
» peints, qui constitue cette classe mixte dont j’ai
» parlé plus haut. Ce moyen n’est pas absolument
» nouveau ; les Anciens 1 ont employé, mais avec
» une grande imperfection , ainsi que je viens de
» le dire.
» Le tableau- que la manufacture royale de
» porcelaine exécute en ce moment^ et qui doit
» remplir une des fenêtres de la nouvelle église
« de Nolre-Dame- de-Lorette, est fait par ce pro-
» cédé mixte, et j ’ai lieu d’espérer qu’il atteindra
» complètement le véritable but de la peinture
» sur verre , et un effet v if et senti au moyen de
» couleurs transparentes et inaltérables.
» L a 3e. classe est tout-à-fait moderne ,
» et je la crois entièrement due à M. Dihl. C’est
» la peinture sur glace.
» Les procédés de fabrication des couleurs et
» de cuisson, sont généralement les mêmes que
» ceux de la peinture sur verre de la seconde
» classe. Les différences , et il y en a , consistent
» dans la fusibilité des couleurs, et dans la diffé-
» rence de cuire des glaces ou pièces de verre de
» quinze à dix-huit décimètres de côté, d’ un seul
» morceau.
» Les procédés d’application ne sont pas les
» mêmes. Comme en raison de l’épaisseur de la
» gla ce , on ne pourroit pas peindre des deux
» côtés de manière à ce que les couleurs se posas-
» sent toujours-exactement l’une sur l’autrç, dans
» toutes les positions où l’on regarderoit le ta-
» bleau, et qu’il faut cependant, pour donner aux ,
» couleurs de la force sans lourdeur, les placer
» sur deux surfaces de verres, on donne une par-
» tie de l’effet du tablean sur une glace., et on
» complète cet effet, en appliquant les couleurs
» et les tons nécessaires sur la surface d’une
» autre glace. On applique ces deux surfaces
» l’une contre l’autre de manière que la peinture
» soit entre deux épaisseurs de glace. On obtient
» par ce moyen des tableaux d’un effet suffisant
* et agréable , parce que leur lumière est celle du
» soleil ; mais il est probable que cet effet ne
» poui'roit jamais être monté au ton nécessaire
» pour les vitraux d’église : d’ailleurs le prix en
» est, et en doit être toujours très-élevé. Il est
» inutile d’en exposer les motifs. M. Dihl a fait,
» comme je l’ai d i t , les premiers tableaux de ce
» genre en 1800 et 1801. La manufacture de
» Sèvres en a fait un semblable, et uniquement
» comme imitatrice de M. Dihl, en 1801. Depuis
» lors on n’a plus rien fait dans ce genre , parce
» qu’i l n’a pas beaucoup d’applications, et que
» ses produits sont très-chers. »
De Vétat actuel de la peinture sur verre.
« Je comprends par l’état actuel la période qui
» s’étend de i8ooà 1828.
» L’usage et par conséquent la pratique de la
» véritable peinture sur verre} avec des couleurs
» vitrifîables, a cessé vers le milieu du dix-sep-
» tième siècle. Depuis ce temps, et notamment
x» vérs la lin du dix-huitième, il s’est présenté de
» temps en temps, des chimistes ou des peintres
» et principalement des Allemands , qui ont pré-
» tendu avoir retrouvé cet art, comme le préten-
» dront tous ceux qui se donneront la peine
» d essayer des couleurs de porcelaine sur un
» morceau de vitre. Mais l’art ne consiste pas
» uniquement à faire tenirquelques couleurs sur du
» verre ; il s’étend à la pratique de tous les pro-
» cédés, et personne, que je.sache, n’a mis ces
» procédés en pratique en grand, parce qu’au-
» cune demande n’étoit faite.
