
charmant casino construit dans un style pittoresque.
Comme à cette époque tout étoit commun
entre les trois arts du dessin, et entre ceux qui les
prutiquoient, les notions qui nous sont transmises
des principaux ouvrages de ce temps, nous présentent
fort souvent sous ' les noms de deux
artistes, dont chacun est particulièrement connu
par l art qu’ il cultiva le plus, un fort grand nombre
d’édifices, dans lesquels on seroit embarrassé
de discerner la part de l’un ou de l’autre.
Telle fu t , par exemple, à Fracasti, la superbe,
■ villa Aldobiandini, dite aussi le Belvédère, où
nous trouvons le nom de Jacques de la Porte,
associé à celui de Dominiquin, qui toutefois
paroît en avoir terminé l’exécution. C’e^t aussi 1 opinion de M. Percier et Fontaine dans leur bel
ouvrage des plus célèbres maisons de plaisance
de Rome et de ses environs 9 et dont nous emprunterons
la description suivante.
1 « La villa Aldobrandini a son entrée princi-
>» pale 'sur la grande place et près des portes de
a» Fràscali. Ses jardins s’élèvent en amphithéâtre
» jusqu’au sommet de la montagne. Ils sont ornés
« de fontaines , de jets d’eau et de cascades per-
>* péluelles formées par YAcqua algida9 qui se
« se répand en diflerens canaux dans toutes les
si parties de ce domaine, après avoir parcouru 3> depuis sa source un espace d’environ six milles.
« Trois avenues ombragées de grands arbres en-
» tourent les parterres et conduisent à la pre- 3> mière terrasse. On arrive ensuite par de grands 3) escaliers à double rampe sur un vaste plateau
» en forme de cirque, au bas des murs de la
w terrasse du palais. Ces escaliers sont décorés
» de vases, de statues, de grottes et de fon-
» taines. La terrasse, au niveau du rez-de-chaus^
si s.ée, domine sur les parterres et sur les bosquets
» qui l’environnent.
» Un grand veftibule orné de colonnes sert 3i d’ëntrée aux appartemens, et communique aux
» dépendances qui sont construites en ailes à
« droite et à gauche sous les terrasses; l’habi-
» talion , composée de trois étages et d’une loge
31 au-dessus des combles, renferme un grand
» nombre de pièces décorées par le Josepin et
» Dominiquin. Rien n’est comparable à la belle 3> distribution et à l ’élégante disposition de cette
si maison, L ’imagination est surtout frappée do 3) la variété enchanteresse de3 jardins, qui s’é-
rf levant jusqu au sommet de la montagne, for-
« ment en face du palais une espèce de théâtre.
» Les eaux d’une magnifique cascade serpentent
» autour de plusieurs grandes colonnes hydrau-
» liques, retombent sur des vases de différentes
» formes, et offrent en s’y précipitant le tableau
i> agréable de plusieurs chutes variées. Les sta-
» tues , les basrreiiefs , les fontaines jaillissantes,
» tout donne à cette scène un intérêt et un
a mouvement extraordinaire , et présenté un effe
» dont il est difficile de se faire une idée.
» Des salles fraîches, pratiquées sous la ter-
» rasse, sont ornées de mosaïques et de peintures
» charmantes. Sur les murs d’une de Ges salles,
» on distingue la réunion des Muses, la fable
» d’Apollon, et dans le fond, un rocher repré-
» sentant le Parnasse, toutes peintures de Dpmi-
» niquin. »
11 est à croire que les ouvrages qu’on voit de
lui à Grotta-Ferrata auront été exécutés pendant
le temps qu’ai dut séjourner à Frascali, sur
le territoire de l’ancien Tusculum.
Quoiqu’employé aux plus grands ouvrages qui
fuirent faits de son temps, et en fort grand
nombre, Dominiquin n’eut le bonheur de jouir
tranquillement, ni des fruits de son talent, ni
de sa réputation. Il est possible que son caractère,
son humeur sévère, et sa manière d’être réservée
, aient contribuer à augmenter la malignité
des passions envieuses qui ti’oublèi’ent son l’epos.
