
des boulons , vis et clous, qui n’excèdent point le
parement de ce qu’ils attachent ou retiennent,
et qui même y entrent jusqu’à s’y trouver renfoncés.
TËTRASTYLE. On distinguoit sous plus d’un
rapport, et l’on classoit diversement dans le système
architectonique, les temples, selon les différences
d’ordre, selon la conformation de leur
ensemble et la distribution des colonnes extérieures,
selon le plus ou le moins d’espace de leurs
entre-colonnemens, selon le nombre des colonnes
affectées à leurs frontispices. Sous ce dernier point
de vue, le temple tétrastyle étoit, comme l ’indique
la formation du mot, celui qui n’avoit que
quatre colonnes de front. Tel est, par exemple,
celui qu on appelle aujourd’hui 9 à Rome, delà
fortuné virile,
THALAMUS, du mot grec ïaXstfeas*, l i t , chambre
à Goucher. Selon Vitruve, le thalamus étoit
placé dans la maison grecque, ainsi queT antithalamus
, chacun d’un côté de l’cecns ou salon, dans
lequel se tenoit la maîtresse de la maison. Le thalamus
étoit sa chambre à coucher^ l'antitha-
lamus étoit celle de ses* esclaves..
THÉÂTRE, s. m. En latin theatrum, du grec
êturpot, formé du verbe haoftcu ? qui veut dire regarder.
contempler. Théâtre , déiini d’après son
étymologie, signifie donc un lieu pour voir et regarder.
Tel fut , en effet, le but ou l’objet principal
des premiers locaux, où les hommes seréuni-
rent pour jouir du plaisir naturel et, li-foir peut
dire, instinctif de s.e voir et de se considérer daus
les imitations de l’art. Les récits des voyageurs
nous représentent ainsi les peuplades des sau-
vages, se groupant ou s’assemblant en cercle,
autour d’histrions ou de saltimbanques, qui mê-r
*ent a des danses grossières, quelques éspèces
d actions, dont les sujets sont tirés des habitudes de
leurs moeurs, ou des traditions de leurs aventures
guerrières. Là est l’élément primitif des compositions
de l’art dramatique , et aussi de l'art qui de-
yoit, en suivant les progrès de la civilisation ,
préparer et perfectionner pour le spectacle scénique,
et pour ses spectateurs, l’édifice qu’on appelle
théâtre, ||
PU THEATRE CHEZ LES ANCIENS.
Plus d’un degré marqua en Grèce les progrès de
cet art. Il paroît que les fêles de Baçchus et de
Gérés, qui de très-bonne heure consacrèrent l’époque
de la moisson et des vendangés, devinrent
dès-lors le sujet et l’occasion de réunions, où les
chants et les danses se mêlèrent aux cérémonies
religieuses, et firent chercher des emplacemens
favorables, au besoin de voir et d’entendre. Le
prpux d’un vallon, quelque partie circulaire de
montagne donnée par la nature, prêtèrent à cei
premiers spectacles un local agreste et sans art.
Lorsque quelque chose de semblable à la représentation
d’une action entre des personnages s’y
fut introduit , une sorte de cabane de branches
d’arbres représenta la scène. Peu à peu on façonna
le terrain montant sur lequel se tenoientles
spectateurs, de manière à inspirer l’idée des gradins
ou degrés des théâtres postérieurement construits.
Cet état de choses dut se perpétuer avec peu
d’amélioration, tant que la population resta divisée
dans les bourgs , avant la formation des
villes. Lorsque, dans celles-ci, on eut à célébrer
de pareilles fêtes, on fut obligé d’élever quelques
échafaudages temporaires, que Je retour périodique
des cérémonies tendit à rendre de plus eu
plus fixes et solides. L’on comprend que plus
l’art dramatique, s’étendant et se perfectionnant,
attir.oit de spectateurs, plus, de son côté, la construction
fut obligée d’agrandir et d’améliorer le
local destiné à la multitude.
