
composée de deux fortes pièces de bois, posées
horizontalement., et de deux grosses vis , qui
font élever un pointai , enté sur le milieu de la
pièce de dessus. Cette machine sert à reculer
des jambes en surplomb , à reculer des pans de
bois , et à charger de grosses pierres sur les chan-
rettes.
VERMICULE (participe). On donne ce nom
à un travail qui a lieu quelquefois dans les bâti-
raens en pierre , sur des bossages auxquels on ;
prétend donner une apparence rustique.
Ce genre de travail a été ainsi appelé, parce •
qu’il se compose d’entailles ou de sillons qui ■
semblent produire sur la pierre par leurs cavités
sinueuses, l’effet que certains vers produisent dans
les bois qu’ ils corrodent. Ceci au reste ne rend
compte que de l’étymologie ou de l’origine du
fflolj quant à celle de la pratique qu’on vient de
décrire, on la trouve dans la nature même de
certaines pierres qui sont sujettes à se déliter et
à,se dissoudre en poussière^ selon les inégalités de
dur et de tendre qui s’y rencontrent. C’est à ces
inégalités qu’il faut attribuer ces petites cavités
sinueuses qui semblent imiter le travail des vers.
Mais il est bien apparent que c’est de semblables
accidens des pierres, et non de l ’opération des
vers sur sur le bois , qu’on aura emprunté ce goût
de rustiquer , qui fut au reste plus de mode jadis
qu’il ne L’est aujourd’hui,
lies bossages de l’arc de la porte Saint-Martin
à Paris, sont vermiculés. On voit encore celte
pratique employée à beaucoup de parties de l’ordonnance
de la galerie du Louvre qui donne sur
le quai et qui date du règne de Henri II.
On fait aussi usage de ce travail rustiqué
dans les grottes, dans les monumens aquatiques ,
tels que fontaines, réservoirs, etc.
VERNIS, s, m. liqueur composée de différentes
substances du genre des gommes ou des
résines , dont on se sert pour enduire la surface
de certains corps. L’objet de cette préparation
est quelquefois de leur donner simplement du
lustre , et de les préserver des funestes influences
de l’humidité; quelquefois aussi de relever et
d’augmenter l’éclat des couleurs, ou des matières
sur lesquelles on applique cet enduit.
On donne aussi le nom de vernis à un enduit
composé de substances vitrifiables , dont on
couvre les vases de terre et la porcelaine tant en
dedans qu’en dehors.
Généralement, comme on le vo it, la notion du
vernis y ainsi que son emploi , appartiennent plus
particulièrement aux ouvrages de la peinture ou
de la poterie. Cependant on en use très-habituellement
dans beaucoup de parties de décora-
lion, qui sont des dépendances de l’architecture.
Et d’abord, il est certain que le vernis appliqué
à la faïence, a fait très-long-temps l’agrément
des plus riches édifices, en Toscane Surtout pendant
le seizième siècle. De nos jours le vernis,
en tant que liqueur ou enduit résineux , est d’un
emploi habituel sur les bois dont on fait les revê-
temens des intérieurs. Jadis on l’appliquoit sur
les bois appelés d’Hollande, parce qu’il étoit importé
par les Hollandais, et on laissoit au bois sa
couleur naturelle. Depuis, l’usage a prévalu de
peindre ces bois soit à l’huile , soit à la détrempe,
et d’y passer une couche de vernis , pour conserver
à la fois et les couleurs, et le bois qui en
a été enduit.
VERONA, une des plus anciennes villes d’Italie.
Selon Maffei, elle est, à l’exception de Rome,
la ville qui a conservé le plus de monumens antiques
, en divers genres , mais surtout en architecture.
On y observe encore des parties de ses anciennes
murailles , qu’on croit avoir été construites
parGallien ; de très-grosses pierres mêlées
à des fragmens d’autres constructions, tels qu’un
fût de colonne dorique, ce qui indiqueroit une
bâtisse faite à la hâte et de tous les matériaux
qu’on avoit sous la main. Au milieu du cours
actuel existe encore une très-belle porte antique.