» M. Dihl, en faisant paroître des glaces peintes
» vers 1798 ou* 1800, a réveillé l ’attention des
» Français, et peut-être aussi des autreanations,
» sur la peinture sur vèrre. J ’étois depuis peu
» à la manufacture de Sèvres, j’avois peu de
» notions de cet art; néanmoins, en étudiant
» l’ouvrage de Le V i e l , et ceux des anciens
» chimistes qui se sont occupés de cette ma-
» tière, en m’aidant de la pratique du sieur
» Méraud, chargé alors de la préparation des
» couleurs de la manufacture, je parvins à pré-
» senter, à la première classe de l’Institut, une
» série assez complète de couleurs sur verre ;
« c’éloient des vitres peintes par le procédé de
» la deuxième classe, c’est-à-dire, avec c.ou-
» leurs vitrifîables fondues par le feu de moufle
» sur le verre de vitre blanc, sans le secours
» d’aucun verre teint, et par conséquent sans
» l ’emploi de plombs. C’étoit un essai qui n’eut
» pas de suite , parce que personne ne demanda
» de vitraux. Il étoit imparfait à beaucoup
» d’égards, mais il suffisoit pour faire voir qu’a-
» vec des recherches et de la pratique , ou
» pourroit arriver à faire comme les Anciens.
» La question du_rouge purpurin ne fut pas
» abordée. Cette tentative et les principes de
» fabrication employés pour le faire, ont été
» décrits dans le Mémoire que j’ai cité au com-
» mencemfent de cette notice : les pièces sont
» déposées dans la collection de la Manufacture
» royale de Sèvres.
» La continuation de l’église de Sainte-Ge-
» neviève fit penser de nouveau aux peintures
» sur ‘ verra ; les architectes firent des projets
» et des demandes, mais les vitraux qu’ils vou-
» loient y placer ne dévoient présenter que des
» ornemens à teintes plates, par conséquent,
» de panneaux faits presqu’uniquement par le
» procédé de la première classe. Ils rentroient
» alors dans le domaine de la verrerie et de
» la vitrerie.
» M. Mortelègue, fabricant de , couleurs, a
» exposé, de 1809 à 18 1 1 , et jusqu’en 1823,
» differens tableaux peints sur verre et cuits à
» la moufle, appartenant à la deuxième classe,
» c’est-à-dire, faits par le procédé connu des
» Anc’eris, sous le nom de verre émaillé} et
» sans le secours de verres teints. L ’absence de
» ce moyen et celle du verre purpuriny firent
» que ces tableaux parurent inférieurs à ceux
» des Anciens, sous,le rapport de la beauté des
» couleurs. \
» M. Paris a fait voir, en 1823 et 1824,
» quelques peintures du même genre , exécutées
>j par le concours des deux procédés, des verres
» peints et des verres teints. L’un de ces viiraux
» est à la Sorbonne, où il produit affez d’effet.
» Les rouges teints ne sont pas dus au cuivre,
» mais à du cristal coloré par de l’oxyde d or ,
» seul exemple de ce genre de coloration que
» l’on puisse encore citer.
» M. Le Clair a produit, dès le commence-
» ment de 1826, quelques peintures sur verre,
» faites par le second procédé, ou des verres
» émaillés. Ces essais parurent assez satisfaisans.
» Ces peintures pourroient manquer de belles
3* couleurs, du prestige des oppositions, et de
» celui du placement; mais on peut assurer que
» le talent dont M. Mortelègue a donné des 3» preuves dans la fabrication des couleurs de
m porcelaine, lui eût fait porter cet art a la
» perfection, si cet artiste français eut été chargé
» de quelques commandes, qui eussent pu len -
» gager à s’y adonner.
» J ’ai désiré que la Manufacture royale de
» Sèvres, qui la première avoit donné, en 1802,
» des preuves qu’on pouv.oit peindre sur vitres,
» quand on le voudroit, ne restât pas en arriéré.
» J’ai donc, en 1823, encouragé M. Pierre Robert,
» peintre, à s’en occuper. Je lui ai donné, pour
» cela, tous les secours et les moyens qui dépen-
» doient de moi ; néanmoins, n’ayant aucune com-
» mande à exécuter, nous n’avons pu-former à
» Sèvres, à cette époque, aucun atelier, aucun
» établissement en grand, 6vt nous avons du nous
» borner à produire des échantillons, pour faire
» voir aux savans, aux artistes, aux amateurs,
» ce qu’on pouvoit déjà faire, et par conséquent
» ce qu’on pourroit encore faire.
