chez les Anciens
fous le nom de pourpre, eft produite par plufieurs
Gaftéropodes , que nous avons déjà fignalês en
partie, & auxquels il ‘faut joindre quelques ef-
pèces de Rochers, 8c en particulier le Murex
brandaris (6).
Parmi les Mollufques acéphales, nous voyons
aufli les Moules , les Jambonneaux , les Limes,
les Pernes & les Arondës, s’attacher aux rochers
~**u moyen de fils qu’ils ont l’art de fabriquer eux-
mêmes & dont ils fécrètent les matériaux.
La matière de ces fils eft produite par une
glande cachée dans le corps fous la bafe du pied ,
& leur aflfemblage porte, en hiftoire naturelle,
le nom de byjfus.
Dans la Moule commune , ces poils font bruns,
au nombre fouvent de plus de cent cinquante. Ils
doivent leur naiftance à une humeur pulpeufe, vif*
quelife, moulée dans la filière du pied iingui-
forme du Mollulque, comme l’ont démontré Réau-
mur (7), Mercier-Dupati, de La Rochelle (8),
& mademoiftlle Le Maffon-Legolft (9).
(1) Purpura y h. e. de Purpura ab animait teflacto fu fâ y
de hocipfo Animali, & c. , K om z , 1616J, , pag. i 3 ,
ü g . 2.
(2) Philofoph. Tranjatf. , for j jo 5 , n°.- 3o i , pl. 2 ,
fig. 2.
(3) Defcript'. Animalium , qua in Itinere Orientait, & c . ,
HâvnicE, 1 7 7 5 , in-4°*'» pag* 127.
(4) Coquilles, IV , 7 1 .
, ( 5) Poyage, tom. I , pag. j 4 i.
(6) C u v ie r , Leçons citées, tonie V , pag. 264.
(7) Mémoires de L'Académie royale des Sciences de Paris,
aimée 1 7 1 1 , pag. 1 17 .
(8) Recueil de Pièces de U Académie de La Rochelle ,
torr-e JI , pag. 81.
(9) Journal dePhyfique, tome X I V , pag. 485.
Le byffus de plufieurs efpèces de Jambonneaux
eft fin & brillant comme la foie, aufli en fabrique-
t-on certains tiflus précieux.
Tel eft principalement celui du Pinna nobilis de
Linnæus.
F O N C T IO N S E P T IÈM E .
La Génération.
1 130. Les Sexes en général. On ne peut fouvént
point appliquer aux Mollufques les diftinétions de
fexes que nous avons fignalées en parlant des
animaux vertébrés.
Chez les uns, en effet, il exifte des individus
maies 8c des individus femelles, qui s’accouplent.
Tel eft le cas de plufieurs Gaftéropodes , des
Buccins fpécialement.
Chez d’autres, où les fexes font encore féparés,
il n’y a point d’accouplement. 11 en eft ainfi dans les Céphalopodes.
On trouve beaucoup de Mollufques hermaphrodites
, qui ont beloin d’un accouplement réciproque.
Cet accouplement peut n’avoir lieu qu’entre
deux individus, comme dans les Limaces & les
Colimaçons.
Quelquefois il exige le concours de trois individus
, au moins , comme dans les Lymnées &
les genres voifins.
D’autres Mollufques, hermaphrodites , fe fuf-
fifent individuellement à eux-mêmes , par
fuite, n’ayant pas befoin de changer de place
pour l’accompliffement d’ un accouplement, ils
manquent de véritables organes de locomotion.
Les Moules, les Huîtres, les Arondes, les
Anodontes , les Jambonneaux, & plufieurs autres
Acéphales, nous offrent des exemples de cette
difpofition.
S e c t i o n p r e m i è r e .
1132. Le Sexe mâle en général. On n’a point
encore diiiingué fes organes dans les Acéphales.
Il n’en eft point de même dans les Céphalopodes
8c dans les Gaftéropodes , où l'appareil de
la génération eft fort développé.
1134. Le Scrotum. On ne le rencontre chez aucun
Mollufque, & cela en raifon même de la
fituation des tefticules.
113 y. Le Dartos. Il manque tonftamment aufli.
1136. Le Crémafier. II eft dans le même cas.
H 3 7& 1138. Les Tuniques du Tefticule. Dans
le Poulpe, le tefticule eft enveloppé par une tunique
propre, cellulaire & mince, renfermée
elle-même dans une capfule membraneufe, à laquelle
elle ne tient que par des vaifleaux.
1139. Les Tefticules en général ; leur Situation.
Ils font toujours logés à l'intérieur du corps.
1140. Li Forme du Tefticule. Dans le Poulpe, le
tefticule occupe le fond du fac abdominal 8c a la
figure d’une efpèce de grand fac , à l’ un des points
intérieurs duquel adhèrent des rubans brapchus
ou des efpèces de grappes adénoïdes, qui probablement
font confac rés à la fécrétion du fperme.
Dans la Limace, qui eft un Gaftéropode hermaphrodite
, le tefticule eft une glande blanche,
oblongue.très-volumineufe, & pouvant fe divifer
en deux parties.
De celles-ci, la poftérieure eft ovale 8c fituée
en arrière de la jonction de l’ovidu&us.
