
dont il sembla s’approprier les lois qu’elle suit dans
la production des eu es, il réussit, par une suite de
développemens successifs , à faire arriver ce qu’on
peut imaginer de plus chétif, au point de ce qu’on
peut inventer de plus magnifique : de telle sorte
que l’élément prirnilit se retrouve toujours entier ,
toujours, visible dans ses diverses irans f o r ni a l ion s.
Ainsi dans l’arbre, dont les. rameaux multipliés
s’étendent sur le champ qu’il ombrage, on recon-
noît toujours le frêle arbrisseau, qui en renfermoit
l’espérance.
Lorsque des colonnes isolées, placées aux deux
fronts; du bâtiment sacré , eurent procuré, tout à la
lois, un abri utile et un aspect agréable, l’analogie
toute seule dut suggérer d’ajouter aux deux lianes
de l’édifice, et le même agrément et la même utilité.
Deux files de colonnes ainsi placées auroient
par trop rapetissé l’intérieur du naos, si ses deux
fronts n’eussent eu que les quatre colonnes dupro-
stylon; et voilà pourquoi Vitruve enseigne de donner
six colonnes de front au temple péripière. Ces deux
colonnes étoient nécessaires pour former la galerie
circulant à l’entour. Du reste, il faut encore observer,
comme les monumens nous le prouvent, que
cette règle de Vitruve, n’est qu’une condition de
l’ordre méthodique qu’il a suivi, comme pour
rendre compte de la formation progressive du
temple.
Le sens du mot périptère et l’emploi du mode
qu’il exprime, s on t t.o u t-à-fai t i ndépe u dans du nombre
de colonnes, que peuvent comporter les deux
côtés antérieur ou postérieur d u temple. Le, mot,
par sa composition, ne signifie autre chose qu'édi-
fice avec des ailes. Ces colonnades latérales sont
eu quelque sorte au bâtiment, ce que les ailes
sont à l’oiseau. Ainsi un temple est périptère ,
lorsqu’il est environné dans tout son pourtour, de
colonnes isolées formant galerie continue, et les
monumens de l’antiquité encore exislans, nous
montrent des temples périplères à huit colonnes de
front. Tel étoil le temple de Minerve à Athènes.
Si nous en jugeons cependant par les restes très-
nombreux de temples grecs, il est vrai de dire,
que le plus grand nombre des périplères sont à six
colonnes de front. Sans entier ici , à cet égard,
dans un dénombrement qui seroit étranger et à la
question, et à l’objet de cet article , nous pouvons
citer comme périptères exastyles, les temples de i
Thésée à Athènes, de la Concorde et de Junon à ■
Agrigente, de Cérès à Ségeste, de Corinthe, de j
Sunium, et deux temples de Pestum, etc.
Du reste il faut dire, que la disposition périptère
devint, et pour la magnificence extérieure des
temples, et pour l’effet de l’architecture, ce que
l ’art pouvoit imaginer de plus riche et de plus
simple à la fois, de plus capable de donner une
haute idée des demeures divines. Dans aucune
autre disposition, l’emploi des colonnes ne sauroit
je montrer avec plus de grandeur, de noblesse et
d’harmonie. Le génie dé Part n’a pu rien inven-
1er depuis, dans les temps anciens et modernes
qui.égale cette création des G>ecs.
Cependant tel fui l’esprit de1 leur architecture
et du modèle sur lequel elle s’ëtoil formée , que
toujours libre sous les entraves des lois qu’il de-
voit suivre , l’artiste fut le maître d’en modifier
pies applications, au gré des besoins et des convenances,
que les temps et les lieux pouvoienl présenter.
Lorsque, dans un même espace donné, le
temple réclama Une plus grande étendue pour l’iu.
lérieur de la ce lia 3 Vitruve nous apprend, que
l’architecte eut la liberté d’augmenter la largeur
de cet intérieur, aux dépens de l’espace qu’auroit
occupé la galerie formée par la colonnade environnante.
On supposa alors, que le mur de la
cella se seroit interposé dans lés entre-colonne-
mens du péripteron. De là l’usage des colonnes
engagées , dont on a pu , par la suite , faire abus,
mais qu’on né sauroit blâmer dans pins d’une occasion.
