
iG(3 P O N P O N
mens romains, où des arcades de plein cintre. t
détachées de la suite des portiques dont elles fai-
soient partie , sont restées, depuis des siècles, isolées
et sans autre appui que celui de leurs piédroits.
On a vu qu’au pont antique de Narni ( voyez
N a r n i ) il ne subsiste plus depuis fort long-temps
qu’une seule arche, des quatre dont l’ensemble se
composoit jadis, et cette arche est assise encore
sur ses deux piles dë plus de quatre-vingts pieds
de hau t, et de soixante de large.
Mais ce pont sous lequel coule la Néra est construit
entre deux montagnes dont il failoit établir
la communication , et la rivière qui coule au fond
de ce ravin n’eut pas exigé une telle élévation.
Cependant, selon.la nature des terrains, la
grandeur des rivières, et l’exhaussement des eaux
qui en produit le rendement et l’impétuosité, mais
surtout lorsqu’il s’agit de construire des ponts au
milieu des villes, dont on ne. sauroit à volonté
exhausser les terrains, et lorsque les rivières encaissées
par dès quais, par des levées et des
constructions, sont sujettes ' s’élever prodigieusement,
le système des arches plein-cintre a dû
offrir plus d’un inconvénient.
i° . Si un fleuve ainsi encaissé est sujet à de
grandes crues d’eau, la hauteur des berges prescrivant
celle qu’on doit donner aux arches , et la
voûte plein-cintre prescrivant aussi la largeur
qu’elles doivent avoir, on comprend que l’architecte
ne pourra s’empêcher de multiplier le nombre
des arches, et par suite le nombre des piles',
et par conséquent le nombre üu~la quantité des
obstacles qui s’opposeront au cours de -l’eau.
2°. Si on suppose les berges du fleuve peu élevées,
l’architecte , qui n’est pas le maître, selon
les localités , d’élever son terrain à volonté et au
gré de la hauteur que demandéroienl les voûtes
en plein-cintre de ses arches ne pourroit le faire
qu’en pratiquant de l’un et de l’autre côté dapont9
des montées qui en rendroient l’accès très-difficile
aux voitures.
De-là d.ut naître le système des voûtes à cintre
surbaissé, dont il paroît que les Modernes ont
usé les premiers.
Les premiers exemples de ce genre de construction
des ponts nous paroissent être ceux de Florence
, pratiqués sur l’Arno , par suite de la nécessité
d’ouvrir de plus grandes issues aux débor-
flemens de ce fleuve. On y voit deux ponts composés
chacun de trois arches à cintre surbaissé;
mais le plus beau des deux , et sans aucun doute
un des plus remarquables ouvrages dans ce nouveau
système, est celui de la Trinité, que Côme»ler.
fit construire par Ammanali, lorsque la- grande
inondation de i 557 eut renversé, celui qui étoit à
la même place. Ce pont 9 dans une longueur de
trois cent dix-neuf pieds, n’a que trois arches ;
celle du milieu a quatre-vingt-dix pieds d’ouver- j
ture. Les arcs fort surbaissés offrent une construction
des plus légères, et la voie de ce pont
n’éprouve ni montée ni descente d’aucun côté
Cet exemple n’eut point d’imitation en Europe
pendant un siècle et demi ; mais vers le milieu
du dix-huitième siècle, le système'de construction
d’Ammanati fut remis en vigueur dans plUs
d’une contrée de la France par M. Perronnet.
Dès 17b 1 , fut commencé.par cet architecte ingénieur
des ponts et chaussées, le vaste pont
d’Orléans , composé de neuf arches à cintre surbaissé
, sur la Loire. La largeur de chaque arche
est de quatre-vingt-seize pieds.
En 176b , fut achevé par le même, sur un bras
de la Seine, à Mantes, et toujours en cintre surbaissé,
un pont à trois arches, dont celle du milieu
a cent vingt pieds d’ouverture ; les deux
autres n’ont que cent huit pieds.
En 1774, fut commencé par le même M. Perronnet,
le pont bâti à Pont-S ai nte-Maxen c e , sur
la rivière'd’Oise. Il a trois arches surbaissées ;
chacune a soixante-douze pieds d’ouverture, et
trente-neuf pieds de largeur d’une tête à l’autre.
