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moins probable de leurs signes, et leur rapport
avec les travaux d’agriculture , selon chacun des
mois de l’année. Quoiqu’il soit presqu’impossible
d’assigner précisément l’origine des ligures don- (
nées aux constellations, on peut conjecturer, !
d’après les dooumens de l’histoire , des traditions l
et des fables, que ces figures auront été créées I
dans le but d’indiquer le retour des travaux agricoles,
ou des circonstances atmosphériques importantes,
comme la saison des pluies ou de la
chaleur. C’ est ainsi qu’on peut soupçonner, que
la Vierge et son épi purent annoncer l’approche
des moissons ; que la Balance signifia l’égalité des '
jours et des nuits5 que le Verseau et les Poissons
désignèrent l’époque des inondations , etc. Le
zodiaque, figuré dans ce système , auroit été une
espèce de calendrier ^ dont les signes auroient eu
pour ob je t, de fixer dans l’esprit et dans la mémoire,
le retour et la succession des mêmes époques
, dans leurs rapports avec les travaux annuels
de la campagne.
Mais on ne doit pas oublier que le zodiaque
fut aussi un monument mythologique.Le premier,
instinct de l’homme ayant été de chercher ses
dieux dans le c iel, très-naturellement les idées
mystiques se mêlèrent à celles de l ’astronomie.
Manilius nous apprend que = chacun des douze
principaux dieux delà fable, présidoit à un signe
du zodiaque. Presque tout ce qu’on sait de la
mythologie, paroît rouler sur des allégories poétiques
du ciel et des astres qui le peuplent, ainsi
que sur l’influence que la superstition atlribuoit
au retour de certains phénomènes naturels.
Quand donc on cherche la raison la plus probable
de la multiplication des représentations
zodiacales, dans les ouvrages de l’antiquité et
sur un grand nombre de moiiumens, on est porté
à croire que jamais l’idée ne put venir d’eu faire ,
par la position des signes à l’égard du so le il, des
caractères chronologiques , susceptibles de faire
connoître la date des monumens, par la con-
noissancè du siècle on ils auroient été construits.
11 n’est guère probable non plus, qu’on ait été
figurer les signes du zodiaque dans de grands
monumens d’architecture, soit à un plafond d’une
peiite chambre du temple deTentyris en Egypte,
soit au plafond du pronaos du temple du Soleil à
Palrayre , pour servir, ou d’indicateur des saisons,
ou de régulateur des travaux de l’agriculture.
D’autres idées, d’autres croyances religieuses,
superstitieuses et mythologiques, ont dû suggérer
l’emploi de ces compositions. .
Nous avons peut-être indiqué déjà la vérilabL
cause de ces rôles si multipliés qu’on voit jouer
an zodiaque , surtout à Rome et sous la domina-
iion romaine. Sitôt, en effet, que l’opinion fut
établie et accréditée que des divinités diverses,
c'est-à-dire des pouvoirs surnaturels, présidoient
an i constellations, il fut naturel à l ’esprit du
plus grand nombre des hommes y de confondis
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ensemble les deux notions, ou pour mieux dire
de donner à ces corps roulans s'ur leur tête, une
ame , une intelligence et une vertu particulière.
Le paganisme ne fut véritablement que cela. Ce
fut là son secret. 11 cpnsistoit à donner un esprit
à’ chaque corps , et un corps à chaque idée morale
ou métaphysique. Rien de plus difficile à l’intelligence
du plus grand nombre, que de concevoir
la divinité dans son essence purement incorporelle.
Lorsque tous les signes de la sphère, toutes les
constellations zodiacales ou extrazodiacales eurent
reçu , de la main des astronomes des figures
pour les rendre sensibles , et des noms pour les
distinguer, il ne fut guère possible que ces figures
et ces noms nè donnassent point le change à l’esprit
des iguorans, c’e s t-à -d ire du plus arifîd
nombre, dans l’imagination desquels ;:es configurations
et ces dénominations firent naître l’idée
d’etres actifs , puissans et capables d’influer sur
les choses humaines.