Cette pratique donna naissance au pseudopé-
nptère ou faux périptère, ainsi nommé, parce que
cette disposition de colonnes engagées dans le
mur, tout à l’entonr du temple , n’est véritablement
qu’une image réduite, une représentation
simulée du vrai périptère. Pins d’un exemple antique
de cette disposition de temple est parvenu
jusqu’à nous. Le vaste temple de Jupiter Olympien,
dans la ville d’Agrigente, fut un pseudo-
périptère , comme nous l’avoit appris sa description
par Diodore de Sicile, et comme nous l’ont
confirmé quelques fragmens conservés dans ses
ruinés. Ici une cause, autre que celle dont Vitruve
a fait mention, motiva cette disposition. I/é-
norme dimension de ce temple auroit exigé, dans
l’emploi ordinaire de colonnes isolées , des enlr’e-
colonnemens proportionnés j mais leur largeur
eût été hors de mesure pour des plates-bandes
monolythes, avec la nature et l’étendue des pierres
du pays. Les colonnes adossées n’offrant qu’un demi
diamètre , les blocs multipliés qui composent
les plates-bandes de l’architrave, trouvèrent un
point d’appui et une liaison dans le mùr de la celle.
Nous citerons encore comme exemple d’un pseu-
dopériptère, le temple appelé la maison carrés
à Nîmes, et à Rome celui qu’on appelle dé la
fortune virile.
Le plus haut degré de richesse d’architecture
qu’ait atteint en Grèce le temple p r opr em e n t dit, ou
considéré comme corps isolé de construction, consista
dansladisposition du diptère, ou ayant double
rang d'ailes, c’est-à-dire une double file de colonnes
latérales, et par conséquent deux' rangs de galerie
ou premenoirs circulant à l’entour. Cette disposition
qui exigeoit également une multiplication de
colonnes, aux deux façades antérieure et postérieure
du naos, ne paroît avoir dû s’appliquer
qu’au moindre nombre de temples , ou à ceux qui
furent à la fois les plus célèbres et les plus dispendieux.
Vitruve en cite deux exemples , l’un dan»
Rome , au temple dorique de Quirinus; le second
et de beaucoup le plus fameux . fut celui de Diane
à Eplièse, construit par Ciésiphon, selon l’ordre
ioniq11®- . . .
Mais l'architecture adopta encore ici, et par
plusieurs raisons, au nombre desquelles il est
permis de compter celle de l’économie , une
liberté à peu près du même genre que la précédente.
Ermogène d’Alabande fut l’auteur de cette
innovation , qui consista dans la suppression de la
file de colonnes intérieures, ce qui donna a la galerie
environnante, la largeur de deux en Ire-colon-
nemens. Aussi appela-t-on ce temple pseudodip-
tère, ou faux diptère. Ermogène avoit construit
dans ce système le temple de Diane à Magnésie,
et on en voÿoit, du même genre , un autre d A-
pollon, bâti par l’architecte Mnesthès.
A ces diverses espèces de temples , tous construits
sur un plan quadrilatère, il faut joindre
celle des temples circulaires.
Pour ne parler d’abord que de ceux dont le
circuit consis tai t eu colonnes, il y en avoit dé deux
sortes, ceux qu’on appeloit monoptères , e t ceux
qu’on nom moi t périptères. . (
Le temple circulaire monoptère était ainsi désigné,
non par opposition au diptère, cest-à-
diié, non parce qu’il n’avoit qu’un' rang de colonnes
au lieu de deux , mais parce qu’il cousis toit
uniquement en ce seul rang , et qu’il n’a voit point
de nuir ou d e cella. C’est de ce' genre qu’était,
sans doute, lé temple appelé de Sérapis a Pouzzol,
dont la colonnade circulaire subsiste encore, dans
les restes qui s’en sont conservés, et où rien
n’indique qii’il y ait eu un mur , et où tout prouve
le contraire. Cette sorte de ieniple n’avoit point
de couverture.
Le temple circulaire périptère avoit, comme
le temple périptère de forme quadrangulaire ,
une cella construite et environnée d’un rang de
colonnes. Tels sont à Rome , le temple dit de
Vesta, et à Tivoli, celui qu’on a appelé de la Sibylle.
