T E C T E C
Taormine. La position du lieu où l’on suppose ,
qu’elle àuroit été, et l’escarpement de ce cô.lé
de la montagne, suffisent pour persuader le cor. - .
traire. On peut croire que ce mur antique, décoré >
d’arcades , faisoit plutôt partie d’une place publique,
ou de quelqu’autre monument dont on ignore
l ’usage.
Près de la porte qui conduit à Messine,„on
rencontre une fabrique antique qui sert de maison
à un particulier et n’a rien de curieux ; mais en
dehors de la porte on remarque un grand nombre
de tombeaux et diverses constructions du même
genre,.ce qui fait croire que ce local étoit consacré
aux sépultures. Le premier de ces tombeaux est
ôpus. Le premier de ces mots embrasse l’idée d’un
procédé moins important et plus restreint. ]] ne
faut pas toutefois le borner à n’être que ce que nous I
appellerions un simple blanchiment à la chaux et I
au moyen du pinceau. L'albarium pouvoit être un
enduit léger dans lequel, selon le poli qu’on lui !
pouvoit donner, il étoil possible d’employer avec I
la chaux soit la poussière de marbre, soit simple,
ment du plâtre. Ainsi le pense Galiani, et il est
d’avis que le tectorium opus embrasse l’idée cVuue
opération beaucoup plus étendue..
Le tectorium opus3 dans.les constructions antiques,
tellement ruiné, qu’il seroit difficile d’en deviner
la forme. On y voit encore cependant, deux
parties circulaires avec incrustations en marbre '
blanc, de même qu’à une- autre partie de construction
en ligne droite, avec des panneaux d’une
saillie peu sensible. On y distingue aussi deux
tronçons, de.colonnes en briques : mais tout cela
est si enterré et si dégradé, que difficilement distingue
t-on les constructions antiques, d’avec les
bâtisses modernes élevées sur le même sol.
Il y avoil près de là un autre grand tombeau |
ou peut-être une espèce de temple, construit en
grosses pierres de taille, posées à sec et élevées sur
trois gradins qui régnoient au pourtour. On en a
fait une petite église, ce qui l’a fort dénaturé.
L’édifice avoit sept toises de long, sur quatre
toises deux pieds de large. Mais il est impossible
aujourd’hui de dire ce qiFilrpouvoit y avoir d’intéressant
pour l’art.
Les environs de Taormine présentent encore
d’autres roonumens sépulcraux d’une moindre dimension.
Ils sont tous d’une-forme carrée, avec
des pilastres aux angles et un revêtement en stuc.
Ils s’élèvent sur trois gradins. Leur intérieur a environ
douze pieds en carré, et offre les mêmes
détails que les.sépulcres romains. IL y a plusieurs
petites niches pour recevoir les urnes cinéraires,
et une principale pour le chef de la famille. Tout
cela semble annoncer des ouvrages faits sous la domination
des Romains , et postérieurs'à Jules- j
César, qui, après avoir chassé de Taonnine les :
habitans naturels du pays, y plaça une colonie
romaine.
Aujourd’hui tous ces monumens servent d’habitations
aux paysans , qui s’y logent et en font des,
écuries.
TAUDIS, s. m. Petit grenier pratiqué dans le
fond d’un comble de mansarde. C’est aussi un
petit lieu pratiqué sous la rampe d’un escalier,
pour servir de bûcher, ou pour tout autre usage
domestique.
TECTOR1UM OPUS. Au mot Albarium opus ,
on a indiqué déjà la différence de signification
qa’il faut mettre entre Valbarium et le tectorium
est un enduit plus ou moins épais, et qui
faisoit le même effet, et remplissoit le même objet
que l’euduit de plaire , dans la bâtisse de Paris,
Comme on établit ici sur les murs, et'sur les cloi-1
sons, des enduits de plâtre de, tout degré d’épais-1
seur , de qualité plus grossière ou plus line, de J
plâtre gâché plus serré et plus clair, ai nsi le pra-1
tiquoit-on dans le tectorium opus, mot général, I
comme sa composition le montre, et qui signifie I
qu’il recouvroit la construction en briques, enI
moellons, ou de toute autre- matière.
