
des aigles , dont les ailes étendues semblent former
le support du cadre. Le milieu du cercle zodiacal
est occupé par sept corapartimens , en manière
de petits caissons hexagones, qui sont remplis
par les bustes de sept figures, que les dessins,
trop légèrement exécutés, de M. Wood ne permettent
pas de bien caractériser chacun en particulier.
Toutefois, si l’on prend en considération
le nombre sept , et les traits de quelques unes de
ces têtes , au nombre desquelles on en distingue
une avec des rayons, on n’hésitera point à penser,
avec M. Letronne, que ce sont les représenta-;
lions des sept planètes. D’après celle conjecture,
assez certaine, on voit que Vénus répond aux
Gémeaux, le Soleil au Lion , la Lune à la Balance,
Mercure au Sagittaire. Les trois autres
corapartimens sont occupés par trois figures à
tête barbue, qui ne peuvent être que Mars , Jupiter
et Saturne.
Cette correspondance des divinités astronomiques,
avec les douze signes du zodiaque, se découvre
et se démontre avec encore plus d’évidence,
sur un monument singulier rapporté-et
commenté par V isconti, dans ses Monumenti Ga~
bini. On a trouvé dans les noues de Gabies un
grand et bel autel, d’une nature toute particulière.
Il consiste en un disque de marbre penlé-
lique , lequel reposoit et étoit isolé , non pas verticalement,
niais horizontalement, sur un seul
p ie d , en manière ( comme nous le dirions ) de
guéridon. Ce disque a trois palmes deux tiers de
diamètre ; son épaisseur a un -peu moins d’un
palme. Le milieu de la partie superficielle du
disque est creusé circulairement, et autour sont
disposées , en suivant la ligne du cercle extérieur,
douze têtes, vues comme couchées , et qu’on di-
roit des bustes d’un fort grand relief et d’une
excellente exécution.
Ces douze bustes horizontaux représentent les
douze grands dieux, reconnoissables, la plus
grande partie, aux symboles qui les accompagnent,
et-ceux qui manquent d’attributs s’expliquent
d’eux-mêmes par leur physionomie ou
par leur réunion avec les autres.
C’est sur l ’épaisseur, ou , si l’on v eut, la tranche
perpendiculaire de ce disque horizontal que sont
sculptés les douze signes du zodiaque, et chacun
est accompagné des figures ou symboles allégoriques
, dont la mythologie avoit fait leurs attributs.
Or, rien ne prouve mieux ce qu’ on a avancé
plus haut, savoir, que presque tous les zodiaques
finirent par appartenir exclusivement, ou à l’astrologie,
ou simplement à la mythologie,, quand
ils ne furent pas de vagues représentations dont
les artistes se servoient, pour indiquer simplement
la demeure des dieux.
Les vers deManilius s’appliquent avec-tant de
précision au zodiaque mythologique de Gabies,
que nous croyons devoir les rapporter v
Lanigetum P a lla s, Taurum Cytkered tuetar,
Fonnosos Phccbus G émi n o s, Cy llenieCancrum ,
Tuque pater, cum matre D eum , regis ipse Leohem ,
Spicifera est Virgo Cereris, fabriedtaque Libra
V u lca n i ; pugnax Mavorti Scorpios haret, -
renantem Dia na virum , sedpartis equince
Atque angusta fo v e t Capricorni sidéra F esta ,
E t Jovis adverso Junonis Aquarius astrum esc ,
Agnoscitque suos Neptunus in athere P isc e s .
(.Astronom. 1. 2 . 4^9 seqq.)
Le zodiaque fut souvent employé dans les ouvrages
de l’a r t, chez les Romains , comme simple
ornement de convention, ainsi qu’on le voit à
plusieurs monumens, qui furent des cadrans solaires
ou des calendriers , et quelquefois tout ensemble
l’un et l’autre. Tel est le monument fort
curieux appelé calendrier rustique ou calendrier
Farnèse. C’est un marbre carré, dont chaque face
contient trois signes du zodiaque, et trois colonnes
où sont marqués les noms des mois et ceux
des divinités tutélaires, enfin, la longueur des
heures équinoxiales et naturelles du jour et de la
nuit. Ou sa'it que les heures civiles de^ Romains
étoient différentes. Ce marbre servoil de hase à
un cadran solaire.
