
ü Crußaces.
Dans les Daphnies, les mâles, bien moins nom--
breux que les femelles, ne paroifient exifter qu’à
certaines époques de l’année, ainfî que dans
les Pucerons, chez ces Entomoftratés, un feul
accouplement fuffit pour la création de fept à huit
générations de femelles, qui fe développent fuc-_
ceffivement.
Ledermuller eft le feui {auteur qui ait parlé
d’un accouplement chez les Cypns, dont les
mâles, du relie, ne font point encore connus.
Contre l’ordinaire, le mâle, beaucoup plus
gros que la femelle dans les Afelles, porte celle-
ci une huitaine de jours en la retenant avec les
pattes de la quatrième paire (i).
Au moyen de leurs antennes lupérieures ou de
l ’une d’elles feulement, les Cyclopes mâles fai-
fiffeot foit les dernières pattes, foit le bout de
la queue de leurs femelles, dans leurs préludes
amoureux, & les retiennent malgré elles dans des
fîtuations appropriées à la manière dont ils fe
fixent. Elles emportent leurs mâles lorfqu’elles né
veulent pas d’abord fe prêter à leurs defirs, &
la copulation s’opère enfuite par des aétes prompts
& réitérés (2).
Chez eux, une feule fécondation peut fuffire
aux générations fucceffives, & , dans l’efpace de
trois mois, la même femelle peut faire jufqu’à dix
pontes ($).
Les Argules mâles font très-ardens, ce qui
leur fait fouvent prendre un fexe pour l’autre,
ou s’adrelfer à des femelles déjà pleines ou même
mortes. Dans l’ accouplement, ils fe cramponnent
fur le dos des femelles au moyen de leurs pieds
à ventoufes, & ils relient plufieurs heures dans
cet état.
12^4, I t f f . La Geftation, fes Phénomènes, fa
Durée; la Parturition. Ce n’elt que deux mois
après l’ accouplement que l’Ecrevilîe fait fa ponte.
Ses oeufs, ralfemblés en tas, font, au moyen
d’une liqueur vifqueufe, collés ayx faulfes pattes
fou s-caudales.
La mêmè difpofition des oeufs fe rencontre
dans la plupart-des autres Macroures, & en particulier
dans les Crangons & les Salicoques.
Dans les Brachyures femelles, le deffous de
Ja queue porte quatre paires de doubles filets
velus defti^és à porter aulfi les oeufs.
Les femelles des Læmodipodes portent leurs
oeufs fous les féconds & troifième fegmens du
corps dans une poche formée d’écailles rapprochées.
Pans les Ifopodes, elles les confervent fous
{1) CpyiER, l. c . , pag. 4 0 .
- (2) Jurine en a. vu trois dans l’efpace d’un quarc d’heure.
(3) En n’en comptant .que h u it, 8c en luppofanc chacune
d'elles .de quarante pe tits, la ibmme totale des naif-
feïjçes s'éieyeroit encore à près cfe quatre milliards 6c demi.
la poitrine, foit entre des écailles, foit dans
une poche ou fac membraneux qu'elles ouvrent
afin de livrer paffage aux petits qui nailfent tout
formés.
Les oeufs des Bopyres font logés dans la concavité
inferieure du corps des femelles.
Ceux des Afelles font renfermés dans un fac
membraneux placé fous la poitrine, & s’ ouvrant
par une fente longitudinale à la naiffance des
petits.
Ils en eft de même dans les Cloportes.
Ceux des Cyclopes font contenus dans un fac
ovale placé de chaque côté des femelles, & fe
continuant avec l’ovaire interne.
Chez eux, la durée du féjour des foetus dans
Ies^ ovaires varie de deux à dix jours, ce qui pa-
roît dépendre de la température des faifons.
La femelle des Cypris dépofe en malfe fes
oeufs, qu’elle fixe, au moyen d’un gluten, fur
les plantes ou fur la boue.
Cramponnée alors à l’aide des féconds pieds
& de manière à ne .point craindre les fecouflfes
de i’eau, elle emploie environ douze heures
daps çette opération.
Dans les Daphnies, les oeufs féjournent quelque
temps après ha ponte“ dans une cavité lïtuée
entre la coquille & le corps.
Mqjler a donné le n om d' ephippium ou de ƒelle
à une grande tache obfcure & rectangulaire qui,
à certaines époques de l’année, & furtout en
é té , fe montre, après la mue des femelles des
Daphnies, à la partie fupérieure des valves de la
coquille. Jurine regarde cette tache comme T effet
d’une maladie j mais M. Straus a reconnu en
elle deux ampoules ovalaires, tranfparentes, placées
l'une au-devaht de l’autre & formant avec
celles du côté oppofé deux petites capfules ovales,
filiales. Chaque capfule renferme un oeuf à
coque cornée & verdâtre, femblable aux oeufs
ordinaires, mais demeurant plus long-temps à
fe développer & devant pafler l’hiver fous cette
forme.
A l’époque de la mue, cet ephippium, ain.fi,
que fes oeufs, efl abandonné avec la dépouille
dont il fait partie, & qui fert d’abri aux oeufs
durant le froid.
La chaleur du printemps fait éclore ceux-ci,
& il en fort des petits abfolument femblables à
ceux que donnent les oeufs ordinaires. Ils font,
du relie , entièrement libres dans les cavités qui
les renferment, & peuvent, félon Schiffer, relier
long-temps dans l’état de defliccation fans que le
germe en foit altéré (i).
Dans les Limnadies, les oeufs, après la ponce,
occupent une cavité dorfale à laquelle ils font
fixés par de petits filets.