On mettoit beaucoup de soin à la préparation
du tectorium y et Vitruve nous a donné sur ce
peint beaucoup de détails. Nous en avons rapporté I
déjà plusieurs au mot E nduit. {Voyez ce mol,)
Nous compléterons ici ce qui regarde la notion
précise de ce qui fait l’objet de cet article.
Non-seulement on choissisoit, pour faire l’enduit
appelé tectorium, la meilleure chaux , mais on I
l’éteignoii bien long-temps avant qu’on s’en ser-J
vît, et on ne la croyoft propre à être employée, quel
lorsqu’elle avoit acquis assez de ténacité, pour|
s’attacher a la truelle * comme le fait la terre grasse. I
Pour mieux élaborer le mortier, on le faisoit pé-l
trir par les .ouvriers dans un bassin particulier. Le
tectorium devoit être composé de trois coudes
de mortier avec chaux vive, et de trois autres
couches drm mortier mêlé de poudre de marbre,
ce qui lui laisoit prendre le-nom de marmorcitunil
Les euduils encore existans en très-grand nombre,
clans les. restes dés édifices antiques, nous'
prouvent cependant, que l’épaisseur de ces six
couches n’étoit pas de plus d’un pouce.
On commençait par crépir les superficies des
murs ou des voûtes avec de la chaux commune.
Lorsque cet enduit corumencoit à sécher, on le
..-couvrait d’une première couche de mortier de
chaux fine , qu’on aplanissoit avec le plus grand
soin, afin d’égaliser toute la. surface, et pour!
donner plus de finesse aux parties saillantes des
angles.. Cette couche étant séchée , on y appM
quoit une seconde et ensuite une troisièmecouclie.
Le mur ainsi recouvert, recevoit un mortier composé
de marbre grossièrement pilé, et ensuite d’un
marbre beaucoup plus pulvérisé. Ce dernier enduitl
étoit battu , et complètement égalisé avec uninH
trument dë bois, et enfin poli avec du marbtfij
pour lui donner un lustre mat.
T E L
Au moyen de ces procédés , les murs et les vou-
I tes se trôuvoient couverts d’un enduit très-uni ,
I nès-lio j parfaitement propre à servir de fond aux
| peintures, dont on décoroit l’iniéiiieur des bâti-
Ineus j et il arqué roi t avec le temps une solidité à
1 ,ouie,épreuve. C’est ce que nous prouvent ]es murs
aujourd’hui intacts de beaucoup de maisons, dont
on pouvoit jadis, .comme ou le fait encore à présent,
détacher L’enduit orné de peintures , sans
crainte de les endommager. De semblables peintures
enlevées aux murs en Grèce,, éloient transportées
eu Italie par de riches romains , qui les incrus- l
toiènt dans les murs de leurs maisons de ville ou j
de campagne. Ainsi, dans une maison de Pompeia,
a-l-ou trouvé de ces sortes d’enduits peints , qu on
aVoii détachés d’un autre local, et qu’on n’a voit
pas encore eu le temps de replacer au nouveau
lieu qu’on leur deslinoit.
Lorsqu’on vouloit couvrir du tectorium opus
des murs qui, au lieu d’être en maçonnerie, éloient
de simple •charpenté,, dans la crainte'qu’au bout
d’un certain temps l’enduil. appliqué sur le bois ne
vînt à se fendre , voici.comme on paroit à cet inconvénient.
On couvrait d’abord le mur ou la
cloison de terre grasse-,On y clouoit ensuite des.
roseaux sur lesquels on appliquoit une seconde couche
de terre argileuse, où l’on clouoit encore d’autres
roseaux , mais dans une direction telle , qu’ils,
se croisoient avec ceux de la première rangéeV et
c’esl.sur ces roseaux qu’on appliquoit les couches
de mortier avec chaux et poussière de marbre
dont on a parlé.
