
Le terreau est encore employé dans les parterres, '
et leurs plates-bandes, comme moyen propre à
détacher l'effet de la verdure des plantes qui servent
à faire desbordures. Plus volontiers cependant
on use, pour procurer cet effet, de mâchefer, ou
de petits cailloux de couleur concassés , parce
que les herbes parasites n’y croissent pas aussi facilement..
TERRE CUITE. Nous avons parlé assez an long
de l’emploi que l’architecture grecque a fait de la terre argileuse cuile, comme moyen de construction.
(V o y e z B rique.) Ce qu’on a dit de la durée
et de la solidité de cette matière appliquée à la bâtisse,
on. peut le dire aussi de ses applications à :
1 ornement et aux décorations diverses des édifices.
Le très-grand nombre de fragmens et d’ouvrages
de terre cuite parvenus jusqu’à nous, prouve, que
si cette matière le cede à toutes les autres, par la
valeur, 1 éclatéet la beauté, elle a sur elles, outre
l’avantage de l’économie, celui de ne point tenter
la cupidité , et nous ajouterons qu’elle est peut-
être douée de plus de résistance, contre les causes
ordinaires de destruction.
Nous sortirions par trop des limites de ce qui fait
la matière de ce Dictionnaire, si nous voulions
seulement énumérer tous les emplois de la terre
cuite dans l’antiquité. La plastique, qui fut une
des quatre parties de l’art de sculpter en Grèce,
et qui eut de si nombreuses attributions, peut se
considérer et se définir en grande partie comme
ayant ete 1 ar-t de travailler en terre cuite. Les
seuls rapports- sous lesquels il nous est donné
d en considérer ici les produits , sont ceux qui
embrassent les ouvrages soit bas-reliefs, soit statues,
dont l’architecture, dès. les temps les plus
anciens , décora les édifices, et surtout les temples.
Nous ne pouvons guère douter que la terre Guite
en statues, n’ait été employée àdécorer les frontispices
des temples, alors que leur construction con-
sistoit particulièrement dans le bois. Ainsi le
temple Etrusque, tel que Vitruve nous l’a décrit,
et tel qu’il se pratiquoit encore de son temps à
Rome , ne devoit recevoir dans ses frontons et sur
ses acrotères , que des statues de terre cuite , pour
ne pas trop charger les solives qui. formoient son
entablement. Or, on sait que la légèreté est le
propre des ouvrages de ce genre en terre cuite3
parce que la condition de la terre, pour être cuite 5
dans de grands volumes , est d’être creuse.
Si la pratique de la terre cuitepar plus d’une
autre raison, dutetre une des premières et des plus
anciennes dans la formation des simulacres divins,
elle ne cessa point d’avoir lien pendant les temps
postérieurs de l’art perfectionné. Autrefois, comme
aujourd’hui, il y avoit toutes, sortes de degrés
dans la grandeur et le luxe des édifices sacrés. L’or
et l’ivoire, les métaux et les marbres , pouvoient
briller au milieu des principaux temples, dans le
même temps" et dans la même ville, où de nfo
petits temples , moins richement dotés, se contenj
toient d’une idole de bois ou d’un dieu d’avgile, 1
Pausanias fait mention de statues en terre cuite
qu’on voyoit encore de son temps dans plus fflm
temple de la Grèce, et il ne les donne pas poiJ
être des ouvrages d’art antiques, ainsi qu’il leftiJ
remarquer à l’égard de plus d’un simulacre en bois
D’une part, on peut croire que la dévotion aura
perpétué d’anciennes effigies dans cette matière
et l’on peut supposer d’autre part, que beaucoup
d’entr’elles auront fait place par la suite à depliJ
riches ouvrages. Voilà sans doute la raison pour
laquelle les statues antiques en terre cuite sont!
aujourd’hui assez rares. A peine , je pense, pour-1
roit-on en citer une qui ait été trouvée dans les
ruines de Rome. Mais il s’en est conservé sous les
cendres qui ont enseveli Pompeia. On les voit
au Muséum de Naples, et leur style n’annonce
point un art fort ancien.