Elle est entière, de la plus grande conservation ,
et Maffei doute qu’il y ait un reste d’antiquité
qu’on puisse, pour son intégrité, comparer à ce
monument. Cette porte, comme toutes les anciennes
portes de v ille , est double , c’est-à-dire à
deux ouvertures, l’une pour les entrans , l’autre
pour les sortans, et au-dessus s’élevoient deux
rangs de petites fenêtres.
Ce qu’on appelle à Vérone la Colline de Saint-
Pierre est jonchée de fragmens et de débris d’architecture,
et d ’édifices dont il seroit aujourd’hui
très-difficile de se rendre compte. Plus
d’un témoignage fondé s«ur des inscriptions,
constate qu’il y eut en cet endroit un Capitole et
des thermes, qu’on croit avoir été construits par
Théodoric. On trouve encore sur cet emplacement
des vestiges d’un théâtre antique, jadis
reconnu par Palladio, et qui se voient aujourd’hui
dans une maison sur fa place du Rédempteur.
Une autre porte antique beaucoup plus recommandable
que celle dont on a déjà fait mention ,
que l’on appelle Porta del Ford giudiziale, avoit
aussi été prise par les premiers antiquaires
pour un arc de triomphe. Aujourd'hui on ne
pourroit plus s’y tromper. L ’on reconnoît six
caractères distincts entre les arcs de triomphé
et les portes de v ille , qui empêchent de pouvoir
les confondre. Le premier est que les portes antiques
n’ont qu’une façade, lorsque les arcs de
triomphe en ont deux parfaitement semblables
i ’one à l’autre. La seconde différence est que
porte de ville a toujours deux arcs , ou deux cru*
vertures égales, tandis que l’arc de triomphe ou
n’a qu’une ouverture, ou bien une grande accompagnée
de deux petites. La troisième est que la
porte se termine dans le haut par un fronton, et
l’arc de triomphe par un attique. Les trois dernières
différences consistent en ce que les portes
ont un ou deux rangs de fenêtres, ce qui n’avoit
pas lien aux arcs de triomphe; en ce que les
portes ont leurs inscriptions ou sur la frise, ou
même sur l’architrave, et les arcs triomphaux
sur de grandes >tabies prises dans l ’attique ; enfin
en ce que les portes de ville faisoient partie des
murailles auxquelles elles étoient liées des deux
côtés , tandis que les arcs de triomphe sont toujours
isolés.
Tous les caractères qu’on vient de reconnoître
comme particuliers aux portes de v i l l e , se réunissent
sur la porte antique dont on a fait mention.
Ce monument a été dessiné et mesuré par
Serlio, vanté par Scaraozzi, Addisson, Chambrai ,
qui se sont accordés à le mettre au nombre des
plus précieux restes de l’antiquité.
Mais il faut appeler véritablement arc (triomphal,
ou de tout autre genre) le monument
q,u’on apelle à Vérone ( Arco dé Gavii) ; on y
trouve de même rassemblées toutes les conditions
q.u’on vient de parcourir, hors une seule., Selon
les premiers dessinateurs qui lui ont donné^un
fronton. Toutefois Maffei regarde cette particularité
comme une erreur de ces dessinateurs,
C£ui ont trop souvent la manie de suppléer de leur
imagination , aux lacunes que le temps a opérées
dans les monumens , et il nie qu’il y ait jamais
eu un fronton. C’est sur cet arc dont on parle à
la vie d^ Vitruve ( voyez V itruve) , qu’on lit
lé nom de l’architecte Vitnivius Cerdo. Quelques
uns ont prétendu qu’il étoit le même que le
Vitruve, auteur du Traité d*architecture. Maffei
suppose tout aussi gratuitement, ce nous semble,
que ce Vitruvius Cerdo auroit été le disciple et 1 affranchi de Vitruvius Pollio r et i l ne trouve
point valable l?obje^lion des denticules qu’on
voit sous les modifions , à une partie restante de
lentablement de cet a rc , pratique réprouvée par
Vitruve dans son Traité, parce que, dit-il, peu de
temps après lui l’usage contraire s’étoit établi.