L’intérieur se terminoit en coupole qu’on
appeloit tholus , et selon Vitruve , ce tholus rece-
voit pour couronnement extérieur un fleuron.
Mais outre ces sortes d’édifices, soit formés, soit
entourés de colonnes, il faut compter au nombre
des temples circulaires, d’autres grands monumens
qui, tels que le Panthéon de Rome, auroient été
beaucoup plus multipliés qu’on ne pense, s’il fai-
loi t regarder comme ayant été jadis dès temples,
une très-grande quantité de '•constructions terminées
en coupole, qui existent dans les ruines
antiques de Rome , de Pouzzol, de Baies et autres
villes. Il est probable qu’on a pu leur appliquer
; souvent à tort le nom de temple; cependant le
‘ uaihéon dont on vient de parler, autorise à
croire que plusieurs de ces édifices circulaires,
lurent consacrés à la Divinité. Le magnifique fron-
bspice en colonnes, qu’Agrippa avoit élevé en
*vaat de ce temple dédié à tous les dieux, ne
laisse aucun doute sur celle destination. On sait
encore qu’il l’avoit mis particulièrement, sous la
protection de Jupiter Vengeur et de Cybele.
Pausanias fait mention en Grèce de plus d un
édifice circulaire terminé en coupole , et affecté à
des usages autres que ceux de la religion. Il en
est toutefois qui purent réunir une destination religieuse,
à un emploi politique. Il seroit d’ailleurs
peu conforme à une saine critique, de conclure
rigoureusement que les Grecs n'eurent et ne connurent
pas telle ou telle sorte d édifice, de cela
seul, qu’on n’en découvre plus aujourd’hui de vestiges.
Trop de raisons seroient à rendre de ce
manque d’autorités, et le detail de ces raisons
alongeroil inutilement cet article.
Il faut le terminer, par la mention de ce qui
nous paroît avoir dû former dans lantiquité, ce
qu’elle a produit de plus grand, de plus magnifique,
et de plus dispendieux en fait d’édifices sacrés.
Nous voulons parler des temples a periboles.
Ainsi allons-nous voir que cètte sorte de complément
du luxe architectural des Grecs, fut
comme la dernière conséquence du principe originaire
du temple, comme le plus haut développement
du germe qui lui donna naissance. L idée
de. péribole nous ramène en effet à 1 idée primitive
, d’où nous avons vu , d’après les faits historiques,
et l’autorité des traditions, sortir successivement
toutes les productions de l’art. Une enceinte
consacrée sous le nom d'hieron (lieu sain t),
fut le premier temple. Une simple haie en fixa la
circonférence. Des bois et des plantations en firent
les premiers abris. Lorsque l’habita lion du dieu
ou le naos eut succédé à la pierre servant d aulei,
et lorsque l’espace du local sacré s’étendit au-de’a
des murs de la maison divine, il fut encore plus
naturel de circonscrire ce terrain, par un enclos
de murs. Dans cet enclos se trouvèrent enfermes
les arbres du bois sacré j c’est ce qu’on appela
iemenos, alsos. Ainsi, dans des temps très-postérieurs,
Lucien nous a décrit les bois sacrés qui
environnoienl le temple de Gnidè. Ainsi voyons^
nous les temples d’Esculape entourés /comme nous
le fait voir encore aujourd’hui ce qu’on prend, à
Pouzzol, pour le temple du dieu Sérapis, de chambres
et de locaux accessoires à l’usage des malades.
Le, temple de Jupiter Olympien à Athènes,
avoit un péribole de quatre stades de circonff-
rehee. . . . _ • .
On ne finiroit pas de citer toutes les mentions
qu’on trouve chez les écrivains, de périboles autour
dès temples. La ville de Pompeia nous en offre en
petit, à la vérité, un notable exemple dans i e
temple qu’on a nommé, on ne sait pourquoi,
temple d’isis. Tout, dans cette ville, ne semble
être qu’un diminutif des monumens de l’arcbitec-
lure grecque. Tel est effectivement le petit tent-
ple dont on parle. Ce qui est, à proprement parler,
son naos, est élevé sur un assez haut soubassement
, non pas au milieu, mais a 1 exlreraile d un
péribole carré en colonnes, faisant galerie cou