
reste pen de vestiges. On le détruisit presqu’en- -
tièrement pour en construire la forteresse.actnelle,
dont les murailles sont formées de ses matériaux,
et d’où Serlio a tiré les détails qu’il a donnés de
ce monument. I l fut, comme la plupart des théâtres
antiques , construit sur le penchant dune
montagne.
Mais un reste d’une belle conservation, est
l ’arc de triomphe qu’on appelle Porta aurea , et
que l’on met aujourd’hui au nombre des portes
d’entrée de la moderne Pola.
Ce beau monument a une seule arcade en plein
cfntre, accompagnée, de chaque coté, par deux
colonnes corinthiennes , portant un entablement
qui fait ressaut. C’est dans l ’espace compris en
retraite au-dessus du cintre , qu’est placée l’inscription
qui annonce que c est' une Salifia Posthuma,
q u i, à ses frais , fit ériger cet arc à.Sérums
Lépidus, édile et tribun militaire de lavingt-
■u*> n•i èV me ril é, gi•on.
Nous avons appelé, selon l’usage, ce monument
arc de triomphe ; tout cependant portèrent
à croire qu’ il ne fut , comme plusieurs autres,
qu’une sorte de monument honorifique ,
sous une forme déjà consacrée ; mais cette discussion
alongeroit par trop cet article.
Au-dessus de l’entablement s’élève un attique ,
avec trois socles, qui ont du servir a poi'ter des
statues. A en juger par les inscriptions, sur celui
du milieu devoit être la figure du Romain pour
qui le monument fut fait. A droite, éloit celle de
son père Lucius Sergius, édile et décemvir 5 a
gauche, celle de son oncle Cneius, également
édile et décemvir pour cinq ans. C’est sur la face
qui regarde la ville qu on lit ces inscriptions ; de
ce côté, l’architecture est entièrement à découvert
, et l’on en jouit parfaitement. La façade extérieure
, celle du côté de la campagne, étoit semblable
; mais elle est obstruée par les vieilles
murailles de l ’enceinte moderne, en sorte que l’on
n’apercoit que les chapiteaux des colonnes et une
partie ducintre.de l’arcade.
Généralement le style de cette architecture est
pur , noble et de bon goût ; les ornemens, au lieu
d ’ v être prodigués , comme on l ’a remarqué a 1 arc:
d’Ôi'aDge,y sont an contraire ménagés a v ec beaucoup
de goût. L ’entablement est d’un for t beau
p ro f il, et la sculpture est répartie dans la frise
a vec discrétion. L e dessous du cintre de l’arc est
orné de caissons en losan g es , et les montans des
. piédroits offrent Une disposition t rè s -é lé g an te
d’orneoeens en rinceaux.
On a déjà fait observer1, à l ’article Ane de
triomphe, qu’il-falloit se garder de croire, comme
quelaues-uns l’ont la it, que les colonnes adossées ■
rie l ’arc de Pola soient accouplées. Le dessin de
Serlio a pu , sur ce point, induire en erreur; mais
-les dessins des nouveaux voyageurs démontrent
que les colonnes de face sont séparées entr’elles
par un espace de près d’un entre-colonnejnent..
Leurs bases sont également éloignées, au litu
d’être contiguës. Quant aux colonnes latérales,
il ne peut y avoir lieu, sur ce point, à aucune
incertitude.
POLI, POLIMENT, s. m. Le p o li, dans les
matières , est le résultat du poliment qu’on leur
fait subir, lequel donne le lustre et l’éclat aux
marbres , aux pierres rares et dures qu’emploient
la sculpture et ^architecture.
POLIR, v. act. En général, c’est enlever, par
le frottement, les inégalités que le travail de l’outil
laisse nécessairement sur les matières.
Chaque sorte de matière se polit- avec des substances
différentes. Le fer se polit avec l’émeril,
le bois se polit avec la peau de chien , la pierre
ponce; la pierre se polit avec le grès pulvérisé
et le sablon. On politdes marbres et les pierres
dures avec la pierre ponce , la peau de chien ,
l’émeril, la cire , et d’autres procédés plus ou
moins lents.
