tout en Flandre , où toutes les maisons ont de^ces
portes d’étages souterrains , qui n’ont pas d’autres
vues que des vues de terre.
V üe d r o it e . Vue qui est dirèctement opposée
a l ’héritage, maison ou place d’un voisin , et qui
ne peut être à hauteur d’appui, s’il n’y a six pieds
de distance depuis le milieu du mur mitoyen,
jusqu’à la même vue y mais si elle est sur une
ruelle qui n’ait que trois ou quatre pieds de large,
il n’y a aucune sujétion, parce que c’est un passage
public.
V ue e n f i l é e . On donne ce nom à une fenêtre
directement opposée à celle d’un voisin , qui es,tr
à même hauteur d’appui.
V ue f a î t i è r e . Nom général qu’on donne à un
très-petit jour, comme une lucarne, un oeil de
boeuf, pris vers le faîte d’un comble, ou la pointe
d’un pignon.
V u e d e s e r v it u d e . Vue qu’on est obligé de
soufîrir, en vertu d un titre de sujétion qui en
donne la jouissance au voisin.
V u e d e s o u f f r a n c e . Vue d o n t o n a l a jo u is s
a n c e p a r to lé ra n c e o u c o n s e n te m e n t d ’u n v o is in ,
s a n s litr e .
V u e . Ce m o t s’e m p lo ie d iff é r e m m e n t e t s’a p p
liq u e à p lu s d ’u n o b je t d a n s le la n g a g e d e s a r ts
d u d e s s in .
Comme dans le bâtiment on a'donné [voyez
l ’article précédent) à l’ouverture des maisons appelée
fenêtre, par laquelle on reçôit le jour, et
l’on voit les objets du dehors , le nom de vue, on
le donne réciproquement aux objets que l’oeil embrassera
par cette ouverturë. Ainsi l ’on dira que
de telle fenêtre d’un bâtiment ou a une beile
ou une vue désagréable.
Le mot vue devient, en ce sens , synonyme
d aspeçt. La peinture de paysage est particulièrement
celle qui s’est emparée de cetté dénomination.
Ou appelle donc vue le portrait d’un site
qu’on a fait d’après nature , et on distingue par cë
root limage fidèle d’an site exactement copié,
d’avec celle dans laquelle l’artiste n’ayant en vue
aucun lieu particulier , est lui-même l’auteur des
combinaisons de'lignes, de lointains, d’objets
empruntés saus doute à la nature, mais qui , rassemblés
par sou imagination et modifiés par son
g oû t, n’existent ainsi réellement nulle part.
Vue signifie donc souvent , en terme d’a r t, la
représentation, par le dessin ou la çouleur, non-
seulement des scènes de la nature, mais d’une
multitude d’ouvrages qui sont du domaine de l’architecture.
L ’architecte emploie ce terme , soit
qu’il représente en dessin l’ensemble ou les parties
de monumens qui existent, soit qu’il veuille
donner nne idée claire et précise de son invention,
et soumettre à l’esprit, par l ’organe des y eu x ,
ses projets ou ses compositions.
Trois sortes de vues sont nécessaires pour en
compléter l’image.
Il y a la vue de l’édifice en plan. On suppose que
toute l’élévation des masses est supprimée, et
qu’il ne reste sur le terrain que la trace de ces
’masses, c’est-à-dire des murs, des piliers, des
colonnes.
Il y a la vue qu’on appelle géométrale, dans
laquelle on figure toutes les proportions des masses
et des parties, sans avoir aucun égard aux diminutions
que les objets représentés devroient subir,
pour se conformer à la manière dont l’oeil les voit
d’un point donné*
Il y a la vue qu’on appelle perspective. C’est
celle dans laquelle le dessin , accompagné si l’on
veut d’ombres et de clairs, dégradés on renforcés
selon la proximité ou l’éloignement des objets
entr’ëux, fait voiries masses d’un bâtiment , de
manière que les parties paroissent fuyantes par
proportion, depuis la ligne de terre jusqu’à la
ligne horizontale.
Vue est le nom qu’on donne à un dessin , à une
estampe , à un tableau qui représente un bâtiment,
un lieu , un site , une yiile-, e t c ., tous
objets qu’il faut, dans la nature, considérer de loin
pour en embrasser l'ensemble. Ainsi dit-on les vues
de Rome, pour signifier les divers aspects ou
points de vue que la peinture ou le dessin en ont
représentés.
On appelle point de vue l’étendue d’un lieu qui
borne la vue et où la vue peut se porter. On dit
d’une maison qu’elle a de beaux points de vue.
f On donne le même nom à l ’endroit précis r u
l’on doit se placer ', non-seulement pour voir les
objets , mais pour les bien voir , c’est-à-dire sous
leur aspect-le plus complet, le plus . intéressant
et le plus favorable à leur effet. Tout objet, tout
ouvrage est particulièrement destiné à produire
un effet principal, d’un certain endroit, d’une certaine
distance en rapport avec ses dimensions. Ce
qui est vrai de tons les ouvrages, l’est encore plus
des oeuvres de Farchilecture, qui ont d’innombrables
points de vue. Mais il en est un qu’indique
sa proportion et auquel le spectateur doit se
placer pour en bien ^ugei'.^Voyez Point de v u e .
Vue s’entend aussi de la manière dont chaque
spectateur peut considérer un objet. Dans ce sens
on dit une vue de côté 3 une vue de haut en bas ,
une vue de bas en haut 3 nne vue d’angle. Ou dit
d’un objet, d’un bâtiment, qu’il est représenté à
vue d’ oiseau. Toutes .ces locutions expriment les
différences de position du spectateur , par rapport
à l’objet que son oeil embrasse.
