
Toutes les fois que les bronches entrent dans
les poumons , les fibro-cartilages qui leur appar- •
tiennent ne forment plu-s que des anneaux fort irréguliers
, jjjj deviennent de plus en plus rares &
écartés, à mefure qu'on fe porte en arrière pour
les examiner.
9I4* Leurs Val fléaux. Ils n'ont point encore été
étudies d'une manière fpéciale.
9IJ* Leurs Ganglions lymphatiques. Ils font encore
inconnus.
916 & 917. Les poumons en général. On t rou ve ,
deux poumons dans les C hêloniens, les Sauriens j
e t le s Ba tr a c ien s .
Les O phidiens n’en ont qu'un fe u l,mais il eft
excë Hivernent long.
La forme & le volume des poumons varient
beaucoup plus dans les Reptiles que dans les autres
clafies des animaux vertébrés.
Dans la Sirène, l'Amphiuma & le Protée , ils
font accompagnés de branchies permanentes.
Le plus ordinairement j ils forment des fortes
de facs ovales.
918. Les Lobes ou Divifions des Poumons. On
n’en obferve d'aucune efpèce chez les Reptiles.
919. Leur Etendue. Dans les Mammifères, la
figure & le volume des poumons femblenc déterminés
par la cavité du thorax ; dans les Oifeaux,
iis femblent dépendre tout à la fois & des cellules
du péritoine qui J es limitent, d'un côté,, & des
côtes 3 qui les recouvrent de l ’autre.
Rien j dans les Reptiles , ne femble empêcher
le développement de ces vifcères , ne paroît propre
à leur prescrire d'avance telle ou telle figure. "
Lesfacs ovales qu’ils forment, s’étendent,"dans
les C hêloniens , le long du dos jufqu’au balfin.
Ils font moins étendus dans les Sauriens & les
Ba tra ciens pour la plupait.
Le poumon des Ô piïidiens , extrêmement long,
fe prolonge au-defîus de l’oefophage, de l’eftomac
^ du fo ie , jufqu au-dela de. ces derniers. Çëtte
fituation fait qu il doit être comprimé toutes les
fois que l'animal avale une proie d'un certain volume.
C ’eft probablement là la caufe de l’engourdi
fièment qu’éprouvent les Serpens en pareille
occafion.
Dans les Caméléons, chaque fac pulmonaire
eft extraordinairement vafte & rend le corps plus
ou moins tranfpareht, félon qu’il eft rempli ou
vide d air. C eft là ce qui, comme nous l ’avons
déjà dit, donne à ces animaux la propriété de
changer:de couleur (1).
Les deux poumons, d’ailleurs, chez eux comme
dans les Marbrés, font divifés en longues appendices
coniques qui fe prolongent jufqu'au baffin &
fe placent entre les vifcères, de manière à augmenter
de beaucoup le volume de l’animal, au
moment où l’air les diflend.
920. Leur Couleur. Elle eft en général d'un rouge
vermeil.
921. Leurs Vaiffeaux propres, les Artères bronchiques.
A en juger par le diamètre des artères
pulmonaires, les poumons des Reptiles ne reçoivent
que le tiers au plus du fang en circulation
dans ces animaux, & quelquefois beaucoup moins.
Aufïi les ramifications artérielles & veirieufes qui
rampent fur les parois des facs pulmonaires & de
leurs cellules, n’y forment-elles, en raifon de leur
moindre* nombre, qu’un réfeau à mailles allez
peu ferrées (1).
■ Ces vaiffeaux fervent en même temps d‘Artères
& de Veines bronchiques, car dans les Reptiles,
aucun vaiffeau particulier ne paraît mériter ce
nom.
I Cependant les O phidiens préfentent, à cet
egard , une difpofition bien notable.