Mal récompensé de ses grands pendentifs à Saint-
André de la Yalle et à Saint-Charles de Catenai’i ,
il résolut de quitter de Rome pour aller à Naples
peindre la chapelle du Trésor. L’exemple des
désagrémens qu’avoient éprouvés Guido Rheni
et Giusepino de la part des peintres napolitains ,
ne put le détourner de cette résolution. Le désir
qu’il avoit d’entreprendre de grands travaux, la
mort du pape Grégoire X V , qui le privoit de
son emploi d’architecte du palais apostolique', &
lui enlevoit l’espoir de devenir architeâè de
Saint-Pierre, espoir qui lui avoit fait faire de
sérieuses études en architecture, beaucoup d’au-*
très considérations l’engagèrent à traiter avec les
envoyés de Naples, et il alla s’établir dans cette
ville, avec sa famille, en 162p.
. Il avoit traité à des conditions assez avantageuses,
mais à peine eut-il commencé à, travailler
, que de fuiûeuses cabans s’élevèrent contré
lui. L’Espagnolet, quoiqu’il fût un de ses ennemis
les plus modérés, se peïmettoit de dire que Dominiquin
ne sa voit pas même manier le pinceau,
et ne méiùloit pas le nom de peintre. Ce concert
d’injui*es et de calomnies, qui alloit toujours
en croissant, parvint aux oreilles de ceux
qui l’avoient mis en oeuvre et du vice-roi, et
leur donnèrent les plus fâcheuses impi'essions.
Troublé par toutes ces clameurs, et ne pouvant
plus endurer sa position, Dominiquin, pour en
soi;tir, n’imagina rien de mieux que de quitter
Naples. Il en partit secrètement, monta à cheval
suivi de son valets et s’en vint à Rome avec
une précipitation, qui annonçoit plutôt une fuite
qn’un retour prémédité, car il n’avoit eu égard
ni aux chaleurs de la saison , nj aux fatigues du
chemin , ni à sa famille qu’il abandonnoit.
A Naples, loi’squ’on sut qu’il s’étoit retiré de
la sorte , on arrêta sa femme et sa fille , et on ne
les laissa sortir de la ville qu?après que Dominiquin
eut
Z O D
eut donné des assurances qu’il acheveroit ce qu’i l .
y avoit commencé. Mais, lorsqu’environ un an J
après il y fut de retour, il y éprouva tant de dé- J
plaisirs, qu’il ne fit plus que languir. Ne se croyant
pas même en sûreté dans sa propre maison , et au
milieu de sa famille, il changeoit tous les jours
de nourriture , et il n’osoit presque point manger
dans la crainte du poison. Il ne put résister longtemps
à cette manière d’êtré; son esprit et son
«corps s’en trouvèrent bientôt abattus, et il mourut
le i 5 avril 1641» âgé seulement de soixante ans.
Z IG Z A G , s. m. On appelle ainsi une suite de
lignes qui forment , par leur rapprochement, des
angles plus ou moins aigus.
Ainsi donne-t-on ce nom à une sorte de machine
qui peut s’appliquer à divers emplois, et
qui se compose de plusieurs pièces de bois ou de
fe r , attachées entr’eües.de manière qu’elles se replient
les unes sur les autres , ét qu’on alonge ou
qu’on raccourcit à volonté.
On donne le nom de zigzag au dessin d’une 1
broderie, formée de la répétition de simples lignes
tracées , de façon à être une succession uniforme
d’angles égaux entr’eux.
Le mot zigzag s’applique , dans la fortification,
à des ouvrages en boyaux de tranchée, par
lesquels on communique d’une pai’allèle à l’autre,
à couvert des feux de la place.
L’on dit d’un chemin qui présente à peu près
la même figure, qu’il va en zigzag. On le dit
aussi des allées d’un jardin. Voyez le mot A l l é e .
ZOCLE. Voyez Socle.
ZODIACALE, se dit d’uue composition peinte
ou sculptée, dans laquelle on a figuré ou sculpté
uu zodiaque. Voyez ce mot.