On recouvroit le tectorium opus des couleurs
les plus, brillantes , telles que le minium ou le
rouge, Vàr/nenium ou le bleu, le purpurissum ou
pourpre-foncé, ainsi que de beaucoup d’autres,,
dont on. formoit des fonds colorés., tantôt unis,
tantôt ornés de figures et de comparé, mens. La
couleur étoit appliquée sur la dernière couche de
stuc encore fraîche. Pour conserver l’éclat des
peintures, ou les frotlpil avec de la cire punique
mêlée d’un peu d’huile très-pure. Ce mélange
avoit été fondu, et appliqué très-chaud. On le
laissait refroidir sur le mur, et ensuite, avec un
réchaud rempli de charbons ardens, on le ré-
cbauffoit et l’on faisoit pénétrer dans l’enduit
tout ce qu’il pouvoit recevoir. Le tout étant séché,
on lui faisoit subir, avec des linges secs, un
frottement qui produisoit sur la peinture i’effet
d’un vernis.
TÉLAMONS, s. m. pl. Les Grecs désignèrent
par plus d’un nom, certaines figures sculptées,
I qu’ils employèrent dans leur architecture, à être
des supports réels ou fictifs, tenant lieu de colonnes.;
Au mot Ca r y a t id e ( voyez ce mot), nous avons
j parcouru avec beaucoup de détails, toutes les
potions historiques et théoriques, que comporta
jadis l’emploi des figures sculptées, appliquées à
T É L W
servir do - supports dans l’architecture- S i, à cet
article., nous avons rassemblé le pins grand nombre
de faits, d’à u lo ri tés , d’exemples et de préceptes
de, goût , que cet objet de décoration
peut comporter , c’est que le nom de caryatide
est jusqu’à présent le seul, que l’on ait donné
en français , aux statues-colonnes. Mais dans
l’a,#liqnilé-, . deux autres mots grecs d’origine,
et naturalisés en lutin, pou voient, exprimer le
même genre d’ouvrage. Ces deux mots, que la langue
des arts admet aussi , sont allantes et téla-
mons. Tous les deux ont pour racine, en grec, le
verbe r «*«<», souffrir} supporter. Vitruve nous
dit, 7 , 6, ch. io , que les figures viriles qui supportent
les enlablemens i sont appelées télamons à
Rome , atlantes en Grèce. Çuoe virdifigura signa
mutulos aut coronds sustment} nostri telamones
appellant} Grceci verà eos allantes vocitant. il
est; donc bien permis de regarder ces deux mots,
comme parfaitement synonymes.
Au mot A tlantes., nous nous 'sommes contentés
de donner sa signification et son étymologie, en
renvoyant au mol T élamons , et plus particulièrement
aux mots Persique et Caryatide. Depuis
l’époque ou ces articles furent publiés, de nouvelles
découvertes sont survenues, qui nous mettent
à portée de produire d’autres autorités fort curieuses,
sur l’emploi très-remarquable que l’on fit
des atlantes on télamons dans l’architecture.
\ Très - probablement, le plus grand exemple
qu’il y eut de cet emploi, dans tous les monumens
de l’antiquité, fut celui que viennent de nous
fournir les découvertes Faites parmi les ruines du •
temple de Jupiter Olympien, à Agrigenle, temple
d’une dimension prodigieuse, qui lut une des colossales
entreprises de l’architecture grecque (yoy.
A guigente), et dont les restes ont porté jusqu à
présent le nom de temple des Géans. Nous eûmes
le tort, à l’article cité , d’ayancer que celte dénomination
moderne étoit due, soit à 1 énormité de
quelques-uns de ses débris, soit au sujet jadis
sculpté dans un de ses frontons, et qui représec-
loit la gigantomachie.
Fazello {de Rebus Siculis)3 écrivant au commencement
du seizième siècle, fit remonter les
renseigneméns sur celte ruine, jusqu’à l’an 1401-,
en rapportant des vers rimés en latin, d’un poëte
de ce temps, qu’il retrouva dans les archives de
Girgenli. Deux circonstances importantes se trouvent
énoncées dans ces vers- Il y est d’abord
parlé de trois figures gigantesques, dont le col et
lès épaules servoientde support, et il y est dit ensuite
que la chute de ces trois colosses eut lieu le
5 de décembre 1401. Le même Fazello rapporte
que ces trois colosses ou géans, comme il Les ap.-
pelle, restés long-temps debout, sur trois colonnes
ou piliers , au milieu des ruines de ce
temple , devinrent le sujet de la composition des
armoiries de la moderne Agvigente, et de l’épigraphe
qui les accompagne , signât Agrigentum mi