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les premières habitations, ne dut pas donner plus
d’un modèle à cet art. | A
Il doit être entendu d'abord, que la r t de voûter
dut naître d’un besoin uniforme, celui de
couvrir par une réunion de matériaux, des espaces
dont l’étendue excédoit la portée, en largeur,
d’un seule pierre, ou qui exigeoient une
solidité supérieure à celle des bois de charpente.
Or ceci nous conduit tout d’abord a reconnoitre
que les premières bâtisses ayant.du employer,
ou le bois ou la pierre, la voûte a pu trouver,^
dans l ’un et l’autre de ces emplois, une double
origine. .
Lorsque nous parlons des premières bâtisses,
nous devons nous hâter de sortir de 1 état plus ou
moins brute ou sauvage de la naissance des sociétés.
Si l’on vouloitVy arrêter un moment, ce
seroit pour faire remarquer, qua cette ^époque
de toute société encore dans l’enfance, 1 homme
ne dut pas connoître 1 emploi de la taille des
pierres pour former ses grossiers abris. Il n y
a sans doute sur cela que des vraisemblances
pour les temps passés; mais elles se trouvent
changées en faits certains, et en vérités constantes,
pour les.temps modernes, par les observations
nombreuses de tous les voyageurs, de tous
les missionnaires , surtout, qui ont été dans le cas
de voir par eux-mêmes, en tant de contrées
diverses, une multitude de peuplades encore
dans la première enfance de la civilisation. Or
tous s’accordent à nous montrer leurs premières
demeures, comme consistant en terre, en branchages
d’arbres, et autres matériaux aussi frêles.
C’est presque toujours dans les forêts, et aux !
dépens de ces forêts , qu’on voit ces peuplades
établir leurs demeures. A mesure que les premiers
procédés, et les premiers instrumens des
arts s’introduisent et se répandent parmi elles,
ces demeures s’agrandissent et se perfectionnent.
Les arbres sont abattus , et deviennent: les pre^
ipiers supports des habitations. Les procédés de la
çharpente, encouragés par cef usage, encouragent
bient.ôt eux-mêmes les entreprises de 1 art de bâtir.
Ces notions nauroient presque pas besoin de l’autorité
des voyageurs et des historiens, tant elles
reposent, avec clarté, sur la-népessité et sur. la
nature des choses. . , .
On peut donc affirmer que le travail du bois, ou
l ’art de la charpente, aura constitué presque par
tout le monde, à une certaine époque^ des sociétés
naissantes, les premiers ouvrages de l’art de bâtir,
sauf à modifier cet art différemment, par la. suite ,
selon divers concours de conditions et de circonstances.
En effet, le travail dubois peut se prêter à
beaucoup de combinaisons élémentaires, qui
postérieurement auront produit des variétés de
système dans quelques architectures. ' \
Il c ’en est effectivement aucune qui, parvenue a
sonentier développement, ne porte pas lisiblement
écrite, dans son ensemble, 1$ preuve de la prev
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mière conformation de ses constructions, et de^
l’usage comme du genre d’emploi, que les premiers
bâtisseurs firent du bois et de ses assemblages.
Eu généralisant cette théorie, cous avons
cru devoir excepter quelques architectures connues
, de cette règle de critique , et particulière^
ment l’architecture égyptienne. [Voy. son article.)
Il nous a paru d’abord qu’on devoit y remarquer
un accord très-particulier, entre le système de
son art de bâtir, tout en plates-bandes de pierres ,
n’offrant aucune des variétés de légèreté ou de
saillie , qu’inspire naturellement l’emploi du bois,
et la nature d’un pays qui manque partout du
forêts et de bois de construction. Or nous verrons
que si l’Egypte paroît n’avoir pas connu les voûtes,
c’est que son art de bâtir s’étoit modelé de toute
antiquité sur la taille des pierres. Nous verrons
ensuite par quelques ouvrages de cette nation,
ouvrages qui, comme on l ’a déjà dit, dans l'article
précédent, semblent offrir une ébauche de voûte , que l’art de voûter auroit pu résulter aussi,
soit dans ce pays, soit peut-être ailleurs, d’un
certain arrangement de pierres qui devoit conduire
à des constructions cintrées,
Par une raison toute contraire , dans l’architee-
ture grecque, produit évident du système de la
charpente, ou de la construction en bois, nous
I voyons l’art des voûtes pratiqué dès la plus haute
antiquité.