Et comment ces croyances n’auroient-elles pas
pris cours? Dès que, ainsi qu’on en convient, il
s’étoit établi des rapports certains entre'l’ordre
des signes du zodiaque 3 par exemple , et l’ordre
des saisons et des travaux de la campagne, rien
ne put empêcher qu’on attribuât à une vertu de
ces phénomènes, les variations et les effets divers
que l’on voyoit arriver dans ce cours des opérations
de la nature, dont les causes nous sont.inconnues.
Car il est naturel de vouloir toujours
assigner une cause aux effets , et tout aussi naturel
, lorsque cette cause est hors de notre portée,
de lui en imaginer une , plutôt que d’avouer son
ignorance. C’est ainsi que notts voyons encore aujourd’hui
chercher dans les phases de lacune , le
principe des variations du temps et de l’atmosphère.
En un met, l’Idée-de l’astre et celle du dieu
sefant confondues dans la notion des constellations,
il fut on ne pas plus naturel d’attribuer à
l’astre les propriétés d’intelligence, de près, ienee,
et d’influence morale ou physique sur les choses
humaines , qui entrent de droit dans les attributions
de la divinité. Dé là l’astrologie judiciaire.
Son but fut, comme on le sait, de. satisfaire
..cet instinct qui porte l’homme à vouloir pénétrer
dans l’avenir , e t, il faut l’avouer # jamais matière
à divination ne dut exprcer un moins absurde
empire sur les esprits , car jamais folie 11e sembfa
reposer sur un principe et des moyens plusini-
posans. Aü reste, ce qn’on en peut dire s’éloigne
trop de notre, objet. Pour comprendre ce qui
donna à cette prétendue science une telle autorité,
et ce qui multiplia sur tant de monumens
, et de tant de manières ses représentations, il faut
lire ce qu’un savant académicien ( M. Letronne )
j a publié à ce sujet dans ses Observations critiques
\ et archéologiques sur l’ objet des représentations
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zodiacales qui nous restent de l ’antiquité. Qu’ il
«oui suffise d’avoir fait pressentir la principale
raison qui, ayant donné une haute importance
religieuse et politique à ces représentations , liées
tQul ensemble à la mythologie, à la science astronomique
et à l’art divinatoire, en a perpétué
à un tel point l’usage , qu’il en existe encore aujourd’hui
quelques pratiques usuelles, et quelques
opinions populaires.
Il faut dire effectivement, ainsi que l’a prouvé
l’écrivain déjà cité , que 1 e zodiaque, en tant que
monument astrologique, ne paroît p as , même
en Egypte , remonter à une très-haute antiquité ,
puisque les édifices et les momies , où on en voit
la représentation, 11e datent que de l’époque de la
domination romaine. L’auteur cité fait voir que
chez les Grecs les opinions sur l ’influence des
astres, paroissent s’être bornées aux rapports
météorologiques, c ’est-à-dire aux simples pronostics
relatifs aux variations de l’atmosphère et
aux pratiques de l’agriculture. Ce fut lorsque de
cette divination, si l’on peut dire matérielle,
l ’astrologie ^ qu’on appela judiciaire3 passa à la
science divinatoire des événemens de la société,
des destinées des empires et des hommes , enfin à
la prophétie de tout ce que cachoit l’avenir, dans
le cours des choses humaines, que l’astrologie devint
une véritable religion.Ce lut aussi alors qu’elle
dut s’approprier tous les moyens par lesquels les
croyances superstitieuses prennent la plus grande
consistance5 et parmi ces moyens, un des plus
actifs est celui que les arts d’imitation leur fournissent.
En suivant l’ordre des temps , nous allons par-
courir très-brièvement les représentations zodiacales
, dans leur simple rapport avec l’emploi
qu’en ont fait les arts du dessin , et surtout celui
de l’architecture.