Ce monument, indépendamment de toutes ces
controverses , a reçu généralement l’approbation
des plus habiles architectes pour la justesse et
l accord de toutes ses parties. Mais on ne sauroit,
dans.l’état où il se trouve aujourd’h u i, prendre
une véritable idée de ses proportions. 11 est enterré
jusqu’à une certaine hauteur , c ’est-à-dire
celle du piédestal des colonnes , qui avoit de haut
le tiers de leur élévation, ainsi que l ’ont noté
tous les architectes qui en ont.levé les mesures,
fondés sur l’autorité d’uu de ces piédestaux mis
a découvert du côté des fossés du château. Ainsi
devoit gagner l’aspect de cet arc considéré dans
^on ensemble. Dès-lors les deux niches qu’on voit
de chaque côté, et.qui étoient ornées de statues,
se trouvoient à une juste distance de la vue. Ce
fut sur l’appareil de cet are , que Palladio fit
l’observation que les Anciens, pour rendre les
joints de leurs pierres aussi déliés qu’il fût possible
, avoient l’usage de ne pas en terminer les
arêtes avant leur pose. Au contraire, ils leur
laissoient dans leurs paremens, un excédent de
matière qu’ils n’enlevoient sur place , -par un
dernier ragrément, qu’après toute la construction
terminée.
11 faut remarquer qu’à une des parties de cet
a r c , il existe une porte de moyenne hauteur, et
on voit encore la marque d’une semblable an
côté correspondant.. Les colonnes d’angle ve-
noient aussi à faire face sur les côtés. On a supposé
que cet arc avoit pu former un quadrivium y
et avoit offert un passage dans tous les sens, à
la manière des Janus.
Il y a à frire sur cet arc là même observation
que nous avons abrégée en peu de mots, en parlant
de l’arc des Sergius à Pola, en Istrienvoyez
P o l a ) ; c’est-à-dire qu’il faut se garder de donner
le nom ffarc de triomphe à tout arc qui rappelle,
par sa forme ,, la disposition générale des
monumens élevés pour les pompes triomphales,
en l’honneur des vainqueurs. L ’are de Pola., et
plusieurs; autres qu’il seroit inutile de citer i c i ,
nous prouvent que l ’on consacroit des monumens
•dans la forme des arcs de triomphe , à des personnages
qui ne remportèrent jamais de victoires.
Plusieurs même de ces monumens sont élevés à
une famille , et sur l’arc de Pola on lit le nom de
la femme d’un des Sergius, laquelle avoit fait la
dépense du monument. On croit donc, et tel est
le sentiment des antiquaires à cet égard , que l’on
•éleva de semblables arcs, pour plus d’un motif
indépendant des succès- militaires ; qu’on put en
faire d e s ’monumens simplement honorifiques,-
pour récompense de services civils ; mais q u e ,
plus probablement encore , ils purent, être des
tombeaux o,u des-cénotaphes élevés par ou pour
des familles recommandables; et la. famille des
Gavius à Vérone pourroit offrir un témoignage
de plus’ en faveur de cet.'e opinion , à celui qui
çnlreprendroit. un travail critique sur le très-
grand nombre de monumens encore existans, et
qu’on a confondus sous la dénomination banale
d’arc de triomphe.
Le monument d’antiquité le plus considérable
qui existe à Vérone y et un des plus remarquables
qu’on puisse voir partout ailleurs, est sans contredit
cet amphithéâtre romain , le s e u l, entre tous
ceux qu’on connoît, qui soit encore entièrement
intègre dans sa partie intérieure , c’est-à-dire
celle des-nombreux degrés où se tenaient les spectateurs.
Le temps a heureusement encore.épargné
quatre des arcades ou portiques qui formoient
l ’enceinte extérieure de ce vaste édifice , dont
nous avons donné avec beaucoup d’étendue les-
détails ailleurs. {Voyez A mbhithéatre. ) Il nous