• Si le temps nous a transmis fort peu de statues
antiques de terre cuite T il n’en est pas ainsi des
bas-reliefs en cette matière. Le très-grand nombre
qui en existe, et dont presque toutes les collections
d’antiquité se sont plus ou moins enrichies,
nous apprend que l'architecture les employa volontiers,
comme ornemens des édifices. La beauté
de la sculpture dans plusieurs de ces ouvrages,
l’élégance-de leurs formes, Imperfection-du dessin-1
de leurs figures ,. tout concourt à certifier, que les
mouumens où ces terres-cuites furent appliquées,
appartinrent aux âges de l’art le plus développé.
Ce fut ordinairement dans les frises des temples
qu’on les employa. L’art dn moulage qui fut,
chez les Anciens, nne partie nécessaire de la
plastique , fournit le moyen le plus économique
de multiplier cette sorte d’ouvrages: H y a en ce
genre des choses tellement probables, qu’elles
pourroient dispenser de les prouver. Mais les ré-
f pétitions nombreuses et les plus identiques des.
mêmes figures, des mêmes compositions en terre
cuite y qu’on voit dans- les recueils de ce genre,
démontrent que tous ces exemplaires sortirent
d’un même moule, fait également en terre cuite,
ainsi qu’on en trouve la preuve, pl. 3 3 du Recueil
d3ouvrages en terre• cuite 3 par M. d3Agincourt.
Beaucoup de ces bas-reliefs ont leur fond percé
d’un trou assez grand, pour qu’on puisse y passer
une corde, ce qui à fait conjecturer, par un critique,
assez mal-à-propos, selon nous , qu’on les
suspendoit dans les ateliers pour servir de modèles.
Il se présente une supposition beaucoup plus
naturelle, et que confirment évidemment les deux
bas-reliefs d’une même frise, gravés pl. 7 du Recueil
qu’on vient de citer. Sur chacun on voit la
marque de quatre trous, qui répartis inégalement
sur le champ ou le fond des figures, n’ont certainement
point du servir à l’usage indiqué. Il paroit
indubitable que ces trous ont dû être pratiqnés,
dans l ’intention de recevoir des crampons, °a
1 < eftes de métal, qui traversant l’épaisseur de la j \ierre cuite 9 étoient scellées dans le massif de la I
[construction , et dont l’ouverture disparoissoit 1
[ensuite par l’introduction de quelque stuc ou mor- |
Itier. _ -
Nous renvoyons au Recueil dont nous avons
donné le litre plus haut, le lecteur qui voudroit
fconnoîlre à combien de genres d’ornemens d’architecture,
la terre cuite fut employée. Mais pour
se faire une plus juste idée de la variété, de l’élégance
et du bon goût d’un grand nombre des
sujets que la plastique sut multiplier en ce genre,
[nous recommanderons surtout la belle collection
[deM.Towneley , qui, après la mort de ce célèbre
I amateur, a passé dans celle du British Muséum}
[et qui a été publiée sous \qft he collection qfa ntielen tt itterrer adceo AttDase.scription On y remarque
un bon nombre de compositions qui se
trouvent aussi dans des bas-reliefs en marbre j en
sorte qu’on ne sauroit dire si les marbres ont été
[copiés d’après 1 es terres cuites , ou si ces dernières
furent des répétitions de marbres renommés.
Les terres cuites, qui entrèrent, sous de très-
nombreux rapports , dans les ornemens de tout
genre des édifices antiques, reçurent très-fréquemment
des couleurs : ce qui 11’étonnera point
ceux qui savent , combien fut usuelle et générale
la pratique de peindre jusqu’à l’extérieur des mo-
nuinens sacrés et profanes. La suite des' bas-ve-
[liefs Volsques en terre cuite trouvés àVellelri,
nous fait voir ces bas-reliefs revêtus de différentes
teintes, qui leur donnoient jusqu’à un certain point
1 l’apparence de tableaux. Mais les enduits de cou-
|leur pouvoient avoir encore pour objet, d’en rendre
par une teinte égale, la matière plus uniforme
à l’oeil , et aussi de les garantir contre les
[intempéries des saisons.
L’usage des ornemens de terre cuite dans l’ar-
| chitecture , s’est conservé par tradition en Italie.
