Ce mufcle eft le plus gros Se le plus charnu de
tous ceux de l'oeil de la Grenouille.
-Les interftices de ces divers mufcles ne font
point remplis par de la graille.
Aucune autre région de l'orbite chez les Grenouilles
ne renferme de tifiu adipeux.
813. Le Globe de l'OEil. Malgré l’exillence du
fluide fécrété par un appareil lacrymal, l'oeil,
conftamment fixe d'ailleurs, eft toujours fec à fa
furface chez les Ophidiens,
i Les Batraciens ont les yeux fort faillans 8c
d‘u,ne_mobilité remarquable. Au moment de la déglutition,
ces organes rentrent entièrement dans
les orbites, mais obliquement, car telle eft ici
leur direélion naturelle, comme l'a remarqué au-
® trefois le médecin Pourfour Du Petit (1 ), lequel
a d'ailleurs noté que fur une grolfe Grenouille,
dont la tête avoit dix lignes de longueur & peloit
78 grains, le globe de l'oeil préfentoit un diamètre
horizontal de 3 ~ lignés, un diamètre vertical 8c un
axe de^trois lignes feulement, 8c ne pefoit que
3 7 grains.
814. La Cornée tranfparente. Dans la Grenouille
dont il a été queftion plus haut, cette membrane
avoit 2 1 de diamètre horizontal 8c deux lignes de
diamètre vertical. Elle eft bordée d'une filet noir,
plus large en bas qu'en haut 8c préfente à fes
.côtés des portions de bandes dorées.
Dans une Tortue terreftre dont l’oeil avoit fîx
lignes de diamètre 8c fix lignes d'axe, la cornée?
étoit ronde 8c avoit trois lignes de diamètre.
813. La Sclérotique. Dans la Tortue, elle pré-
fente à fa partie antérieure les lames offeufes que
préfente celle des Oifeaux. Sans être continues à
la fubftance, ces lames font Amplement renfermées
dans l’épailfeur de la membrane 8c s'en fé-
parent nettement au plus léger effort (2)_.
Le Caméléon 8c plufieurs autres Sauriens offrent
aufli des lames offeufes dans la fclérotique, mais,
au lieu d'en former le dilque antérieur, elles en
recouvrent la partie latérale.
Dans la Grenouille, cette membrane paroît extrêmement
noire dans les endroits où la choroïde
eft noire j elle paroît dorée, là où celle-ci eft dorée
(3); mais une fois ifolée d'elle, elle devient
incolore 8c tranfparente.
Son épaifièur eft tout au plus d'un quinzième
dp ligne.
816. La Chorioïde. Elle exifte chez tous les
Reptiles.
Dans les Tortues terreflres, les Crapauds,
les Grenouilles, les Rainettes, les Vipères 8c les
( 1) Mémoires dé éAcad. royale des fciençes , aimée i-)3-
page 146, pi. V I , fig. 1.
(a) CüyiER , ubifuprà , pag. 388,
(3) P o l’ufoür P u P e t i t , l. c.
Couleuvres, elle eft noire en général à l’intérieur.
Dans la Couleuvre d’Efculape, fa face interne
eft brillante & d’un vert métallique peu foncé.
Dans la Grenouille fa furface externe préfente
quelques nuances dorées.
817. Son Enduit. II n’offre rien de particulier.
818. Le Tapis. Le Caïman à lunettes & le Caïman
à mufeau de brochet ont un tapis d'un blanc
d argent, au centre duquel s’infère le nerf optique
fous la figure d’un difque noir.
820. Le Corps ciliaires, les Procès-ciliaires. Dans
la Tortue, les procès-ciliaires font fi peu faillans,
qu’ on ne peut guère les reconnoître que par. la
belle empreinte rayonnée qu’ ils lailfent fur le corps
vitré.
Chez le Crocodile, ils font très-beaux 8c très-
marqués. Chacun d’ eux fe termine par un angle
reétiligne prefque droit.
Dans une grande efpèce de Rainette étrangère,
M. Cuvier a obfervé des procès-ciliaires en forme
de fils alongés. Une pareille difpofition, mais à un
degré moins marqué, èxifte dans le Crapaud.
On n’aperçoit point de procès-ciliaires dans les
Lézards & les Ophidiens.
821. U Iris. L’iris des Reptiles eft fouvent doré
comme celui des Poiflons. Dans la Grenouille, en
particulier, il eft parfemé de beaucoup de points
dorés, 8c un cercle de la même teinte borde la
pupille (1).
y Dans les Tortues de terre européennes, la pupille
offre une femblablebordure, & l’ iris préfente
quatre taches brunes difpofées en une croix cantonnée
de quatre taches aurores (2), ou quatre
points jaunes lur un fond de couleur minime (3);.
| g général, chez les Reptiles, les vaifteaux
de l’iris font plus vifibles que dans les autres animaux.
Ils forment, chez le Crocodile fpécialemem,
un fort beau réfeau fur cette membrane.
822. La Prunelle ou Pupille. Dans lesTortues de
terre, elle .eft ronde, de même que dans les Lézards
8c le Caméléon.
Dans le Crocodile elle offre la même difpofition
que celle du Chat.
^Dans les Grenouilles elle eft rhomboïdale, ou
elle a la figure d’un triangle curviligne.
Lé Gecko eft dans le même cas.
82 3. Le Nerf optique dans l1 * 3 (EU. Dans tous les
Reptiles, le nerf optique traver fe les membranes
de l’oeil dire&ement & par un trou rond comme
dans les Mammifères,
(1) Pourfour Du Petit , ubi modo, page i5o & i5i .
.(a) Idem, ibidem, page iG3 , noc. a.
