
de la mer , dans la même intention , et les pli ares
( voyez ce mot) ne furent qu.e des tours plus ou
moins considérables, destinées a*servir de guides
aux vaisseaux.
La police des villes exigea aussi de tout temps,
surtout lorsqu’elles sont bâties en plaine, et sans
aucun terrain éminent, qu’on pût d’un lieu très-
élevé au-dessus de toutes les maisons , surveiller
les événemens ou les accidens du leu qui peuvent
survenir de nuit. Nous voyons par l’histoire, que
eette pratique existait à Rome. De ce que Néron,
du haut d’une tour dont on croit à tort , que les
restes subsistent encore sur l’Esquilin , se donna,
dit-on , le plaisir de voir i’iucendie qui ravagea
Rome, nous nous bornerons seulement à conclure
qu’il y avoit de semblables tours dans cette ville,
et certainement bâties pour un usage tout autre
que celui dont on vient de parler. Celle de Néron
clevoit être sur le Quirinal. Celle du mont Esquilin
es t celle qu’on appelle tour de Mécène.
Mais les Romains construisirent, pour beaucoup
d’autres usages, de ces édifices en forme de tour,
qu’on appelle encore souvent aujourd’hui de ce
nom. Au mot T o m b e a u , nous avons f a i t mention
de plusieurs très-grands sépulcres, tels que ceux
de la famille Metella et de la famille Plautia,
qu’on appelle aujourd’hui du nom de tour. Ce
n’est pas que nous prétendions qu’elles en aient
eu jadis le nom, quoique dans les temps modernes
, elles le soient devenues effectivement,
militairement parlant, puisqu’elles furent crénelées
, et ♦ servirent de fortification ; mais dans la
vérité, ces édifices furent réellement construits
en forme de tour.
Nous ne rechercherons pas i c i , avec plus de
détails, entre toutes les sortes d’édifices antiques,
soit qu’ils aient été ■ ■ détruits, soit qu’il en existe
encore des restes, quels furent ceux qui furent
construits dans le genre des tours , ou de ce que
nous appelons aujourd’hui' ainsi; comme, par
exemple,.ceux qu’on appela septizones, masses qui,
ainsi que le mot l’ indiqué , s’élevoient jusqu’à sept
étages toujours diminuant de diamètre, à mesure
de leur exhaussement, et finissant ainsi d’une
manière pyramidale. On appelle à Nîmes la tour
magne (ou grande tour), un reste assez considérable
de construction antique , que les antiquaires
jugent avoir été un septizone, dans le goût de celui
de Septime-Sévère à Rome.
Au moyen âge, les tours devinrent l’objet principal
, et presqu’exciusif de-tous les travaux de
l’art de bâtir. Tous les palais furent des châteaux-
forts , et le génie de la fortification antique n’ayant
encore subi aucune altération, on construisit les
habitations des grands, selon les anciens errèmens
de l’attaque et de la défense des villes. Un château
ne fut autre chose qu’un assemblage de tours
carrées ou arrondies , liées entr’elles par des espèces
de remparts crénelés. Cette disposition devenue
générale, fut appliquée à-tous les bâtimens.
Les tours devinrent des lieux d’habitation. Ainsi le 1
Louvre , tel qu’on le voit représenté dans de vieux H dessins , se composoit d’un grand nombre de '1
tours , et ce qu’on a depuis appelé pavillon, modifié
par les changemens de tout genre qu’a subis
cet antique château, n’est antre chose qu’une tradition
des jfoz*rs qui s’élevoient aux angles et dans I
le milieu de ses façades. On sait encore qu’au I
milieu de sa cour , on avoit construit une grande I
tour très-élevée, qui dominoit le reste des consi rue- I
tions et tous les bâtimens d’alentour. Ce qu’on ap- I
pelle aujourd’hui le Palais de Justice, reste plus I
d’une fois métamorphosé du palais de Saint-Louis, I
a gardé quelques souvenirs de son ancienne disposition
de tours , et ce qu’on désigne par le I
nom de tour de FHorloge , au bout du quai de ce
nom, est un témoin toujours.existant de l’usage J
dont on parle.
