
profusion des ornemens, par l’ignorance de leur
propriété , par leur mélange indiscret, que s’est
trouvée altérée la pureté de l’architecture.
On voit dès-lors , comment le mo^ pureté y exprimant,
dans le système de celte achitectnre,
l ’observation du caractère primordial de ses formes
, de ses proportions et de ses ornemens, on
appelle pur le goût qui tend à bannir des plans,
des élévations et de la décoration d’un édifice ,
tout ce qui est caprice, irrégularité, superfluité,
tout ce qui ne repose sur aucune raison.
Ainsi , un plan sans pureté } est celui qui se
composera de contours inutilement mixtilignes ,
de lignes brisées ou ondulées , pour le seul plaisir
de la difficulté.
Ainsi, une élévation sans pureté 9 est celle dont
les masses n’ont aucune relation entr’elles , dont
les formes contournées ou brisées sans motif,
n offrent aux yeux que l’effet d’une diversité sans
principes et sans but.
Ainsi , une décoration sans pureté, est celle ou
les membres de l’architecture, les profils, les
ornemens mêlés , combinés, prodigués, transposés
sans discernement d’aucune origine , d’aucune
signification , d’aucune convenance , pa-
roissent n’être qu’un jeu de hasard fait pour amuser
des yeux ignorans.
Pour bien faire comprendre par deux exemples
placés , si l’on peut dire, comme deux contraires
, aux deux extrémités de cette théorie , ce
qu’est la pu/vté et ce qu’est son opposé, dans l’architecture,
il suffit de se représenter un temple
dorique grec périptère, et une église de Boro-
ruini ou de son école.
PUREAU ou E c h a n t il l o n , s. m. C’est ce qui
paroit à découvert d’une ardoise., ou d’une tuile
mise en oeuvre. Ainsi , quoiqu’une ardoise ait
quinze ou seize pouces de longueur , elle ne
doit avoir que quatre ou cinq pouces de pureau, y
et ta tuile trois ou quatre, ce qui est égal aux intervalles
des lattes.
PURGEOIRS, s. m. pl. On donne ce nom à
des espèces de bassins avec sable et gravois, où
1 eau des sources passe pour s’y purifier avant
d’entrer dans ses tuyaux. 11 doit y avoir de ces
purgeoirs à certaine distance l’un de l’autre, et il
fau t, de temps à autre, en changer les gravois et
les sables.
PUTEAL, s. m. Ce mot n’est reçu que dans la
langue de l’antiquité et des arts du dessin. Il vient
de putealisy mot latin qui signifioit, ou la Couverture
d’un puits , ou ce qu’on appelle mardelle
ou margelle y de margo ( rebord), c ’est-à-dire, ce-
petit mur d’appui ordinairement circulaire, qui
borde l’orifice du puits.
Les Romains appelèrent doncputealis {putéal)
cette mardelle, et un assez grand nombre de
restes d’antiquité nous prouvent, qu’ils faisoiënt
cesputéals en marbre, et les décoroient de scuta
tures. *
On avoit long-temps pris pour des autels Cé8
morceaux d’antiquité. De ce nombre est celui
qui sert de piédestal circulaire à un grand vase
dans le Muséum du Capitole , à Rome, ei autour
duquel sont sculptées, dans un style archaïque
les figures des douze grands dieux. Cependant
il est certain que , dans sa partie intérieure, on
voit son rebord sillonné par les cordes qui enle-
voient les seaux où l’on puisoit l’eau.
On voit encore aujourd’hui à Corinthe , un pareil
putéal y employé au même usage. M. Dodwel
qui nous en a donné le dessin avec les détails de
ses figures, nous apprend qu’il est maintenant posé
dans son sens inverse, de sorte que les figure»
ayant la tête en bas , les fêtes sont continuellement
altérées par le contact des seaux. M. Dodwei
présume que ce putéal provient d’un temple
de Corinthe. 11 y avoit peu de temples qui n’eût
dans son enceinte, quelque puits sacré dont les
eaux servoient aux ablutions et lustrations. Naturellement
on dut ornçr leur orifice d’une mai*
delle plus riche. De-là ces putéals plus ou moim
grands , plus ou moins décorés , qu’on rencontre
dans les collections d’antiquités. Le P. Pac-
ciaudi en a illustré plusieurs dans son ouvrage
intitulé Puteus sacer.
