
Nul doute qtte lë’ goût de PEt furie-étant celui';
qui initia les Romains, dans-la connoissanèe et là';
pratique desàrts, et ce goût étant resté stationnaire
chez les Etrusques, il en seroit arrivé de même à
Rome, si le goût des arts perfectionnés en Grèce,
ne fût venu, aidé de la' richesse et dü-luxe des
Romains, donner line impulsion nouvelle -à leur
architecture. Mais cette influence rPàtriva point
par une irruption subite. Rome , avant‘ la conquête
de la G rèce, avoit eu déjà trop de rapports
&VVO elle, pour qu’on puisse se permettre ; ainsi
qu on l’a fait trop souvent ,< de la regarder comme
inculte en-fait d’ arts. On s’ appuie à tort des vers
de V irgile : Excuéent àlii - spirantia môlliùs
xsra, etc. y pour le prétendre. !I1 ne faut pas taire
dire au poète, plus qu’il ne dit; jGes-vers, loin de
faire présumer l’ignoranGe -totale des Romains-
dans les arts'j établissent seulement une coinpa- 1
raison entr’eux et les Grecs, et cette comparaison,
sans doute à l’avantage de ceux-ci, est déterminée
par les mots mollius et tnelius. Virg ile ,
en mettant les Grecs au-dessus des Romains , dans
certains arts , n’a donc pas entendu que ces arts:
fussent étrangers à Rome.
- A l’égard de l’architecture , il falloit, sans,
doute, que les modèles de la sculpture et de la
peinture , lui communiquassent le besoin de se
mettre en harmonie avec eux , et par le sentiment
des proportions , et par l’élégance des or-
nëmens. O r , c’est ce que produisit la conquête
de la G rèce, en faisant refluer dans Rome, et les
ouvrages de l ’art g rec, et aussi J es habiles artistes
de cette contrée. Il est évident que ce que la
Grèce perdoit par l’appauvrissement, Rome le ga-
gnoit én s’enrichissant de toutes les maniérés. Or,
les artistes vont toujours où l’opulence les appelle.
Déjà l’art de bâtir, chez les Romains, avoit, si
l ’on peut d ire, taillé les monumens sur de bien
Ïilus grandes dimensions, que neTavoient pu faire
es petits Etats séparés de la Grèce. L ’architecture
, secondée par la richesse publique et particulière
, trouva donc de plus vastes champs à ses
conceptions , dès sujets plus variés, et un emploi
plus illimité de ses richesses. '
C’est ce qu’on vit déjà (e t la preuve en est encore
sous nos y eu x) dès lé règne d’Auguste. Plus
d ’un reste de monument de cette époque , nous
montre la prédilection donnée à l ’ordre corinthien,
expression de la plus grande richesse en
architecture. De celte époque est le temple célèbre
appelé le ' Panthéon y reste d’un bien plus
grand ensemble q u i, sous le nom de . Thermés
d’ Agrippa, fut l’ouvragé d’un simple particulier.
Pour apprécier le 'goût de l’architecture à celle
époque , il faut rendre à ce temple,. encore aujourd’hui
la merveille de Rome moderne , sbus le
rapport de l’a rt, tout ce que le temps et tous les j
genres de barbarie ancienne ou nouvelle lui ont j
enlevé de richesse, dans lés brodzes dé son fron- !
ton, de son. péristyle, dés caissons dorés ‘ de" s à"
voûte , des sculptures -qui l’ornoient, ' elc. Qui
peutdonter, qu’un'semblable*moiiument , épargné
par le hasard , entre tant d’autres.,, n’eût fait la
.célébrité:, d’une des plus grandes villes dé la
Grèce ? .
Auguste sè vantoit d’avoir trouvé Rome de
terre, et dè la ilaisser de marbre. Celte ville-a
devenue non-sêulement la capitale du monde»d’a-!
lors y mais , si l’on peut dire \ le monde entier, pat
les causes qui y portèrent .toutes ses richesses, offrit,
alors à-l’arohitectureun théâtre immense, où
non-seulement tous les monumens alors connus
dans les autres pays, trouvèrent à se reproduire
sous des formes plus brillantes et avec djes,dimensions
plus.considérables , mais où des genres d’édifices
nouveaux vinrent exercer le gépie des artistes.
