recherche des vers de terre, des chenilles, des
mouches & des autres infe&es.
Le Galéote de Ceylan & d'Arabie court dans
les maifons & fur les toits pour donner la chafle
aux araignées, & même, dit-on, aux petits rats
& aux ferpens d’une ffoible efpèce.
Le Lézard gris de nos contrées, qui, de
même que les efpèces précédentes, appartient à
l’ordre des Sauriens, fe nourrit d’infeCtes, fur
lefquels il darde avec vitefte une langue fourchue
&• garnie de petites afpérités à peine fenfi-
bles,mais qui fuffifent pour l’ aider à retenir fa
proie ailée ( i) . Il peut, comme le plus grand
nombre des autres Reptiles , relier aufli très-
long-temps fans manger, & on l’a , pendant lïx
mois & fans lui rien donner, confervé en vie dans
une bouteille (2).
Le Lézard vert recherche les vers & les in-
fe&es, fe jetant d’ailleurs avec une forte d’avidité
fur la falive qu’on vient de cracher (3), &
buvant même parfois l’urine des enfans (4). Il
fe nourrit aufli d’oeufs de petits oifeaux, qu’il va
chercher au haut des arbres, où il grimpe avec
beaucoup de viteffe.
Le Caméléon peut vivre près d’un an fans
prendre d’alimens, ce qui a fait dire qu’il ne fe
nourrifloit que d’air ( j ) , mais Haflelquift (6) a
trouvé dans l’eftomac d’un reptile de ce genre
des relies de papillons & d’autres infeCtes. On fait
aujourd’hui à n’en point douter qu’il vit de cette
forte d’animaux qu’il attire à lui à l’aide de fa
langue gluante, & qu’il furprend en fe tenant en
embufcade dans les bois fous les feuilles , plutôt
qu’ en les pourchaflant à proprement parler. La
facilité avec laquelle il les faifit le rend même
utile aux Indiens , qui accueillent avec plaifir
dans leurs habitations cet innocent faurien.
Tranfporté dans des contrées froides, le Caméléon
refufe toute efpèce de nourriture (7).
Le Stellion, habitant des contrées les plus
chaudes de l’Afrique & de l’Afie, fe nourrit également
d’infeCtes , & fréquente fépécialement,
pour y furprendre fa proie, les pyramides & les
tombeaux de l’antique Egypte.
Le Brochet de terre de nos colons des Antilles
ou Galley Wafp des Anglais ( Lacerta occi-
d u a , Shaw), lequel doit être rapporté au genre
des Scinques, paroît aimer les viandes un peu
corrompues, & recherche communément les petites
efpèces de crabes.
• (1) Needham , Obferv. microfcop.
(2) S éba , l. c. , I I , pag. 84.
(B) De L acépède , L c. , tome I , pag. 3r3.
s (4) G esner , ubi fuprà.
B elot» , L c.
\6) Vo y a it en Paleftine , pag. 349.
(7) Sera , tom. I. — V almont de Bomare , Diüion-
naire, verbo Caméléon.
L’Anolis roquet, du même pays, détruit un
grand nombre d’infeCtes & recherche les oeufs
des petits fauriens & des tortues peu volumi-
neufes ( i) .
Le Dragon pafle fa vie en voltigeant fur les
arbres de branche en branche pour faifir les
fourmis, les mouches, les papillons & les petits
fcarabés dont il fait fa nourriture habituelle.
Cette nourriture eft aufli celle de la Salamandre
terreftre, qui recherche également les limaçons
& les vers de terre.
Les Tritons vivent d'infeCtes aquatiques &r
de frai de Grenouille. Suivant De Lacépède ils
mangent aufli les lentilles d’eau qui couvrent la
furface des étangs & des mares.