Nous trouvons sur plus d’un mouument de
sculpture, le zodiaque servant de cadre à une
figure deJupiter.il y en a un de ronde bosse à la
villa Albani, où le J 11 piler, en fort relief, occupe
le milieu d’un zodiaque vertical, supporté
par une sorte d’atlas sculpté de ronde bosse.
Il nous paroît, et nous l’avons déjà fait près-
senlir, que les arts du dessin durent s’emparer
de la représentation et de la configuration du
zodiaque9 comme d’ un symbole devenu vulgaire,,
et qui étoit entendu de tout le monde, pour figurer
l’idée du c ie l , sans aucune prétention à la
sfcience astronomique, ni même astrologique^
Ainsi nous voyons sur une très-belle agate antique
( Causei Musacum Romanum > tom. I, pi.
3 7 ) le soleil représenté dans un quadrige, air
milieu d’un cadre ov ale, où sont gravés les
douze signes du zodiaque 9 qui, à la vérité",,
peuvent sembler n’indiquer ici que la route parcourue
par le soleil. Mais , pour n’en pas citer
de plus nombreux exemples, nous renverrons le
lecteur à deux pierres gravées, où Jupiter occupé
le centre d’un zodiaque circulaire. Dans Pun
il est accompagné de Mars et de Mercure, et son
trône est supporté par Neptune. Dans Pautre , on*
le voit avec une portion du globe sous les pieds;,
d’un côté paroît Vénus avec l’Amour, dans l’acte
de supplians; de l’autre côté Mercure est représenté
partant, pour obéir aux ordres du dieu.
Le zodiaquef sous la- main des peintres et des
sculpteurs, dut effectivement devenir une figure
abréviative de l’Olympe , ou de la demeure céleste
des dieux. Il signifia ensuite uniquement le
c i e l , et ce signe emblématique fut tellement répandu
I qu’il lui arriva , comme à beaucoup
d’autres dont nous ignorons l’origine , de tomber
dans le domaine de ce que l’on appelle la décoration
ou l’ornement.
Non qu’on veuille contester que quelques souvenirs
d’astrologie judiciaire 11’aient pu même , au
moyen âge et sous l’empire des croyances chré-
tiennnes, trouver encore quelques racines dans
certains esprits. Toutefois , il nous paroît que
Remploi du zodiaque figuré, pour marquer le
cours du soleil dans l’année, et les douze mois
qui la composent, aura dû et devra toujours en
perpétuer l’image. Selon celle pratique, la figure
des signes du zodiaque n’est plus qu’un caractère
indicatif des douze mois, et réduit à cette insignifiante
destination , nous croyons qu’on peut
très-réellement le considérer comme un pur ornement
décoratif.
C’est ainsi qu’il faut s’expliquer sa présence parmi
les sculptures des églises gothiques; car, bien qu’il
soit vrai quecertains préjugés astrologiques, quoique
tout-à-fait étrangers au christianisme , aient
subsisté chez beaucoup de personnes , et aient pu
être encore assez vivaces dans les siècles qui
virent élever les églises , dont les portails présentent
des figures du zodiaque, nous croyons
qu’il seroit difficile de leur trouver un autre
emploi que celui dont nous avons parlé. Lorsqu’on
sait quel étrange mélange , l’ignorance de ces
temps a fait de toutes les parties d’ornement,
d’allégories fabuleuses, de détails tronqués et in-
cohérens, enfin de toutes sortes de débris échappés
à la destruction des monuuiens antiques; lorsqu’on
voit qu’on les côpioit sans se douter de
leur signification ancienne , ni même qu’ils en
eussent eu jadis une, on est fort porté à croire
que les images du zodiaque n’eurent pas un sort
différent. Aucune représentation figurée ne fut,
en e ffet, aussi multipliée que celle-là, et n’eut,
dans les siècles derniers dé l’empire romain , autant
de cours, n’exerça autant, sous toutes les
formes, sur toutes les matières, les procédés de
tous les aids.