L artère pulmonaire qui fe porte d'avant en
arriéré, le long de la face fupérieure du poumon,
diminue de diamètre à mefure qu'elle lui envoie
fes rameaux , & finit avec les parois celluleufes du
fac. Au-delà de ce point, celui-ci*ne reçoit plus
de fang que des artères du corps & , en particulier,
de 1 aorte poftérieure qui fe diftribue aufïi à 1 eftomac. D'autres de ces rameaux, toujours très-
fins , defcendent de la colonne vertébrale à la partie
fupérieure du fac, & forment fur fes parois un
réfeau à mailles lâches.
Les veines qui répondent à ces artères verfent
leur fang immédiatement dans la veine-cave.
Une partie du poumon fait donc ici l'office des
vaftes cellules aeriennes des Oifeaux, & une portion
du fang qui a pris le chemin des artères du
corps eft foumife de nouveau à l’adtion de l ’élément
ambiant.
91 2 3$i 924 & PM* Leur Strùâlure interne, leurs
Lobules, le Tijfu interlobulaire,. Nous lavons déjà
que , dans les Reptiles , les bronches ne fe divi-
ienc point & que, le plus communément, elles ne
pénètrent pas meme dans les poumons , mais fe
terminent abruptement par un ou plulïeurs larges
orifices, dès quJelles ont atteint ces vifcères.
Or, ceux-ci, dans la plupart des Batraciens &
d$s Sauriens , forment deux facs dont les parois
intérieures font divifées, par des feuillets membraneux,
en cellules polygonales, que d'autres
feuillets fecondaires fubdivifent en cellules plus
petites, ce qui les a fait, avec jufte raifon, comparer
à celles qu'offre la lurface interne du fécond
eftomac des Ruminans (2). '
(1) Voye^ ci-dcITus, pag, rai. C1) ybyeî ti-dcSus, pag. 8 3 & 8 4 , n°. a j ; à 287. -
(•i) Poyejci-deffusVtome I I I , pag. a g i & fuiv. , n".çjg<5.
Ces cellules ou vacuoles font , la plupart du
temps, plus nombreufes, plus petites & plus profondes
dans la région antérieure du fac, que dans
le relie de fon étendue 5 elles s'élargiffent à mefure
qu’elles font plus*près.de fon extrémité pof-
térieure, & lorfque celui-ci fe termine par des
appendices, çn n'y voit plus qu'un réfeau à mailles
lâches & exçeffiyement fines.
Alors les parois du fac pulmonaire font abfolu,
ment limples & fans divilion. C'eft ce que 1 on voit
dans les appendices qui terminent en arrière les
poumons du Caméléon & du Marbre (Polychrus
marmoratus ) , ainfi que dans la grande vefïie qui
femble continuer le poumon des Ophidiens.
Dans la Sirène lacertine les poumons , qui forment
deux longs facs cylindriques auffi étendus:
que la cavité de l’abdomen , font également,
comme dans les Salamandres & le Protée anguii-
lard, d'ailleurs, limples & lans divîfion.
Dans les O ph io ie n s , le grand lac pulmonaire
perd les cellules de fes parois à tres-peu de dif-
tauce au-delà de l'extrémité antérieure du foie,
& il rëfte abfolument fimple dans la dernière partie
de fon trajet, qui elt encore confidérable,
puifque fon fond parvient plus loin que le foie ( 1 ).
Les poumons des C hêloniens ont une ftruélure
plus compliquée. Chacune des ouvertures de là
bronche communique dans un fac particulier,
dont les patois font compofées dé même de cellules
polygonales, dans lefquelles il en exille de
plus petites. Chacune de ces cellules eft bordée
par des cordons blanchâtres comme tendineux,
qui femblent deftïnés à foutenir leurs parois &
qui, en fe fixant à leur bord , attachent les facs
aux orifices de la bronche (2).
Dans les Chelonées ou Tortues de mer, les
facs ouïes cellules principales répondent_au grand
nombre d'orifices dont la bronche eft criblée. &
font en plus'grand nombre & de moindre dimen-
fion que dans les Tortues terreffres, comme la
Tortue grecque. On y remarque de même, au
relie, les cordons multipliés qui foiment & fou-
tiennent les cellules, & qui donnent aux poumons
de ces animaux, l'apparence d’un tiffu caverneux.
