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chies., et nous voyons que le char, .funéraire
d’Alexandre, fait en forme d’un jpjetit temple ,
a voit à ses quatre acrotères, et aux angles de
sa voûte quatre victoires d’or portant chacune
un trophée.
Mais la victoire dut être la déesse la plus en
honneur chez les Romains, c’est-à-dire chez le
peuple qui mit l’art de la guerre avant tous les
autres, qui lui dut sa prééminence et son autorité
sur toutes les autres nations de son temps.
Aussi ne saurait-on dire à quel point ils en multiplièrent
les images. Comme les Grecs., les Romains
en consacroient des figures dans les temples.
Ils en plaçoient en forme d’hommage sur
le soubassement du Jupiter Capitolin , ils les
plaçoient dans des biges ou des quadriges de
bronze. Ils les figuraient au-dessus des chars,
tenant la couronne suspendue snr .la tête du
triomphateur.
Les images de là victoire sur les médailles romaines
sont si multipliées, que leur description
formeroit un très-gros volume. Mais ce.s figures
gravées ne furent autre chose., que la représentation
en petit de toutes celles dont la sculpture
avait varié les types , les attitudes, lès compositions
dans de plus grands ouvrages, où on les
voit tantôt ailées sur un globe , tantôt assises,
tantôt debout précédant le char du vainqueur ,
tantôt planant au-dessus de lu i , tantôt composant
un trophée, tantôt placées aussi dans les
mains des empereurs.
Les Romains furent les seuls qui aient consacré
aux auteurs de leurs succès et de leurs exploits
militaires, des monumens d’architecture tellement
durables, qu’ un très-grand nombre est parvenu,
avec plus ou.moins d’intégrité, jusqu’à nous. D’abord
la cérémonie du triomphe, qui fut une
institution exclusivement romaine, devint naturellement
l ’origine des arcs durables,, qui remplacèrent
les arcs ou les portes temporaires , sous
lesquels devoit passer la pompe triomphale»{Voy.
sur cet objet l'article A rc de t r io m p h e . ) .Il faut
encore mettre au nombre des monumens érigés
par les Romains à la victoire, ces grandes colonnes,
dont le fût étoit orne dans une ligne
spirale, depuis la base jusqu’au chapiteau, d’une
série de bas-reliefs représentant tous les çvéne-
mens d’une guerre. Quelquefois -aussi d’autres
monumens recevoient, ou de leur décoration, ou
de leur dénomination, la propriété de rappeler le
souvenir dç quelque triomphe; et c est ainsi qu’il
y eut des ponts triomphaux, des portes triomphales
qu’on ornoit de trophées.
L ’architecture emplqyoit de diverses manières
les signes ou simulacres de la victoire dans les
monumens dont on a fait mention. Par exemple
vers le milieu de la colonne T rajane, on voit la
série des exploits militaires de Trajan, interrompue
par une figure de victoire} debout dans
l’action d’écrire sur un bouclier. La porte d’eutré.e
VI E
da monument pratiquée dans un des côtés du
piédestal,, est courannée^ar une grande table,, où
est l’inscription, .et cette table paroî,t .être supportée
de chaque côté par deux victoires.
Mais ces .sortes de victoires sont, dans les.arcs
de triomphe, l’accompagnement ordinaire .et,
l’on pourrait dire., obligé des .archivoltes de
l’arcade , soit qu’elle soit seule, soit quelle se
trouve entre deux plus petites.
-Chez les Modernes la .victoire# comme on l’a
d i t , n’e$t"plus , soit dans l’esprit., soit dans les
habitudes du langage, soit dans les images qu’on
en fait, qu’une personnification allégorique,
comme les images des vertus, des. saisons , des
sciences, déserts, etc.. 5.es.représentations,que le
temps avoit transmises aux artistes modernes, eu
si grand nombre., prirent naturellement place
dans l ’ensemble des sjgnes consacrés, et dont il
n’auroit guère été possuxle.de s’écarter, Aussi les
voit-on, sous les.mêmes .formes, appliquées à des
monumens qui .furent eux-mêmes une tradition
de l ’antiquité.
