
cinéraire, dut former (e t cela fut en effet) le
couronnement des tombeaux, de ceux surtout
auxquels on donna la configuration de colonnes ,
de stèles ou de cippes. Cet usage, dans les pratiques
modernes , n’est plus qu’un symbole consacré par
les souvenirs de l’antiquité; mais il ne laisse pas
de s’étre accrédité dans beaucoup de monumens
funéraires , et l’on y emploie encore quelquefois
les plus beaux marbres.
Nous trouvons un exemple fort remarquable de
vases placés comme ornement des acrolères, au
temple de Jupiter à Olympie. Il paroît que ces
vases étoient de grands bassins de bronze. Mais
l ’antiquité nous a transmis un assez bon nombre
de grands vases en marbre, qui paroissent avoir
dû figurer dans des monumens , et des ouvrages de
décoration architecturale , tant il semble difficile
de leur supposer aucune autre destination usuelle.
Nous voulons pailer des deux vases , ornés de
très-beaux bas-reliefs, représentant, l’un le sacrifice
d’Iphigénie , l’autre une orgie. Tout le
monde connoil l’excellence de leur sculpture, las
beauté de leurs ornemens , et celle de leur forme.
Il y a peu de collections d’antiques , oit l’on
n’admire quelques-uns de ces produits du ciseau.
L é 'Mùséi^n} du Capitole, à Rome, nous montre
anssi, dans la même forme de calice, un fort
grand vase} dont le corps est décoré, en totalité,
de rinceaux et d’enroulemens exécutés avec le
meilleur goût. On peut citer encore deux autres
grands ouvrages de ce genre; l’un , qui est de
basalte , au Muséum du Vatican , et qui a pour,
ornemens une suite de masques scéniques ; l’autre,
a îa V illaT a n ti, avec des mascarons d’ tin fort relief.
Tous deux sont dans la forme de coupe. C’en
est assez pour rappeler du lecteur un grand nombre
d’autres vases semblables, quoique dans de
moindres dimensions, et que leur forme , leurs
sculptures et beaucoup d’autres considérations
empêchent de considérer, comme ayant pu avoir
d’autre destination que celle d’orner les monumens
de l ’architecture, les.galeries , les portiques et les
jardins.
Nous ne dirons pas que ce soit à l’imitation de
ces exemples anciens, que les Modernes auront
aussi multiplié les vases dans toutes sortes de parties
de leurs ornemens. Cette pratique n’avoit
besoin ni de modèles , ni d’autorités. Ce sujet ;
offriroit plutôt à la critique plus d’une réflexion
sur les abus qu’on en a faits. Sans doute on n’entend
pas la faire porter sur l’emploi fréquent des
vasés dans les jardins, où la nature des choses
semble les appeler, surtout quand on les fait servir
à recevoir des plantes , des touffes de fleurs , et
quelquefois des arbustes. Même , à part cét emploi
utile, un gvand et beau vase en marbre der
v ien t, dans tout endroit où il se tronye convenablement
placé, un objet de décoration qn’on voit
ïivec plaisir. Ou en élève assez volontiers sur les
piédroits ou piliers d’une g r ille , co de toute autre
entrée de cour ou de jardin ; partout-enfin, où cet
objet peut être supposé avoir un emploi d’utilité i
ou d’agrément, ou ne sauroit en blâmer l’usage.
On approuvera encore que l’architecte , considérant
certains vases sous un rapport allégorique, !
comme rappelant l’idée de l ’usage auquel ils sont
consacrés, les fasse entrer en bas-relief dans la
composition de quelques ornemens des églises.
Un grand vase , ou pot à feu, a été placé '
au haut de la grande colonne qu’on appelle , à i
Londres , le Monument. On sait que ce vase indique
, par ses flammes, le lieu où commença ;
l’incendie qui réduisit en cendres la plus grande
partie de la v ille ; mais on auroit beaucoup de
peine à rendre la moindre raison de cette multitude
de vases que nous voyons servir d’atnor-
lissemens à toute sorte d’édifices. Ce sont de ces
lieux communs q u i, pour être partout, ne signi- i
fient rien nulle part. Personne, en effet, ne sau-
roit dire pourquoi ces représentations de cassolettes
, de vases à parfums, se trouvent au-dessus
dès portes d’une maison , couronnent les combles
d’un édifice. Il est visible que ces objets doivent,
se ranger parmi tant d’autres du même genre, dont
l’insignifiance est devenue telle que personne ne
pense même à s’en apercevoir.
