
l'Asie. L ’Inde , le Japon et la Chiné en firent
usage' dans une multitude d'objets.
La Chine appliqua surtout la porcelaine à la décoration
des monuraens de son architecture. On
se contentera de citer ic i le plus célèbre de tous,
la tour de porcelaine élevée dans une vaste plaine
voisine de la ville de Nanking. Elle est octogone,,
a neuf étages voûtés, et son revêlissemént extérieur
est tout en carreaux de porcelaine. Chaque
étage a son espèce de toit recourbé, coloré en vert
et soutenu par des bouts de soliveaux dorés , d’où
pendent des clochettes de cuivre.. La flèche est
surmontée d’une pomme de pin qu’on dit être d’or
massif. Voyez C h in o is e (Architecture).
Tous les peuples de l’Asie employèrent de
même la porcelaine ou la faïence; On en trouve les
preuves les plus anciennes dans un grand nombre
d’édifices,. qui remontent au temps des califes et
des premiers sultans , c’est-à-dire long-temps
avant la prise de Constantinople. En effet, les
kiosques, les bains, les mosquées et les tombeaux
que les Turcs ont fait construire en Asie mineure,
et dans l’ancienne capitale de l ’Empire Ottoman,
sont presque tous décorés , et avec profusion-, de
carreaux de majolica ou faïence peinte et vernissée
an feu, A l’exception des ligures humaines,
dont la représentation est proscrite par le Koran,
cette faïence offre en fruits, • en fleurs et autres
objets , les- dessins les plus variés, et tous remarquables
par la vivacité de leurs couleurs;
. Dès le quatorzième siècle, et peut-être fort antérieurement
à cette époque, La Perse avoit des#
fabriques-de-faïence que Chardin compare à la
porcelaine- de la Chiné : « Les potiers persans ,
» dit le mêm,e voyageur,.réussissent partieuhère-
» ment à fabriquer des carreaux■ d-éoeail peints et
» taillés de moresques. Il ne peut se- rien voir de
» plus v ife l de plus éclatant, en celte sorle d’ou-
» vrage, ni d’un dessin plus égal et plus fini. »
Chardin entend par ces mots taîUès-de moresques: 3.
des dessins découpés à jour, ou bien sculptés eu
relief, et revêtus ensuite de couleurs émaillées.
Ce serait encore un trait de ressemblance avec les
eoupes , les vases,Ses corbeilles,de faïence, qu’on
fabriqua bien plus- tard en Italie, dans les manufactures
d’Urbin, deGubhio et de Faën-za.
La faïence moderne, comme l’on sait r tire son
nom de celui de la ville de Faënza, où élo it,, au
quatozième siècle, la principale fabrique de cette
matière qu’on appelle aussi majolica:ou tenia-in-
uetriata. C’est à un artiste de Florence, Luca dtlla
Robbia 3 qu’on dut, vers Je milieu du qualor-
zième siècle, bien-moins l’inveution, que la reno--
vation d’un art jadis perfectionné, et dont on avoit
pi es qu’oublié les élémens-. Son procédé con&istoit
à revêtir la terre d'un vernis ou couverte sorte
d’émail blanc qui bientôt prit en- effet,- sous ses
mains intelligentes, l’apparence du marbre, du
bronze et d’àulres métaux. •
Luca délia Robbia réussit au-delà de ses espérances
, dans un cabinet de Cosme de Méd’icis-
qu’il orna d’un pavé et d’une voûte offrant des.-'
dessins arabesques , où lescouleurs les plus vives
brilloient d’un éclat bien plus durable, que ne
peut être celui de la peinture. Ce revêtement éloit
formé d’un grand nombre de pièces de rapport
si bien jointes, que le pavé y la voûte et les
murs sembloient être d’une seule pièce. Parmi
les églises qui sont ornées des ouvrages de Luca
délia Robbia, on doit citer San-Miniato a l Monte
à Florence, où l’on admire encore, dans la chapelle
de Saint-Jacques , les quatre pendentifs
avec les figures des Evangélistes , au centre le
Saint-Esprit resplendissant de lumière. Le reste
de l’espace est rempli par des écailles qui suivent
la courbe de la voûte, et dont la grandeur
va en diminuant jusqu’au centre*
La célèbre chapelle des Pazzi à Sainte-Croix,
dans la même ville , est aussi ornée d’une grande
quantité de ligures et autres objets en faïence, et
sur le tabernacle d’Qr Saint-rMichele , autre
.église de.Florence , on voit un grand médaillon,
dé la .même matière.