.Je veux parler de ces arcs érigés par presque tous
les peuplés modernes, à l ’exemple des monumens
de triomphe des Romains , quoique l’usage et la
cérémonie du triomphenese soient point perpétues,
et n’aient passé chez .aucune autre nation,. Les
langues nouvelles o n t , l a vérité, adopté I.emo.t de
triomphej mais i l n’est aussi qu’une idée métaphorique,
et une .sorte de synonyme de victoire.
De cette transmission d’idée.» il est résulté qu’on a
aussi élevé pour célébrer les succès .militaires
et en rappeler le souvenir „ des portes .triomphales
dans lesquelles se sout reproduites les
formes , les proportions, les dispositions , et
toutes les parties de la décorations des .arcs antiques.
Ainsi la porte triomphale qu’on appelles Paris
la Porte Saint-Denis y offre, dans ses belles et
nombreuses sculptures, une .sorte de recueil de
tousles.motifs .d’omemens imaginés à Rome, pour
les arcs de triomphe. Paris a vu encore, depuis
quelques ann ée s, exéc uter sur.laplace.du Carrousel,
en face dn palais des Tuileries., une répétition
presqu.exa.cte pour les masses, .deJ.’arcde.Septnne
Sévère à Rome. On retrouve k ces monumens le
même emploi des victoires antiques, dans les
archi voltes , et l ’on y voit une conformité parfaite
avecleurs modèles, pour les attitudes, la composition
e l le style d’ajustement.
Cependant il ne faut pas toujours confondre,
dans beaucoup d’édifices, qui n’ont rien de commun
avec les idées de victoire et de triomphe, certaines
figures qui occupent ces mêmes tympans
d’archivolte , et que leurs attributs divers doiyent
caractériser, comme le fa it , par exemple la
trompette à l’égard de la Renommée.
VIENNE., en latinVienna* Ville très-ancienne
située à cinq lieues au m id i, et an-dessous de
V I E
Lyon. Elle fut:, sous l ’empire romaiu , une des plus. :
puissantes de la Gaule transalpine. Elle a conservé.
beaucoup de débris d’antiquité, et quel- I
ques restes encore assez .remarquabies.de plusieurs
de ses anciens monumens.
Les environs de Vienne témoignent de son.
ancienne importance, par des vestiges de routes:,
surtout de la via Aurélia , dont une partie, recon-
noissable aux blocs, irréguliers dont toutes les.
voies romaines étoient formées, existe encore à
peu de distance de la ville. Il paroît que plusieurs
aquéducs, y conduisoient d’abondantes eaux. On
en trouve des. parties dans tontes sortes de directions.
Il y en avoit un formé de trois conduits
parallèles. Le mieux conservé des trois a été.
restauré en. 1721, et il suffit aujourd’hui , aux
besoins de la ville moderne. Sa construction est
en maçonnerie de moellons appelés par les Romains
opus incertum. g
Il subsiste encore un massif irrégulier dans sa
base., à cause des différens angles du rocher de
l’ancienne citadelle., qui est du même genre de
construction.,
La situation de: Vienne sur les flancs de pin-
sieurs montagnes escarpées, avoit ex igé, pour les
grands édifices, dès substructions considérables. Les
Romains avoient élargi et étayé les difïérens plateaux
naturels., par des massifs, répartis suivant
l’inégalité du so l, depuis le bas jusqu’au, sommet
du roc de la citadelle. Il y avoit dans quelquesï-
unes de ces substructious, de grands escaliers:, par
où l’on montoit à plus d’un édifice.
Le plus remarquable de ceux qui subsistent, à
peu près en entier, est le temple qu’on appelle
d'Auguste et de Livie, On avait été. long-temps
divisé, sur le nom et la destination de ce monument.
Quelques-uns prétendoient que c’étoit un
prétoire, doutant plus que la, tradition et les
chroniques, apprenoient qu’on y avoit rendu la
justice. Cependant plusieurs exemples, prouvant
que. plus d’un temple avoit servi aussi de. salle
d’audience, les deux opinions s’étoient accordées.