VUIDANGE, s. f. On exprime par ce mot le
transport des décombres et des ordures qu’on
enlève d’un lieu, d’un récipient quelconque que
l’on
H ü S m m m .
l’on vuide des objets qui le remplissoient ou l’en«
combroient. On applique ainsi le mot qui exprime
cette action au transport de plusieurs sortes de
matières, et Pon dit :
V u id a n g e d ’e a u . C*est l’étanche que l’on fait
des eaux d’un batardeau, par le moyen de moulins,
de chapelets, de vis d’Archimède et autres
machines dont on use pour le mettre à sec afin de
pouvoir y établir les fondations.
Vui d a n g e d e f o r ê t . C’est l’enlèvement des
bois, abattus dans une forêt y enlèvement qui doit
être incessamment fait par les marchands à qui la
coupe, a été adjugée.
V u id a n g e d e t e r r e . C’est le transport des
terres fouillées, qui se marchande par toises,
cubes, et dont le prix se règle selon lia qualité
des terres et la distance qu’il y a de la fouille au
lieu où elles doivent être' portées.
V u id a n g e d e f o s s e d ’a is a n c e . C’es-t l’enlèvement
des matières fécales d’une fosse d’aisance.
VUIDE, s; m. Ce mot s’emploie substantive--
ment pour désigner une ouverture ou une baie,
dans un mur.
Ainsi on dit les guides d’an mur de face ne
sont pas égaux aux pleins, pour dire que les
baies sont ou moindres en nombre, ou plus larges
que ne le sont les trumeaux ou les massifs.
Gn dit espacer tant plein que vuide, ce qui
signifie, par exemple,, peupler un plancher de
solives, en sorte que les entrevous soient de
même largeur que les solives.
On dit aussi que les trumeaux sont espacés tant
plein que vuide3 lorsque dans une façade de bâtiment,
ils ont la même largeur que les fenêtres.
On dit pousser ou tirer au vuide. Cette locution
signifie qu’ un parement de mur, une façade
de maison déversent et sortent de la ligne d’aplomb.
VU IDES, s. m. pi. C’est l’expression la plus
simple èt la plus littérale , pour exprimer certaines
cavités que l’architecte laisse à dessein dans
des'massifs dé construction et de maçonnerie.
Ces vuides on,les pratique pour deux raisons,
l’une de légèreté, l’autre d’économie.
Par exemple, il y a telle masse de bâtisse,
comme seroit l’attique d’un grand arc de triomphe
, ou d’une porte colossale , qui doit présenter
une grande superficie de construction à l’extérieur.
Mais non-seulement il n’importe pas à la
solidité de l ’édifice que tout cet espace soit plein,
il lui importe au contraire qu’on allégisse la
charge de la voûte et des piédroits. On pratique
alors une ou plusieurs chambres ou cavités, dans
Diction, d’Archit. Tome I I I ,
cet attique, et c’est là une économie tout à la fois
de surcharge de matière et de travail.
Les Anciens dans leurs grandes constructions
de maçonnerie ont ordinairement mis eu oeuvre
ces pratiques d économie de plus d’une manière.
C’est ainsi que le mur circulaire du Panthéon
s’est trouvé allégé dans sa circonférence par plusieurs
vuidesf qui n’ont en rien diminué la force
des points d’appui de la voûte.
On sait qu’ils employèrent avec plus de délaiL
dans la maçonnerie de leurs grandes constructions
un autre moyen d’y ménager des vuides. Je veux
parler de ces grands pots de terre vuides qn’ils
mêlpient et lioient par le mortier avec les moellons
et les pierrailles ^ ainsi qu’on le voit au cirque
de Caracala. Par cet expédient iis aliégissoient
singulièrement les massifs, sans rien ôter à leur
superficie. Chacun de ces, pots avoit la propriété
de produire une espèce de. petite voûte dans le
noyau même de la construction.
Dans les constructions en pierre de taille, les
Modernes pratiquent aussi des vuides pour l ’allégement
des massesj mais ils ont ordinairement
recours à l’art des voûtes selon toutes lés sortes
de courbes par raison de. solidité.
V u id e s e t p l e in s . A l’article P l e in [voyez ce
mot), on a déjà fait connoître sous quelques points
de vue de la critique dn goût en architecture, ce
qu’on appelle accord entre les vuides et les pleins.
Ces deux mots expriment effectivement ce qui, par
le fait, constitue, dans un sens à la vérité matériel,
tous les édifices. Excepté les constructions des murailles
, des clôtures, des fortifications, qui n’admettent
points de vuides 3 tous les autres travaux
de l’art de bâtir, sont des assemblages de parties
pleines et de parties vuides.
Or il est certain , et les sens.tout seuls nous Je
démontrent, que plus il y aura de parties de constructions
massives , c ’est-à-dire de pleins , dans
un édifice, plus il y aura de moyens de solidité,
et le contraire sera dès-lors réciproquement vrai.
Il faut cependant entendre cette assertion1, et
le fait qu’on vient de poser, avec les conditions
et les restrictions que ce fait comporte.
Il doit d’abord être bien entendu, que la chose
n’est vraie, que sons la condition, que les règles
ordinaires de la solidité seront observées dans la
bâtisse de l’édifice. Sinon des parties de construction
massives, ou de grands pleins 3 sans
fondation, ou qui pecheroient par des matériaux
ou des fondemens vicieux, auroient certainement
moins de durée, que des pleins trop légers, et
disproportionnés à leurs vuides 3 mais qui repose-
roient sur d’inébranlables substrnetions.
On doit ensuite restreindre les applications du
principe de solidité dont on a parlé, aux constructions
continues, aux devantures de maisons
de palais, aux murs des monumens qui ont à
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