
le même , par la bizarrerie des inventions , plus
l ’art de réduire en traits, toutes les coupes de
pierre , qui doivent former des assemblages aussi
compliqués , est devenu difficile. On a invoqué le
secours de la géométrie pour tracer ces coupes
savantes, qui toutefois ne produisent a grands
frais que des difficultés inutilement vaincues.
Enfin toutes ces pratiques dont on a rendu compte
ailleurs, ont formé une science à part, ou un art
particulier que l’on appelle Y art du trait. Voyez
Coupe des p ie r r e s .
Le mot trait a differentes applications aux travaux
des arts, et surtout à ceux de l'architecture,
et on leur donne différens noms. On dit :
T rait de repaire. C’est une ligne qui est fixée
par un alignement.
T rait de niveau. On appelle ainsi la ligne qui
est fixée pour former faire d’un plancher, pour
la pose d’un lambris d’appui, pour une corniche.
T rait se prend quelquefois pour la coupe des
pierres. On dit une pièce de trait, pour dire un
ouvrage dont toutes les pierres sont taillées selon
l ’art de la coupe. Voyez ce mot.
T rait se dit aussi au lieu de hachure, taille.
T r a it b ia is . C’est une ligne inclinée sur une
autre, et qui forme avec elle un angle quelconque.
T rait corrompu. C’est une ligne tracée à la
xnain irrégulièrement, et qui forme des inégalités,
des sinuosités.
T rait carré. C’est une ligne perpendiculaire
sur une autre. Tous les ouvriers se servent d’un
équerre, que la plupart appellent triangle, pour
tracer une perpendiculaire ou irait carré.
T rait de scie. On..appelle ainsi le passage de
la scie à travers soit une pierre , soit une pièce de
bois.
Dans là charpenterie, les scieurs de long appellent
rencontre, l’endroit où, à quelque distance
près, deux traits de scie se rencontrent, c’est-à-
cüre à l’endroit où la pièce de bois se sépare» On
enlève ces rencontres et traits de scie, aux bois
qui doivent être apparens, comme dans les planchers,
ou dans d’autres ouvrages.
T rait de b o is . {Jardinage.') Ainsi nomme-
t -o n un filet de buis nain , continu et étroit,
qui forme la bordure pu les contours d’un parterre,
qui renferme des plates-bandes et des carreaux.
Un le tond ordinairement deux lois l’année,
pour le faire profiter, pu pour Tempecber de morn-
ter plus qu’il ne faut.
TRAJANE (Codonne). Monument sans aucun
doute le plus beau , le plus entier et le-plus remarquable
à tous égards, qui nous soit parvenu de
la magnificence romaine. A l’article de la colonne
Antonine {voyez A ntonine), nous avons déjà fuit
sentir la supériorité du monument de Trajan,
sur tous ceux qui sont venus après. Comme il
semble qu’il n’a guèrë été fait de ces sortes d'ouvrages,
que dans l’Empire romain , aucune notion
historique ne nous faisant soupçonner, qu’il en
ait. clé élevé de semblables cliez les Grecs, qui
n’eurent ni les raisons ni les moyens d'en!reprendre
de telles, dépenses , on est. porté à présumer
que la colonne Trajane fut le premier monument
de ce genre. Si, avant Trajan , .quelejuautre empereur
eût érigé une pareille masse , il n’est pas
douteux qu’il en seroii resté quelque vestige 3 elle
auroit. effectivement, résisté plus qu’aucune autre
aux moyens, et aux raisons de détruire, qui a.voient
cours alors. Nous ne trouvons point d’ailleurs de
colonnes triomphales isolées, sur les reversées
monnaies des empereurs qui ont procédé Trajan.
