
On dispose Aussi dans le milieu de ces grands J
parterres un bassin ou une pièce d’eau, non-seu-
ieuient pour l’agrément de la vue , mais aussi
pour la facilité des arrosages, car les parterres _,
leurs tapis, leurs fleurs, veulent être fréquemment
arrosés. Aussi voit-ou que ce qui fait le charme
des parterres appartient de préférence aux climats
pluvieux et moins chauds.
Nous avons dit que le parterre > tel qu’on vient
de le décrire , étoit surtout le propre des jardins
du genre régulier. Ce n’est pas que le jardinage
irrégulier n admette des tapis de gazon devant
les maisons, et des fleurs aussi dans les massifs;
mais on voit que legenre des plantations pittoresques,
c ’est-à-dire d arbres disposés sans aucun art
apparent , qui semblent venus comme au hasard ,
etA comme la nature les produit, demandant le
meme goût de disposition dans les contours des
tapis verts , less fleurs dont on plante des massifs
subordonnés à un dessin irrégulier ne sau-
roiènt donner le même agrément à la vue. Effectivement,
d apres le système d’imitation identique
de ce qn on appelle le nature!, dans le jardin
irrégulier, les fleurs, telles que le parterre les demande
, ne devroient pas y trouver place. La nature
ne nous présente guère les fleurs qu’éparses,
et les réunions qu’on en fa it , pour plaire par leurs
masses et par leurs contrastes , sont quelque chose
d artificiel, qui ne s’accorde point avec un système
de singerie absolue du paysage naturel.
Ce qui plaît dans le parterre est précisément ce
que le genre irrégulier ne sauroit admettre : c’est
cet alignement de fleurs, c ’est cette disposition
alternative, c’est cette succession de floraison ,
c est ce goût d’opposition dans les couleurs , et
mille autres agrémens qui ne peuvent être que
le résultat de la combinaison symétrique d’un art
apparent. Ajoutons qu’un des agrémens du parterre
consiste encore dans l’emploi qu’on y peut
fa ire , et qu on y lait habituellement, de beaucoup
de plantes exotiques , d’arbustes rares, qui
ne sauroient se cultiver ni réussir en pleine terre.
Il faut donc les entretenir dans des vases, dans
des caisses qu’on remplit d’un terreau préparé et
artificiel. Rien de plus agréable que ces dispositions
de vases , de formes et de natures différentes
qui accompagnent les bordures des plates-bandes,
et y deviennent, selon toutes sortes de comparti-
mens, une décoration nouvelle et accessoire.
Ou comprend que rien de tout cela ne peut
avoir raisonnablement lieu autour des. lignes si-
uueuses d’un tapis de gazon ; on d\t raisonnablement;
ce qui signifie, sans contrarier la raison
d’après laquelle a lieu le genre irrégulier de plantations
: car , sitôt qu’un procédé factice ou artificiel
se joint à la manière dite sans a r t , il n y a
plus Goniraste , il y a contradiction.
Répétons donc que le parterre , avec tous ses
agrémens > est uniquement applicable aux jarj
dms du genre régulier, parce qu’ainsi que le potager,
il veut des lignes droites ; et bien que dans
les jardins de particulier, qui réunissent sur un
espace peu étendu et l’agrément de l’un , et l’utile
de 1 autre , on ait vu la manie des lignes sinueuses
assujettir les massifs de fleurs et les plans de légumes
au système de Vanti-symétrie t cès caprices
n’ont fait que mieux sentir le ridicule de la
singerie, et l’ignorance du vrai principe d é lim itation
appliquée aux arts, et à chacune de leurs
dépendances.
Ou trouve dans les Dictionnaires des noms dif-
férens affectés aux diverses sortes de parterres.
Quoique plusieurs de ces notions appartiennent à
des goûts qui ne sont plus de mode, on a cru
devoir en conserver ici les indications.
P a r t e r r e d e b r o d e r ie . Parteire composé de
rinceaux , de fleurons et autres figures formées
par des traits de buis nain, qui imitent la broderie,
et entourent les plates-bandes. On mêle
quelquefois parmi la broderie , des massifs de
gazon, pour remplir davantage, et on la détache
avec des sables de diverses couleurs. Cette
décoration est assez agréable, mais il faut avoir
soin de renouveler les sables de temps en temps,
parce que les couleurs passent et perdent de
leur éclat.
Il n’y a point de règles à prescrire aux formes
de la broderie : on observe seulement que les naissances
des pièces qui en dessinent l’ensemble, sortent
d’un endroit bien choisi et sans se confondre.
On tire souvent, et avec succès , ces naissances ,
soit d’ un enroulement, soit d’un culot ou d’une
volute.
P a r t e r r e d e c o m p a r t im e n t . C’est un parterre
qui ne diffère du parterre de broderie , qu’en ce
que le dessin se répète symétriquement en hau t,
en bas et dans les côtés. On forme ce parterre de
massifs et de picces de gazon , d’enroulemens et
de plates-bandes de fleurs, mêlées avec quelque
broderie bien placée : on eu laboure le fond, on
sable le dedans des feuilles, et. l’on met du ciment
et de la brique pilée dans le petit sentier qui sépare
les compartimens.
P a r t e r b e d e g a z o n . Parterre fait de pièces de
gazon en compartimens de diverses figures.
P a r t e r r e d é c o u p é . C’est un parterre qui est
en compartimens de figures régulières séparées
par des sentiers, et dans lequel on met des
fleurs.
P a r t e r r e d !e a u . On donne aussi ce nom à u n
compartiment formé de plusieurs bassins de diverses
figures, avec jets et bouillons d’eau.