Le p oli, qui ajoute aux belles matières une
beauté nouvelle , contribue encore à leur conservation.
Il est certain qu’un marbre qui a reçu le
poli, non-seulement gardé plus long-temps l’agrément
de ses couleurs , mais oppose à l’humidité,
à 'la poussière et à d’autres causes de destruction,
beaucoup plus d’obstacles. L’effet naturel
du poli est de resserrer les pores de la matière,
et si, pour opérer ce poli, ou pour l’achever, on a
rois en oeuvre le frottement de c ire, par exemple,
alors l’action des causes atmosphériques a moins
de prise sur elle , l’eau et la poussière y glissent,
et sa superficie se trouve préservée de tous les in-
convéniens qu’éprouve la pierre mal polie. On
sait queice qu’on prend souvent pour de simples
ordures sur les marbres noircis et exposés aux intempéries
dè l’air, n’est ttutre chose que la germination
d’un lichen très* fin , qui prend racine
dans les pores de la matière , que l'humidité y
entretient, qui s’y propage , et finit par l’altérer
de plus d’une manière.
Les Anciens , dans lés ouvrages de tous leurs
arts, furent très-exacts à leur donner tout le poli
dont ils sont’ susceptibles. Lorsque la pierre y par
sa nature, ne comportoit pas un poli qui lui lut
, propre, ils y passoient des couleurs , ou ils; la re-
vêtoienl d’enduits fort minces de stuc, qu’ils po~
lissoient avec le plus grand soin, et qu’ils coio-
roient ensuite.
On ne sauroit dire aussi combien le poli.qu on
donne aux pierres , dans les édifices, .ajoute* ée
précieux à l'architecture, de pureté à tous les details
, et contribue à. en rendre l’aspect agréable.
POLLAIOLO (Simon), surnommé le Çronaca}
architecte fioreniin , né en 1454, mort, en *§09.
Obligé; fort jeune encore de quitter Florence ,
il alla à Rome, où un goût naturel, qu’il »voit
tioor l’aèdii lecture, lui fit embrasser les études
de cet art. Il y eut pour maître l’antiquité q u i, à
celle époque, se monlroit encore dans une multitude
de restes et de fragmens d’édifices bien
conservés. Il se mit à les mesurer, les dessiner,
et devint, par ses recherches et par des travaux
continus en ce genre, un digne imitateur
des Anciens.
De retour à Florence, il ne s’enfretenoit que
de monumens antiques , il en faisoit l’objet de
toutes ses conversations; De là lui vint le sobriquet
de Cwnaca, sous lequel il est beaucoup
plus GO'nnu.
Sa réputation le fit bientôt choisir par Philippe
Slrozzi pour continuer le magnifique palais commencé
par Benedelto da Mayano, qui avoit quitté
Florenoe*. lorsque le Cronaca y arrivoit. C’est
à lui qu’on doit la façade de ce palais, une des
plus grandioses de toute la v ille , et particulièrement
le superbe entablement qui. le couronne
, le plus beau qu’on eut vu jusqu’alors , et
qui peut être n’a encore été surpassé par aucun
autre. Aussi passe-t-il pour être un ouvrage classique
en son genre , et on ne lui oppose guère que
celui du parais Farnèse , à Rome, par Michel
Ange. Ce ne fut pas une chose facile que d’imposer
à une masse colossale, comme celle du palais
Strozzi , un entablement qui joignit, à un
juste accord dans les proportions, la noblesse dés
formes et la pureté des détails. Cronaca , i l est -
vrai, en avoit emprunté le dessin et l’idée à un
des plus beaux fragmens d’entablëmens antiques,
dout Rome lui avoit offert le modèle. Mais ,
comme le remarque judicieusement Vasari , si
rien n’est plus facile, eu architecture, que de
copier l’antique, rien n’esl plus difficile que de
l’imiter. Or, il né se trouve presque jamais que
l’ordonnance et la composition d’une partie d’édifice
puissent se transporter identiquement sur un
autre. Mille raisons, mille circonstances rendent
donc toute copie moralement impossible.