PUTEOLANUS LAPIS. Voyez. P ouzzo la n e.
PYCNOSTYLE. Mot composé de deux mots
grecs puknasy dense , épais , et stulos, colonne.
C étoit une des cinq ordonnances ou dispositions
des colonnes, selon Yitruve ( lib. Illy c. 2),
c’est-à-dire, une des cinq manières de les séparer
, et de régler la mesure de leurs entre-co-
lonnemens.
Vitruve, en indiquant ta progression de largeur
des entre-colonnemens , depuis le pycno-
style jusqu’à l’aræpstyle, nous a donné un système
de mesures de ces cinq espèces de dispositions,
qui du reste dans sa théorie , comme on va le
v o ir , ne se rapportent qu’aux7 frontispices des
temples.
« Il y a (dit-il) cinq sortes de temples, et voici
les noms qu’on leur donne (d ’après l’ordonnance
de leurs frontispices). La première espèce s’appelle
pycnostyle, c’est-à-dire, à colonnes serrées.
Viennent après le syslyle, dont les colonnes sont
un peu plus espacées ; le diastyle , plus large encore;
au quatrième rang est l’aræostyle à entre-
colonnemens plus larges qu’il ne convient ; enfin
1 eustyle , qui a la plus juste proportion en ce
genre.
» Lepycnostyle est donc celui dont l’entre-co-
lonnement a une fois et demie le diamètre de la
colonne. Tels sont les temples de Jules-César , 6*
dans son Forum, celui de Vénus.
I » ke syslyle est celui qui a , dans ses entre»*co-
lonnemens , deux diamètres de la colonne , et
dont les bases ont leur plinthe égale à l’espace
; qui est entre deux plinthes. Ou en voit un exemple
au temple de la Fortune équestre , près du
[théâtre de pierre , ainsi qi\’à plusieurs autres.
» Ces deux modes de disposition, dans les colonnes
des frontispices des temples, ont cet inconvénient,
que lorsque les matrones montent les
degrés du temple, pour aller faire les supplica-
; lions, elles ne peuvent, à raison du peu d’espace
[des entre-colonnemens, y passer en se tenant
[embrassées l’une l’autre, mais sont obligées d’al-
[ 1er à la file. Ensuite l ’entre-celonnement serré du
j milieu, masque l’aspect de la porte et celui des
statues ; enfin, il résulte de cette disposition, que
les promenoirs autour du temple s’en trouvent
[trop rétrécis.
» Dans le diastyle j l’entre-colonnement a de lar-
[geur trois diamètres de colonnes. Te l est le tem-
[ pie d’Apollon et Diane. Le mal de cette sorte
d’ordonnance est que les architraves ayant trop
[ de portée , se rompent.
[ » A l’égard de l’aræostyle, il faut dire que telle
[est sa largeur d’entre-colonnement, qu’on ne
[peuty mettre en oeuvre des architraves de pierre
[.ou de marbre , mais seulement de longues plates-
I bandes en bois. L’aspect de ces sortes de frontis-
tpices devient écrasé, lourd et bas. Les frontons
[ de ces sortes de constructions doivent, selon
[ l’usage toscan, être ornés de figures de terre cuite
[ou en bronze doré. Tels sont, près du grand Cir-
| que, le temple de Cérès, et celui d’Hercule,
Iélevé par Pompée. Tel est encore un autre temple
[au Capitole.
