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cliâteau que Catherine de Médicis fit commencer
à Ducerceau, et qui ne fut fini que longtemps
après, château q u i, augmenté depuis, modifié
et embelli, sous dilférens règnes, dans fon
enfemble, ses accessoires , et surtout ses jardins,
est devenu, par l’habitation des rois de France,
un des plus grands palais et des plus renommés
de l’Europe.
Son nom de Tuileries, au pluriel, lui est venu
de ce que le terrain , alors situé en dehors de Paris,
où Catherine de Médicis voulut établir son palais,
renfermoit plusieurs fabriques de tuiles. C’est
ce même terrain qui est devenu depuis le jardin
qu’on appelle aussi du nom de Tuileries.
Ce fut très-probablement d’un précédent semblable,
qu’ un des plus beaux quartiers d’Athènes ,
le Céramique y avoit emprunté son nom. Pausanias
dit qu’il l’a voit tiré de Céramusj fils de Bac-
chus et d’Ariadue. Pline prétend que ,ce lieu
fut nommé Céramique , parce que Chalcosthène,
artiste, et Plasticien, célèbre par ses statues et
ses ouvrages en terre, avoit eu son atelier en cet
endroit. Ceci paroît plus voisin de la vraisemblance.
Le mot Ceramos, en grec , signifiant
terre cuite et tuile, pourquoi Athènes, en s’étendant
, n’auroit-elle pas agrandi son enceinte,
aux dépens d’un terrain qui auroit contenu des
fabriques de tuiles et d’antres objets, jadis si communs
dans tons les édifices , et qui étoient du
ressort de la plastique? On sait, en effet, combien
d’ornemens, de frises et de bas-reliefs en terre
cuite furent appliqués à l’architecture, lorsque
le bois et la brique formoient la principale côhs-
truction des temples.
TUILIER, s. m. On appelle de ce nom celui
qui fabrique de la tuile.
TUMULUS. Ce mot est formé du verbe tumeo,
v qui signifie être enflé , gonflé. Il signifie de même
une enflure, un gonflement de la terre. C’est
dans ce sens que l’on a nommé tumulus une
éminence naturelle de terre, comme un tertre,
un lieu élevé. Ainsi a-t-on, par analogie, nommé,
dans le même sens, l'éminence factice, produite
par l’inhumation d’un corps. Cette sorte de protubérance
momentanée, qui devenoit le signe
d’une sépulture, a dû naturellement être augmentée
ou amplifiée, par le'Simple désir de rendre
plus durable le souvenir de l’homme, dont les
restes avoient été confiés à la terre. L ’usage
ayant perpétué et consacré ce signe commémoratif,
non-seulement on s’étudia à rendre de
plus en plus considérables, ces éminences factices,
mais on profita des buttes naturelles,
qu’on creusa, qu’on perfora, pour y déposer
lés corps des hommes, dont on voulut honorer
la mémoire. Ce fut ainsi, et par suite de Ces
ac.croissemens, que le mot tumulus en vint à
signifier, uü lieu de sépulture, un tombeau.
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Aux mots Pyramide et T ombeau , nous avons
déjà fait voir comment les plus vastes construc.
tions sépulcrales avoient été des imitations suc.
cessives, e t, si l ’on peut dire, des dérivés du
tumulus primitif. Nous Croyons même avoir
rendu très-vraisemblable, pour ne pas dire cer-
tain, que les pyramides d’Egypte ( voyez Py_
ramide) n’étoient autre chose que des buttes
ou, si l’on veut, des tumulus, à la fois naturels
et artificiels, c’est-à-dire, amplifiés par de
nouveaux amas de terre, et devenus le noyau
de la maçonnerie et des constructions en pierre
qui en formèrent le revêtissement solide.