» M. Robert a exécuté successivement, en
» 1823, en 1824 et en 1825, des vitraux peints
» par les deux procédés, c’est-à-dire, en em-
» ployant des verres teints et peints concurrem-
» ment, ou en se passant entièrement des pre-
» miers. Il n’a pu employer en verres teints
» que ceux que lui fournissoient les verreries,
» et par conséquent, il a dû chercher à rem-
» placer par des mélanges et des superpositions
» ingénieuses de couleurs, le verre purpurin,
» qu’aucune verrerie ne fournissoit alors. On
» v o it, par les pièces de 1823, de 1824 et de.
» 1825, comment il a successivement amélioré
» ses jcouleui's et ses teintes, et comment il est
» parvenu, dans le grand panneau de là Sainte-
» Chapelle, à suppléer presqu’entièrement le
verre purpurin au moyen des rouges tirés de
» l’or.
Les .progrès résultant dune pratique aussi
» ■ peu ac tive , que l’exécution de cinq a six
» petites vitres, sont cependant fort remarqua-
» blés. M. Robert présenta, en 1825, un bou-
» quet peint sur vitre , avec ses couleurs et
» sous la direction de M. Schilt. Cè bouquet
» est d’autant plus remarquable, que je ne con-
» nois aucune peinture de ce genre dans les v i-
» traux anciens, qu’il est bien sous tous les
» rapports, et que ce pourroit être un genre
» de décoration très-convenable pour des mo-
» numens religieux, ainsi que pour des inai-r
» sons'ou des châteaux.
» Enfin, comme on parloit toujours des pro-
>3 cédés des Anciens, qui éloient perdus, qu’on
» disoit que les vitraux modernes en diffé-
» voient beaucoup, j’ai voulu prouver .l’erreur
» de cette opinion, en faisant copier exactement
» par M. Robert, une grande partie d’une fe -
» nôtre de la Sainte-Chapelle. Cette copie, faite
» presqu’à s’y tromper, est exposée, depuis 1826,
» dans la collection de Sèvres.
» Ces publications successives, ces essais, mis
33 sous les yeux du public et des artistes à Sèvres,
» et dans les expositions publiques de la Ma-
» nufacture, au jour de l’an, ne servirent à rien ;
» ils ne détruisirent pas l’opinion enracinée que
» l’art de peindre sur verre étoit perdu , et n’em-
» pêchèrent pas de croire qu’il venoit d’êtie
» retrouvé en Angleterre. Ainsi, l'ignorance trop
» générale où l’on étoit de l’état, de cet art en
33 France, et le désir très-louable de nous en
» faire jouir, en l ’y important, engagèrent à
3) aller, en 1826, chercher des artistes anglais
» pour transporter à Paris un art que l3on y
» possédoit depuis 1802, et dont on avoit vu
3) successivement des produits en 1809, 18 1 1 ,
» 1823 , 1824 et 1825. Mais ces produits avoient
» été présentés sous de petites dimensions, parce
» qu’on ne fait pas sans commande des panneaux
» de croisées très-dispendieux, et qui n’ont de
» place que dans les édifices pour lesquels ils
» ont été coiriinandés. On vit donc en septembre
» 1826 un grand tableau représentant le mariage
» de la Vie rge , pour la chapelle de la Vierge
» de Saint-Elienne-du-Mont; et enfin, on fit
» venir, pour d’autres croisées, trois autres ta-
» bleaux entièrement faits èn Angleterre.
» Ces tableaux ont été faits sous la direction
» de M. le comte de Noé; ils sont exécutés
» par les procédés de la seconde classe, c’est-
» à-dire \ par celui des verres blancs peints
» avec des couleurs vitrifîables cuites à la moufle.
» Ils offrent déjà, sous le rapport des couleurs
» et des carnations, des résultats de beaucoup
» supérieurs à ceux des Anciens ; mais, à l’ex-
» ception de leur dimension, ils ne présentent