Nous avons dit que les vases entroient aussi dans
la décoration architecturale des intérieurs , ou
dans les agrémens des objets de luxe, qui font
partie plutôt de l’ameublement, que de l’arcln-
teôluré. Des vases} soit ornés de bas-reliefs, soit
faits d’une matière précieuse, soit remarquables
par leur forme , par leur travail, par leur antiquité,
sont des objets dont la décoration des intérieurs
fera bien volontiers usage, ou dans des
bibliothèques , ou dans des galeries et des salles
d’afiemblée. Ordinairement ils figurent avec des
bustes' sur des demi-cp.lonnes tronquées. On les
placera quelquefois en haut des armoires où sont
rangés les livres , au-dessus des buffets; et quelquefois
aufli, un vase, orné de. bas-reliefs, ou de
peintures, occupera le milieu d’une pièce, pour
qu’on puisse, en tournant autour, jouir des sujets
représentés sur sa circonférence.
Les vases destinés à l’ornement de l’arcbi-
teêhire, sont plus| naturellement ceux que la
sculpture aura décorés de figures, soit sur marb
re , soit en métal, et ceux-ci conviennent au-
dehors comme au-dedans des édifices. Les
vases ornés de peintures sont exclusivement
réservés à l ’ornement des intérieurs. Nous ne
connoissons guère d’autres vases peints, dans
l’antiquilé, que ceux dont il a déjà été parle,
et qui sont formés d’argile c u ite , recouverte
d’une couleur ordinairement noire , et servant
de fond à des figures dessinées au trait, et
rehaussées assez souvent de différentes couleurs.
Mais , en général , ces ouvrages
plutôt des dessins que des peintures. Du moins
l’art du peintre ne s’y est jamais exercé, coin»*
e J \ ■ ia»«
dans les tableaux, au point de produire par le
mélange des teintes et l’intelligence du clair-
obscur et des dégradations, les effets d e là vérité
naturelle.
L’art des Modernes a été beaucoup plus loin
dans l’application des couleurs et des ressources
de la peinture aux vases. L’extension et les progrès
des sciences naturelles ayant porté au plus
haut point la fabrication de la porcelaine, on
a fa it , comme objets de luxe et de décoration,
des vases d’une très-grande dimension.- Le be-
loin d’y orner de très-spacieuses superficies a
appelé l’art de la peinture, avec tous ses moyens
d’illusion , pour décorer la circonférence de ces
vases. Si un certain goût, fondé sur la nature
propre de chaque chose, eût toujours présidé
à cet emploi de la peinture, au choix de ses
sujets , et à la mesure d’illusion qu’ils pourroient
comporter, on ne sauroit nier que l’art de peindre
les fonds de la circonférence d’un vase} auroit pu
trouver ses limites dans la nature même de l’objet
à décorer. Les convenances de ce genre, le peintre
les-auroit observées, en se réglant sur celles que
suit la décoration dans les compositions. dites
d’arabesques, exécutées sur des pilastres ou d’autres
surfaces, dont on ne doit point altérer le
fond, même pour l’apparence. Ces convenances
sont également indiquées par le soin que toujours
l’art de la sculpture antique a p r is , de respecter,
dans ses bas-reliefs les fonds, soit des vases, soit
du galbe des colonnes , soit des superficies que
l’architeéllure livre au ciseau, à condition d’en
respecter l’intégrité , et de ne pas produire l’apparence
de vides, là où la raison fondamentale
veut qu’on voie un plein ou un massif. La peinture
auroit donc pu, de même, faire circuler et
tourner au tour de la circonférence d’un vase} des
figures mises en harmonie avec le fond, dont elle
eût respecté l’apparente intégrité, c’est-à-dire le
galbe même du vase.