Les cellules ^pulmonaires font encore 8f plus
nombreufes Si plus petites dans les Crocodiles,
mais leur ftruilure elîentielle paroît abfolument
la même (5)-
927, 928 & 919. Les Plèvres, leur Forme , leur
Etendue. Elles n'offrent, dans les Reptiles, aucune
(1 ) C haras , Nouvelles Expériences fur la Vipère,
P a r is , 1694, in rS ° ., pag. (pï. — M arco A orelio S e-
■v e r in o , Vpera Pythia , Scc. j Padoue , i ()5 i , in-4°.
(2) Voye^ , fur les poumons des Tortues, Blaes, Anat.
Anim., pag. 119.
(3 ) Voye1 ce qu’.ont dit les membres de l’ancienne A c a démie
des fciences au fujetdes poumons du Crocodile, dans
les Mémoires pour fervir à 1‘Hiftoire naturelle des Animaux.
particularité remarquable, & fe trouvent unies au
péritoine, dont elles ne font même qu’un prolongement,
dans toutes les efpèces où le poumon
pénètre dans l'abdomen, ïk le Crocodile eft le
feul où cela ne foit pas.
955T 957. 95S, 919 & 94°- L e D i a ~
phragme. Ce mufcle n'exifte point dans les Reptiles.
941. Les Phénomènes de la Refpiration. Le mécanisme
de la refpiration varie beaucoup dans
chacune des quatre grandes feétions qui fe partagent
la claffe des Reptiles.
Dans les C hélonif.ns , par exemple , malgré la
grande étendue des poumons, le thorax étant le
plus communément immobile, c’eft par le jeu de
la bouche que s'opère l’infpiration ; toute tortue
qui refpire, en effet, tient les mâchoires bien fermées
, & élève & abaiffe alternativement l’os
hyoïde » le premier mouvement fait entrer l’air
par les narines , & la langue, fermant enfuite leur
ouverture intérieure, le fécond mouvement contraint
cet air à pénétrer les voies pulmonaires ,
fans que les côtes, trop courtes & immobiles,
; puiffent y contribuer en rien.
C ’eft ce qu’a conftaté à plulieUrs reprifes le
doifteur Robert Townfon ( i) , auquel on doit des
obfervations du plus haut intérêt fur la refpiration
des Reptiles, qui s’étoit fi bien familiarifé avec
ces êtres, qu’il vivoit toujours avec eux & les
difiinguoit entr’eux par des noms, auxquels ils
répondoient, quand il les appeloit (2) , & que
même, pendant un grand voyage en Italie & en
Sicile, il ne voulut point fe réparer de deux de
ces favoris finguliers.
Or, dans cette claffe de Reptiles, les leviers
repréfentés par les côtes ne font nullement les
agens de la refpiration & ne fauroient être remplacés
par le diaphragme, qui manque entièrement.
La déglutition de l ’air elt donc le feul moyen
que les Ç iiéloniens poffèdent défaire entrer ce
fini de dans leurs poumons , & cela par le méca-
nifme que nous venons d’indiquer d’une manière
générale, & qui a pour agens les mufcles de
l’hyoïde.
Une fois qu’il a été épuifé de fes principes vi-.
vifians, l’air, engagé dans les cellules des poumons
, en eft expulfé par deux paires de mufcles
qui rempliflent l’intervalle poftétieur du fterirum
& de la carapace, au voifinage des membres pelviens
repliés fur eux-mêmes dans l’état de repos.
C’eft là, en effet , que chez les C héloniens ,
, ( 1 ) Obfervationes phyfiologic* de Refpiratione Amphibiorum,
Goect. , 1794» in'4°* Vindob. Auftr. , in-8®. ,
I 79®*
(2) G . F ischer , Mémoire pour fervir d'introdudion à un
Ouvrage fur la Refpiration. des Animaux, P a r is , 1798 ,
in-80. , pag. 76.