
plafond d’une dimension tant soit peu remarquable.
Le plafond, en Egypte, ne fut donc que la
surface de dessous des grandes pierres, qui formèrent
les couvmtures des péristyles, des pronaos
, des vestibules, et qui setendoient, dans
une mesure constamment la même , ou du mur à
la colonne , ou d’une colonne a une colonne.
On peut se former une juste idée des plafonds
égyptiens, par l ’ouvrage qu’on voit aujourd hui
au Cabinet des antiques de la bibliothèque duRoi,
de ce célèbre zodiaque de Denderah, sur 1 antiquité
duquel on avoit hasardé tant de fausses
conjectures. Il formoit le plqfond d’une tresr-pe-
iite pièce carrée du temple, laquelle pouvoit
avoir au plus vingt pieds. Deux pierres , 1 une
plus grande, l’autre plus petite, firent son plafon
d , sur lequel on sculpta une image quelconque
du c ie l, avec les signes du zodiaque, et les
constellations ; le tout sculpté de bas-relief.
Le dessin général de ce plqfond, formant un
cercle, supporté par de grandes figures debout, et
d’autres agenouillés , offre une composition décorative,
qui seule auroit suffi, pour faire penser
que l’ouvrage apparlenoità un autre génie que celui
des Egyptiens , lesquels n’employèrent jamais
leurs signes hiéroglyphiques, que sous le rapport
et dans l’esprit de l ’écriture.
C’étoit, en effet, avec ces sortes de caractères
, que l’Egypte décoroit ses plqfonds , y employant
aussiles couleurs. On_y en voit encore
qui.sont enduits de teintes diverses, et Diodore
de Sicile nous parle d’un de ces plqfonds qui étoit
peint en bleu, et parsemé d’étoiles d’or. Voyez
E g y p t ie n n e (Architecture).
L e plafond, partie si brillante de l’architecture
, dut véritablement son origine à cet autre
principe de l’art de b âtir, qui fut celui de l ’art
des Grecs , et ce principe fut la construction en
bois. Comme on le trouve écrit en dehors des édifices
(ainsi qu’on l’a développé tant de fois), sur-
toutes les parties constitutives des ordres, il n’est
pas moins visible dans l’ensemble et les détails
des plafonds. Ce fut des solives dont se composent
les planchers, et du croisement de ces solives ,
que naquit cette heureuse décoration des plafonds
, que l’on nommoit lacunar ou laquear
{voyez ces deux mots). Ainsi, ce qui n’étoit
qu’un effet nécessaire du besoin, devint, par les
additions de l’ornement, une des plus riches parties
de l’architecture.
Comme, en Egypte, la pierre qui forme les plafonds
des galeries ou autres intérieurs', n’avoit
subi, dans aucune sorte de système imitatif, la
moindre transformation d’idée ou de fa it, on la
voit rester ce qu’elle e s t , simple surface lisse,
simplé dalle jointe étroitement à la dalle qui l’avoisine
, et ne produisant ainsi ni élévation, ni
renfoncement, ni aucune espèce de variété. 11
n’en fut pas de même dans l’architecture grecque.
On peut se convaincre déjà de celte différenffe,
sous le seul rapport du procédé de construction ,
dans le plqfond de la galerie pénptère du temple
de Thésée à Athènes.
M. Leroi, dans ses Ruines des monuinens de la
Grèce , est celui qui a le mieux fixé sur ce genre
de construction, l'attention de ceux qui étudient,
dans les oeuvres del’architèclure , le principe originaire
de cet art en Grèce.