Les
( i ) M. Straus oz partage point cette opiniop.
Crußaces,
Les femelles des Artémies gardent les leurs
dans une capfule alongée, fituée vers la bafe de
la queue.
Selon M. Riiïb, ceux des Talitres font logés
fous les écailles du thorax, fur les côtés de
celui-ci.
j Dans les Apus, ils font logés dans une capfule
bivalve^ placée derrière la véficule, fur le premier
article de la onzième paire des pattes.
Chez les Argules, la durée de la geftation eft
de treize à dix-neuf jours. Les oeufs font collés
avec un gluten fur les pierres & autres corps
durs, foit en ligne droite, foit fur deux rangs &
prefîes les uns contre les autres.
Les oeufs des Cécrops font recouverts par deux
grandes pièces ovales, contiguës, coriaces, placées
fous l’abdomen & le furpalfant en longueur.
S e c t i o n c i n q u i è m e .
1256, 12^7. ^-•es OEuf s en générals leur Nombre,
leur Figure, &c. Les Petits. Les Cruftacés font
ovipares, comme les Décapodes, ou ovovivipares,
comme les Ifopodes, & préfentent entre eux
les plus grandes différences fous le rapport du
nombre? du volume, de la forme, du mode de
développement des produits de leur génération.
Dans les Décapodes, les oeufs font globuleux,
généralement très-nombreux, recouverts d’une
enveloppé cornée affez folide & ordinairement
tranfparente.
Ceux de l’Ecrevilfe font d’un rouge brun.
Ceux des Crangons font jaunâtres ou de couleur
de chair.
Ceux des Cyclopes augmentent en nombre
avec l’âge. D’abord bruns & obfcurs, bleus ou
verts, ils prennent enfuite une teinte rougeâtre
& deviennent prefque tranfparens quand les petits
font près d’éclore.
Dans les Cypris, ils font fphériques & au
nombre d’environ vingt-quatre pour les grandes
efpèces.
Ce nombre n’eft que de dix dans les fortes'
pontes des Polyphêmes.
La coque de ceux des Daphnies eft cornée &
verdâtre.
Celle des oeufs des Limnadies eft ronde &
d’abord tranfparente. Elle jaunit quelque temps
après la ponte.
Dans les Branchipes des marais, où les oeufs
font d’abord fphériques & enfuite anguleux, elle
eft jaune, dure & épàilfe.
Dans les Apus ,'elle eft d’un rouge très-vif.
Il en eft de même dans les Langouftes, dont
les oeufs, très-petits & très-abondabs, ont, pour
cette raifon, mérité le nom vulgaire de corail.
A I9. Chine, on mange les oeufs des Limùles.
.Les oeufs -des Argules font unis, ovoïdes &
$yft. Ànat. Tome IV
497
d’un blanc de lait. Par fuite de leur preffion les
uns contre les autres, ils deviennent prefque
hexagonaux.
Leur nombre varie de cent à quatre cents.
' M. Riffo a obfervé que la femelle du Bopyre
des Palémons, au lieu d’oeufs, porte fous le
ventre huit à neuf cents petits individus très-
apparens & de couleur blanche-grifâtre.
Ce nombre eft réduit à vingt ou trente dans
YErgy.ne cervicornis du même auteur.
Il s’élève jufqu’à cinquanterhuit dans le Daph-
nia magna,
1268. Le Développement des (Sufs & du Foetus
en générai. Nous favons déjà que les oeufs de
beaucoup de Cruftacés éclofent encore contenus
dans le corps de la femelle, ou renfermés dans
une cavité de dépôt extérieure, que, par coi>
féquent, beaucoup de ces animaux, tels que les
Cloportes, les Argules, les Daphnies, font ovovivipares.
Dans cè cas, les petits nouveau-nés font en
général femblables à leurs parens : mais quelquefois
néanmoins ils en different tellement, que
certains auteurs les ont confidérés comme le type
d’efpèces ou* de genres particuliers.
Les Argules, par exemple, n’acquièrent leur
entier développement qu’après avoir fubi certaines
métamorphofes, à peu près comme les
têtards des Batraciens, & c’ell là ce qui a fait
diftinguer à Muller un A rgui us Charon, qu’il faut
rayer du catalogue des efpèces. Dans leur enfance,
ces animaux ont en effet quatre longs bras
terminés par un pinceau de foies flexibles & pennées,
placés deux en avant, deux en arrière des
yeux, & à l’aide defquels ils nagent par faccades.
Leurs pieds à ventoufe font aufli alors remplacés
par deux fortes pattes, coudées près de leur extrémité
& terminées par un fort crochèt, tandis que
.les dernières pattes natatoires font comme emmaillotées
& appliquées contre l’abdomen.
A la première mue, les rames ou longs bras
difparoiftent, & toutes les pattes natatoires fe
développent: mais ce n’eft qu’à la troifième,
qui a lieu cinq jours plus tard, que les ventoufes
des deux pattes antérieures commencent à fe
former , & qu’à la cinquième qu’on aperçoit l’appareil
génital.
Cet état d’enfance ou de métamorphofe des
Argules dure vingt-cinq jours en tout.
Les métamorphofes des Branchipes & des C y clopes
, dans le premier âge de leur v ie, ne font
pas moins remarquables que celles des Argules.
Le développement des oeufs a été bien fuivi
par Jurine dans les Daphnies. Pçu de temps après
l’accouplement j ces oeufs defeendent des ovaires
dans les oviduéles & arrivent dans la cavité dorfale,
où l’on peut diftinguer leur enveloppe extérieure,
leur humeur colorée & un globule centrai
entouré de quelques autres globules. Au
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