C’est donc là , que nous croyons devoir reconnaître
l’origine ou le principe le plus naturel, le
plus incontestable de l’art des voûtes, celui da
moins qui doit avoir eu l’antériorité sur 1 autre.
Lorsque l’art de la charpente fut devenu le
créateur de toutes les constructions, à une époque
supposée déjà fort avancée chez les Grecs dan»
la civilisation , il ne faut pas douter que le procédé
du travail des bois de charpente, n ait été (comme
nous le voyons encore) propre a réaliser un fort
grand nombre de bâtimens réguliers, commode*
et solides, et à se prêter à foules sortes de configurations
diverses,
De même que la construction quadrilatère ou
parallélogramme en bois, avec des toitures à deux
pentes, avec porche en avant, e| supports isolés,
précéda , comme l’histoire en fait foi, lès mêmes
genres de construction où la pierre remplaça sou
modèle, de même aussi l ’art de la elmrpente dut
avoir la priorité dans les constructions circulaires
et sphériques. Ce qu’un art lait, dans les premiers
temps, faute de moyens plus grands , plus solides •
que le laps des années et le perfectionnement
d’une société ne peuvent point, ne pas amener^
cet art continue encore de le faite, comme moyen
économique, en rapport avec .certains besoin-'
et pour certaines classes de la société. C’est ainsi,
pour en donner un exemple, qu’aux temps de L
plus .grande richesse d’un pays ,- on voit et on a
vu en plus d’un .cas, et dans plus d’un lieu , enu-
ployer le chaume à çouyrir de pauvres, maisons,
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après qu’il a cessé d?être la couverture du palais
de Romulus.
Lorsqu’on parcourt en plus d’un pays (et qui ne
l’a pas remarqué en quelques régions de lItalie?)
les bâtimens rustiques de certains babitans des
campagnes, on ne sauroit voir sans beaucoup
d’intérêt, de grandes constructions circulaires
s’élevant en pointe, à une fort grande hauteur,
sur un diamètre de 5o à 6o pieds, formées de
poutres inclinées, jusqu’au sommet ouvert par un
grand oeil qui éclaire cet intérieur. Eh bien ! voilà
que s’est perpétué jusqu’à nos jours le modèle
primitif de la voûte sphérique et conique du tombeau
d’Atrée, à Mycènes, et de celai de Mynias ,
à Orchomène, dont nous avons précédemment
parlé.
Or quel homme de bons sens oseroit dire , que
ces huttes rustiques sont des imitations de nos
coupoles, au lien de croire que les usages des
premiers temps de la Grèce avoient donné dans les
constructions circulaires de la charpente l’idée et le
modèle du tholos? Certes il seroit contre toute loi
de l ’instinct en fait de construction, d’imaginer
que.les tholosavoient été construits par assises de
pierres dé taille, en forme de voûte conique,
avant que l’usage d’une semblable forme, accréditée
par la charpente , eût inspiré à l’architecture
, l’idée et le besoin de la réaliser, dans une
matière plus durable. Ainsi veut la nature que
l’on aille du facile au difficile, du simple au composé
, de l’économique au dispendieux, t
Tout nous dit donc que la voûte en pierre eu t,
chez les Grecs, son origine, et trouva son principe
dans la construction en bois, ou la charpente,
comme toute autre espèce de contraction, et y fut
redevable de son système élémentaire, de ses
formes principales, et des détails d’ornement ou
de ses profils, au type originaire qu’on appelle la cabaney c’est-à-dire, l’assemblage du bois dans
les premiers édifices. Disons encore que cet emploi
du bois ne cessa jamais d’être usuel en Grèce.