Mais la lecture de l’inscription dont il ne restoit
plus que les trous , dans lesquels avoient été
scellées les lettres de bronze , a démontré que
sa destination principale avoit été d’ être un
temple,., . . . \ . |
Sa longueur totale:est dè.cinquante-cinq pieds,
sa largeur de, trente, et la hauteur de trente-cinq,
l/édifice. est en, général d’une, belle proportion,
mais les.détails ,e.t l’exécution ne répondent point
à. la beauté de: l'ensemble. On dirait qu’il aurait
été composé, par1 un architecte.,* et bail par de
mauvais ouvriers. On: y remarque des discordances’.
bizarres,:et qui ne peuvent s’expliquer,
que par riuexpén.enc.e,on la. négligence des cons-r
truete:urs. L’a.ppareil à été fait comme au hasard;,
sans accord et sans régularité. L'édifice.est élevé
sur un slylobate , dont la face antérieure est
occupée par un escalier formé de douze marches*
V I E Ü f
Son plan est celui d’an péri pt ère. sur laface auté-
rieure , et sur les deux parties latérales, jusqu’à
|la sixième.ootnrme,, à laquelle s’aligne le mur en
: retour du posiiewn , dans l’espace d’une colonne,
iet d’un entre-rcolonnement , et se termine par un
pilastre. Le, peripteron se compose de six co-
ilonnes de face:, et de six dans les flancs, en tout
dix-huit ; exemple, peut être unique en son genre.
Le posticum est formé d’un mur en refends sans
aucune ouverture. La porte est du coté oriental.
| Les entre-colonnemens témoignent par leurs
irrégularités , de la négligence avec laquelle cet
édifice fut conduit; il s’y trouve des différences
dè près d’uD demi - module. Une autre singularité
est que les colonnes, du portique avec
celles d’angle qui font retour , ainsi que les
pilastres du mur en retour du posticum dont on a
parlé, ont des plinthes à leur base, tandis que le
reste dès-colonnes latérales n’en a point. Il résulte.
de là que , malgré le peu de hauteur de celle
plinthe, le fût de celles des colonnes qui en sont
privées a,, relativement à la base et au chapûean ,
quelques parties de plus en élévation.
Le profil du .stylobate est d’une belle simplicité.
On peut trouver que la cymaise manque de
caractère, et que la plinthe est trop foihe poulie
talon. La base est plus forte que la corniche,
ainsi que cela doit se pratiquer,; par la raison
qu’on peut la considérer, moins comme la base du
slylobate, que comme celle de tout i’édifioe.
On ne saurait s’assurer si le haut des colonnes
a du retrait en dedans , selon le précepte
de Vitruve le mur moderne les enve-
? loppe presqu’en fièrement. La colonne a de hauteur
neuf diamètres et demi, le chapiteau un diamètre.
Le fût est légèrement renflé ; le plus fort
diamètre est un peu au-dessous de. sa partie
moyenne. Les cannelures sont au nombre de
vingt. Le chapiteau , qui n’a que deux modules
de hauteur, est de la même proportion que celui
de Vitruve. La: rose atteint le niveau des angles
du tailloir. Ce grand re lie f, celui des volutes et de
l’abaque, font presque tout l’effet de ce chapiteau,
car ses:caulicoles et ses feuilles d’olivier, très-peu
saillantes, et timidement traitées , feraient, avec
beaucoup, d’autres défauts d’exécution, présumer
que cette, architecture eut pour auteurs des
hommes fort peu habiles, ou des ordonnateurs
trop, parcimonieux..
L’entablement a un peu plus de la cinquième
partie de la colonne. Ses trois grandes divisions
sont presqu’égales entr’elles , la corniche surpassant
seulement de trois parties, les deux autres
qui sont d’égale proportion. Cette monotonie,
du reste , est peu sensible par l'effet de la pers*-
pective et à cause de la variété des profils. Les
rosaces du soffite , non plus que les modifions,
n’ont point reçu leur exécution dernière.
Le fronton, sans acrotères , est d’une belle
forme; il a de hauteur un peu {dus du cinquième
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