
intelligence, et dont l’image ne peut qu’échapper | se sont emparés d’n ne belle partie de ses dépen-
à toute espèce d’art , ou de talent de description, dances. Des maisons, des palais modernes, avec
Gomment, en effet, seroit-il possible de faire I leurs jardins, se sont élevés sur ses ruines. l/itn-
parcourir au lecteur, avec l’aide seule du dis- mense monastère des Chartreux , avec tout ce cjni
cours, plusieurs centaines de pièces , de salles,
de chambres toutes diverses dans leurs formes,
leurs proportions , leurs détails, leurs emplois?
Que disent les mots qui expriment des détails
d’ordonnance, de proportion, de décoration?
Quelles images peuvént-ils produire qui approchent
de*la ressemblance? Et comment se Hatter
de faire juger des bons ou des mauvais efïéts d’un
plan, ou d’une perspective, du bon ou du mauvais
goût des ornemens ? Ce que le discours transmet
le plus exactement, et ce qu’il fait peut-être le
mieux concevoir , c’est la dimension des espacés,
des élévations. Mais qui pourroit soutenir Pin terni
nab le énumération des mesures d’un si grand
en dépend , occupe une foi b lie partie de ses constructions
, et l’église de Nolre-Dame-des-Anges
attachée au couvent, est un démembrement d’une
de ses salles. Cependant la portion qu’on en a
affectée à cette destination , sous le pontificat de
Pie IV, et au temps de Michel Ange , qui fut employé
à celte transformation , n’est pas , à beaucoup
près , la moitié en longueur de l’étendue
quelle avoit-, comme on peut s’en convaincre en
consultant le plan qu’en à donné Desgodels.
avec toutes ses mesures, page i 3i des édifices antiques
de Rome.
Si l’on consulte ce plan , la salle dont il s’agit,
eut en tout 4^9 pieds de longueur sur 13 5 pieds
nombre de locaux , et le fastidieux inventaire : de large. Elle se divisoit en trois parties. Celle du
de toutes leurs particularités? 1 milieu est la seule qui forme aujourd’hui la belle
Nous ne nous appesantirons donc point ici, en J et grande nef de l’église. Elle a 180 pieds 8 pou-
vaines recherches, sur ce que purent être les ' ces de long sur 74 pieds 3 pouces de large. Ce
autres inonumens de ce genre, dont il subsiste des j vaste local est couvert par une voûte à arête , dont
restes plus ou moins bien conservés. Il y auroit les retombées posent sur huit grandes colonnes de
sans doute quelqu’iritérêt dans ces parallèles, pour I granit d’unseul morceau ( sauf une d’angle, qu’on
l’histoire du goût de l’architecture à Rome. Nous a remplacée par uneimilation en stuc coloré). Le
ne doutons pas qu’on ne pût encore arriver sur ce • diamètre des colonnes du milieu est par en bas de
point à quelques notions précises. S i, par exe ni- J 4 pieds 4 ponces. On a remarqué que les cha-
ple , le Panthéon fit partie jadis des thermes d’A- j piteaux des colonnes des angles sont corinthiens,
grippa, comme le prouvent des fragmens de cons- [ et que ceux des colonnes du milieu sont de ce
truclion qui lui sont contigus, il est bien proba- j qu’on a appelé composite. Desgodels a cherché à
ble qu’on aura perdu là , comme dans quelques 1 expliquer celle diversité par des raisons ou des
antres édifices semblables, tels que ceux de Né- j exemples qui pourroient bien n’êlre que de vaines
ron, de Titus, etc., des modèles d’architecture hypolhèses. Il y en a une plus simple, c’est que
plus recommandables. Mais il est douteux qu’au- ' ces thermes auront pu , comme beaucoup d’autres
cun ail surpassé en grandeur celui de Caracalla. 1 édifices de cette époque , être construits avec les
Serlio, en effet, s’est trompé, en avançant que j matériaux d’anciens monumens, et que l’archies
thermes de Dioclétien éloient plus étendus. • tecte aura employé ici les chapiteaux déjà exécu-
Quoique leur ensemble soit aujourd’hui rompu, et tés qui furent mis à sa disposition,
découpé, en morceaux qui n’ont plus de cohérence I Beaucoup de changemens successifs sont surve-
entr’eux , il est facile, sinon de rétablir en dessin, nus dans l’ajustement moderne de cette salle,
ce qui a réellement disparu, au moins d’inférer de j surtout par la décoration des grands tableaux qui
tons ces membres épars , quelle fut la superficie ! ont pris la place des renfoncemens , que protluique
le tout dut occuper. Or, ces calculs et ces
rapprochemens qut été faits ; et il en est résulté ,
que son enceinte avoit dû le céder en étendue à
celle des thermes de Caracalla.