« Le plafond du temple de Thésée (dit-il)
» est bien simple et bien conservé j les solives
» de marbre que l’on y v o it, répondent par leur
» direction horizontale , à chaque triglyphe, à
» quelques différences près, qui ne résultent vrai-
» semblablement que de petites erreurs dans
» l'exécution. Ce rapporttrès-reroarquable qu’el-
» les ont avec les triglyphes , prouve qu’elles
» tirent leur origine des pièces de bois , qui les
» formoient par leurs extrémités....... Les solives
» de marbre du plqfond du temple de Thésée
» portent des tables, percées chacune dé quatre
» trous......Chacun de ces trous étoit bouché pâr-
» dessus le temple , au moyen d’une petite pièce
» de marbre carrée, qui pouvoit se lever et se
» remettre. »
llien ne montre mieux , comment l’art de bâtir
en pierre, s’appropria les combinaisons et les procédés
de l’art de bâtir;. en bois , qui régna longtemps
en Grèce, et dont les ouvrages devinrent,
plus positivement qmon ne pense, les modèles des
édifices plus solides qui les remplacèrent. .
Oui est-ce, en effet, qui ne voit pas que les
plqfonds qui continuèrent d’êtré faits- en bois,
même dans les édifices en pierre , donnèrent lieu
à des compartimens, que l’usage des dalles de
pierres égyptiennes ne put jamais suggérer ?
Lorsque les solives , en sé croisant, eurent formé
des vides quadrangulaires , il fallut, comme dans
les petites tables.des plqfonds du temple de Thésée
, fermer par-dessus ces sortes de trous, et voilà
l’ornement des rosaces qui se présenta pour les
remplir.
Le mot plqfond, comme beaucoup d’autres,
n’exprime qu’imparfaitement ce que l’usage.lui a
fait signifier. D’après sa composition, le mot
sembleroit ne devoir s’appliquer qu’à des couvertures
plates, et d’une surface plane. Cependant
on en use également pour les couvertures cintrées,
qu’on appelle voûtes. Par une conséquence
fert naturelle , ces couvertures concaves empruntèrent
aux couvertures plates , et leurs compartimens
& leurs détails décoratifs, et l’on dit un plafond
cintré.
Dès que L’on eut employé le bois et les solives,
dans une direction horizontale , l’art de la charpente
ne dut pas tarder à faire des voûtes en bois,
et l’on ne séroit pas embarrassé d’en citer des
exemples dans l’antiquité. Ainsi 7 le même procédé
des caissons, lacunarui , fut appliqué à l ’ornement
des plqfonds cintrés, et il suffit à cette
simple excursion de notions historiques sur les
plafonds, de rappeler au lecteur, ce grand nombre
de ■ voûtes antiques , décorées de caissons, '
qui, bien que différens de forme , n’en sont pas
uioins l’intervalle quaclrangulaire , supposé formé
par le croisement des solives, et rempli par la
nécessité d’établir le plancher, qui n’est autre
chose que la surface supérieure, opposée à là sur-
face intérieure du plafond. .
En architecture, tout procéda par analogie du
simple au composé , du nécessaire a l ’agréable.
Ce fut ainsi que le caisson, forme simple et nécessaire
des plqfonds horizontaux , ayant été
transporté , par la force de l’usage, dans les voûtes,
et les coupoles sphériques , comme ornement
et décoration , le même esprit décoratif en
varia les configurations , et de-là ces riches plafonds
à compartimens de caissons octogones, ét
ornés de toutes sortes d’objets et de couleurs,
dans leurs bandes , comme dans les renfoucemens
à retraites ou à degrés.
Mais il dut arriver aussi que plusieurs convenances
ayant porté à cacher les solives des plafonds
,■ soit par des revêlemens en bois, soit par
des enduits en superficie, offrirent à la peinture
dés champs favorables à l’ornement. J1 en fut de
même dès voûtes construites en maçonnerie, c’est-
à-dire, de matériaux propres à recevoir des couches
plus ou moins épaisses de stuc, de plâtre,
etc! Les plqfonds, quelque forme qu’ils
eussent, composés comme les murs de surface
lisse, invitèrent le peintre à en faire les fonds habituels
de ses dessins et des jeux de son pinceau.
Les plafonds furent donc décorés de peintures.