(3) Mém. de l'Acad, royal? des fciencpf, rom. JH parc
» P»2. 20 a. . * '
11 forme en dedans un petit tubercule des bords
duquel naît la rétine.
824. La Rétine. Elle n’ offre rien de particulier.
Nous ferons obferver néanmoins que, ainfi que
l ’a remarqué M. Robert Knox CO. le trou central
de cette membrane, le foramen centrale Soemme-
ringii, exifte dans plufieurs Reptiles, & , fpeciale-
ment, dans le Lopnyre fourcilleux (Lacerta fuperci-
liofa, Linnæus), dans le Galéote ordinaire (Lacerta
calotes, L.), dans le Lophyre à cafque fourchu
(Lacerta feutata, L.), tandis qu'il manque dans
le Gecko Se dans le Mabouya des Antilles, dernière
difpofition prefque confiante chez les autres
animaux vertèbres.
823. U Humeur aqueufe. Elle exifte dans les Reptiles
comme dans les autres animaux vertébrés.
11 eft difficile d'en déterminer la quantité d’une
manière précife. Elle varie ordinairement en poids,
chez la Grenouille, d'un grain à un grain & demi
ou deux grains environ.
Dans ce dernier animal, il exifte une véritable
humeur aqueufe entre la rétine 8c le corps vitré,
comme dans les Poiffons Se les Oifeaux (2).
826. La Membrane cryfiallineJ Elle n'offre rien
de particulier.
827. Le Cryfiallin. Comme chez les autres animaux
vertébrés, fa convexité eft, chez les Reptiles,
en- raifon inverfe de celle de la cornée, 8c,
conféquemment, fon épaiffeur eft en raifon inverfe
également de l'humeur aqueufe.
En général, dans toute la claffe, fi eft très-
convexe , 8c chez les Ophidiens, il eft à peu près
fphétique.
Dans une Tortue terreftre de la taille de deux
pieds 8c que Pourfour Du Petit a eue à fa difpofition
, le cryftallin avoit deux lignes 8c demie de
diamètre 8c une ligne un tiers d'axe. Il pefoit
cinq quarts de grain (j).
Chez la Grenouille obfervée par le même ana-
tomifte, le cryftallin avoit deux lignes de diamètre
8c 1 2 à 1 7 ligne d'axe. 11 pefoit un grain Se
demi.
Sa convexité* antérieure appartenoit à une
fphère de 2 - lignes de diamètre.
Le diamètre de la fphère dont faifoit partie la
convexité poltérieure n étoit que de deux lignes.
La couche extérieure de ce corps eft, dans les
Batraciens anoures comme dans les Poiftons,
molle, diffluente, vifqueufe, muqueufe.
Son noyau a beaucoup plus de confiftance.
Placé dans l'eau bouillante, le cryftallin de la
(1) Obfervations on the comparative anatomy of the eye
( Tran fan. of. the R. Soc. of Edinburgh', i8a3 ).
(2) Pourfour Do Petit, Mém. cités, 1737, pag- »5i.
(3) Ibidem , page iGq.
Grenouille devient d’un blanc opaque, mais ne
change point de dimenfions.
828. Le Corps vitré & la Membrane hyaloide. Ils
n’ offrent rien de particulier.
S e c t i o n h u i t i è m e .
83 2. L’Audition en général. Il s’en faut de beaucoup
que le fens de l’ouïe foit aufli fort que celui
de la vue dans les Reptiles. L’appareil organique
deftiné à l’exercice de ce fens dans ces animaux
eft extrêmement fimple, fans que cette fimplicité
foit compenfée par une plus grande fenfibilité.
833,834,835,83 68c 8 37 .L ’Oreille externe & fes
diverfes parties. Cette portion de l’appareil acoufti-
que, qui raffemble les rayons fonores comme les
miroirs ardens réunifient les rayons lumineux, &
qui augmente par-là le nombre de ceux qui parviennent
à l’organeeffentiel de l’audition, manque
entièrement dans les Reptiles, lefquels, à la
place des conques extérieures, n’ont reçu que
d’étroites ouvertures par où ne peuvent entrer
qu’un petit nombre de rayons fonores à la fois.
Le Crocodile, feul parmi eux, paroît avoir une
efpèce d’organe extérieur de l’audition. La peau
forme au-deflus de fon tympan une forte de double
lèvre ou de couvercle, qui le cache entièrement
à moins d’être foulevé (1). C ’eft là , très-probablement,
ce qu’Hérodote regardoit comme Vo-
reille du Crocodile, à laquelle, dit-il, les Egyptiens
attachoient des pendans 8c des bijoux.
839. La Membrane du Tympan. Elle manque
dans les Salamandres.
Le Caméléon eft dans lè même cas que celle-ci.
Chez les unes & chez l’autre , la peau paffe fur
l’ouverture extérieure de l’oreille fans éprouver
de changement ni dans fon épaifièur, ni dans fa:
nature.
Après avoir enlevé les tégumens 8c quelques**
portions de mufcles , on aperçoit cette membrane
dans les Orvets.
Les Ophidiens véritables en font totalement?
privés. L ,
Dans les Lézards, la membiane du tympan,
étendue à fleur de tête, eft très-mince , lifte,,
tranfparente. Elle forme, en dehors, une convexité
, mais celle-ci eft moins Taillante que dans
les Oifeaux.
Dans le Crocodile, elle eft à peu près de la
même nature , mais elle eft plus enfoncée dans la
(1) Quelques voyageurs , trompés par une fauffe apparence
auront fans douce imaginé que cecte peau recou-
vroir des yeux , £c voilà pourquoi, dans YHifloire des Mo-
luques , livre 2, page 116 , il eft dit qu’on avoir tué des
Crocodiles à quatre yeu'x;.-