La nature seule des choses nous apprendroit
qu’en suivant le cours des âges, et l’extension
donnée aux jeux scéniques , par Le-culte et par la
politique, on dut faire en charpente des théâtres
réguliers, si nous ne savions par l’histoire, comme
on le verra bientôt, qu’il en arriva réellement
ainsi. Disons d’avance que du temps du poète dramatique
Pratinas, qui vécut dans la soixante et
dixième olympiade, il n’y avoit encore à Athènes
qu’un théâtre en bois. Pendant la représentation
des pièces de Pratinas, les sièges s’écroulèrent.
Cet accident fut cause que du temps de Thémis-
locle, on construisit en pierre, le théâtre connu
sous le nom de Bacchus.
Mais ce théâtre fut creusé dans le flanc de la
montagne de l’Acropole , qui regarde le mont
Hymette. Là, comme on le voit, se seront réunis
les élémens de la formation des théâtres primitifs,
c’est-à-dire (ce qu’une multitude d’aulr es théâtres
nous démontre) l’emplacement ou l’adossement à
une montagne ou à un rocher, et la disposition
déjà élaborée dans la construction en bois.
On ne prétend point attribuer ici, par-là, au théâtre
eu pierre d'Athènes, une priorité sur tous ceux
qui furent'Constrnits de même, soit dans l’Asie mineure,
soit dans les autres parties de la Grèce.
Une histoire positive et chronologique de ces mo-
numens, ne pourvoit reposer que sur des dates
données soit par les écrivains, soit par les édifices.
Les unes et les autres nous manquent. Nous n’entendons
établir dans cet article , que des notions
générales sur l'origine et les progrès de celte partie
si intéressante de l’architecture grecque, en
renvoyant d’ailleurs, pour toutes les notions particulières
et les détails techniques du sujet, aux
nombreux articles de ce Dictionnaire qui en traitent.
Quoiqu’on n’eu ajt aucune preuv.e, il nous parcît
toutefois probable , que les Athéniens , auxquels
cst due très-certainement l’invention du drame,
ou de l’action scénique régulière, auront été aussi
]es premiers à réduire le lieu de sa représentation à
des formes, des distributions et des proportions
déterminées par le besoin et le plaisir. Un édifice
tel que le théâtre en marbre de Bacchus, n’aura
pu être conçu, projeté, exécuté que sur des
données antérieures , déjà consacrées par l’usage
et dictées par une longue expérience. Hesychius
nous apprend que pendant long-temps on faisoit
des gradins en planches pour les spectateurs. Ta-
bulata ligna in quitus spectabant Athenis , prius-
quàm JDyonisii theatrum eætructunv esset. Ce
fut donc dans ces constructions temporaires que
l’art et la science de bâtir les théâtres s’essaya
long-temps , et parvint à fixer l’ensemble et les
rapports nécessaires des deux parties^dont ils doivent
se composer.
Lorsqu'on veut se* rendre compte de la disposition
élémentaire du théâtre grec, il ne faut
pas perdre* de-vue ce qui donna naissance aux représentations
scéniques. Le drame , originairement,
ne fut qu’un choeur, qüi chantoit des dithyrambes
en l’honneur fie Bacchus', sans aucun autre
acteur déclamant. Dans la suitè on y ajouta un
acteur récitant quelques aventures mythologiques,.
puis on lui donna un interlocuteur 5 enfin le choeur,
de principal qu’il avoit été, devint personnage
accessoire, dans l’action- dramatique, et ne joua
plus que le rôle d’an acteur. La scène (ou le lieu
d’une semblable action ) fut donc originairement
disposée , pour recevoir un très-grand' nombre de
personnages chantans 5. ce qui explique pourquoi
et comment, même après que l’action dramatique
futdeVenue principale, et que le choeur n’en fut
plus que l’auxiliaire, le lieu de celte action dut
s’étendre en largeur, beaucoup plus qu’en profondeur
Ajoutons que la très-graode multitude des
spectateurs ayant exigé un vaste emplacement
eu demi-cercle, meublé de gradins les uns au-dessus
des autres, le diamètre de ce demi-cercle détermina
nécessairement l’étendue eu largeur , du local
oùl’action-et le spectacle dévoient se donner.