soient jadis de chaque côté, les arcs collatéraux de
l’arcade du milieu. Malgré toutes les innovation!
qui ont pu enlever à ce reste d’antiquité, une partie
de son intérêt et de sa grandeur est toujours 1
Toutefois rien, ne donne une plus haute idée de 1 obligé d’y admirer un des intérieurs les plus spaces
entreprises, et en particulier des thermes de
Dioclétien, que la vue des vastes terrains, qu’on
parcourt aujourd’hui vides et déserts , sur leur emplacement,
et que l’archilecture avoit jadis couverts
de toutes ses magnificences. Le nom de
thermes (termini) est devenu à Rome le nom d’un
quartier, que ce seul monument occupa jadis.
Une de ses étuves placée à uu de ses angles', sert
aujourd’hui d’église, sous l’invocation de Saint-
Bernard. Ou voit à l’angle opposé , et. faisant
-pendant, une semblable étuve en étal de ruine. Les
vastes greniers à blé de la chambre apostolique
ci eux.q u e l’on connoisse, des mieux éclairés par les
six grandes ouvertures demi-circulaires des cm-
très supérieurs, une disposition simple et n ob le, I
e n fin un modèle de construction , qui seroit la d - I
l'ornent applicable aux églises modernes.
Nous ne saurions terminer cet article sans fane I
une mention particulière d’un beau reste de I
thermes a n t i q u e s , long-temps oubliés au m ilieu de I
Paris , et qui cependant est le titre à la fois e I
plus précieux et le plus authentique de l ’ancienneté
de celte ville. Nous voulons parler des thcr~ I
mes de Juliep, qu’une ancienne tradition appelle I
, palais des thermes. Inutile de rechercher ici
ce qui a Pu donner lieu à cette dénomination vulgaire
et si, par la suite des temps, l’ensemble de
constructions avoit pu devenir un lieu d’habi-
taiion. Ce que témoignent tous les restes de subs-
iruction dont tout cet emplacement est encore
rempli» c’est que l’on y pratiqua des caveaux
voûtés de bâtisse romaine, des conduits et des souterrains
toutrà-fait semblables à ce qui existe,
partout où il reste des débris de bains publics et
de thermes. j .
Mais au milieu de tous ces débris ou iragmens
de constructions enfouies , il s’est conservé uoe
très-belle portion des vastes salles qu’on retrouve
dans les thermes de Rome. La grande salle
dont on veut parler, est venue jusqu’à nous totalement
intègre dans ses murs et dans sa voûte.
Cette dernière servit jusqu’à ces.dernières années
de terrasse à une maison; on l’avoit chargée de
huit à dix pieds de terre, et d’assez grands arbres
y a voient pris racine. ,
Désencombrée aujourd’hui de cette surcharge ,
et débarrassée dans ses alentours, cette salle se
présente maintenant à la curiosité publique, et à
l’instruction des architectes, comme un exemple
fort précieux du système de construction, que les '
Romains mirent en oeuvre chez eux, et qu’ils
transportèrent partout où ils étendirent leur domination.
On veut parler de l’art de faire des édifices
grands et,solides, avec de petits et vulgaires matériaux.
Il est vrai qu’un pareil système exige
d’excellens ci mens et de beaux enduits. Les murs de
la salle des thermes de Julien étoient recouverts
(Lune couche de stuc, qui a , selon les endroits ,
trois, quatre et même cinq pouces d épaisseur.
