
teroit la lucidité ; ce qui conviendroit au caractère
du local.
Nous ne croirions pas non plus qu’il fût déplacé
d’admettre ce genre de luxe dans quelques
cabinets ou appartemens de palais-, et d’en décorer
les petits vitraux par quelques scènes agréables de
certains portraits historiques ou d’objets allégoriques,
partout enfin où les fenêtres ne seroient pas
exposées aux accidens que produisent un service
habituel et la fréquentation d'un public nombreux.
I l seroit vrai de dire q ue , restreinte à ce petit
nombre d’emplois , la peinture sur vitres deviendrait
un travail de luxe et de curiosité , qui ne
pourroit que gagner une valeur nouvelle des secours
et de l’influence de la véritable peinture ,
sans pouvoir lui porter préjudice , soit en usurpant
les sommes que lui doivent procurer les-
grandes entreprises , soit en prétendant se substituer
à elle , comme la chose arriva aux siècles
qui virent élever les églises- gothiques.
ViTRUVE (Pollion). Les auteurs qui ont écrit
la vie de cet architecte célèbre, n’ont pu le faire
qu’en rassemblant diverses notions qu’il nous a
fournies lui-même dans son Traité cfArchitecture.
On ne trouve en effet aucunes mentions de lui
chez les anciens écrivains, si ce n’est dans Pline
qui le cite parmi les auteurs, où i l a puisé, et
dans Fronton, qui le nomme, comme étant réputé
' Pin venteur du module quinaire pour les
aqueducs.
Ou ne sauroit rien affirmer sur le lieu de sa
naissance. Quoiqu’il art été employé dans les bali-
mens de l’empire,.et bien qu’il paroisse constant
qu’il a écrit son Traitéd*Architecture à Rome , on
ne trouve dans tout le contenu de l’ouvrage' rien
qui prouve que son auteur a i t été romain. Le
marquis Maffei, plein de zèle pour la ville de
Vérone sa"patrie , qu’i l a illustrée de plus d’une
manière, s’est efforcé de la- faire passer, pour
avoir été aussi celle de Vitruve. Mais l’arc antique -
de cette ville, sur lequel on voit écrit le nom de
Vitruvius Ceido'} prouve bien , si l’on-veut, qu’un
architecte de ce nom fut chargé à Vérone de construire
ce monumen t, mais ne prouve pas du tout que j
cet architecte y fût né. Quant à l’analogie forcée
qu’on a prétendu trouver entre le surnom de
Cerdo et celui de Pe lliox qu’on a substitué tout
exprès à celui de P o llio 3 le tout a été suffisamment
réfuté par Philander et Barbaro.
De c e que Vitruve } dans un endroit de son
ouvrage, a cité la ville de Plaisance, avec les
villes d’Athènes, d’Alexandrie et de Rome,
quelques critiques ont cru pouvoir inférer de là ,
que la première de ces villes lui avoit donné le
jour. Mais la supposition est tout-à-fait gratuite.
Ce qu’on pourroit admettre comme probable à
cet égard, c’est qu’il auroit pu y être employé à
construire des hovioges, à l’occasicn desquels, il
lait mention de Plaisance, ville de guerre alors,
où il auroit pu encore concourir au travail de ses
fortifications.
L’opinion la plus probable sur le lieu de la
| naissance de Vitruve, est en faveur de Formies,
ville de la Campanie (aujourd’hui Mo la diGaeta.)
C’est ce qu’a fait présumer, avec le plus de vraisemblance
, le marquis Poleni, et c ’est ce qui
semble le plus naturel à conjecturer, d’après les
nombreuses inscriptions antiques découvertes à
diverses époques dans les ruines de Formies, où
il est question de la famille Vitmvia. Or toutes
ces inscriptions sépulcrales, font mention de divers
personnages de cette famille, morts dans le
pays, et ne s’appliquent à aucun édifice construit
par quelqu’un de ce nom.