C’est ainsi que chez les Modernes, malgré le perfectionnement
et de l’art et de la science de
voûter en pierre, on ne cesse pas pour cela
d’employer, dans plus d’un cas , le bois à formelles
plus grandes couvertures cintrées ou sphériques
des dômes. Je dois en effet citer encore ici le Philippeum d’Qlympie. [Voyez ce mot.) Construit
par Philippe roi de Macédoine, par conséquent
dans la plus belle période des arts, il formoit une
rotonde entourée de colonnes, dont la périphérie
étoit en briques, et de ce corps du bâtiment s’é-
levoit une coupole composée de. poutres taillées
pool* faire le cintre, et aboutissant toutes à une
c le f de bronze , qui lioit leur assemblage,.
Nous n’aurions que trop d’exemples à citer de
l’emploi du bois ou de la charpente, pour les;
couvertures des temples, q u i, vu le système de
leur plan, ne paroissent avoir été que rarement
voûtés en pierres ou en maçonnerie solide. Mais Diction. d’Atvlrit. Tome III.
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on ne peut se refuser à croire, que plus d’une de
ces couvertures fut cintrée, et construite, par
l’art de la charpente , en voûte. 11 n’y a lieu an
reste d’insister sur ce point, que pour montrer,
dans la réciprocité de ces exemples, l’accord
constant qui dut régner entre le modèle et son
imitation.
Comment se refuser encore à croire que dans
un pays, où toute, construction dut commencer
par le b ois , on ne débuta point par faire les portiques
ou les arcades, de la manière que l’on voit
aujourd’hui les charpentiers s y prendre pour
faire des cintres, c’est-à-dire par deux morceaux
de bois inclinés en partant des piliers faisant piédroits,
et allant en angle se joindre au sommier,
de telle sorte, qu’il ne reste plus qu’un segment
de cercle à y ajouter dans le haut, pour en faire
une arcade plein cintre.
Est-il nécessaire de prouver, par exemple,
que nulle part on n’a dû commencer par faire
des ponts en pierre, et que partout ils ont remplacé
lés ponts en bois ? Si chez les Grecs et chez
les Romains, on fit d’abord en charpente les
théâtres, il est bien probable que ces édifices
économiques , mais aussi moins durables, furent
composés, peut-être avec moins d’étendue, mais
cependant sur le même plan, et dans les formes,
que l ’on transporta à des constructions plus durables.
La chose est encore plus certaine, et mieux
prouvée des temples construits dans les premiers
siècles de la G rèce, et cet usage avoit été commun
aux anciens Etrusques, dont les Romains transr
portèrent chez eux la pratique conservée jusqu’au
temps de Vitruve, qui , dans sa description du
temple toscan, nous le fait voir comme un assemblage
de pièces de bois.
La nature des choses et les faits démontrent,
que partout où il y eut des bois de construction ;,
on dut bâtir en charpente, avant de le faire en
maçonnerie "et en pierres de taille. Ainsi le
bois dut.devenir le premier générateur d’un
grand nombre de dispositions, le principe élémentaire
de beaucoup de formes, qui passèrent
.ensuite dans la construction en pierres, où elles
reçurent, par de.nouvelles modifications , la perfection
qu’elles pouvaient atteindre; et l’art, de voûter fut nécessairement un de ces complémens
de l’art de bâtir.
Ce que tous les documens historiques ou théoriques,
et les faits même nous apprennent, à cet
égard, de l’architecture antique, nous le savons,
et nous le voyons arriver de même dans le moyen
â g e , pour la construction des églises, gothiques.
Toutes celles qui existent nous apprennent qu’elles
ne datent guère que du onzième et du douzième
siècle. On parle de leurs commencemens, car
pour la plupart elles furent l’ouvrage de plusieurs
siècles. Or il est peu de constructions, en pierres,
où le système et les pratiques de la charpente
soieut plus clairement prononcés, que dans les
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