Rome alors renfermoit en elle-même toutes
les causes réunies qui peuvent donner de l’aliment
à cet art. La richesse de quelques particuliers y
égaloit e.t y surpassoit la fortune ordinaire des
rpis. On y retronvoit le zèle de la religion dans
l’érection des temples ; aux restes des institutions
'politiques de, la république , s’uni&soit le luxe et
la puissance.de la monarchie; la gloire militaire
jet les succès de la,guen;e qréoient des monumens,
et les jeux du théâtre, les combats du cirque ou
de l’amphithéâtre, exigèrent pour via fouie immense
des spectateurs, que l’architecture agrandit
tous ses moyens et. toutes ses conceptions.
Rome vit donc éjever des monumens que la
.Grèce n’a voit point connus, des arcs, de triomphe^
des colonnes triomphales, des thermes qui furent
des villes, des septizones et des mausolées, des
portiques immenses , des amphithéâtres;, des nau-
machies, etc. Les marbres de lotîtes les carrières
connues furent exploités, on en découvrit de nouvelles.
L ’x\ fri que et. l’Asie lui taillèrent des colonnes
, l’Egypte lui livra ses obélisques , la .Grèce,
devint son atelier et son magasin de marbres,, de
statues et de bronzes.
Avec de tels moyens, l'architecture ' romaine
dev.oit s’élever et s’éleva réellement à un!point de
splendeur, où jamais aucune na-tion.ne l’avoit portée,
ou il;est bien probable que jamais elle ne
parvienne dans la durée des siècles.Futurs : témoins
les prodigieux restes qui en subsistent ( voyez
R o m e ) ; car, ce qu’il faut dire de ses ruines, c’est
que, par le retour des choses humaines, jamais
aussi autant de causes de destruction ne se réunirent
contre aucun autre empire ; jamais autant
de sièges, de saccages, d’irruptions , jamais autant
de révolutions politiques ou re lig ie u s e s ne se
succédèrent sur aucune autre v ille ; en-sorte,
qu’après la mervèille de la puissance qui éleva,
ses monumens, on ne sauroit en trouver u n e plus
étonnante, que celle de la force de conservation
qui en a empêché l’entier a n é a n tis s e m e n t.
Ainsi, survivant encore à ell’e-mêtnë, dans ses
débris , l'architecture romaine dëvoil devenir le*
cole nouvelle, où toute l’Europe, interrogeant ses
tiilnes, viendroît clieréher les leçon* qui Pont
renouvelée, et qui ont propagé dans le monde
entier, le système dont les Grecs furent les inventeurs.
' ' » _ ’ '
Il ne se pouvoït donc point que l architecture
grecque , s’éloignant de sa sdùfce1^ appliquée, daris
de nouveaux gehreà d’édincés, à ’ d(es cbmbinai-
jons plus variées, disposait d’imtnenses richësSes,!
ayant à servir toutes lés passions' de gloire et
d’ambition, forcée de satisfaire une vanité qui ne
connoissoit point de mesuré , 'et la prétention de1;
Rome à surpasser par lés arts, ceux qù’ell'é avôit
vaincus par lës armes ; que cettfe àfcliitéclure,
dis-jè1, iaittclïèrchë p frapper lës’ yéux , plus par
par la purèté, plus par la'richesse que)
par l ’harmonie ; plus par la grandeur dés lignés
que par celle1 dès formes.
7 Cependant il faut dire en faveur des Romains,!
que l’archifècttire avôit été dé tout temps leur
art favori/ On'ne cônnoît les noms d’aucun sta-;
tuairé romain, et l’on connoît à peine-ceux dë\
deux' ou trois peintres cités par Pline'; mais V i-
truvë -nous apprend qu’avknt' lu i, Rome afoit
Compté plus d’un architècfe, célèbre^ Lùi-mêmej
noiis a transmis les noms dé Fussi tins/de Terentius
Vârrbü, de Publias Seplimins, de Cossutius' dé
C. Mutins, qui ayant lui avoient écrit,’sur lëür art.
fians cette digression de Vitruve',' dans sa préfacé,,
nous'aurions ignoré qu’avant le siècle'd’Aùgusté,
•d’où l’on a coutume de dater l’époque de la culture
des beaux-arts à Rome, plus d’un Traité
d’architecture y avoit été composé : queTerenlius
Varrb éh avoit fait un , que P. Septimius’èndvoit
fait déux, que Fussitius avoit écrit sur son art
avec le plus grand succès. Vitruve regrette'encore
beaucoup les écrits de Cossulius sur l’architecture1,
et plus encore" ceux dé C. Mutîus,
homme d’un grand savoir, et qui avoit achevé le
temple dé l’Honneur èt de la Vertu. On sait assez,
qu’eh aucun genre, les écrits théoriques ne précèdent
les oeuvres de la pratique. Il faut qu’on :
ait déjà beaucoup opéré dans un ar t, pour qu’on
eu vienne à sentir le besoin d’en fixer les règles,
ou d en décrire ‘les productions. Aussi le même!