Quant à l’âge où* vécut l’architecte Vitruve, il
n’y a uucun doute, que ce fut sous le règne
d’Auguste, et même au commencement de ce
règne. On ne sauroit adopter l’opinion de ceux
qui ont prétendu fixer son époque, au règne de
Titus, fl- suffit de remarquer que dans sop ouvrage,
il n^a fait aucune mention des grands ^t magnifiques
monuoeen-s dont Rome ne fut embellie que
depuis Auguste. Ainsi il ne parle que d’un seul
théâtre en pierre, d’où l’on est en droit de conclure
, qu’il vécut précisément alors que Rome
n’en comptait qu’un seul de cet te sorte, savoir celui
de Pompée. Or il le désigne d’une manière très-
expresse, en parlant des portiques appelés Pom-
peiani x qui étoient vraisemblement placés derrière
ce théâtre. Ajoutons que dans la dédicace de
son ouvrage, il fait clairement entendre qu’A u -
gusle est l’empereur auquel- il- adresse ses dix
livres.
Il a encore été observé de quelle manière différente,
il cite soit Accius et Ennius, soit Lucrèce,
Gicéron et Varron-, c’est-à-dire les deux
premiers, comme déjà morts depuis quelque
temps, les trois autres comme- ayant été connus
de lui. Or nous savons qu’Ennius naquit 23^ ans
avant 1ère chrétienne, Accius irri ans, Varron
116' ans, Cicéron 107 ans, et Lucrèce 54 ans
avant cette ère. Aussi voyons-nous que les éditeurs
de Vitnwe-, à compter des premiers qui ont
mis au jour son Traité d3 Architecturex se sont
tous unanimement accordés à l ’intituler M. V i-
iruvii Pollionis de architectura lib. JT. ad Coesa-
rem Augustum.
Cela posé, Vitruve écrivit son ouvrage dans un
âge avancé, et il le présenta.à Pempereur, quelque
temps après que celui-ci eut pris le surnom
d’Auguste-, ce qui eut lieu l'an 27 avant notre
ère.- Nous voyons, en effet, dans la description
que fait Vitnwe de sa basilique de Fano, qu’il
est déjà question d’un temple élevé à Auguste.
Vitruve ne fut certainement p as ,. ce qu’on
appelle vulgairement, un homme dejortune. Il
dut être né de parens aisés 5 car il est évident,
qu’il reçut d’eux une excellente éducation, et qu’il
avoit fait de très-bonnes études. C’est ce quM
Bous apprend lui-même, dans- la preface.de son
.sixième' livré. Nous lisons dans celle du troisième
, d’autres renseignemens sur sa personne ,
d’où l’on est en droit de conclure, q u il étoit
d’une petite taille , et qu’il mourut dans un âge
.fort avancé. Mihi staturam non tribuit natura ,
,faciem defonnavit cetas, valetudo detraxit
■ vires*
Qu’il ait réuni, comme cela se praliquoit dans
l’ antiquité, comme'cela eut lieu aussi' dans l'es
temps modernes, les connoissances-appliquables
à tous les genres d’architecture, surtout aux
constructions militaires, comme aux édifices civils
, c’est ce qui ressort des documens mêmes de
son Traité, ctas-t ce que confirment tous les faits
qu’ il renferme.-Ainsi nous voyons par la description
qu’il en fa it, que le monument de la basilique
de Fano fut son ouvrage ; et dans la préface
de son livre premier, il nous apprend que, de
concert avec M. Aurelius, Publius Numidius,
et Gneius Cornélius , il fut employé à la construction
des machines- de guerre.
Vitruve s’èst plaint en plus d’un endroit de son
ouvrage, (fe Ce qu’on avoit peu rendu justice
à son mérite. Mais s’est-il trouvé beaucoup de
personnes , en quelque carrière que ce soit, qui
n’aient cm devoir s’élever contre les arrêts, soit
de la fortune, ip it de la justice des contemporains
?■ Si par les brigues de ses rivaux , il ne fut
donné à Vitruve d’élever aucun autre monument
que celui de la basilique de Fano , nous voyons
toutefois, qu’il étoit anivé à un degré d’estime
et de considération, qui lui valul de l’empereur
Auguste, une pension viagère , pour le récompenser
soit de .ses services-, soit de la dédicace
de son- ouvrage^
On doit reconnoitre qu’il fut un homme fort
instruit, et il faut encore lui faire un mérite de
la modestie avec laquelle il avoue (liv . L ch. 1)
qu’on ne doit le j,uger, ni comme philosophe ,
ni comme rhétoricien, ni comme grammairien ,
mais qu’on doit simplement se contenteF de voir
en lu i, un architecte versé, pour l’usage de son
a r t, dans ces diverses sciences. Sed ut aichitectus
his litieris imbutus.
