
à l’idée que Pausanias nous a donnée du trésor de !
Myniàs, pour qu’on puisse s y méprendre. Aussi, J
en lui supposant une aussi grande antiquité, est- I
il plus vraisemblable d’en faire le tombeau de ce
roi, ou de tout autre personnage.
Au mot Opistodome (voyez cet article), nous
avons montré'que ce qu’on appel ou ainsi dans
plusieurs grands temples, tels que celui de Minerve
à Athènes, étoit réellement un t r é s o r et
avoit dû être non-seulement le dépôt des riches
offrandes faites à la Divinité, mais le lieu où l’on
gardoitel les sommes d’argent des amendes,'et les
fonds même de l ’Etat. Chandler a encore trouvé
dans les fragmens de marbres et d’inscriptions du
temple, des détails d’objets précieux et de y.aleurs
que l’on avoit mises ainsi sous là sauve-garde
du respect inspiré pour l’enceinte sacrée qui Ips
renfermoit. Dire qu’il y eut un autre local a ligoté
à la garde des deniers de l’Etat, placé derrière le
temple , c’est ce qu’on ne peut ni nier ni affirmer.
Mais le mot opisïhôdome étant le nom de la
pièce postérieure du temple, et tous les é en y ai ns
étant d’accord sur la destination qu’on vient d’é-.
noncer, l’autré opinion, qui n’est qu’une supposition,
devient tout-à-fait improbable.
- Il ne faut pas croire d’ailleurs que i es fin an ces
des petits Etats de la Grèce aient eu besoin d’un
aussi grand local que ceux qu’exigèroit aujourd’hui,
dans de vastes Etats, la grande multiplication’
des espèces mon noyées. •
Pausanias donne le nom de <)?cravpo), trésors , à
de petits édificescompris dans l’en ceinte sacrée
de l’Altis à Olympie , et où chaque ville tenoit en-
dépôt les offrandes , statues et objets: votifs de tout
>genre qu’elle consacr.bit.au dieu. Ces 'softes de
trésors dévoient ressembler par leur dest ina fl on,
à cè 'que l’on appelle du même nom, dans plus
d’un édifice religieux de notre temps , c’est-à-dire
à ces locaux où l’on conserve dans des armoires,
qu’on ouvre certains jours à la curiosité publique,
lés richesses des autels'.
Autrefois , à Rome, le trésor s’appela ararium
parce que la première monnaie avoit été de cuivre.
Il y eut différentes sortes de tr é so r s selon
la diversité ou des monnaies,'ou des services auxquels
lés revenus publics étoient affectés. Pendant
long-temps ce fut le temple de Saturne , situé sur
la pente du Capitole, qui fut le dépôt générai des
fonds publics. Sous les empereurs , il y eut plusieurs
‘trésors séparés , sous différent noms. L’empereur
avoit le sien. Il y avoit un trésor militaire-.
Les pontifes avoit aussi le leur.
Nous appelons aujourd’hui trésorsy comme
on l’a déjà dit, des dépôts curieux de vaisselle antique
d’église , de reliquaires, d’objets rares consacrés
par de pieux souvenirs , que l ’on conserve
dans des pièces garnies d’armoires, et mises
sous la garde de quelqu’un des religieux , dans
les couvens qui possèdent de ces1 curiosités. C’est
ainsi que le trésor autrefois- à Saint-Denis-, et celui
de la Sainle-Ghapelle à Paris, monlroîentl
comme objets d’un prix inestimable en fait d’anti-
qui té, la superbe coupe à deux anses d’ai>aie I
sardoine autour de laquelle . on avoit gravé en H
relief les mystères orgiques , et la très-grande H
agate sur laquelle est représentée l’apothéose H
d’Auguste et de Livie. Ces deux antiquités sont I
aujourd’hui au cabinet des antiques de la Biblio-1
thèqiïè du R oi, à Paris.
De nos jours l ’on ne donne plus le nom de trésor I
qu’avec l’épithètje soit de royal, soit de public, H
Ce n’est autre qhose , qu’un bâtiment comme tout I
autre,, où se fout les opérations de recette, de I
dépense et de comptabilité, et où l ’on acquitte H
toutes les dépenses du ‘Gouvernement. Rien ne
distingue cét édifice de tous les autres bâlimeus
consacrés à l’administration publique.