Lorsque les villes étoient moins étendues, et
avant que l’art de l’horlogerie fût devenu aussiusuel
que nous le voyons de nos jours , on construisoit
des tours où l’on plaçoil l’horloge publique , et son
sommet se terminoit ordinairement en béfroi,
d’où l’on annonçoit de nuit les heures, et d’où
l’on surveilloit tout ce qui se rapporte à l’ordre
général.
Presque tons les hôtels-de-ville avoient de
ces hautes tours, ou des espèces de donjons très-
élevés , où étoit suspendue une cloche pour sonne»
le tocsin en cas d’alarme, ou pour tout autre signal
d’avertissement public.
Ceci nous conduit à un emploi, qui devint le
motif le plus général de l’érection des tours aux
façades des églises. Je veux parler de l’emploi habituel
des cloches , dont le son doit convoquer de
fort loin lès chrétiens, et les appeler aux prières
ou aux cérémonies/du culte.--Nous avons vu à
l’article C l o c h e r et à celui de C ampanile , quelles
furent les formes et les dimensions des édifices où
sont suspendues les cloches. Ces sortes de constructions
ne furent pas d’abord établies, comme on I
le pratiqua postérieurement, au-dessus des combles
des églises. Une simple, tour, ainsi que cela
se voit encore en beaucoup de pays-, fut construite
à l’entrée même et au-dessus du .porche de l’église.
A mesure qu’augmentèrent le volume, lediamètreet
le nombre des cloches , les clochers en charpente
ne suffirent plus. Il fallut des constructions beaucoup
plus solides. Alors, comme on le voit à
toutes les grandes églises gothiques, on fit entrer
les masses énormes des tours , dans l’ensemble de
leurs frontispices, et elles en devinrent le principal
ornement.
Cependant l’Italie, dans beaucoup de ses plus
grands menu me ns, n’adopta point cet usage, et Ton
•.oit eucore à Pise, à Florence, à Venise, à Bologne
, la basilique ou l’église cathédrale séparée de
son clocher, c’est-à-dire de -la tour bâtie à quelque
distance pour l’usage des cloches. Telles sont
les tours célèbres dont nous avons donné b
d e sc r ip tio n aux articles C a m p a n i l e , G i o t t o ,
Aplomb , etc. Celle de Pise est un ouvrage qui
r a p p e lle -l’idée des septizones antiques. Mais la
plus remarquable sous les rapports de la matière,
de la hauteur et du travail, est la tour de Giotto à
F lo re n c e . Voyez G i o t t o .
Les cathédrales gothiques, comme on l’a dit,
adoptèrent l’usage de faire entrer les tours dans
l’élévation de leurs portails. Plus d’une grande
église moderne, construite dans le nouveau goût,
c’est-à-dire celui de l’architecture antique,‘se fait
remarquer par cette disposition, et entre toutes
celles qu’on pourroit citer, nous croyons qu’aucune
ne mérite de l’être, avant la grande église de
Saint-Sulpice à Paris, dont on a parlé à l’article
de S e r v a n d o n i . Deux tours étoient entrées dans
le projet de cet.habile architecte. Le dessin et la
forme en furent changés après lui, mais le goût
n’en fut pas heureux , comme le témoigne celle
qui subsiste encore , au côté gauche du portail.
La composition et l’ajustement général de la tour
droite, fait desirer qu’on fasse subir à son pendant
la même transformation. Cette opération terminée,
'on croit pouvoir assurer , qu’aucune grande
église ne pourra , en fait de tours de portail,
rien présenter qui l’emporte sur celles de Saint-
Sulpice.
La tour, considérée sous le simple rapport de sa
forme et de sa dimension,- peut se définir généralement
comme étant un corps de.bâtiment, qui,
lorsqu’il est isolé, s’élève sur un plan circulaire ou
quadi angulaire. C’est pourquoi, ou a , dans le
langage ordinaire, donné volontiers le nom de
tour, à plus d’une sorte de construction qui, sans
être affectée aux emplois des tours proprement
dites, leur ressemblent par la forme. Ainsi on
n B H
Tour de dôme. On désigne par ce nom, cette
partie de la construction des coupoles d’église modernes,
qui en supporte la voûte, et qui consiste
en an mur circulaire ou à pans, dont les pare-
mens extérieur et intérieur sont diversement décorés
de colonnes , de pilastres, de chambranles,
dénichés, etc.