I » Reste à faire mention de 1a disposition de
ITeustyle , laquelle est ta meilleure , là plus conforme
à ce qu’exigent la commodité, la beauté
[ et là solidité. »
J ai rapporté à dessin le passage de Vitruve,
j qui contient toute sa théorie, sur cette partieim-
f portante de ta disposition des colonnes des tem-
[ pies, dans son rapport avec les mesures des en-
Itre-colonnemens , et j’ai eu en vue , dans ce rapprochement
des différens mots , qui expriment
Icette théorie, et qu’on trouve déjà à leurs articles
[ respectifs, d’en tirer quelques considérations qui
[ ne sont pas sans quelqu'importance.
[ Premièrement, il faut observer que presque
[tous les commentateurs de Vitruve, et les Traités
F modernes d’architecture., ont pris une théorie
particulièrement applicable aux colonnes des
[frontispices des temples, comme étant un système
général, destiné à régler pour tous les cas , et
[ dune manière absolue, la mesure des entre-colon-
[. nemens. Toutefois il paroît certain que cette
l théorie est simplement relative aux temples , et
[ aux colonnades antérieures de leur entrée,
r Secondement, on a pu remarquer qu’en fixant
comaîe le minimum de la largeur des eatre-cgîonnemens,
leur mesure à deux diamètres de ta
colonne, Vitruve annonce par-là,comme on peut
s’en convaincre ailleurs, qu’il n’a point connu,
ou n’a point voulu faire connoîlre l’ordonhance
et les proportions de l’ordre dorique des Grecs ,
dont l’entre-colonnement, dans les temples , n’a
souvent qu’un diamètre de largeur , et n’arrive
jamais à deux.
Troisièmement, on peut conclure de la théorie
de Vitruve , que l ’architecture est tenue de se
conformer, selon les temps et les pays, aux usages
pour lesquels elle est faite, qui lui font impérieusement
la loi , et auxquels l ’architecte habile
sait.se soumettre, sans qu’on doive d’une exception,
s’autoriser contre la règle. Cependant on
a vu , dans plus d’un ouvrage moderne, l’ artiste
se prévaloir de Fautorité du passage de Vitruve
qu’on vient de rapporter.
PYLONE : du mot , grande porte.
On trouve ce mot employé chez les anciens
historiens, qui ont décrit les monumens de l’Egypte,
et appliqué à ces grandes portes, que nous
avons déjà vu précéder les vestibules en colonnes
qui se succèdent, dans les plans des temples
égyptiens.
Les nouveaux voyageurs et les auteurs da
grand ouvrage de la Description de l'Egypte , ont
donc francisé le mot grec, et ont appelé pylônes
ces grandes masses qu’on pourroit en quelque
sorte appeler des portails y en les considérant,
soit sous le rapport de leur masse , soit comme
servant, ainsi que les portails modernes, de frontispices
à l’ensemble des temples. Nous en avons
déjà rendu compte à l’article de l ’architecture
égyptienne, dans l’analyse que nous avons- donnée
de tous les détails des temples, et de toutes
les parties des édifices égyptiens. Voyez E g y p t
ie n n e ( Architecture ).
Nous nous bornerons à dire ici en deux mots ,
que presque tous les pylônes forment des masses
plus ou moins pyramidales, et quelles sont de
deux genres : les unes simples , c’est-à-dire ,
offrant une porte sans accompagnement; les autres
composées d’une porte qui s’ouvre entre
deux massifs, en forme de tour carrée , dans lesquels
se trouvent des escaliers, qui conduisent
aux plates-formes pratiquées au sommet de chacune
des deux tours.
PYRA. Ce mot est grec et latin , et on le tra*-
duit en français par le mot bûcher.
Son étymologie est wop, qui signifie jfeu , et
quelques-uns croient que le mot pyramide en dérive
, soit parce que la pyramide , par sa forme,
ressemble à la flamme qui se termine en pointe,
soit peut-être parce qu’une certaine analogie,
dans la destination funéraire, auroit rapproché
l’idée de pyramide , de celle des monumens que
les Grecs appeloient pyra.