Les villes de Milan, de Pise, de Sienne , de Florence,
de Venise, de Rome , de Naples et de ses
environs, fournissent mille exemples de cet em-
]ploi depuis la renaissance des arts.
Il faut mettre , en effet, au nombre des ouvrages
en terre cuite3 qui firent au seizième siècle
j un des principaux agrémens des palais et des habitations
.particulières, ces ouvrages en comparti-
mens de tout genre, dont le fond, de matière argileuse
durcie au feu, étoit recouvert d’un émail de
faïence diversement coloriée. Ce procédé devenu
si habituel dans les travaux de La poterie domesti-
îque, fut à cette époque employé avec autant de
| goût que de succès, dans la décoration soit exié-
i heure, soit intérieure. Egalement propre à remplacer
avec une extrême solidité, sans aucune
épaisseur, les teintes variées de la peinture d’or-
ûement, et les formes en relief plus ou moins saillantes
de la sculpture, il eut encore l’avantage de
Multiplier à l’infini ses produits. Il n’y eut rien
dans le domaine de la décoration qu’il ne s’appropria.
Les rinceaux, les fruits, les fleurs, les guirlandes,
les festons, tous ces caprices d imitation
de têtes d’animaux symboliques, de parties détachées
ou tronquées du règne animal ou végétal,
furent reproduits avec des couleurs variées et formèrent
des compavtimens qui rivalisèrent avec les
inventions peintes de l’arabesque.
Cet art sortit aussi alors de l’Italie , et les artistes
de ce pays en propagèrent le goût en France.
D’anciens châteaux en ont conservé quelques traces.
Il n’y a guère plus de trente ans que le genie
1 de la destruction se fit un jeu de faire ecrouler la
; masse entière, précédemment minée, du célèbre
château qu’avoit bâti François Ier. dans le bois
de Boulogne près de Paris, et qu’il avoit appelé
Meudon, en mémoire de sa captivité dans la capitale
de l’Espagne. Tous les ornemens interieurs et
extérieurs de ce château, brilloient encore de lé -
clat des couleurs , et des bas-reliefs émaillés dont
la terre cuite faisoit le fond.
Nous avons vu que l’économie est umles avantages
du procédé qui, offrant un moule une fois
fait pour les ornemens courans surtout, met à
même d’en faire à l’infini la répétition exacte, par
les empreintes que l’argile hurçectée permet d’en
tirer. Or, on sait qu’il est dans la nature et dans
l’esprit de la décoration architecturale et de l’a-
Irabesque, de reproduire soit comme continus,
soit comme se faisant pendant, les mêmes objets et
les mêmes détails de figures symétriques. Mais
c’est encore plus particulièrement aux batimens
construits en matériaux économiquesvaux maisons
ordinaires de ville et de campagne, ou. Ion
cherche l’agrément sans grande dépense * que
nous sembleroit devoir convenir le procédé des
ornemens en terre cuite } produits par le moulage.
Le plâtre, comme on le sait, est, à Paris surtout,
la matière à peu près unique, dont on use, pour
produire avec économie soit les ornemens , soit les
bas-reliefs dont on veut décorer l’extérieur des
habitations. Mais on sait aussi qu’il n'y a rien de
moins durable. Pourquoi ne eherchéroit-on pas à
accréditer pour ces sortes d’emplois , la terre cuite,
; susceptible de la même économie, par le moyen
du moulage, et susceptible encore de recevoir
•et de garder toutes les couleurs, qui peuvent la
mettre d’accord avec celles des matériaux qui la
recevroient ?
: TERREIN, s. m. Ge mot n’est pas un pur synonyme
du mot terre. Il exprime dans l’art de bâtir,
ou l’espace du sol sur lequel ou élève un bâtiment,
ou la nature même de ce sol, considéré non-seulement
à sa superficie, mais encore dans ses profondeurs.
a
Rien de plus important que de bien connoitre
le terrein sur lequel on se propose de bâtir, c’est-
à-dire de le connoître à fond. Or, le fond d un terrein est très-variable. La terre se compose de
couches d’une nature si différente , qu’il est rare-
N un a