Tout porte à croire que ce monument, qu’on voit
pour la première fois sur les médailles de cet empereur,
fut véritablement original, et cornrtie tel
il lui est arrivé, ce. qui n’est pas rare, d’avoir été
imité depuis, niais de fort Loin, dans les colonnes
qui nous sont parvenues d’Anloniu pu.de Marc-
Aurèlê à Rome, et de Théodosè à Constantinople,
La colonne Trajane fut élevée par le sénat et le
peuple romain à l’empereur Trajan , dans le forum
qui portoil son nom , et qui avoit été consIrait par
l’architecte ApoUodore, qu’on présume avoir également
dirigé la construction de. la colonne. En y
comprena-nt la base et l,e chapiteau, elle a cent,
pieds romains antiques de hauteur j son diamètre
au bas du. fût est de douze pieds. Le piédestal en a
dix-huit d’élévation , et son amortissement seize
et demi. Au-dessus s’élève une statue en broim- cie
treize pieds de proportion. Le tout fait cent quarante
sept pieds romains, qui reviennent à cent
îrenle-q traire p.ieds trois, pouces neuf lignes de nuire
pied de Roi. On peut croire l ’amortissement
qui supporte la statue moderne , de .quelque chose
plus hau t, que celui qui portoit jadis la statue de
Trajan , si l’on en juge par la médaille antique où
l’on voit, cette statue poser simplement sur un
globe tronqué. La statue paroît avoir tenu de la
main droite un globe, dans lequel on prétend qu a-
voient, été renfermées jadis les cendres de 1 empereur.
On monte au sommet de ce monument, c’est-à-
dire sur le plateau servant de tailloir à la colonne,
par un escalier en limaçon, taillé dans la
masse de chacun des .tambours de marbre dont-est
formé le fut. L ’escalier se compose de i 85 degrés,
çt il reçoit la lumière par quarante-trois petites ouvertures
, pratiquées de distance en distance dan*
l’épaisseur du marbre, mais sans interrompre U
«érie des bas-reliefs sculptés dans toute la circonférence,
sur une ligné spirale du bas du fut
jusqu’à son sommet , et qui y fait tout alentour
vingt-trois révolutions.
La colonne a de sept à huit diamètres en hauteur,
proportion qui, est celle que les Romains donnèrent
ordinairement à leur dorique. Quoiqu’une
colonne isolée manque nécessairement de beaucoup
des caractères qui , dans les édifices, font reconnoî-
tre la nature de chaque ordre, cependant, vu les
oves dont son échine est décorée, il est assez évident
qu’il n’y a pas lieu de se méprendre sur l’intention
qu’eut l’architecte, d’en faire une colonne
dorique. Du reste on ne saurqil qu’y admirer la
beauté de la proportion et le bel accord de toutes
les parties.
Le piédestal n’en est pas la moins remarquable,
et par son rapport avec le tout, et par les belles
sculptures qui embellissent ses quatre faces ,
où l’on voit des trophées d’armes de toute espèce,
exécutées de bas-ielief avec un art admirable.
Dans une de ces fac es est pratiquée la porte
d’entrée, au-dessus de laquelle est l’inscription
figurée sur une table que supportent deux victoires
ailées. Toute celle composition, aussi remarquable
par le bon goût que par son exécution, doit
inégales, et les renfoncemens les plus divers. Qui
ne voit-que ce que le sculpteur peut se permettre
sur lé fond horizontal d’un mur, fond qu’on ne peut
voir qu’en face, et où la multiplicité de plans est
sans inconvénient, ne pouvoit avoir lieu sur le
fond convexe d’une colonne, qui exige impérieusement
être citée comme modèle classique en ce genre. j
On doit le dire aussi du genre de sculpture d;e
toute la série de bas-veliefs historiques, où toutes
les campagnes de Trajan , ses combats, ses entreprises,
ses victoires , sont représentées par ordre
depuis le bas jusqu’en haut, en suivant une ligne
spirale , dont la courbe très-douce se développe ,
eu raison du très-fort diamètre de la colonne, et
de manière à s’écarter le moins possible du plan
horizontal que la vue de l’ouvrage semble devoir
exiger.
