
56 O T A
nous ne devinons pas la raison qui a Fait donner
la forme ovale en plan au dôme des Quatre-Na-
tions. Le plan inférieur de la coupole de la cathédrale
de Pise est aussi elliplique et percé de
quatre grands arcs surmontés de huit autres plus
petits , qui supportent un tambour très-peu apparent,
et sur lequel s’appuie la coupole de forme
elliplique comme le plan inférieur : celui de Sainte-
Marie in castello } à Cornello , est aussi ovale et
percé de six arcs. Nous ne concevons pas ce qui
a pu porter à s’imposer volontairement des difficultés
assez grandes dans l’appareil des pierres et
dans toutes les parliës de ces constructions j nous
n’y voyons aucun avantage , et bien certainement
cette forme bâtarde doit produire un elfet désagréable
dè perspective, dont l’oeil ne peut se rendre
compte, mais dont il doit être affecté comme
il l’est de toutes les figures irrégulières, lorsqu’il
s’attend à ne trouver dans un édifice que des
formes simples et d’une régularité parfaite.-
Depuis que nous avons renoncé, avec raison ,
pour nos salles de spectacle , à la forme de parallélogramme
des jeux de paume , qui paroisseut
avoir servi de premier modèle à nos théâtres , on
a cherché à se rapprocher , autant que nos moeurs
pouvoient le permettre , de la forme de ceux des
Anciens, et le célèbre Palladio en a donné un
bel exemple dans la salle olympique de Yicence $
exemple que MM. Legrand et Molinos ont imité
au théâtre Feydeau. On a aussi employé la forme
circulaire comme au Théâtre-Français , construit
pai*. „Peyre et de Wailly ; mais le plus souvent on
a alongé le cercle pour obtenir un plus vaste développement
, et on a donné à nos salles dè spectacle
la forme elliptique des anciens amphithéâtres.
..
\? ovale est aussi employé dans les comparti-
mens des jardins réguliers, où l ’on trouve des
bassins et des corbeilles de cette forme, et c est
delà fréquence des ovales dans les parterres, qu’on
a donné à la manière de les tracer avec le cordeau
, le nom d'ovale du jardinier. Le plus communément
lès puits mitoyens sont ovales> a raison
du* mur de séparation qui doit exister dans
leur milieu. —- La forme ovale convient aussi a
des tableaux, à des écussons et à d’autres objets de
o y 1
décoration des édifices : cependant cette figur»
exige des proportions régulières pour être agréable
, c ’est-à-dire , un juste rapport entre la largeur
et la hauteur 5 autrement elle est bizarre et
de mauvais goût. En effet , plus une figure se
complique , se contourne , s’éloigne en un mot de
la simplicité, et moins elle est de bon goût y c a r ,
si du contraste des formes composées d’élémens
simples naît la variété, dès qu’elle dépasse la limite
de l'unité , autre qualité bien plus essentielle
de l’architecture, elle tombe dans 1 extravagance.
(A . L. C .)
O Y E , s. m. C’est le nom d’un ornement ainsi
appelé par la ressemblance de sa forme avéc celle
d’un oeuf. On s’en sert ordinairement au pluriel.
Voyez Oves.
On donne, au singulier, le même nom à la
moulure arrondie, dont le profil est ordinairement
fait d’un quart de cercle» C’est pourquoi les
ouvriers l’appellent quart de rond. Son nom ,
chez les Anciens et les Modernes, qui l’Qnf aussi
adopté, est échine. On l’applique ordinairement
au membre arrondi du chapiteau dorique. Sa
courbe varie dans l ’antique selon le caractère ée
l ’ordre. Dans le dorique moderne , on a assez généralement
adopté la mesure du quart de rond.
OVES, s. m. pl. Ainsi désigne-t-on, dans les
profils des entablemens et d’autres objets analogues
, cet ornement qu’on découpe en forme d’oeuf
renfermé, à là manière de certains fruits, dans:
une espèce de coque. Celte sorte d’ornement se
taille sur la moulure à laquelle nous avons v u ,
dans l ’article précédent, qu’on donne le nom
d’ove.
On appelle oves Jleuronnés ceux qui sont
comme enveloppés par quelques feuilles de sculpture.
Quelquefois aussi cet ornement se taille en
forme de coeur , et on y place d’un côté et de
l ’autre des pointes en manière de dard. .
OVICULE, s. m. Diminutif d’ove. Quelque«
auteurs appellent ovicule l’ove ou la moulure ronde
des chapiteaux ionique et composite , laquelle est
ordinairement taillée de sculpture.
PÆSTUM
S
P æ S T U M , ville antique de l ’ancienne Luc a- 1
nie, dont les ruines célèbres se voient et sont situées
dans le golfe de Salerne , à dix lieues de
Naples, au milieu d’une plaine vaste et montueuse.
L’enceinte de la v ille, dé formé oblong ue , angulaire
et.rétrécie dans la partie de l ’ouest,, e s t,
formée par de grosses murailles en partie ruinées,
qui ont encore de douze à vingt-un pieds
de hauteur, et presque partout.environ neuf pieds
d’épaisseur. De grosses tours carrées flanquent
chaque angle des mars de là v ille , avec plusieurs
autres intermédiaires entre celles-là et les portes.