Tour de moulin à vent. Mur circulaire qui porte
fde tond, et dont ce qu’on appelle le chapiteau,
qui est en charpente, et couvert de bardeau (voy.
ce mot), tourne verticalement, pour qu’on
puisse exposer au vent les volans, ouïes ailes du
moulin,
Tourmobile. On appelle ainsi toute construction
|<je charpente en forme de tour, et à plusieurs
jetages, qu’on établit sur des roues-, comme on a
N plus haut que cela s’est pratiqué dans l’anti-
Iquité, pour l’attaque des murs fortifiés. On en
[construit de semblables encore aujourd’hui, soit
pour servir à réparer ou à peindre les voûtes et les
(plafonds, soit sous le nom de chariots , dans le
prdinage, pour dresser les palissades. Oiî appelle,
par opposition, tour f i x e 3 une semblable bâtisse
de charpente, pour élever les eaux dans certaines
machines hydrauliques.
Tour ronde.. Ainsi nomme-t-on, dans le bâtiment
, le parement convexe de tout mur cylindrique
ou conique, et appelle-t-on tour creuse, le
parement concave de tout mur circulaire, cylindrique
ou conique.
T our, s. m. Ce mot est un synonyme de circuit,
de circonférence. On dit de la surface occupée
par un jardin , par un établissement ou un
édifice , qu’elle a tant de pas ou de pieds de tour.
Ou dit faire le tour des murailles d’une ville.
Il faut tant d’heures pour faire le tour de Rome.
TOURELLE, s. f. Signifie proprement une petite
tour. On a donné autrefois ce nom dans les
fortifications et les châteaux, à de petites constructions
circulaires, portées sur des encorbelle-
mens , qu’on appela aussi guérites, où l’on placoit
des sentinelles. L’usage habituel des tours, que
nous avons vu plus haut, avoir été universel dans
les châteaux et les palais, s’étendit, c.omme une
mode, mais en plus petit, aux habitations et à
presque toutes les maisons des villes. Le nombre
en étoit considérable à Paris dans certains anciens
quartiers, et l’on , en trouve encore quelques
exemples. Ces tourelles, dont Xintérieur formoit
de petits cabinets, se voyoient surtout au coin
'des rues, et aux encoignures des maisons. Elles
étoient portées par des encorbellemens, ou des
culs-de-lampe.
Tourelle de dôme. On appelle à Paris de ce
nom, une espèce de lanterne ronde ou à pans, qui
porte sur le massif du plan d’un dôme et en accompagne
l’ensemble extérieur , ou qui sert à recevoir
dans son intérieur, quelqu’escalier à vis. Il
y a de ces tourelles, par exemple, aux dômes du
Yal-de-Grace et à celui de la Sorbonne.
TOURILLON, s. m. Grosse cheville ou boulon
de fer, qui sert d’essieu. On en place ainsi aux
extrémités de l’axe d’un treuil, des bascules d’un
pont-levis , du mouton d’une cloche , pour qu’ils
puissent se mouvoir circulairement.
TOURMENTER, v. act. On se .sert de ce' mot
par métaphore, et le plus souvent au participe,
en parlant d’un ouvrage d’art, d’une composition,
d’un dessin, d’un projet d’élévation on
de décoration d’un édifice. Lorsqu’au lieu d’être
le résultat d’un principe simple , d’une pensée
claire et distincte, d’un sentiment naturel et facile
, d’un savoir bien ordonné, et d’une exécution
libre, l’ouvrage se présente à notre esprit ou à
nos yeux , comme le produit d’une conception
embarrassée , d’une idée complexe, d’un goût qui
trahit la peine et la recherche, et d’un travail où
l’effort se fait sentir, on dit que c’est un ouvrage
tourmenté.