Nous avons déjà fait remarquer à l’article B a s -
reliee , avec quelle intelligence toute cette sculpture
avoit éfé conduite, èt sous le rapport de la
composition, et selon les vraies convenances de la
nature des sujets, de la forme du corps où ils sont
tracés, dë l’espace qu’ils occupent, et des facultés
visuelles de ceux auxquels ils s’adressent. Nous ne
répéterons donc pas ici les raisons que nous avons
donn.'ès, pour justifier les prétendus défauts de perspective
, que l’on avoit coutume de reprocher à
cet ouvrage , espèces de défauts qui le sont, dans
un sens absolu, mais q ui, relativement considérés,
non-seulement sont excusables, en tant
quils sont nécessaires, mais sont même un mérite ,
et conlribuëntàla perfection de i’ensemblë. Voyez
Ras-relief.
Ï1 faut,pourserendrecompte du méritedont nous
parlons, se figurer l’effet qu’auroient produit sur
le nu de la colonne servant de fond à la sculpture,
des bas-reliefs, q u i, selon la variété des plans,
que la perspective exigeroit, pour être tant soit
peu exacte, auroient présenté les saillies les plus
, qu’on respecte la ligne perpendiculaire
de son galbe? L’effet des plans reculés ne pourroit
s’obtenir que de deux manières, ou en enfonçant
inégalement le nu de la colonne, ou en faisant
déborder et saillir inégalement les objets, et les
figures des plans antérieurs. Mais alors, égal inconvénient,
dans un sens comme dans l’autre,
c’est-à-dire que la colonne n’offriroit, de quelque
part qu’on la v î t , que des lignes cahotées, sous
l’effet desquelles disparoîtroit la forme de son
fût, ce qui produiroil l’impression la plus desagréable.
Il y a un système, le seul raisonnable, dans
l ’emploi du bas-relief inhérent aux formes de
, l’architecture, et il consiste à traiter les sujets
et les figures, par une convention particulière
, selon l’esprit d’une écriture figurative. Disons
donc, qu’ayant à écrire en figures, 1 histoire
des guerres de- Trajan, autour d’une colonne, il
convenoir, i°. de n’y observer aucune perspective
5 2°. de n’y pratiquer que le moins de plans,
c’est-à-dire de diminutions d’épaisseur entre les
figures, de peur d’effacer trop celles du fond ;
5°. de donner au tout assez de saillie, pour faire
lire ces sortes de caractères , et pas assez pour interrompre
ou altérer le galbe de la colonne.
Cette légère théorie se trouve confirmée, par les
imitations qui furentfaites du monument de Trajan.
Il esta croire queceuxqui firent la colonne Antonine,
prétendirent, comme il n’arrive que trop souvent,
améliorer et perfectionner en innovant. Les
reliefs de cette colonne ont , comme on le voit,
infiniment plus de saillie. Quoique l’on y ait
évité le vice de la perspective et de la dégradation
des plans , cependant la saillie générale donnée
aux figures, a exigé partout, d’en fouiller beaucoup
plus les contours. De là il résulte que ce grand
effet procuré à la sculpture, va au détriment de la
forme et du n u, c’est-à-dire du galbe de la co-
lonne. Il en a été de même de la colonne de Théodose
à Constantinople.
Au reste, ces deux derniers monumens ne sau-
roient soutenir le parallèle avec celui de Trajan ,
pour le mérite intrinsèque de l’art. Il y auroit à
relever et à faire sentir dans ce reste le plus magnifique
de la grandeur romaine , une multitude
de beautés, de convenances, et de propriétés de
goût, particulièrement pour le caractère propre,
et pour l’habileté de l’exécution dans tous
j les, détails, qui seroient la matière d’un ouvragé
spécial, et q u i, par plus d’une raison, excédant
(les bornes de cet article , paroîtroient d’autant
plus étrangères à l’objet essentiel de ce Dictiou-
, nuire. Tua