Ce fut en 1768 que fut commencé, par M. Perronnet
, le grand pont de Neuilly, près Paris; il
fut achevé en 1774. Il est formé par cinq arches
surbaissées dont celle du milieu a cent vingt
pieds d’ouverture; les quatre autres ont quelque
chose de moins.
On doit au même ingénieur les plans et le?
projets du pont de Louis X V I , à Paris, lequel est
composé de cinq arches , dont celle du milieu a
quatre-vingl-liuit pieds; les autres en ont soixante-
douze.
Ce système de construction est devenu général en
France. L ’on peut citer encore le pont Au. Champ-
de-Mars , en face de l ’Ecole militaire , à Paris,
composé aussi de cinq arcades surbaissées, et,
pour parler du dernier ouvrage fait dans ces dernières
années en France , ..le pont de Bordeaux,
composé de dix-sept arches à cintre surbaissé,
qui a été terminé en 1822.
De grands ouvrages, en fait de ponts, s’élever
rent aussi dans le cours du dix-huitième siècle, à
Londres ; tels furent les ponts de Westminster et
de B la c k -F r ia r s sur la Tamise.
Le premier fut commencé en 1739, et achevé
en 1750.,Il a douze cent vingt-trois pieds de long,
quarante-quatre de large; il se compose de quinze
arches , dont celle du milieu a soixante-seize pieds
d’ouverture. Ce pont est bâti dans le système des
arcs plein-cintre.
Le pont de Black-Friars est composé de neuf
arches ; celle du milieu-a cent pieds d’ouverture;
les autres ont quatre-vingt-dix-huit-, quatre-vingt-
treize , quatre-vingt-trois et soixante-dix pieds :
la longueur totale est de neuf cent quatre-vingt-
quinze pieds; la largeur de quarante-deux. Commencé
en 1760, il fut terminé en 1770. Le système
de construction des arches de ce pont tient
le milieu entre celui des voûtes surbaissées , ou
plus ou moins plaies , et le système des voûte*
P O N
én plein-cintre. Ici la courbe des arches est eltliptique.
- - . WÊ y
[ ]Sous ne voyons pas que, jusqu i c i , la construc-
tion en cintres surbaissés ait été pratiquée en |
Angleterre. Le dernier pont, appelé de Waterloo,
[ qui vient d’être construit à Lond res, tout en g ra tuit
et qui est certainement le plus grand et le
[ plus remarquable monument de l ’Europe en ce
[ genre, p a rt ic ip e , pour la courbe de ses v o û te s ,
[ du pont de Black-Friars.
[ Ou ne sauroit douter que le- système des voûtes
I aplaties, système commandé, ainsi qu’on l’a d i t ,
| par certaines localités et pour certaines convenances
Ue porte en soi-même y dans l’exécution en
I pierres , cet inconvénient que toute la solidité des
1 claveaux dépend uniquement de la résistance des
| culées, en sorte que l’écartement dans une seule
I arche, si le contrefort venoit à céder , produiroit
lia- chute de toutes les voûtes. Les ponts de Lon-
Idres, bâtis sur la Tamise, ayant exigé pour la
I navigation et le passage des vaisseaux marchands
I une grande élévation dans les arches , le système
K des voûtes surbaissées ne dut point y être appli-
■ cable, et c’est probablement la raison pour la-
I quelle les architectes anglais n’ont point adopté
K cette nouveauté. I Mais on doit à l’Angleterre l ’introduction d’un
I nouveau système dans Fart de construire les ponts y
1 et il faut faire observer avant tout, ,que c’est en-
• core ici la nature qui dut en suggérer l ’emploi ,
I dans un pays où les pierres propres à la construc-
I tion sont rares , ou d’un transport dispendieux , et
■ où les métaux rendus usuels par l’abondance du
B combustible qu’on appelle charbon des terre9 vin-
I rent, avec les ressources de la mécanique , sup-
I pléer au défaut des autres matériaux.