Les Grenouilles fe nourriflent de vers, de
fangfues, de petits limaçons, de fcarabés, & c . ,
mais toujours à l’état de vie (2). Elles demeurent
immobiles jufqu’au moment où la proie
eu à leur portée, & avancent, pour l’attraper, leur
langue enduite d’une mucofité gluante. Certaines
groifes Grenouilles exotiques avalent aufli des
fouris, des mulots, de jeunes canards & de
petits oifeaux aquatiques : tel eft le Bull-frog de
la Virginie (3).
| De même que les Grenouilles, les Crapauds
vivent d’infeâes, de vers, de petits mollufques,
mais on dit qu’ils mangent aufli diverfes efpèces de
Jlachys & de la ciguë , que pour cette raifon on
a quelquefois appelé perjil du Crapaud (4).
'Ious les O phidiens vivent de proie’, & la manière
dont ils s’en emparent mérite quelqu’atten-
tion.
Ces reptiles, qui fe nourriflent de chair vivante
& d’infe&es, de vers, de mollufques ,
qui ne boivent point & qui ne fauroient fucer,
digèrent lentement à caufe de la foiblefle de leur
eftomac membraneux; aufli mangent-ils rarement,
furtout dans la faifon du froid. Un repas
leur fuffit fouvent pour quelques femaines,
comme on a pu s’en convaincre d’après l’examen
de plufieurs Boas que depuis quelques années on
a pofledés vivans à Paris & à Londres, & l’on a ,
dit - on , garde des couleuvres & des vipères
pendant plus de fix mois fans leur donner aucun
aliment & fans leur voir rien perdre de leur activité.
Cependant, quand ils en trouvent l'oc-
cafion, ils engloutifîent à la fois une malfe énorme
de nourriture. Tous les jours nous pouvons voir
fur les bords herbus des mares de nos bois, la
Couleuvre à collier ( Colubernatrix, Linn.) avaler
des Crapauds & des Grenouilles , dont le corps
(1) V almont de B oma re, l . c . , verbo L éza>d
ROQUET.
(2) L au ren ti, ubi fuprà, pag. 137. — V almont de
Bomare , c. , verbo G renouille.
(3^ C a t e s b y , Car ., 2 , fol. 72.
(4) A rnault de N oblbville et S alernr Suite de la
Matière médicale de Geoffroy, tome I I , pag. 148. . ,
eft d’un plus grand diamètre que le lien propre,
ou s’emparer dans nos vergers , dans nos jardins,
des fouris, des rats & des mulots.
Les efpèces gigantefques, les Boas, les Pythons
, & plufieurs autres, qui atteignent la taille
de vingt à vingt-cinq pieds & font douées d’une
force prodigieufe , entortillées en embufcade autour
d’un arbre, attendent l’arrivée de quelque
animal qu’elles enveloppent & qu’elles étouffent
dans leurs replis tortueux, le couvrant d’une bave
écumeufe pour en faciliter la déglutition, qu’elles
opèrent à leur aife & fans aucune forte de mafti-
cation.
Dans les colonies des Hollandais aux Indes
orientales, André Cleyer a acheté des chalfeurs
du pays un énorme ferpent dans le corps duquel il
a trouvé un cerf de moyen âge encore tout entier
avec fa peau & fes membres, tandis qu’un
autre individu de la même efpèce, également
examiné par lui, renfermoir un bouc fauvage avec
fes cornes, & qu’un ttoifième avoit évidemment
avalé un porc épie avec tous fes piquans. Il ajoute
qu’une femme enceinteiétoit également devenue
la proie d’un reptile du même genre dans l'île
d’Amboine, & que ce fort eff, parfois, réfervé
aux buffles dans le royaume d’Aracan, fur les
frontières du Bengale: ( l )ï ce qui ne doit pas
étonner, puifque le prince Maurice de Naflâu-
Siegen, l’un des gouverneurs du Bréfii pendant le
dix-feptième fiècle, affuroit que des cerfs , d’autres
de charmer la proie dont ils veulent s’emparer.