Cette salle a cinquante-huit pieds de longueur,
cinquante-six de largeur , et quarante de hauteur,
au-dessus du sol actuel de la rue de la Harpe. Une
grande fenêtre en forme d’arcade y introduit une
très-belle lumière. Elle est pratiquée en face de
l’entrée, au-dessus de la grande niche, et précisément
sous le cintre de la voûte. Celle-ci est,
comme dans les grands intérieurs des thermes de
Rome , construite en arêtes , genre de couverture
peu dispendieux et très-solide , parce que toutes
les poussées y sont divisées, et qu’il ne s’y opère
aucun travail latéral. Si quelque chose pouvoit le
démontrer, ce seroit sans doute la durée extraordinaire
de cette voûte, malgré les causes de destruction
auxquelles elle a été si long-temps exposée.
Toutefois elle n’est -composée que d’un
blocage de moellons et de briques , liés par un ciment
composé de chaux et de sable de Paris.
La construction des murs de la grande salle, est
formée-géaéraleTnent de trois rangées de moellons,
séparées par quatre rangs de briques, qui ont un
pouce ou quinze dignes seulement d’épaisseur. Les
joints qui les séparent, sont également d un pouce,
et cette mesure est uniforme dans toute la construction.
Les quatre briques avec leurs joints., for-
Diction. d3Archit. Tome III.
ment ainsi une épaisseur d’environ huit pouces.
Les moellons, taillés de liais tres-dur , ont de
quatre à six pouces de face, et environ six pouces
de queue.
On trouve sous cette salle, un double rang en
hauteur de caves en berceaux, ou plutôt de larges
conduits souterrains, de neuf pieds de large, et
de neuf pieds de haut sous clef. Il y avoit trois de
ces berceaux parallèles, séparés par des murs de
quatre pieds d’épaisseur, et se communiquant par
des portes de trois et quatre pieds de la rg eL e
premier rang de ces voûtes se trouve a dix pieds
au-dessous du sol; on y descend par quinze marches.
Le second étage est à six pieds plus bas. La
longueur de ces voûtes souterraines est inconnue.
On n’y pénètre pas au-delà de quatre-vingt-dix
pieds : des décombres en interceptent l’issue. Les
voûtes sont composées de briques , de pierres
piales, et de blocages à bain de mortier. La construction
des murs est en petits,moellons durs de six
pouces de long, sur quatre pouces de haut. L é-
paisseur du mortier dans les joints, va depuis six
lignes jusqu’à un pouce,
Il n’y a aucun douté que l’aqueduc antique
d’Arcueil, dont on voit encore les restes, ame-
noit des eaux à ces thermes. 1 •
Depuis quelques années on s’est occupé du soin
de conserver, et de remettre en honneur ce précieux
reste d’un édifice riche en souvenirs , einfécond
en leçons de tout genre , pour 1 art de bâtir.
La voûte de la grande salle a été dégagée et mise
à couvert des injures de l’air , sous une grande et
solide toiture. On espère qu’il sera possible d isoler
sa construction, des maisons qui l’avoisinent ,
de désobstruer ses abords, et de parvenir à retrouver,
dans tous les fragmens de construction ,
et de souterrains des habitations d alentour, de
quoi restituer une grande partie du plan de ces
thermes. . . "
Plus on acquerra de connoissances positives sur
la véritable distribution des innombrables parties,
qui formèrent l’ensemble de ces édifices, que les
Romains multiplièrent partout, et principalement
dans leur ville, avec une prodigalité vraiment
extraordinaire, plus on sera mis à portée de
former des conjectures plausibles sur la diversité
de leurs emplois : car pour finir, par ou nous
avons commencé cet article, il est indubitable,
que le mot thermes (bains chauds) est fort loin de
rendre compte de tous les genres de besoins qui
firent créer ces colosses de construction. L’usage
du bain fut sans doute la cause primitive des.réunions
, pour lesquelles on lit des édifices, où ceux
qui n’avoient pas de bains particuliers chez eux,
trouvoient, soit gratuitement, soit pour une modique
rétribution, l’avantage qu’ils n’auroient pu se
procurer. Mais il est facile de voir que dès qu’il se
forme, dans une grande ville, de grandes réunions
d’hommes , mille autres sortes de besoins et d’éta-
blissemens viennent bientôt à-leur suite ; cela dut
Qqq