Pourquoi donc ces signes, connus alors de tout
le monde , ét qui ne pouvoieni plus avoir d’autre
signification générale, que celle qu’on leur donne
endfore aujourd’hui sur nos calendriers, ne se-
roient-ils pas, comme simples objets d’ornement,
entrés dans les combinaisons de ces ouvriers chargés
de découpeT, n’importe avec quoi, tous les
espaces des frontispices d’églises ?* Et ne voyons-
nous pas les portes de bronze faites, en 1445, à
Rome, pour Fancien Saint-Pierre , par Antoine
Philarèle, et Simon , frère de Donatello ,' reproduire
dans les- rinceaux qui accompagnent les
ballans , de petits sujets mythologiques fort improprement
placés là , si l’on a égard au monument;
mais qui ne furent regardés que comme
des- détails arabesques-sans aucune conséquence.-
On trouve donc , entre beaucoup d’autres
exemples qu’on pourroit c ite r , un zodiaque fort
anciennement sculpté à l’une des portes latérales
de l’église cathédrale d’Autun. Dupuis a décrit
celui de l’église Notre-Dame à Paris, et Lalande
a donné, dans les Mémoires de l’ Institut, les détails
du zodiaque de l’église de Strasbourg.
Si nous avions à donner ici l ’histoire du z o diaque
, dans son rapport avec nos temps modernes,
c ’e s t -à -d ir e avec l’état actuel de la
science, et avec l’emploi que nos arts peuvent en
faire , il faudroit faire voir qu’il est devenu tout-
à-fait étranger à l’étude et aux connoissances dé
l’astronomie; que l’astrologie, de quelque manière
et à quelque degré qu’on l’envisage , est entièrement
bannie des croyances et des opinions
même les plus populaires ; qu’il ne peut avoir
conservé, dans les images de nos arts, d’autre
autorité que celle , dont les allégories du paganisme
ont légué les traditions , aux fictions de
notre poésie et à nos locutions métaphoriques.
C’est ainsi que Jean-Baptiste et Georges Man-
touem, d’après Raphaël, dans son Jugement de Paris,
et traitant le même sujet, ont fait voir l’entrée
du palais de Jupiter environnée d’un grand demi-
cercle du zodiaque. On ne sauroit dire combien
est devenu usuel l’emploi de celte représentation,
appliquée aux cadrans en grand , et en plus petit
aux cartels àe toute espèce , qui servent d’enveloppe
aux mouvemens d’une horloge. Rien, en
effet, de plus ana-logue à la forme naturelle des
cadrans horaires; et l’on cileroit, s’il en étoit
besoin f quelques-unes de ces compositions, adaptées
depuis peu, par l’architecture, pour la décoration
d’une horloge faisant partie d’une façade
de monument'publie.
ZOPHORUS , zophoros en grec. Se compose
de deux mots , zoon y. animal, ’et Jero9 je porte.
Du mot zoon en grec , qu’on traduit littéralement
par animal y on ne doit point ici conclure que
le zophorus ne comportoit aucune autre représentation
que celle d’animaux proprement dits en
français. Ce mot générique signifie qui a vie , être
vivant. Dès lors, en grec , il signifioit généralement
ce que nous comprenons, d’une manière
spéciale, dans les ouvrages de l’a r t , sous le nom
de figure. • ...
he zophorus étoit donc,- entre les diverses par
liés- de l ’architecture, considérée dans la composition
des ordres, la partie sur laquelle on sculp
toit des figures. Celle partie é toit, et est encore
ce que nous appelons la Jrise. Voyew Ge mot.
On doit entendre en français .par figures, comme
ou Pentendoil sans doute en grec par zoon, non-
seulement des représentations d’êtres vivans , mais
beaucoup d’autres qui entrent dans le domaine de
l’ornement. C’est ainsi qu’on ‘appeloit zographos
le peintre,, et zographia là peint are non parce