TRIANGULAIRE (C olonne). Nous avons vu H
au mol: T répied , qu’il entroil dans la nature de H
l’objet décrit déjà sons ce nom, d’être d’une forme H
triangulaire. Celte forme ne dut pas être très-ordinaire
dans les ouvrages de l'architecture. On ne I
trouve guère dans tous les corps qui supportent, I
d’autre configuration que la quadrangùlaire et la |
circulaire. C’est aux frontons qu’est affectée sur-1
tout celle du triangle. Quant aux colonnes, il pa- H
roîtroit difficile d’en citer en forme triangulaire. I
W^inckelmann parle seulement de deux pilastres V
ainsi taillés , qu’on vdyoit de son temps dans les
jardins du marquis Belioni à Rome ( Osservaziorn
sopra Varchitettura , cap. 2 ). Quant à celui cju’il I
cite' (Letter. suW architettura ), sur l’autorité de I
Pausanias, comme ayant existé dans le temple de
Jupiter Ammon en Lybie , il est bon de faire re-1
marquer que l’écrivain grec ( /. Q- ch. 16 ) ne dit I
nï pilastre ni colonne. Il se sert du mot: stèle. Or,ce I
qu’on doit entendre par ce mot, s’applique dëpréfé-1
rence à des pierres taillées enferme d’obélisques,et I
sur lesquelles bn gravoit des inscriptions. Et sur la I
stèle du temple d’Ammon , étoit gravée line ode I
de Pindare. Au resté, ou ne douté pas qu’il y ait I
eu des obélisques ou des stèles triangulaires y cette
forme ne pouvant guère convenir qu’à des nioau-1
mens isolés.
TR IBUN AL , s. ai. Dans l’antiquité on donnoit
ce nom à un heu élevé , ayant, dans les basiliques, I
la forme d’un hémicycle, et où étoient pl'èbés les I
sièges des magistrats qui Vendqiéhl la justice.
Il est à croire que le nom dé tribunal vient de
tribun. Les magistrats de ce nom tenoient leurs I
audiences dans la place publique, sur un suffi j
élevé, et séparé de la multitude par une
taré.
Gn a donc donné aussi le nom de tribunalaU I
. siège1 du jugé.
Dans les usages modernes, on appelle P1“ I
bunaly non-seulement les bancs où les jugés sont I
assis, la salle formant le parquet où ils se tien-1
:v p '• ' sent,I
sent et l’auditoire où le public est admis , mais
encore le bâtiment qui renferme lës différentes
pièces nécessaires à l'administration de la justice.
TRIBUNE, s. f. On emploie ce mot sous des
acceptions différentes, et on l’applique, en français,
à des objets assez divers.
’ J1 est probable que ce mot a la même origine
qlie le mot tribunal. On a vu que c’étoit un lieu
élevé, d’où le tribun prononçoit ses jugemens.
Tout lieu élevé d’où l’on parle, ayant une ressemblance
aveo.le lieu d’où le juge dictoit ses arrêts,
il fut assez naturel d’en transporter la dénomination
à un autre ordre d’usage. Les Romains appelaient
suggestum le lieu élevé d’où les généraux
elles empereurs h aranguoient le peuple. Ils a voient
donné lé nom de rostrum , à celui qui servoit aux
orateurs dans le Jvruni 3 parce qu’il avoit la forme
d’un rostrum ou d’une proue de vaisseau , la place
publique ayant été décorée de semblables proues,
monumens de la première victoire navale des
Romains sur les Carthaginois. Les Modernes ont|
appelé ce rostrum, tribune aux harangues.
Le mot tribune fut donc affecté très-anciennement
, dans la langue française , à tout lieu élevé
et dressé pour prononcer des discours. De là ces
locutions , Xéloquence de la tribune, discours
fait pour la tribune 3 homme de tribune. Quelques
usages nouveaux ont consacré de plus en plus
l’emploi du mot tribune dans le même sens’.