C’est dans l’Egypte moderne, on veut dire
l’ Egypte sous la domination romaine, comme
cela paroît démontré, que l’on voit des zodiaques
sculptés sur les murs ou autres parties des édifices
sacrés. Ils y sont exécutés , lanjôl en bandes longitudinales,
comme au pronaos de Denderah , au
propylon d’Ackmin , au grand temple et au petit
temple d’Esné; d’au,très fois dans des plafonds et
en forme circulaire , comme le célèbre zodiaque
de Denderah , qui oecupoit une petite.salle en retour
du pronaos dont pn a: parlé. Au temple d’Her-
montis , on trouve de même une petite pièce , au
plafond de laquelle on a sculpté une scène composée
de plusieurs des symboles du. zodiaque. Ce
temple n’ayant point été achevé , on seroit fondé
à Conclure qu’il doit être d’une époque assez
récente.
Le plus ancien de ces zodiaques sera celui de
forme rectangulaire, appartenant au pronaos de
Denderah , qui porte upe'inscription grecque du
règne, de Tibère, D’après les probabilités qu’ont
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justifiées les recherchés et découvertes récentes,
sur les époques de l’exécution de ces monumens,
le zodiaque circulaire de Denderah dateroit ,
comme on l ’a d it , du règne de Néron.
De tous les zodiaques que nous connoissons , il
est celui qui présente à l’art du dessin , dans l’ajustement
de ses formes et la composition des
détails aecessoirs , l’ensemble décoratif le plus
propre à être encore imité pour faire l’ornement
d’un plafond. Voici la description que permet
d’en faire le seul point de vue qui doit nous occuper
ici.
Le cercle entier, inscrit dans un car ré , est
censé supporté par douze figures distribuées aux
huit principaux points de la circonférence, les
bras étendus comme pour soutenir lé planisphère.
Aux quatre angles du carré est une femme debout
, et à chaque point milieu du cercle, entre
ces femmes, on voit un groupe de deux hommes
à bête d’épervier et agenouillés, qui sont dans l’attitude
de soutenir le cadre du cercle. On doit le
dire , il seroit difficile à un décorateur de trouver
un motif à la fois plus simple et plus varié , un
ensemble plus ingénieux et mieux approprié aux
convenances de la surface d’un plafond , c’est-àt
dire d’une couverture horizontale. Long-temps
ayant que.des caractères beaucoup plus positifs,
eussent rapproché de nous l’époque qui vit élever
le monument de Denderah , il nous avoil paru
que ce parti de décoration régulière , le seul je
crois qu’on pui.sse citer au milieu des innombrables
travaux hiéroglyphiques de l’Egypte , sein-
bioitlrop contraster avec les pratiques routinières
de ce genre d’écriture , pour qu’-on n’y soupçonnât
point un goût nouveau et une invention étrangère
à l ’Egypte.
Le zodiaque de Denderah , mesuré dans sa
forme carrée, a sept pieds neuf pouces de développement
, en tous les sens. Le diamètre du
cercle intérieur est de quatre pieds neuf pouces.
Le plafond sur lequel il est sculpté est ‘formé ,
comme tous ceux de l’Egypte, de dalles de pierre
dont l’épaisseur est de plus d’un pied. Celle pierre
est du grès d’un grain fort compacte. La-surface
totale se divise en deux parties, c’est-à-dire eu
deux dalles, dont l’une comprend les trois quarts
de su largeur.
Le zodiaque 9 après celui de Denderah , le- plus
remarquable de ceux qui figurent dans les oeuvres
de l 'architecture, nous paroît devoir être celui
déPalmyre , et qui est gravé pi. 19 des antiquités
de celle ville.
Ce zodiaque circulaire fait partie des compnr-
limens qui décorent le pronaos du temple du
Soleil. Son • cercle est aussi inscrit dans un carré
formé par les lignes diverses des petits caissons'
remplis de rosaces , qui s y trouvent fort multipliés.
Les angles du carré dans lequel est renfermé
lexercle du zodiaque, sont remplis par
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