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P a v é d e t e r r a s s e .P a v é qui sert de couverture
én plaie-forme, soit sur une voûte, soit sur un
plancher en bois.
P a v é p o l i . Nom général qu’on donne à tout
pavé bien assis , bien dressé de niveau, cimenté,
mastiqué et poli avec le grès.
PAVEMENT. On së Serf de ce terme pour exprimer
l’action de paver, et aussi l’espace p'avé
en compartiment de carreaux, de quelque genre
qu’ils soient.
Le mot pavement répondant au mol pavimen-
tum du latin , si généralement employé à désigner
des ouvrages de luxe , d’art et*de goû t, de-
vroit être d’autant plus convenablement affecté
aussi en français à cet emploi, qu’on a quelque
peine à nommer du même nom pavé , et les ouvrages
les plus grossiers du besoin , et les travaux
les plus élégans,: les plus variés du luxe et
de la magnificence des intérieurs.
PA V ER , v. a&. Ce verbe appliqué à l’opération
toute ordinaire du pavé des rues et des chemins,
signifie asseoir le quartier ou le dé de grès
ou de pierre, le dresser au marteau, le battre
avec la demoiselle.
On dit paver à sec lorsqu’on asseoit le pavé
sur une forme de sable de rivière, comme cela
se pratique à Paris, dans les rues et sur les grands
chemins.
On dit paver à bain de mortier, lorsqu’on se
sert de mortier de chaux et de ciment, pour asseoir
et maçonner le pavé, de la manière dont on
le fait dans les cours, les cuisines, les écuries,
terrasses, aqueducs, pierrées, cloaques, etc.
On dit repaver : c’est manier à bout le vieux
pavé sur une forme neuve, et en mettre de neuf
à la place de celui qui est cassé.
PAVEUR, s. m. C’estle nom de la profession
de ceux qui entreprennent, taillent et assoyent les
pavés.
PAVILLON, s. m. Ce mot vient de l’italien
padiglione , où il signifie, comme aussi en français,
une tente ou un de ces logemens que, dans
les camps, on établit légèrement et ordinairement
avec un comble incliné pour les eaux. Nous
ue voyons pas qu’en Italie le mot padiglione et
l ’objet qu’il exprime au propre , soient tort usités
dans le langage, comme dans les iormes de l'architecture.
L’application très-usuelle et fort' ancienne
qu’on a faite en France du mot pûvillon à certains
corps de bâtiment , nous par oit provenir
des usages des châteaux et des toitures gothiques.
Les tours et les tourelles si multipliées dans la
disposition des châteaux, les corps-de bâlimens
isolés que nous voyons encore dans ce qui nous .
. en reste, les combles fort élevés qui les couron-
noient, tout cela De laissa pas d’offrir , au moins
pour la vue, quelque ressemblance avec les lentes
et leurs pavillons. Pourquoi ne chercheroit—
on pas là , l’étymologie de cette dénomination
dans l’architecture française ?
Il y a ainsi de certaines traditions qui se perpétuent
dans les édifices, même après qué l’arcbi-
tecture y u changé de forme et de style. A in s i, le
château des Tuileries a conservé dans sa façade
renouvelée sous Louis XIV, l ’usage de ces corps
| de bâtimens carrés et isolés, réunis autrefois par
I des murs dans les enceintes des châteaux, et l ’on
y appelle encore ces trois principaux corps du
nom de pavillon. On dit le pavillon de Flore,
le pavillon de l’hoiloge y même chose au Louvre ,
où les restaurations et les reconstructions successives
ont supprimé quelques-uns de ces pavillons,
et ont toutefois conservé celui qu’on appelle le
pavillon des caryatides.
Le nom de pavillon se donne toutefois aujourd’hui
à tout petit bâtiment isolé et couvert d’uu
seul comble.
Tels sont, dans les jardins , les petits édifices
qu’on y construit, pour servir de retraite et de
lieu de repos.
PAY SAG E , s. m. ( Jardinage. ) On donne ce
nom, soit à un ouvrage de la peinture, dont l’imitation
représente la vue d’un pays , d’une scène
quelconque de la nature , ou d’un point de vue
plus ou moins étendu de cette scène, soit aussi à
la chose elle-même en réalité, c’est-à-dire , à l’objet
de l’imitation. C’est au Dictionnaire de P e in ture
qu’il faut renvoyer le mot P a y s a g e , sous le
premier rapport. A l’égard du second, il ne peut
trouver place ici que comme article de jardinage.
Il est encore entendu que l!idée de paysage,
dans l’art de composer et de faire des jardins , ne
convient qu’au genre du jardinage irrégulier. Ce
n’est pas que dans le système opposé on ne doive
avoir aussi en vue , en composant un jardin régulier
, d’y ménager des percés v d’où l’on découvre
lè pays d’alentour, et qui 'font jouir de l’aspect
de paysages et de sites plus ou moins heureux,
selon les pays*et les cantons : mais on doit
dire que le jardin régulier, assujetti à un plan et
à des lignes symétriques , ne sauroit olïnr en lui-
même et dans sa seule enceinte , l’idée d’un paysage
, comme ouvrage seul de la nature $ et si ,
comme on l’a d it, il peut donner ouverture aux
aspects naturels du dehors, leur contraste avec
les formes régulières que l’art a données au jardin,
produiroit dans l’imitation un effet peu agréable.