Elle fe gonfle confidérablement dans la fai fon
dû rut, époque à laquelle le tefticule remplit
quelquefois à lui feul près de la moitié du corps.
La portion antérieure eft oblongue 8c étroite.
C e ft d’elle que fe détache le canal déférent.
Dans le Colimaçon, le volume du tefticule eft
moindre que dans la Limace.
Dans les Tritonies, cet organe eft raffemblé en
une boule irrégulièrement lobée.
II eft, durefte, fort grand, 8c ne fauroit être
bien étudié qu’après l’ablation du foie & de l’oe-
fophage, des deux côtés duquel il fe montre à
l’ouverture du corps.
Dans les Doris, il eft gros 8c arrondi.
Il offre d’ailleurs une adhérence marquée avec
l’oviduéte.
Dans la Scyllëe , il eft fitué fous l’oefophage 8c
divifé en lobes comme celui des Tritonies.'
Dans lès Théthys, appartenant aufli à la fec-
tion des Gaftéropodes hermaphrodites , le tefticule
eft collé à l’oviduéte.
Il eft imparfaitement connu dans les Phyllîdies
8c les Pleurobranches.
Les Aplyfies, hermaphrodites encore , ont un
tefticule a un beau jaune , de la figure d'un ellip-
foïde entouré d’un ruban en fpirale., fur le compte
duquel nous reviendrons bientôt.
L’ oviduéte offre ici des connexions plus ou
moins intimes avec le tefticule.
Dans toutes les Bullées, celui-ci eft d’une
forme alongée 8c d’une apparence gélatineufe.
Dans la Teftacelle de France, il forme d’abord
une groffe maffe ovale fituée du côté gauche
entre la bouche 8c l’eftomac.
Il s’abouche avec l’oviduéte chez ce Mollufque
encore.
Dans les Lymnées , le tefticule eft une glande
blanchâtre , placée en travers dans l’abdomen 8c
derrière la cavité pulmonaire.
Dans la Vivipare d’eau douce, le tefticule eft
logé dans la fpire au même lieu que fe trouve
logé l’ovaire chez la femelle.
Dans le grand Buccin , il eft d'un blanc-jaunâtre
8c lifle, 8c occupe une grande partie du fond de
la fpire. Sa confiftance eft molle.
Dans le Clio borealis, il a la forme d’un cæcum.
Dans le Sigaret, il remplit aufli une grande portion
de l’abdomen. 11 n’ a point encore été décrit dans l’Haliotide
ou Oreille-de-mer.
On n’a rien découvert qui puiffe lui être conv-
paré dans la Fiflurelle, non plus que dans l’Emar-
ginule, la Patelle, le Cabochon 8c l’Ofcabrion.
Chez les Acéphales, qui font tous hermaphrodites
8c fe fécondent eux-mêmes, on ne découvre
aucune trace de tefticule.
Dans les Balanes 8c les Anatifes, le tefticule eft
reptéfenté par un tube blanc, ployé en zig-zag,
à parois épaiffes , glanduleufes , qui ferpente de
chaque côté du canal inteftinal , qui aboutit,
. d'une part, au finus commun des oviduétes, 8c
qui, d’autre part, fe termine vers la bafe du tube
qui tient lieu de reétum.
M. Cuvier (1) penfe que les oeufs fe fécondent
en traverfant ce conduit tortueux. Cette opinion
paroît aufli, à quelques modifications près, avoir
été celle d’Antoine Leeuwenhoëck (2), de Martin
Lifter (3), de Job Bafter (4), de John Ellis (y),
deTuberville Needham (6) 8c de Poli (7).
114t. La StruUure interne du Tefticule. Dans le
Poulpe, 1 intérieur de cet organe eft occupé par
les rubans branchus ou les efpèces de grappes de
glandules dont nous avons parlé, 8c qui paroif-
fent avoir pour ufage de fécréter le fperme ,
lequel s’ affemble entre ce parenchyme intérieur
8c le fac qui le renferme.
Il en eft à peu près de même dans la Seiche y
feulement les filamens intérieurs font beaucoup
plus minces 8c infiniment plus nombreux. Us n'ont
point cet afpeét rubané qu’ils offrent dans le.
Poulpe.
Dans celle-là, ils fe réunifient fucqeflivement
pour former des troncs qui aboutiffeht , en quantité
innombrable, aux parois de trois ou quatre
canaux excréteurs afîez gros , qui parcourent la
glande en divers fens 8c qui fe terminent tous à
une ouverture commune circulaire , large, garnie
d’une valvule.
Dans le Poulpe, les canaux excréteurs.communs
n’exiftenc point, 8c les petits conduits arrivent
immédiatement à l’ouverture terminale.
( 1) Mémoire furies Anatifes & les Balanes, pag. 9.
(2) Arcan. Nat. , E pift?83.
(3) Synopfis meth. Conçhyliorum & Tab. Anal. , Oxon. ,
1770, in fol, , tab. 19, 20.
(4) .Opufc. fubfcejf. , lib. I I I , rab. 1,2.
(5) Tranf. philofoph., tom.J L V I I I , tab. 34»
(G) Nouv. Obferv. microfcop., pl. 6.
(7). L , . c , , I , tavol. IV , V , V I .
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