Gomme écrivain, Vitnwe peut être soumis à
deux critiques différentes, celle des mots, et
celle de la manière de les employer, ce qu’on
peut appeler le style.
Quant au-premier article , il est juste de recon-
noiire qu’une multitude d’obscurités , qu’on lu i
reproche, a dû provenir du genre même de la
matière, qui comporte un gjand nombre de termes
techniques-, qu’on ne retrouve chez aucun
autre-auleur, et dont l’explication reste ainsi environnée
d-’obscurités. 11 faut ajouter que Vitruve se
trouva encore dans la nécessité d?emprunter au
grec beaucoup de termes-, q u i, vu le manque
d’écrivains lâtitis sur l’architecture , ne s’éloient
pas naturalisés à Rome , et très-probablement ne
parvinrent jamais à l’être.
Pour ce qui regarde la manière d’écrire ou le
style, bien- qu’on mette Vitruve dans le petit
nombre des écrivains latins de ce siècle, qu’on a
nommé le siècle d3or, il se peut qu’il doive faire
autorité sur tout ce qui tend à constater l’état de
la langue sous Auguste ; mais on y chercheroit
vainement ce qui constitue le génie d’une langue
élaborée par l ’art et par le goût. Si nous en jugeons
d’après- la comparaison des écrivains modernes
, qui nous ont laissé des traités d’architecture
, nous serons fondés à croire qu’il n’a été
surpassé par aucun , dans ce qui fait l’objet principal
de ces sortes d’ouvrages, c’est-à-dire l’ensemble
et les détails du plan, la justesse des
observations et des préceptes. Mais nous conviendrons
encore, qu’on ne sauroit exiger de l’archi1-
tecte antique , plus que des modernes, aucune de
ces qualités qui forment l’élégance de la diction ,
et mêlent au discours de ces ornemens que repousse
le genre didactique. C’est la clarté qui fait
le mérite de ce genre , et peut-être est-ce là celui
qu’on pourroit quelquefois contester à Vitruve
s i , après dix-buit siècles, il étoit permis de porter
des jugemens absolus sur les auteurs qui ont écrit
dans une langue aujourd’hui morte, et dont l’es4-
prit nous est devenu en grande partie étranger.
Comme c’est dans certaines particularités, et
• par quelques détails relatifs à la-personne , que
.Vitruve nous a fourni les seuls renseignemens
dont son histoire peut se composer, c’est aussi
de tout ce qu’il n’a pas dit,-et de son silence sur
plus d-’un point important, qu’on peut tirer quelques
conjectures propres à faire apprécier et mesurer
, soit la nature, soit l’étendue de ses- con*-
noissances historiques en architecture. Ainsi il
est bien prouvé par presque toutes les pages dë
son Traité , quil s’éloit procuré des notions sur
les grands monumens de l’architecture des Grecs,
Toutefois, ces notions, il lui fut facile de se les
approprier, par les dessins des ouvrages qui-
étoient répandus partout,- et au moyen des écrits
des grands architectes antérieurs*^ lui. Effectivement
, nous* tenons de lui-même la notice de tous
ceux , ou qui avoient publié des descriptions de
monumens, ou qui avoient composé des* traités
sur leur art. Mais il n’y a dans tous ses dix livres
aucun passage d’où l’on puisse inférer qu?il-ait vu
lui-même ces monumens-, ou qu’i l soit sorti'
de l’Italie , et peut-être de 1-Italie supérieure.
Ce qui confirmeroit cette présomption , c’est
qu’en aucun endroit de son ouvrage, ni même à
l ’article où il traite de l’ordre dorique , il ne'
donne à connoître qu’i l ait eu en vue le mode
dorique de tous les temples grecs-, mode essentiellement
différent de celui dont il- prescrit les
règles , soit pour la proportion soit pour les-
formes , soit pour les détails du chapiteau, de la
frise, etc. Or,.on sait aujourd’hui que si Vitruve'