Il;existe encore une porte toute entière.à l’e s t ,
et une.autre dont le cintre.est entièrement ruiné.
L ’enceinte de la ville renferme encore un grand
nombre de ruines , au milieu, desquelles on voit
s’élever.le grand temple périptère dorique, dont
le naos intérieur se divise en trois nefs.formées
par deux rangs de colonnes à deux étages , le. petit
temple., périptère aussi „et d’ordre dorique,
enfin un autre grand édifice formé d’une colonnade
de même ordre , mais dont l’intérieur fut divisé
dans sa longueur par un seul rang de colonnes
qui le parlàgeoiënt en deux nefs. On lui donne
ordinairement le.nom de basilique.. Nous ne dirons
rien ic i de ces monumens dont il a déjà été
fait mention à l’articlè D orique {voyez ce mot),
et dont l’article T emple nous donnera occasion
de parler encore.
On trouve, dans l’enceinte de la v ille , les vestiges
de quelques autres monumens, On croit y
reconnoîtreles débris d’un cirque, d’un amphithéâtre,
de deux portes, dé tours, de murs d’aqueducs,
etc.
M. de. Lagardette., dans son ouvrage sur Pæstum}
a donné la description des matériaux dont
les édifices de cette ville sont composés , et il y
a. joint des conjectures sur la manière dont ils
ont •étéçèionstiuits.
Cet auteur pense que les pierres qui ont servi
à leur construction, ont été .tirées des carrières
de Yiétri. Dans leurs-excavations , il a trouvé des
tambours de colonnes tout taillés, qui sont d’un
diamètre égal à ceux des temples encore deboutj
mais ils ne sont point cannelés..
Tout l ’intérieur de ces vastes souterrains offre
la même espèce de pierre qu’on a employée aux-,
édifices dont on a parlé. Le mortier qui sert de?;
liaison à léurs matériaux, est mêlé de beaucoup
de cailloutages pilés , et agglutinés par la chaux,
éteinte. Tel est du moins celui qu’on a observé
aux murs , aux aqueducs et aux tours d’enceinte.
Quant à l’enduit qui recouvre les édifices«, c’est
un mortier fait avec une espèce de sable très-fin,
agglutiné par la chaux., mortier surlequel on passa
Diction, d*Àrchit. Tome III,
plusieurs couches de chaux éteinte, et qu’eusuitô
on a poli par le frottement. Plusieurs parties de.
cet enduit ont conservé des restes de couleurs.
PAGODE, s. f. On donne , en Europe , ce nora’,
à des édifices q u i, dans l’architecture d’une grande
partie de l’A s ie , servent de temples aux dieux de „
ces contrées.
Dans la Chine , plusieurs de ces temples sont
très-petits et consistent en une seule pièce. Quelques
autres ont une cour environnée de galeries, .
au bout desquelles se. trouve le lieu .où les idoles
sont placées. Il y en a aussi un petit nombre qui ,
sont composées de plusieurs cours entourées de ■
galeries.
Chàmbers, dans ses Edifices des Chinois , pi. 1,
a donné le plan d’une de ces dernières pagodes,.
qui est celle de Houang. Elle offre une grande
étendue, de terrain. Outre les temples des idoles , «
elle renferme des appartenons pour deux cents
bonzes, des hôpitaux, un potager, un cimetière,,
etc. ’ •
Les édifices que les Chinois, .consacrent à leur
culte, n’ont point, comme ceux des anciens
Grecs., Romains et autres , des formes qui leur
soient propres et puissent les faire distinguer des
différentes sortes de bâtimens dont se composent
les villes. L’espèce de construction qu’ils nom- '
ment ting ou tong_3 entre indifféremment dans la
forme de toutes les sortes d’édifices. On la retrouve
aux temples comme aux palais , aux portes
des villes., enfin à tous les bâtimens où l’on met
du luxe. Chàmbers a observé dans divers quartiers
de" Canton quatre espèces de. ting. ■ Les trois ,
premières se voient à des temples , la quatrième
dans plusieurs jardins. Il a figuré, à la planche 9 ..
de son ouvrage', la forme qu’ont le plus communément
les pagodes. C’est une répétition à peu près .
exacte du ting de la pagode de Cochinchipe.
Tous ces .édifices sont élevés sur un soubassement
: on y monté par trois escaliers. C’est un
carré, environné d’une colonnade de vingt co -:
lonnes qui soutiennent un toit surmonté „ d’une
balustrade de bois , qui renferme une galerie régnante
au second étage. Cet étage a la même-disposition
et les -mêmes dimensions que l’inférieur.
Il est couvert d’un toit d’une construction particulière
aux Chinois. Les angles sont enrichis d’or-
nemens de'sculpture qui représentent des dragons.
La largeur de l’édifice est égale à la hauteur
, et le diamètre du corps dé bâtiment a les
deux tiers de la largeur. Voyez Chinoise (Architecture).:
Le mot pagode s’applique de même aux temples
du plus grand nombre des peuples de l’Asie,