D’après le phPofophe Métrodore, Pline avoitdeja
fignalé ce mode d‘ afphyxie , qu’il attribuoit a un^e
vapeur nauféabonde ; opinion qui fembleroit
confirmée par la facilité avec laquelle, a 1 aide de
l’odorat feulement, les Nègres & les Sauvages découvrent
mammifères non moins volumineux & même
une femme hollandaife, furent, fous fes yeux,
dévorés de cette manière dans la région de l’Amérique
méridionale où il commandoit. Dans fon
Hiftoire de l'Orénoque , le P. Gumilla raconte
des faits analogues d'un Ophidien qu’il appelle
Bujo, & on peut lire le récit d'une foule d'autres
dans les voyageurs & les naturaliftes, dont les
livres nous apprennent encore qu’on a vu des ferpens
employer plufieurs jours à avaler une gran.ie
proie, en forte que la partie qui étoit arrivée dans
l’eftomac, étoit déjà digérée avant que le refte fût
entamé.
L’examen des organes de la déglutition chez les
O p h id ie n s met facilement à même d'expliquer
des particularités auffi étonnantes (a). _
Les petits ferpens t au lieu de fe conduire ,
comme les grandes efpèces dont il vient d être
queftion, grimpentfut les arbres, y vont chercher
des oifeaux jufque dans leur nid St les dévorent
avec rage.
O11 croit aufli, univerfellement a peu près , que1
par un moyerrquelconque, par des émanations (pécules,
par l'épouyante qu'ils infpirent, ou même
par une forte de pouvoir magnétique ou magique,
les ferpens ont la faculté de ftupéfier, de fafeiner,
les ferpens dans les favannes, & que le
comte De Lacépède femble porté à adopter dans
l’excellent Traité dont il a enrichi la fcience.
P. Kalm ( i) nous aflure que, regardés fixement
par un ferpent qui fiffle, en dardant fa langue
fourchue hors de fa bouche, les écureuils font
comme contraints à tomber du haut des arbres
dans la gorge du reptile qui doit les engloutir. Au
rapport de beaucoup de voyageurs, on diroit
que, par l’effet magique de quelque charme, le
Duriffus & le Boïquira, par exemple >ces redoutables
dominateurs des fteppes de l’ Amerique,,
ont la puiflance de contraindre leur proie à tomber
dans leur gueule. A leur afpeét , dit-on, les
lièvres , les rats, les grenouilles & les autres
reptiles femblent pétrifiés de terreur, & loin de
chercher à fuir, paroiflent fe précipiter au-devant
du fort qui les attend j ils font ftupéfiés à diftance
& d’une manière prefque furnaturelle. .
Mais ce fait, qui intérefle vivement la phyfio-
logie des animaux, eft loin d’être non-feulement
clairement expliqué, mais même fuffifamment
démontré, malgré les conjectures émifes à ce
fujet par le célèbre & favant anglais Hans
Sloane; malgré un ouvrage publié en anglais
ex profejfo W le même objet en \y<)6 3 W
M. Benjamin Smith Barton, naturalifte américain &
profeflfeur à Philadelphie; malgré les détails affez
importans que nous avons confignés dans notre
Faune des médecins & dans le Nouveau Journal de
médecine ; malgré les exemples du pouvoir ftu-
péfiant des ferpens fur 1 homme lui - même ,
rapportés dans le livre de Stedmann (2),^ ou
confignés dans un Mémoire lu récemment à la
Société d’hiltoire naturelle de New-York par le
.major Alexandre Garden , qui attribue une telle
influence à la terreur que ces reptiles infpirent &
à des émanations narcotiques qui s’échappent de
leur corps, finon conftamment, du moins a certaines
époques (3).
Cette matière, dans la difeuflion de laquelle
Vofmaër, Stedmann & Pennant, entr’autres , fe
font déclarés pour la négative, a été fréquemment
l’occafion de vives conteftations, & , il faut
l’avouer , eft encore allez obfcure, quoiqu’ elle
ait déjà exercé la plume de plus d un écrivain dif-
tingué & fait l’objet de recherches curieufes de
( i) En kon beraetelfe om naturaliga ftacllet nytten farm
Skoetfel a f nogra wax ter jron Norva Amerika , Stockholm,
75i , in-S ° . (2) Voyage
(3) London
à Surinam , in-8°. , tom? III , pag.
mçd. Repofuory, jan. 1819. Y 2
Ephem. Acad. Nat. Curiof , dec. 2, ann. 2, pag. 18.
4a) Voye% ci-deffus , pag. i4 o& fuiv.