On a vu, au contraire, le galbe d’un vase peint
offrir, ainsi que le fond d’un tableau, des lointains,
des vues perspectives , des sites et des paysages ,
des cieux et des marines, en sorte que le vase
disparoît sous l’illusion pittoresque. Tels sont les
abus que produit la confusion des idées et des élé-
mens de chaque chose, lorsque , livrés aux spéculations
de la mode et de la nouveauté, les ouvrages
de l’art ne sont plus recherchés que comme des
objets dispendieux ; disons encore, lorsqu’ils ne
correspondent plus à aucune destination propre à
fixer leur caractère et leur goût.
On donne le nom de vase à différens objets,
qu’on appelle ainsi, à cause de quelque ressemblance
ou analogie de forme ou d’emploi.-Ainsi,
on dit :
V a s e d e c h a p it e a u . C’est dans la configuration
du chapiteau corinthien ce qui en forme le corps,
ou la masse, qu’on revêt et qn’on orne de feuillages,
Diction. d A ichit. Tome III.
de caulicoies et de volutes. Ce corps,effectivement,
dénué de ses ornemens, a la forme d’un vase du
genre de ce qu'on appelle calice ; on l’appelle
également campahe, ou cloche, parce que la
cloche, dan’s sa position ordinaire, n’est pas autre
chose que ce même vase renvèrsé.
V a s e d ’a m o r t is s e m e n t . On d o n n e c e n o m à
u n vase q u i te rm in e s o u v e n t , f a u te d 'a u t r e
m o tif d ’o r n e m e n t , l a d é c o r a tio n d é s f a ç a d e s d e
b e a u c o u p d ’é d ific e s . Il e s t o r d in a ir e m e n t i s o l é ,
s o u v e n t o r n é d e g u i r l a n d e s , e t q u e lq u e fo is c o u r
o n n é d e fla m m e s . On e m p lo ie e n c o r e c e t o r n e m
e n t d a n s les i n t é r i e u r s , s o it e n b a s - r e l i e f , s o it
e n r o n d e - b o s s e j a u - d e s s u s d e s p o r t e s , d e s c h e m
in é e s , e t c .
V a s e d ’e n f a Ît e m e n t . Ainsi nomme-t-on les
vases qu’on place sur les poinçons de combles , et
que l’on fait ordinairement en plomb qui est quelquefois
doré. On en voit des exemples au château
de Versailles.
Vase d e t r e il l a g e . Cette sorte de i>ase est
un ouvrage d’ornement à jour, fait de verges de
fer et de bois de boisseau, contourné selon lé galbe
du semblant de vase qu’on veut produire. On
l ’emploie à servir d’objet d’amortissement sur
les portiques et les cabinets de treillage dont
on orne les jardins. L e s vases de cette espèce,
imitation en treillage, de ceux qui se font en
matière plus solide, reçoivent, par suite du même
esprit d’imitation, soit des fleurs , soit des fruits ,
façonnés à l’instar de ceux qui sont l’ouvrage de
la sculpture.
V a s e s d e s a c r if ic e . On fait, dans les ornemens
de l ’architecture, une classe à part de ces sortes
de vases; et l’on en distingue de deux genres,
ceux qui servoient au culte du paganisme, et
qu’on trouve représentés sur plus d’un reste de
monumens religieux antiques. Ces vases étoient
particulièrement le thuribulum, vase où l’on
mettoil l’encens , le præ/ericulum et le simpulum,
le premier.en forme de burette ornée de sculpture,
le second, plus petit, en manière de lampe, tous
deux servant aux libations qui avoient lieu dans
les sacrifices. C’est ainsi qu’on en voit encore
conservés sur la frise corinthienne du temple de
Jupiter Stator à Rome. Dans les édificès sacrés
du christianisme, on a souvent admis, comme
matière d’ornement en bas-relief, les vases consacrés
à la religion, comme les calices, burettes,
patènes, etc.
V a s e s d e t h é â t r e . C’étoient, selon Vitrüve ,
certains vaisseaux d’airain qu’on plaçait en fai e
dé la scène, sous les degrés du théâtre, où se
tenoient lés spectateurs. L’objet de ces vases,
1 ainsi situés, éloit de donner au local plus de