ZODIAQUE, s. m. C’est, sur les monumens 9
la représentation d’u«n des grands cercles de la
sphère, où les planètes se meuvent^ et qui est
divisé en douze signes que le soleil parcourt tous
tans.
Nous disons , sur les monumens 9 quoique cette
eprésentation ait été et soit encore multipliée
de beaucoup de façons, et figure fort souvent
ailleurs que sur les édifices et les ouvrages de
l ’art de bâtir. C’çst expliquer assez , en effet, que
notre intention ne sauroit être de considérer ici
le zodiaque y et d’eu parler sous le rapport qu’il
peut avoir avec l’astronomie.
Il v auroit toutefois une question , en celte matière,
qui pourroit intéresser, d’un certain côté,'
l ’emploi que les architectes et les décorateurs ont
fait des représentations zodiacales dans les monumens;
ce seroit de savoir sucette représentation
y a jamais été placée * comme devant indi-
Diction. dArçlxii. Tome III.
quer, par l’ordi'e des signes, et marquer 1 état
du ciel à l’époque où le monument a été construit.
Dans ce cas , les zodiaques seroient des inscriptions
chronologiques, qui nous donneroienl la
date de la conslruciion des édifices. Mais cette
conjecture, sur laquelle on avoit tenté d’élever un
nouveau système de chronologie, s’est trouvée
démentie par tous les savans qui l’ont examinée,
et elle se trouve contredite par l’évidence des laits
eux-mêmes , c ’est-à-dire de l’ordre des signes ,
et par la certitude de l ’état, beaucoup plus moderne
qu’on ne l’avoit cru, des temples égyptien*
où il existe des zodiaques. L’on a été amené (dit
M. Letronne), par plus d’un rapprochement, a.
l’idée que ces zodiaques ont tous été exécutés
lors de Vépoque romaine.
Il est remarquable , selon le même savant, que
ce soit là précisément la conséquence à laquelle
on ait été conduit dans ces derniers temps, par
la triple considération des inscriptions grecques,
des cartouches hiéroglyphiques , et de la différence
des. styles. On observe d’abord qu’on ne
trouve de ces zodiaques dans aucun des temples
égyptiens, dont l’époque antérieure à celle des
Romains ne sauroit être la matière d’un doute. Les
témples de la Nubie, d’ancien style , et ceux de
Tlicbes, dont quelques-uns remontent à une
époque très-reculée, n’en offrent aucune trace.
Il en est de même de ceux de Pselcis, de Parem-
bolé, d’Ombos et d’Apollinopolis magna, qui appartiennent
au temps des Ptolémées. Quels son-
donc les édifices où l’on a trouvé des zodiaques?
C’est le temple de Denderab , dont le zodiaque
rectangulaire appartient (d’après l’inscription du
pronaos) au temps de Tib è re , soas le règne duquel
ce pronaos a été bâti, et dont le zodiaque
circulaire est du temps d’un auli’e empereur (probablement
Néron). C’est le propylon d’Ackrnin,
qui est de la douzième année de Ti-ajan (109 de
notre ère). C’est le grand temple d’Esné , dont les
sculptures sont du l’ègne de Claude Germanieus ,
ce qui résulte des cartouches hiéroglyphiques.
E n f in , c’est un petit temple d’Esné, dont les
sculptures.) au lieu de dater, comme on l’avoit
cru, de trois mille ans avant Jésus-Chi’is t , ont été
exécutées au temps d’Adrieu et d’Antonin, ainsi
què le prouvent des indices certains , principalement
une inscription grecque, tracée en gros c a ractères
sur une'face de ce temple. On peut donc
regarder comme un point de fait, que les z o diaques
qu’on voit en Egypte, ne furent point des
monumens chronologiques, destinés à déterminer
l’époque de la construction de leurs temples,
par une l’epi'ésentalion de l’état du c ie l , en sorte
qu’on eût été chercher dans les rapports du soleil
^hvec telle ou telle constellation, la date qui
devoit apprendre quand on auroit exécuté ce$
temples.
On a encore cherché à expliquer les représentations
zodiacales,‘ par la signification plus uu
O o oo
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