P A R T I , s. m. Ce mot, qui reçoit beaucoup
d’accepiious
^acceptions dans le langage ordinaire , est un de
ceux que la langue des arts s’est aussi approprié»
pour exprimer certains effets , ou résultats de la
pensée de l’artiste dans l’invention , la composition
et l’exécution de son ouvrage.
Dans tout ouvrage l’artiste est obligé de se décider
entre des idées , des points de vue , des caractères,
des effets divers qui s’offrent à son choix.
Ce choix qu’il fait est ce qu’on appelle le parti
qu’il prend. De-là on dit en peinture, Un bon ou un
mauvais parti de couleur ? de composition, de
clair-obscur. On dit un bon ou un mauvais parti
de draperies, d’ajuslemens.
Ceci s’applique également à l’architecture.
Ainsi en considérant le plan d’un édifice , son élévation
, et tout ce qui dépend , soit de la disposition
du lo c a l, soit du choix de l’ordonnance ,
soit du système de l’ornement, on dira que l ’ar-
clntecte a pris un bon parti dans l’agencement
des distributions , un beau parti dans i ensemble
des masses , un heureux parti de décoration.
On se sert encore du mot parti pour exprimer
l’emploi plus ou moins agréable , plus ou moins
convenable, que l’architecte sait faire , ou de certaines
sujétions , ou de certains corps de bâtiment
, auxquels il est tenu de se raccorder. Ainsi
Balthazar Peruzzi a tiré le parti le plus ingénieux
du site et de l’emplacement ingrat où il fut obligé
de bâtir le palais Massimi. Voyez P e r u z z i.
PARVIS, s. m. On a donné de la signification
de ce mot, ainsi que de sa formation , des raisons
peu satisfaisantes.
On a prétendu que c’étoit, dans le temple de
Salomon, un espace quelconque qui environnpit
ou précédoit le tabernacle. Mais il est clair que
l’usage d’une place en avant de ce monument, fut
commun à beaucoup d’autres , et ensuite rien ne
nous assure que le mot français ne soit pas une
traduction fort arbitraire , et ce qu’on appelle un
équivalent du mot hébreu.
11 y a sur l ’étymologie du mot parvis une opinion
plus difficile encore à admettre : on le fait
dériver du mot paradis eu supprimant Va , et en
changeant le d contre un v . Cela vient, dit-on,
de ce qu’on regardoit les places en avant d’une
église, comme un symbole du parads terrestre ,
par lequel il faut passer pour arriver au paradis
céleste , qui est l’église.
Il nous semble que s’il falloit une étymologie
grammaticale au mot parvis, on la trouveroit avec
plus de vraisemblance dans le mot latin pervium ±
qui signifie l’accès ou le passage qui donne entrée
dans u,n lieu quelconque.
Quoi qu’il en soit, le mot parvis s’est donné et
se donne én France, à la placé qui est dévanl la
principale façade d’une églisèjTon dit toujours à
•Paris, le parvis de Notre-Dame, pour signifier la
place qui précède cette caihédrâle. .
Diction. d3Awhit. Tome III.
P A S , s. m. On donne ce nom à une mesure,
naturelle ou conyentionélle : c’ est l ’espace qui,
lorsqtPon marche, sépare le pied qui reste en arrière
de celui qu’on a porté en avant. On voit
q u è ‘cette sorte de mesure, comme toutes celles
dont lés: hommes ont pris le type dans le pied ,
le palme , le bras , la coudée , doit être variable
selon les-individus ; c ’est pourquoi on a été obligé
de lui donner une dimension de convention: ainsi
on a établi que [etpas géométrique est de cinq
pieds.
Pa s . Se prend pour le seuil de la porte : il signifie
aussi la marche dans, une suite de degrés ,
comme lorsqu’on d i t , i l y a quatre pas à monter.
L e spas diffèrent cependant du seuil, en ce qu’ils
avancent au-delà du nu du mur, en manière de
marches.
P as , pl. Petites entailles , par embrèvement,
faites sur les plates-formes d’un comble , pour recevoir
les pieds des chevrons.
PASSAGE , s. m. Ce mot indique dans les
v illes , dans les maisons , dans toule espèce d’édifice
, un conduit qui diffère- de ce qu’on appelle
rue j allée f corridor.
P a s s a g e d e s e r v it u d e . C’est un passage dont on
jouit sur le terrain d’autrui, par convention ou
par prescription^
P a s s a g e d e s o u f f r a n c e . C’est celui qu’on est
obligé_de souffrir chez soi , ou sur son terrain, en
vertu d’un titre.
PATENOTRES , s. m. pl. Ce mot est emprunté
de l’usage pieux de réciter le- Pater hoster, selon
l ’indication qu’en porte le chapelet. Ce sont donc
tout simplement, dans l’ornement, de petits grains
ronds qu’on 'taille sur lès baguettes : ce terme est
synonyme de perle dans le langage de l’ornement.
PATERE , s. f. On appeloit ainsi patera dans
les pratiques religieuses des anciens, un vase
propre aux sacrifices, servant sans doute ou aux
libations , ou à recevoir le sang des victimes. Il
y en a voit de plus d’une forme, et elles diffé-
roient encore dans leur grandeur ét leurs orne-
mens ; quelques-unes, avoient un manche , d’autres
, et de’ ce genre sont celles qu’on voit fréquemment
dans la main des divinités , ne consist
e n t qu’en une forme circulaire à peu près semblable
à celle de ce que nous appelons une soucoupe.
Il s’en fit en terre , en broDze , en argent
et en or. Leur intérieur surtout recevoit des or-
nemens. Beaucoup de patères, parmi celles qui
sont venues jusqu’à nous , ne furent que des vases
votifs, et comme elles n’étoient réellement des-
L