L ’esprit et le système du genre de jardinage
irrégulier consiste au contraire , d’abord à façonner
le jardin dans des contours , des formes et
avec des masses susceptibles de se lier sans disparate
aucune, avec le pays d’alentour, en sorte
que les parties des jardins ne semblent être que les
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premiers plans du paysage , mais ensuite à disposer,
surtout dans de grands espaces, e lle s plantations
, et le terrain même, dé manière à produire
ces inégalités, ces variétés d’aspect, qu’on
trouve dans la nature agreste et non travaillée par
la main des hommes. | ■*
Il y a de ces jardins , q u i, occupant plusieurs
lieues de superficie, et pratiqués sur des terrains
inégaux, avec des sols divers, des rochers, des
étangs, des cascades, prêtent à l’artiste qui sait
en profiler , tous les moyens de produire des paysages
de plus d’un genre. Lorsque de tels terrains,
Sur de vastes superficies , reçoivent différentes
sortes de culture, des bâtimens rustiques, des
ponts, des fabriques d’utilité ou d’agrémeDt, et
que tout cela se trouve tout simplement mis en
accord avec les points de vue ou des campagnes
environnantes, ou des montagnes lointaines , l’illusion
du paysage en réalité y devient telle, que
l ’idée d’imitation disparoît. Nous avons déjà fait
sentir à l’article J a r d in a g e {voyez ce mot) qu’a-
lors l’idée d’image étant remplacée par celle de
réalité, l ’art s’est trompé lui-même , puisqu’on
croit voir le modèle au lieu de son imitation. Ce
qui fait que cet art du jardinage cesse d’être un
art, selon les élémens d’une saine théorie.
PEINTURE, s. m. Il ne peut appartenir à ce
Dictionnaire de traiter de la peinture que sous
les deux rapports généraux qui mettent l’emploi
soit des ouvrages de cet a r t , soit des substances
colorantes, en contact avec l’architecture et
avec les édifices.
L’un de ces rapports embrasse l’usage ou l’abus
qn’on peut faire des inventions ou des compositions
du peintre, dans leur application à l'ensemble
comme aux parties constituantes de l’architecture
et de la construction.
L’autre rapport est celui des substances colorantes
, des procédés pratiques et de leur emploi,
tant au dedans qu’au dehors des bâlimens.
Si l’on considère l’emploi de la peinture, c’est-
à-dire des sujets d’imitation propres de cet art,
comme contribuant à la décoration de l’architecture
, il y- auroit lieu de développer sur ce point
une théorie fort étendue, et qui seroit seule l’objet
d’un ouvrage. D’abord il faut commencer par
poser en principe, que lorsque la peinture est appelée
à décorer un édifice, cet art ne peut pas
s’y exercer avec toute l’indépendance du génie
de la composition. L’architecte ne saurtnt jamais
cesser d’être l ’ordonnateur et le régulateur
de tout ce qui, n’étant qu’accessoire , doit se con-
fo rmer au goût et aux convenances de l’objet
principal.
Il y a donc nécessité , que l ’architecte décide
du genre de sujets que le caractère de son édifice
doit admettre.
O r , sur ce point, la peinture décorative com-
porieroit plus d’une division, relativement à la
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nature , à la proportion , à l’ exécution des sujets.
. Quant àleur nature, il seroit superflu de s’arrêter
à prouver, que la destination de chaque édifice
demande des sujets qui lui soient analogues,
qu’on les puise , soit dans la classe des compositions
historiques , soit dans celle des idees allégoriques
ou des motifs symboliques , soit dans la
région capricieuse de l’arabesque.
La proportion des sujets que le peintre aura à
traiter est une des choses que l’architecture doit
fixer avec le plus de soin. Il est inutile de faire
observer que de ce rapport de proportion entre
les détails de la décoration et les masses de. la
construction, résulte l’harmonie générale de l ’ensemble.
Rien n’est plus ridicule que de voir ,
comme on l’a fait trop souvent, les petits objets
elles légères inventions de l’arabesque appliquées
à de grands espaces et à des édifices d’ un caractère
grave et sérieux. Bien souvent encore, de
trop fortes dimensions dans les figures des compositions,
tendent ou à rapetisser l'effet de l’architecture,
ou à lui donner un excès de pesanteur.
Le genre de l ’exécution contribue aussi à l’accord
ou au désaccord delà décoration avec le local
qu’elle occupe. Une. exécution lib r e , fa c ile ,
heurtée, pourra convenir dans de grands espaces,
et aux sujets vus de loin , comme dans des pla-r
fonds ou des coupoles. Une, exécution line', légère
et précieuse , propre aux petits endroits,
doit-accompagner les membres d’une architecture
délicate, et sou fini contribuera à relever encore
celui de l’exécution matérielle des profils et des
ornemens, que le ciseau du sculpteur y aura
taillés.
Mais une convenance indispensable dans l’emploi
des compositions de la peinture appliquée
à la décoration de l'architecture , c’est qué le
peintre soit tenu de les renfermer dans les espaces
que l’architecte , ou pour mieux dire l’architecture
même lui prescrit.
On ne citeroit que trop d’exemples , en Italie
surtout, de cette sorte d’extravasion de la peinture
, de cet empiétement du domaine d’un art sur
le terrain d’un autre. On a vu des peintres disposer
de tous les espaces d’un édifice, et regardant
toutes ses superficies comme' une grande
toile préparée pour le pinceau, détruire par les
illusions de la couleur tous les membres, toutes
les saillies de l’architecture, les couper par des
figures , faire descendre des groupes et des
nuages jusque sur les parties essentielles de la
moidénature. On a vu enfin la forme de l’édifice
disparaître par les usurpations de la peinture.
Voyez P l a f o n d .
Le simple bon sens nous dit cependant, que la
peinture o’est admise dans tout édifice, que comme
un ornement auxiliaire. L’architecte lui ménage
des champs ou des espaces sous de certaines conditions.
S’il lui livre la superficie entière d’une
voûte ou d’un plafond privé de tout membre iu