Pour le prouver, le même Vasari cite l’exemple
de B accio d’Agnolo, qui voulut, à l’msLar de
Cronaca, placer, sur une façade de palais, le
bel entablement antique, qu’on appelle , à Rome,
du frontispice de.Néron; mais le palais étoit petit,
et l’entablement se trouva colossal ; ce qui lit
l’effet d’une énorme coiffure sur une petite tête :
sopraun capo piccino una grari beretta/W. ne
sert de rien, continue l'écrivain florentin, de
s’excuser en disant qu’on a copié l’antique , parce
qu’ily a dans toutes ces choses des rapports qu’on
ne saisit point avec le compas , etdont l’oeil, conduit
par le goût, est le seul juge.
Cronaca travailloit à Florence dans un temps
ou l’ambition des Grands étoit de faire vivre leur
nom par des constructions capables de braver les
siècles. Plus de trois siècles ont effectivement
passé sur le palais Strozzi, et cet espace de temps-
*pmble avoir déjà prouvé que ie temps n’a près-.
que point dé prise sur de semblables masses. Les
faces extérieures de ce palais sont en bossages
énormes et de la pierre la plus dure ; sur un soubassement
de trente-quatre pieds de haut, percé
de huit petites fenêtres, quatre de chaque coté
de la porte , s’élèvent deux étages séparés par un
bandeau orné de den lieu le s , ayant chacun de
vingt-huit à vingt neuf pieds de hauteur, et percés
de neuf grandes arcades , formant lesfenêires-
don t le vide, occupé par une colonne;, sépare
chaque fenêtre en deux. Pour mieux laisser bril* 1er son entre-colonuement, Cronaca qut 1 allen*
tion de ménager entre lui et les rangs de bossa-*'
ges , deux assises lisses , qui offrent à l’oeil un re-*
pos-, étaux ornemens des profils une opposition.
L’entablement a six pieds dix pouces de hauteur.
Vasari se plaît à vauler le soin que l’architecte
apporta dans s a . construction , pour en lier les
pierres , eu pondérer les masses et en rendre
l’assemblage indestructible. Le même soin , dit-
il , régna dans l’appareil et l’exécution de toutes
les pierres. Tout y fut traité avec une telle perfection
d’assises et de joints, qu’on croiroit que le
palais.est d’un seul bloc.
La cour et l’intérieur de cc palais ne paroissent
| pas répondre à la grandeur de la masse extérieure;
mais ce manque d’accord ne doit point sîattribuer
à Cronaca. Quoiqu’il puisse passer pour avoir été
l’architecte de toute l’élévation , cependant il fut
forcé de s’accommoder aux premières disposir
lions de Benedetto da Mayano. S’il en fut ainsi,
comme Vasari nous, l’apprend, ce ne sera peut-
être point à Cronaca que s’adressera le reproche
d’avoir introduit dans les trois rangs de portiques
qui environnent le cortile , un ordre dorique entre
deux corinthiens. Du reste, pour être peu spacieuse,
cette cour est bien dégagée , et l’on y admire
surtout la loggia en colouneè qui formeul la
galerie d’en haut, et soutiennent l’espèce à?impluvium
, au-dessus duquel règne en retraite un at-
lique de petites fenêtres quadrangulaires. D’autres
critiques out encore été faites, tant des escaliers
qu’on trouva trop roi des , que des apparle-
mens qui, pour le temps , parurent au-dessous de
ce qu’annonçoil et de voit p romettre la masse imposante
de l’extérieur. Nonobstant cela , ajoute Vasari
, le palais Strozzi n’en sera pas moins réputé
une des plus magnifiques constructions particulières
qu’pu ait vues jusqu’à nos jours en Italie. Il
est encore plus certain ( pouvons-nous le dire)
que depuis il ne s’en est fa it , ni en Italie, ni ailleurs,
qui puisse seulement en approcher.
. Cronaca bâtit, à Florence , la gacristie de
l’église du Saint-Esprit sur un plan octogone*
L’ouvrage fut exécuté avec une extrême élégant e,
et l’on y admire la sculpture des chapiteaux , due
au ciseau d’André Coutucci. Dans le même temps
il éleva, sur la hauteur de Sun Minialo, l’église
de Saint-François de l’Observance , charmant
édifice que Michel Ange appeioit, dit-ou, sa
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