Vitruve1 nous apprend-il que, dans les siècles qui
l’avoient précédé, Rome avoit eu de grands architectes,
et que de son temps il s’eu trou voit encore
*un grand nombre.
Lors donc que la conquête de la G rè ce , et le
régné d'Auguste eurent conduit et attiré à Rome
des architectes grées; c6s artistes ne se trouvèrent
point en pays étranger. Ils y trouvèrent le même
art qu ils avoient exercé chez eux , les mêmes
pratiques, le même système d’ordbnnanbè et d ë ;
proportion. Mais déjà en Grèce même, le temps
ûvoit pu introduire quelques'changeméns dans
certains modes de colonnes. L ’ordre dorique ayoit
pu perdre quelque chose de son caractère primitif
et de l’austérité de ses principes. Les besoins va-
*iisoe beaucoup d’édifices moins simples dans leur
plan , le goût d’élégance et de richesse qui avoit
fait prévaloir l’emploi des deux autres ordres",
contribuèrent aussi à alongef l’ordre dorique,, à
diminuer la sévérité de ses formes et de ses profils’.
Ainsi voyons-nous le portique d’Aùgusle à Athènes,
déjà assez éloigné de la ■ proportion massive
et raccourcie de l ’ancien dorique. Cet ordre acquit’encore
à'Rome des proportions plus sveltes ,
un aspect moins sévère. '
Mais le lu xe, l’ostentation et la-magnificence ,
mobilës principaux des grandes, entreprises sous
lës empereurs ,• trouvèrent beaucoup mieux leur
compte-dàns les formes-, les'proportions et les
orneméns de l’ordre corinthien. On trouve peu
de Tfolioùs ‘de ^monumens ;c!orinthiëns- chez les
'écrivains grecs y ët fort peu de monumens de cet
“ordre dans lès ruinés de la Grèce: Lè dorique fut
d’ordre par excellence-de son architecture , é l eù
quelque sorte l’ordre privilégié pour les temples.
Ou peut dire le contraire 'à Rome ; c’est le corinthien
qtii domine partout : auisi est-ce encorè
parmi les édifices l'omains qu’il faut aller chercher
'les modèles de ce que l’art à créé dé plus parlait
dans la! disposition , le gôut ët le 'tra va il‘du chapiteau
de cet ordre.
Plus favorable au luxe de la Sculpture, il
fournit encore ■ à cçt art1 les -motif* dés modifications
les pins nombreuses , dans l’ajnstemeut
varié dë son chapiteau. On l ’orha de toutes sortes
d’emblêmes.et de syiçbole^, du mélange de toutes
sottes de types , et c?est dàns^ces modifications ,
que l’architecture moderne a diu trouver l’exem-
' pie de Son ordre composite, qüi n’es t qu’une méprise',
puisque, comme on Fâ dit et prouvé ailleurs
( voyez C o m p o s it e ) , le cliapiteau n’est pas
ce-q^ui- constitue l’ordre , etiCorë moins un ornement
où un‘autre , introduit dàûs le' çhapiteàù.
Il en est duigoût de la richës^e, dans l’at-ehi-
tecturé, ‘comme de la passion du luxe dans les
moeuts privées ou publiques; Lorsque lé principe
du goût d’une part, comme de l’autre><5élui dë'la
raison , ne peüveht plus mettre nii fréiù à l’ambition
des nouveautés, , où à l ’ôrgùëîl dés distinç-
lioas, il faut tomber dans cët excès qui amène là
ruiné. :;
Ainsi voit-on " Y'a rèhîteù tu ré romaine y ;; après
avoir épuisé toutes les ressourcés dëuâ;;ri chessë gÙt-
dée par le goût dans l’emploi dé.r ôTnëmerts, met trie
de doté toute môdératioù , saèrifiër 7e fond et le
principal'aux détails et» aux accessoires ^ couvrir
sans distinction aucune toutes les parties, ’Abus
les membres, d?ornemens ë t de sculptures , à peu,
près comme: feroit celai qitjr, poui* embellir une
étoile , ;la cacheroit sous lés Broderies. Ffous 'u'e
porterons pas’piüs. loin , sur lé goût de Ydrchiivc^
tùre romaine 3 dès notions qui ont déjà trouvé
leur place ailleurs; Voyez A r c h it e c t u r e .
Nouâ ferons remarquer toutefois, en terminant
cet article, que l ’art de l’architecture ayant été .
dès l ’origine de Roroé , l’art tle prédilêctiou de?
F p a