Il est reconnu maintenant, que ce genre de tombeaux
ou de sépultures fut infiniment plus multiplié
et plus répandu, qu’on ne pourroit le dire, non-
seulement dans la Grèce et dans les pays qui formoient
le Monde antique, mais dans toutes les régions
habitées de la Terre. Il est même prouvé
qu’on a souvent interprété, dans un sens tout-à-fait
opposé à la vérité , un grand nombre de buttes
et d’élévation^ qu’on découvre partout. Ainsi,
Spon et Whelër avoient pris pour des forteresses
destinées à défendre les approches de Pergame,
deux masses coniques d’un énorme volume, évidemment
élevées à main d’hommes. Celte idée
n’étoit nullement vraisemblable; mais leur erreur
est démontrée, depuis qu’on a bien reconnu
le genre de sépultures désignées par le nom de
tumulus, dont il se trouve un si grand nombre
en Grèce et eh Italie.
Rien, au reste , n’est plus uniforme dans tous
les pays que ce genre de monumens. Effectivement
, il ne sauroit en exister qui offrent les
caractères d’une plus parfaite ressemblance, tant
l ’art ici se confond avec la nature. Aussi ri en de
plus inutile que de rechercher la trace des imitations
que tel peuple auroit empruntées à tel autre.
On trouve les tumulus très-multipliés dans le
nord de l’Europe , ainsi que dans toutes les contrées
occupées, ou successivement envahies par
les nations scytlies. Il en existe en Amérique,
et des voyageurs disent en avoir trouvé jusqu’à
l’extrémité de l’Afrique.
M. Pallas, qui a parcouru les pays immenses
d’où sortirent, à diverses époques , des nations
entières, pour se répandre sur TEurôpè et sur
l’Asie , a vu partout des tumulus pareils à ceux
qu’on rencontre dans la Grèce. Sur les bords des
grands fleuves qui traversent pu séparent les provinces
tartàres, ce savant voyageur trouve des
monticules toujours coniques et plus ou moiüs
élevés, souvent réunis en grand nombre sur un
iriême terrain, et dans quelques endroits, recevant
encore les hommages de cès peuples ,
restés fidèles aux opinions et aux usages de leurs
ancêtres.
Vers le Midi, les plaines voisines du Pont-
Euxin et de la mer Caspienne , ainsi que toute-
la Chersonèse taurique , offrent un grand nombre
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de tumulus. On en trouve sur les bords du Dniester
et sur ceux du Danube près de Constantinople.
U est fort probable que les voyageurs,
dont l’attention sera éveillée par tous ces faits,
découvriront de ces sortes de sépultures sur les
côtes de la Thrace , dans le Péloponèse , et surtout
dans l’Asie-Mineure , où elles doivent être
encore plus multipliées.
Déjà, depuis plusieurs années, quelques per-
sonnes instruites ont profité de leur séjour à
Smyme e t dans les environs de Sardes, pour
rechercher les monumens de cette espèce, désignés
par Héroddte.et Pausanias, et que leur
volume avoit dû défendre contre la destruction.
Plusieurs, en effet, se retrouvent encore aux
lieux où ces auteurs les placent. Il paroît assez
vraisemblable que c’est le monument de Tantale
qu’ on voit aux environs de Srnyrne, vers le mont
Sjpylus.
Ce grand tumulus é to it, comme on le dira
i bas, assis sur un soubassement formé de
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pus .
grosses pierres. Il a , dit M. Cousinery, de^ qui
on tient ces détails, deux cents pas de diamètre,
et il est couvert de très-vieux oliviers et d’arbres
lrùi(iers. Le propriétaire du terrain le fit ouvrir
pour enlever lès pierres du soubassement, et
s’en servit à, construire une métairie ; mais quoiqu’elle
fût assez considérable, on n’employa pas
ui ont presque tous disparu des lieux qu ils oc-
pèrent avec tant d’éclat.
Les plus anciennes de ces sépultures sont aussi
i plus simples. Ce sont des cônes de terre
élevés avec assez d’a r t, sur la place meme qu a -
voit occupée le bûcher où le mort fut consume,
et qui contiennent ses restes. Tels sont les
tumulus qu’on retrouve sur le rivage de lHelIes-
pont, et auxquels , comme on le dira,- sont attachés
la trentième partie des pierres qui lofaient cette
base immense , coupée par plusieurs galeries, et
contenant un grand nombre de chambres. Au
centre, on trouva les débris d’un bûcher placé
6ur le sol naturel.