Ainsi la scène, ou ce qu’on appela ainsi {voyez
Scène), fut, non l’espace où l’action avoit lieu,
où les acteurs se tenoient, où le choeur chantoit,
mais ce qui servoit, comme dans un- tableau, de
fonds à tous ces personnages; et le local qu’aujour-
d’hui nous appelons scène, répondit à ce que
nous nommons avanPscène, proscenium>. ( Voyez
ce mot.) Il n’est pas douteux que dans les premiers
théâtres en bois , on dut décorer par la peinture*,
selon la diversité des sujets qu’on représentoit,
cette devanture qui faisoit face aux gradins du
théâtre, c’est-à-dire aux spectateurs^ Au temps
d’Eschyle , un des-premiers poètes tragiques-^
Agatarchus, selon ce que nous apprend Vitruve,
avoit peint, probablement pour une des pièces de
c® poète, une scène dans laquelle il.fit. montre
d’un grand savoir dans l’art de la perspective. Oïi
a déjà parlé de cet ouvrage' au mot S c è n e . Je n y
reviens ici que pour rappeler ce qui est dit à cet
article, savoir, qu’avant l’érection du théâtre en
matière plus solide, la devanture, ornée par les
perspectives d’Agatarchus, ne fut très-probablement
qu’une cloison recevant le rideau peint qui
la cachoit.
Nous trouvons chez les écrivains plus d’un
passage, où il est fait mention de scènes peintes.
Maisnous-ne rappelons ici ces notions que pour
indiquer ce qui dut donner naissance à la disposition
définitive , et même au goût de cette partie du
théâtre antique. Sans doute, lorsque le théâtre en
marbre de Bacchus à Athènes fut construit, les
yeux étoient, depuis long-temps, accoutumés à
voir les personnages de l’action, se détacher
sur des fonds, où l’art de la* peinture décorative
s’étoit plu à figurer , et en toute liberté, des
compositions d’architecture, auxquelles l’artiste
avoit pu prodiguer, sans grande dépense, toutes
les- richesses de l’art. Quand il fallut satisfaire
également les yeux, par une architecture réelle et
en matériaux solides, l’architecte ne se trouva-t-
il pas induit à porter dans celte partie du théâtre,.
le luxe de détails et d’ornemens , que nous savons
avoir été habituellement appliqué à- la< scène? Il
nous suffit d’avoir indiqué , ce qui aura été le
principe, et de sa forme définitive, et du goût
qui, jusqu’aux derniers temps de l’art, fut celui.de
sa décoration.
Ce que l’on nommoit proscenium!, avons-nous
dit, ou avant-scène, étoit, dans l’ensemble du
théâtre antique grec ou romain, le lieu même où!
se passoit l’action. Selon Vitruve, chez les Grecs,,
une portion des acteurs arrivoit jusque sur l ’orchestre.
C’étoient probablement les danseurs, car
le mot orchestre désigne précisément le genre de
spectacle qui dépend de la danse. Cet espace
avoit une étendue comprise entre le gradin inférieur
de ce que nous appelons amphithéâtre,
et la ligne du proscenium. Derrière la scène
étoient disposées différentes salles, formant le
postscenium. Elles étoient affectées aux services
divers , dont le détail seroit étranger aux notions
purement architecturales..
Si l’on se fait- une juste idéè dès deux parties
principales du théâtre antique , on comprend avec
la plus grande clarté, qu’il: consistait en un* plan
semi-circulaire d’un côté, et rectangulaire de l’autre
, formant ce qu’on appelle vulgairement un
f e r à cheval. La moitié dont on vient de parcourir
la distribution , étoit comprise dans la partie qua-
drangiflaire , et de ce côté , pour un très-grand
nombrfe de théâtres adossés,.comme on va le voir,
à une coite ou à une pente de montagne, devoit se
trouver Ventrée principale. Aussi Vitruve nous
apprend^il que cette* partie de l’édifice se termi-
noit par an portique servant à mettre les spectateurs
à couvert,lorsqu’il surveaoit de la pluie , et