[ On veut parler des ponts construits en fer. Les
B premiers essais de ce genre de bâtir ne datent
: guère que du commencement du dix-huitième
siècle. En 1722 , il fut proposé d’en faire un à
B Lyon sur la Saône. Il devoit se composer de trois
■ arches, chacune de soixante-dix-huit pieds d’ou-
■ verlure ; il y eut même un commencement d’exé-
■ cation, mais l’économie lit préférer un pont en
■ charpente.
I En 1779 fut construit, en Angleterre, le pont
■ enfer fondu de Coolbroockdale, sur la rivière
■ de Saverne, à 180 milles de Londres. Il est formé
B d une seule arche , dont le diamètre est de cent
■ pieds six pouces anglais.
■ Le pont de Sundërland, situé dans le comté
■ de Burham , est composé aussi d’une seule arche ,
dont la la rgeur est de deux cent trente-six pieds
■ anglais. Il a été commencé en 1790, et terminé
■ en 1796; il est situé entre deux rochers escarpés,
■ et élevés de quatre-vingt-quatorze pieds au-dessus
B de la rivière de Wear. Les vaisseaux passent des-
■ sous à pleines voiles.
B I*e pont de S tains , sur la Tamise, à 17 milles 1 de Londres, a été construit en 1802, également
P O N 167
en fer fondu ; il a une seule arche de cent quatre-
vingts pieds d’ouverture. Jusqu’ici ces sortes de
ponts consistent en une seule" et unique arcade
dune plus ou moins grande ouverture.
Vers la même époque furent construits sur la
Seine, à Paris , deux ponts en fer fondu, l’un vis-
à-vis le Louvre, l’autre vis-à-vis le Jardin royal
des Plantes.
Le premier ., qu’on nomme le Pont-des-Arts,
destiné uniquement au passage des gens de pied ,
est composé de neuf arches, chacune de cinquante-
neuf pieds six pouces d’ouverture , en sorte que sa
longueur entre les culées est de cinq cent trente-
cinq pieds. Chacune des arches est formée de
cinq armatures semblables, en fer fondu , qui offrent
une combinaison de courbes en arc de cercle,
dont les unes forment le cintre des arches, et les
autres servent à le contre-butter vers le milieu
des reins de cette sorte de voûte. Au-dessus de
chacune de ces armatures sont fixées, à des distances
égales , des espèces de poîelets aussi en fe r ,
qui soutiennent les pieux de bois de charpente
sur lesquels pose le plancher du pont recouvert
en madriers. .
Le second pont dont on a parlé est composé.,,
de cinq arches’, chacune de cent pieds d’ouverture.
On peut en voir les. détails dans le texte e t ,
les figures du tome IV, 2e. partie, du Traité de
l’ art de bâtir} par M. Rondelet.
Celte méthode et ce procédé acquirent donc
une plus grande étendue , et un plus hardi développement,
depuis qu’on eut osé multiplier les
arches en les faisant supporter par des piles. Deux
ponts de'ce genre ont été construits depuis à
Londres même, sur la Tamise, et le dernier qu’on
vient d’y élever semble avoir porté cette pratique
au plus haut degré de force, de hardiesse et de
grandeur qu’elle puisse atteindre.
Il resteroit à faire’ encore mention des ponts
suspendus par des chaînes de fer , si ces sortes
d’ouvrages n’étoient, dans le fond , beaucoup
plutôt des travaux cle mécanique que des monu-
rnens d’architecture. Les modèles de ponts ainsi
suspendus se trouvent en Chine ; on cite surtout
celui qui est situé près la ville de Kir.gtung , et
dont la charpente est attachée à vingt chaînes de
fer qui joignent les extrémités de deux montagnes.
Il y a déjà en Angleterre quelques imitations
de ces sortes de ponts', et on est en train
d’en établir un semblable à Paris , v is - à -v is les
Invalides.
Il y auroit peu d’articles plus fécond en notions
de tout genre que celui-ci : toutefois , comme
beaucoup de ces notions correspondent à un grand
nombre d’articles de ce Dictionnaire qui traitent
de la taille des pierres , de la formation des voûtes
, des travaux hydrauliques , nous avons dû
encore devoir ic i nous restreindre, d’autant plus
que les connoissances spéciales et pratiques de