Il n’entre point dans le sujet de cet article, de
faire connoître en détail les diversités de compositions,
que-les restes de l’antiquité nous ont
conservées. On trouve ces détails aux mots D é c o r
a t io n , A r a b e s q u e , etc. Ce qu’il importe seulement
ici de faire observer, c’est le genre de décoration
auquel la peinture des Anciens paroît
s’être bornée clans les plqfonds. On ne voit pas
qu’elle soit sortie, à cet égard, des termes du.
genre que nous appelons arabesque. Une multitude
de chambres sépulcrales , les grandes salles
qu’on appelle des thermes de Titus, et beaucoup
d’autres, ont conservé des plafonds élégamment
compartis en stucs , ou petits ornemens
de bas-rélief, en teintes plates, rehaussées de détails
et de rinceaux d’autres couleurs , en figures
légères, se détachant sur des fonds lisses. L’art
de la peinture en grand, si nous en croyons les
espèces de tableaux sur mur, retrouvés sous les
cendres du Vésuve , ne pavoît pas s’être occupé
des embeliissemens des plqfonds. Cet art, d’après
le dire de Pline , et nous entendons l’art qu’exer-
çoient et professoient les grands peintres , dédai-
guoit, en Grèce, l’emploi de décorateur en bâti-
mens. Le peintre habile ne faisoit que des tableaux
portatifs. Rien ne fait soupçonner que cela eût
changé à Rome. On peut donc croire , sans
crainte de se tromper, que l’antiquité ne connut
point l’emploi de la peinture appliquée en grand ,
comme l’ont pratiquée les Modernes , à la décoration
des voûtes et des plqfonds.
La peinture de plqfond, comme ornemeut ^de
l’architecture , n’importe par quelle raison , s a-
grandit dans les temps modernes. L’usage de la
fresque, genre de peinture extrêmement approprié
à la construction en briques, ou à la ma-
. çonuerie recouverte d’enduits composés de sable
et de chaux , se prêta merveilleusement au nouveau
genre de décoration.
Pour réduire ces notions, qui seroient le sujet
! d’un long ouvrage, mais plus particulier à la peiu-
ture qu’à l’architecture, nous ne remonterons pas
ici au-delà du seizième siècle. Avant cette^épo-
que, au reste, on ne pourvoit citer d’autres décorations
de plqfond, que celles qui se combi-
noient avec les données de l’architecture.
Telle fut celle qu’adopta Michel Ange, dans la
répartition des peintures dont il orna les voûtes et
le plqfond de la chapelle Sixtine. Adaptant ses
; compositions aux lunettes déjà pratiquées dans la
voûte, il divisa toute sa superficie en grands espaces
, qui chacun ne donne d’autre id é e , que
celle de tableaux qui y seroient attachés.
Les plqfonds des salies de Raphaël, au Vatican,
n’ont pas d’autre système de décoration. Ge
sont toujours des compartimens dont les espaces
sont supposés renfermer des tableaux.
Nous voyons de même la vaste coupole de
Saint-Pierre se diviser en un nombre quelconque
de compartimens , dont les montans rappellent à
l’oeil et à l’esprit l’idée de l’architecture, et dont
les vides reçoivent par étage des figures peintes
en mosaïque, et 'qui semblent être une image
de la hiérarchie céleste.
Les plafonds, dans les palais, furent alors
exécutés selon le même esprit. Lorsque Raphaël,
dans la loggia de la Favnesine, voulut orner de
grandes compositions en figures le plqfond de
ce lo c a l, il le divisa en deux compartimens , où
se trouvent représentés, comme on sait, d un
côté j l ’assemblée ; de l’autre, le banquet des
dieux pour les noces de l’Amour et Psyché. Le
peintre , pour indiquer, de manière à ce que
l’on ne pût pas s’y tromper, que c’étoit des peintures
faites pour être vues verticalement, simula
autour d’elles, en guise de cadres, des bordures
de tapisserie , qui semblent fixées au plqfond
par des clous.
Jules Romain fit de même dans les décorations
de ses plqfonds du palais du TE à Mantoue , qu’il
orna de peintures figurant des tableaux dans des
compartimens, à l ’exception de la salle des géans
foudroyés, qui fut, de sa part, une sorte de caprice
et un jeu hardi de son pinceau.
Annibal Carrache ne s’ëst point encore écarté
1 de ce système, dans lea décorations de la galerie
S z