On a découvert un autre tumulus à trois lieues
de Smyrne, sur le chemin de Coiophon ; mais
c’est sarlout dans les environs de Sardes, qu’qn
rencontre un nombre prodigieux de ces monumens,
On en remarque suy toutes les avenues qui
y conduisent, A une lieue et demie au nord-est
de la yi.lle, au-delà de l’Hermus , s’élève une
montagne dont la surface est couverte de ces
monticules factices , et qu’on appelle les mille
tQmhequx.. Ceft emplacement, selon Chandler
étoit consacré aux sépultures des rois de Lydie
et des babitans les plus distingués. L’on reconnoît
encore facilement le tombeau d’Alyates, père
de Crésus; il.est beaucoup plus grand que tous
lès autres, et offre les mêmes dimensions qui lu:‘
sont données par Hérodote. Nous parlerons plu:
bas de ce célèbre tumulus , désigné par les mots
grecs qui signifient monceau de terre.
Il y a très-peu de villes de l’Asie-Mineure qui
ne conservent ainsi quelques sépultures de leurs
fondateurs et de leurs anciens souverains. Il étoit
de la nature de ces monumens, sans art et
plupart sans lu x e , de résister à tous les agens
destructeurs, beaucoup plus que n’ont pu h
faire l,es plus somptueux ouvrages.de l’arcnitec-
lare,.dont la richesse a provoqué leur ruine, “
des noms célèbres. Tels sont encore la
upart de ceux qui ont été déjà reconnus dans
Thrace et dans le Péloponèse. Mais il paraît
que les grands et les riches, tout en conservant
dans leurs sépultures la coutume ancienne et la
forme primitive , y avoient ajouté des constructions
dispendieuses. Elles consistèrent dans de
grands soubassemens solidement construits en
lierre, et aussi dans une voûte pratiquée sous
’amas de terre , avec des conduits souterrains. On
citera aussi quelques exemples de plantations qui
ornèrent les pentes de la montagne.
Aux environs de Pergame , on voit des tombeaux
ainsi creusés et voûtés dans leur masse
inférieure. Il y en a un entouré d’un profond et
large fossé, destiné sans doute a en interdire'
’approche. Sa masse se divise en deux sommets
bien distincts : particularité dont on ne connaît
pas d’autre exemple, mais qui paroît devoir indiquer
que le double tumulus appartient à deux
morts, et que leurs cendres furent placées dans
deux caveaux séparés. ■ ■ . ' f
Un autre, tout Voisin de-ce dernier, n a qu un-
sommet. La masse de terre pyramidale qui ^ eu
fait le corps , s’élève sur un mur circulaire d environ
quinze pieds de haut, et qui paroît avoir
été revêtu de marbre. Ce soubassement a une
porte donnant eulrée dans une galerie qu une
autre galerie coupe à angle droit. Au centre
étoit une voûte dont la cle f s’est affaissée,^ A
chaque extrémité des galeries sqnt de petites
salles carrées, où probablement avoient été placés
les restes des personnages pour lesquels le
monument fut élevé. Pausanias nous apprend,
1. M ch. 4 , qu’on montroit encore de son tempi
à Pergame, sur le Caicus, la sépulture d’Augé,
C’est, d it- il, un tombeau de terre avec une base
circulaire en pierre. Il y a sur ce monument une
figure de femme nue faite en bronze.
Depuis long-temps, plus d’ un voyageur avoit
reconnu'*, au pied du cap Sigée, deux monticules
ou masses coniques, évidemment formées
de terres amoncelées, et en tout semblables a
ceux dont on vient de parler. Le plus rapproché
du cap est le plus considérable et le plus
élevé. On le prit d’abord pour le tombeau d’A chille,
et on lui en donna le nom; mais M. de
Choiseul l’ayant fait ouvrir, et ayant percé jusqu’à
son centre, il fallut se désabuser, pan
l’inspection des objets qu’on y trouva renfermés ,
i et dont aucun ne pouvoit se supposer avoir du.
Y y y a