Ce mot a été transporté à la désignation des lieux
où, dans la religion chrétienne, les ministres de
la parole évangélique enseignent le peuple, et
débitent leurs sermons. L ’on dit la tribune sacrée,
I pour désigner ce qu’on appelle plus ordinaire-
I meut la chaire y cathedra, siège élevé , d’où l’on
enseigne. On peut conclure de là que les mots tribune
et chaire p expriment au fond la même
chose , en généralisant l’idée de leur emploi j,
eomme étant le lieu ou le siège., d’où l’on parle,
et d’où l’on enseigne.
C’est pourquoi les' premières cliaires, dans le
christianisme, furent faites à l’instar d’une tribune
à deux rampes (voyez Chaire), et c’est, encore à
cette forme , que le bon sens et le bon goût
forcent de revenir en architecture, quand on
cherche la composition, qui offre à la fois , le plus
de vraisemblance , de. noblesse, de solidité, ei
l'autorité des plus anciens exemples; ..
On donne aussi le nom de tribune y peut-être
par une certaine analogie de forme ou d apparence
,.à certains locaux généralement élevés j soit
L dans de grandes salles, soit dans les églises, soit
» en d’aulres lieux d’assemblée publique, pour des
fêtes., pour des cérémonies quelconques, et qui
sont destinés à des places de réserve pour un
nombre, donné de personnes, ou à contenir des
orchestres de musiciens, ou pour tout autre
objet.
Diction, d*Archit, Tome III.
TRICLINIUM. Ce mot latin, formé du g re c ,
signifie trois lits. Ou donnoit aussi ce nom, chez
les Romains, aux lits mêmes sur lesquels on mang
ea it, parce qu’ordinairement il n’y avoit place
sur chaque lit que pour trois personnes. Mais généralement
on appeloit triclinium, ce que nous
appelons salle à manger. Vitruve toutefois nous
apprend qu’on donnoit encore à ces salles le nom
d'ceci et d’exedree. Nous avons rendu compte ailleurs
de ces trois sortes de salles et des variétés
de leur architecture, selon les épithètes qu’on
ajoutoit à leurs noms, épithètes empruntées des
noms de différentes villes. Voy. S a l l e à manger.
TRIGLYPHE, s. m. Ce mot est le même en
français que triglyphus en latin, et tnglyphos en
grec. Il signifie, en architecture, un ornement
qui se compose de trois glyphes y c’est-à-dire trois
gravures ou rainures. On sait, et il a été dit à
plus d’un endroit de ce Dictionnaire, que cet ornement
étoit exclusivement appliqué à la frise de
l’ordre dorique, celui des trois ordres qui a le
plus fidèlement conservé les titres originaires de
l’art de bâtir en Grèce. Voyez A rchitecture,
Dorique, Frise, etc.
Nous ne répéterons donc point ici les preuves
données à beaucoup d’autres articles, de l’imitation
que firent les Grecs de la bâtisse primitive en
bois , dans leur architecture en pierre, et de la
transposition évidente des détails de la charpente,
dans le travail de matières plus solides. Rien , en
effet, n’est plus évident, et le tnglyphe seul, par
la place qu’il occupe sur l’architrave, par ses
formes • et ses détails, s’annonce clairement,
comme représentant les bouts des solives du plancher.
■ •
Il y a sur l’origine de sa forme et ses détails,
deux opinions qu’on peut admet tre indifféremment,
chacune ayant le degré de vraisemblance que de
semblables analogies peuvent comporter.
Les; uns prétendent que les trois glyphes, ou
rainures du triglypliey sont la tradition des entailles
que l’on taisoit jadis sur le bout des poutres.,
pour l’écoulement des eaux , dont les gouttes se
voient encore au-dessous de la bande qui sépare les
triglyph.es de l’architrave Les autres veulent que le
trig/yphe ait été originairement un ornement de
rapport, pour cacher les extrémités de la solive,
et ils en donnent pour preuve qu’à certains temples
doriques bâtis en pierre , comme on le voit à
Pæstum , il y a de semblables triglyphes incrustés
après coup dans la pierre, au lieu d’y avoir été
originairement sculptés dans la masse.
Qu’importe, dirons-dous, l’une ou l’autre opinion.
Le fait en question est tout-à-fait étranger à
d’objet qu’il faut constater , savoir, que le tn -
glyphe-j dans l’ordre dorique, est la représentation
ornée du bout de solives de la construction
primitive en bois.
Le tnglyphe se compose donc de deux canaux
Y v v