Les frères de Luca délia Robbia , Ottaviano et
Agostino, travaillèrent par le même procédé. Andrea
son neveu, bon sculpteur, exécuta une infinité
d’ouvrages en terre émaillée pendant sa
longue carrière qu’il termina en i 5z8. C’est à
l’un de ses enfans, nommé Giovane , qu’on attribue
le pavé de faïence des loges du Vatican, dont
il-existe encore quelques parties intactes.-
Un autre de ses fils, Jeronimo delta Robbiay
. fut appelé en France par François Ier. $ il y apporta
le secret de son aïeul, et orna de terres
cuites colorées, le château de Madrid dans le bois
de Boulogne. Ou se rappelle encore .d’avoir vu les.
pavés et jusqu’aux murs extérieurs de cet édifice.,,
revêtus de carreaux de faïence,.qui offraient des
dessins d’arabesques d’un fort bon goût..Plusieurs
cheminées-étoient ornées de figures , de bas-reliefs
,-d’accessoires et. de devises en terre cuite
émaillée. D’autres.-orne mens de la même matière
étoient.employés à la-décoration architectonique
de eé château, l ’un des plus curieux monuméus-
.• dont on-ait à se reprocher, la destruction.
Le secret de i’invetriâtnr.a ,.‘quant aux figures
de ronde, bosse, concentré dans la famille de la
R.obbia , ne fut entière-ment perdu qu’en 1565, h
la mort du dernier rejeton de cet Le famille.
Cent ans après, Antoinè Novelli essaya de faire
revivre, cette branche de l’art, mais -n’ayant pas
; complètement réussi, il renonça à son entreprise,-
et depuis personne n’a tenté d’en renouveler les
procédés, et le goût de ce genre de décoràtuai;
est tombé en désuétude.
Il ne reste plus qu’à examiner si l’on.doit beaucoup
d.ë regrets à l’abainlon. de ce genre. Sans;
doute on ne proposerait point d’employer cette
matière en statues ni même en bas-reliefs d’une
certaine étendue5^1’addition d’une épaisseur queiy^
ncrue d’émail sur les.oeuvres delà sculpture, n’est
Tn-oprè qu’à en altérer le travail et en corrompre les formesj mais on ne saurait nier que 1 emploi
dé là terre cuite émaillée, dans une multitude
d’objets de décoration, ne. joigne à l’agrement des
.couleurs et à la variété des figures, l’avantage d’un
.éclat supérieur à enlui de la peinture, et d’une durée,
qu’aucune autre matière ne saurait égaler.
Cet a r t , intimement lié à celui de la plastique,
•fournirait des élémens d’une autre nature pour la
décoration des édifices , et multiplierait les occasions,
aujourd’hui trop raresy d’y introduire de
]a sculpture, dont on considère l’emploi comme
un luxe dispendieux. Les ouvrages de la plastique,
gne l’usage des moules reproduit avec' beaucoup
d’économie , seraient à la parlée des fortunes médiocres.
. _ .
Ils remplaceraient surtout, avec un immense
avantage, ces décorations fragiles qu’on exécute
.en plâtre , matière qui a aussi peu de valeur que j
de durée. Les princes :et les riches peuvent seuls
•se procurer, soit en originaux, soit en copie , les ;
productions de la sculpture en marbre, pour décorer
leurs habitations au dedans et au dehors.
Les ouvrages en terra invetiiata se conserveraient
encore dans beaucoup d’endroits, où toutes les autres
matières se détériorent. C’est surtout dans
les îie*x bas et humides , que leur emploi en revêtement
aurait un grand avantage»
Quoique l’art «t Te goût d’ornement qui firent
jadis le grand mérite des travaux dont on parle ,
n’entrent plus aujourd’uhi dans les pratiques et les
habitudes de nos .décorateurs on ne laisse pas
cependant. d’employer encore les carreaux de
faïence , soit en pavement pu en carrelage, dans
des pièces basses,, dans les cuisines, offices ou
rez^de-clianssée, soit en lambris et revêlemens ,
et rien ri offre mieux cet aspect de propreté et
même d’élégance, que la boiserie et les -enduits
ne sauraient n-i donner, ni surtout conserver longtemps.
(A . L. C .)
PORCHE, s. ru. Ce mot parait dérivé et formé
du latin porticus.y portique»
Le plus habituellement, porche se dit de ce
local servant de vestibule ou de pièce d’entrée
aux églises , et que l’on retrouve encore à la plupart
des premières basiliques chrétiennes. On sait
que, dans les premiers temps du Christianisme,
un espace particulier, et qui précédoit i-e lieu d’assemblée
des fidèles , étoit réservé pour séparer les
nouveaux convertis ou les catéchumènes. Cet
usage religieux ayant cessé d’avoir son objet, le
porche ne fut plus, dans les églises, une pièce
d’obligation, mais on le retrouve encore, sous la
:sim pie | omie de portique, à un grand nombre d é-
glises plus ou moins anciennes.
L’idée de porche ainsi que sa signification, ont
fini, dans l’architecture moderne , par se confondre
avec celles de portique, de vestibule, et
nême de ces frontispices en colonnes qu’on élève
;n avant des édifices, soit eivi.ls, soit religieux.
Ainsi, l’on peut donner le nom d e. porche, dans
’église de Saint-Pierre de Rome, à ce beau vestibule
sous lequel sont les portes d’entrée du temp
le , comme oh le donnera, si l’on veut, à ce portique
circulaire qui sert de vestibule au palais
Massimi. On appellera porche y à Paris, l’espac e
clos qui, précède l ’église gothique de Saint-Ger-
main-l’Auxerrois, et cet espace formé en avant
dé l’église de Saint-Sulpice, par les colonnes doriques
de l’ordre inférieur, qui entra dans la composition
du frontispice.de ce monument.
Oh donne aux porches différens noms, comme
aux péristyles , selon le nombre de colonnes qu’on
y emploie , et on les appelle tétrastyle3 exastyle >
octostyle y etc.
On dit aussi :
P o r c h e c in t r e , celui dont le plan est sur une
ligne courbe. Te l est celui du palais Massimi à
Rome , qu’on a cité plus haut.
P o r c h e c i r c u ia i e e . Porche dont le plan forme
un cercle ou une partie d’un cercle régulier. Te l
est, celui que Pierre de Cortone a construit en
avant du portail de l’église de Notre-Dame de la
P a ix , à Rome.
P o r c h e f e rm é . Espèce de vestibule formé an
devant d’une église par des grilles»
Porche e n tambour. C’est en dedans de la porte
d’une église, un bâtis de menuiserie avec plafond,
qui sert à garantir l’intérieur de la n e f, soit de la
vue des passaus,, soit des inconvéniens de l'air
j extérieur.
PORINUS. C’est le nom d’un des quatre architectes
qui , selon Vitruve, jetèrent , au temps de
Pisistrate, les fondémens de ce grand temple de
Jupiter Olympien à Athènes, qui ne fut terminé
que sous le règne de l’empereur Adrien, et dont
les restes subsistent encore..
Les associés , de Porinus furent Antistates>
Callêschros et Antimachides.
PORINUS ou PORUS. Nom qu’ on donnôit à
une pierre qui paraît avoir servi à 1 architecture
comme.à la sculpture : lapis porinus. ^
Selon Théophraste et Pline ,. c’étoit une sorte
de marbre. Le porinus , soit par sa belle couleur
blanche, soit par sa deusiié, ressembloit beaucoup
aù marbre de Parcs, avec lequel quelques
interprètes l’ont mal-à-propos coptondu.
Le porus 3 dit Théophraste , a la légèreté du to-
phus. Cette pierre qu’on ne connoit plus aujourd’h
ui, se trouvoit dans l’Èhde, et Pausanias nous
apprend que le temple de Jupiter d’OIympic en
étoit bâti. Le bois sacré de l’Altis étoit environné