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beaucoup plus général, exprime une multitude
de rapports plus ou moins gênans, auxquels l'architecte
est tenu d’avoir égard, dans la conception
et l’exécution de ses projets; et ces rapports dépendent
des besoins divers, souvent des caprices
des particuliers, quelquefois aussi des convenances
locales et impérieuses du terrain et de son site.
Voyez S u jé t io n .
SÉVÈRE, SÉVÉRITÉ. On donne ce nom ,
dans tous les arts, à une sorte de goût, de style,
de manière dont un ouvrage est conçu et exécuté ,
et par suite on le donne encore à l’ouvrage même.
Sévère est l’opposé à?agréable. Le style sévère3 dans un' édifice, est celui qui n’y admet que ce
qui constitue le nécessaire, et néglige toutes les
formes, tous les oruemens accessoires,d’où résulte
l’impression de la variété, de la richesse et du
luxe.
Le plus nécessaire, dans un édifice quel qu’il
soit, est, sans contredit, la solidité. Mais l’architecture
exige le mérite de la solidité , d’abord dans
la réalité de la chose, ensuite dans son apparence.
La solidité réelle et positive peut tenir uniquement,
et à certains matériaux, et à un certain
emploi de ces matériaux, dont l’effet n’aura aucun
rapport sensible avec le goût, ni avec les impressions
de nos sens. Mais la solidité apparente résulte
de certaines dispositions de masses, d’un certain
accord entre les pleins et les vides, d’une
certaine rectitude de lignes , qui produisent l’impression
de la qualité qu’on appelle sévérité.
Ainsi des masses uniformes, de grandes surfaces
lisses, de grandes parties rectilignes sans ressaut,
sans interruption, porteront le caractère d’une
grande solidité, parce que l’instinct seul, sans
parler du raisonnement, nous apprend que le
temps et la destruction ont moins de prise-sur ce
qui est simple, que sur ce qui est composé. Voyez
S o l id it é .
Qui ne voit àu contraireque la diversité des
masses, la multiplicité des percés, les plans contournés
et mixtilignes, ne peuvent point ne pas
produire pour l’esprit, le sentiment de foiblesse et
d’inconsistance, comme ils doivent en opérer l'effet
dans la réalité?
Ce qu’on appelle sévérité', en architecture ,
tiendra donc à une grande simplicité de plan, a
une grande uniformité d’élévation, et aussi à une
grande économie d’ornemens.
On entend peut-être mieux la sévérité sons ce
dernier rapport.
Effectivement, c’est ainsi qu’on l’explique , et
qu’on la définit dans les arts du discours. On y
distingue le style sévère et le style orné. Le premier
est celui des écrivains et des orateurs ordinairement
les plus anciens , qui, dans chaque sujet,
occupés principalement des choses plus que
des mots, jaloux d’instruire plutôt que de plaire,
de prouver, en s’emparant de la raison plutôt que
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| de l’imagination, ont négligé les charmes de 1
i diction, et préféré la solidité de la logique aux
: fleurs de la rhétorique. On reconnoîtle style orné
à nne certaine prétention dans la variété des tour!
! nures, dans le.choix des formes, dans la recherche
des.images, dans le soin de flatter agréable,
ment-l’oreille par des mouvemens cadencés, et des
; chutes variées.
| Il en est de même du style sévère en architecture.
Les maîtres de ce style se font remarquer par
l’attention qu’ils portent, avant tout, aux qualités
fondamentales de l’art de bâtir, par le soin qu’ils
ont de ne rien mettre de superflu dans leurs compositions,
de s’en tenir à l’expression propre de
chaJju e caractère, et à l’exécution scrupuleuse des
proportions de chaque ordre, de ne rien innover
Hans les types reçus, de subordonner les orne-
mens, c’est-à-dire l’agréable à l’utile, c’est-à-dire
aux formes constitutives des membres dont se compose
le corps d’un édifice.
Si l’on veut retourner cette définition et prendre
l’inverse de chacune des notions qu’elle ren-,
ferme, on trouvera qu’il s’est donné dans l’architecture,
un style remarquable par •l'affectation de
mer ou de dissimuler ce qui est le principal d’un
édifice, et de faire prévaloir sur le nécessaire,
précisément ce qui est le superflu, parla prétention
à une variété de formes , de lignes, de contours,
tendante à détruire-toute idée d’ordre, de type
constitutif et indicatif de chaque caractère, remarquable
surtout par l’ambition des nouveautés,
par le désir de flatteries yeux, au préjudice du
plaisir de l’esprit et de la raison.
En appliquant la notion de ces deux styles aux
monutnens de l’architecture, il n’y a personne qui
ne range sous l’indication du premier, c’est-à-dire
du style sévère 3 le plus grand nombre des édifices
du quinzième et-du seizième siècle. Je dis le plus
grand nombre, parce qu’il s y en trouve, parmi
ceux du quinzième, quelques-nns, surtout à Florence,
où la .sévérité peut paroître excessive, et
d’autres, parmi ceux du seizième siècle, qui tiennent
un milieu très-heureux entre la sévérité et le
relâchement des principes : car la sévérité a aussi
différens degrés. Mais personne n’hésitera d’appliquer
la notion du second style, c’est-à-dire opposé,
au style sévère 3 au goût qui régna dans le dix-
septième siècle.
L’idée précise de sévérité, en architecture,
peut être rendue sensible à l’esprit comme aux
yeux, dans les ordres , par le dorique grec, où le j
principe de solidité,, de nécessité, d’utilité, se
trouve écrit en caractères qu’aucun oeil ne peut
méconuoîl.rè.
Cette idée se manifeste encore clairement dans
certains édifices, du genre de ceux qui ne sau-
roient, sans une inconvenance révoltante , admettre
ni les variétés de formes;, ni le luxe des orne-
mens, ni les badinages des détails, auxquels le j
caprice aime à se livrer. Tels sont des portes de.
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citadelles ou de fortification, des prisons, des arsenaux,
des magasins, etc.
SEUIL, s. m. C’est la partie inferieure d’une
porte, ou la pierre qui est entre ses tableaux. Elle
ne diflêre du pas, qu’en ce qu’elle est arrasée d’après
le mur. . . ‘ '
r Le seuil a quelquefois une feuillure pour recevoir
le battement de la porte mobile.
Sê u il d ’é c l u s e . ( Terme d* architecture hydraulique.
) Pièce de bois qui, étant posée de travers
entre deux poteaux, au fond de l’eau, sert à ap*
puyer par le bas, la porte ou les aiguilles d’une
écluse, ou d’un pertuis.
Seu il d e p o n t - l e v is . Grosse pièce de bois avec'
feuillure, arrêtée au bord de la contrescarpe d’un
fossé, pour recevoir le battement d’un pont-levis
quand on l’abaisse. On l’appelle aussi sommier.
SGRAFFITO. Mot italien qui exprime un certain
genre de peinture ou plutôt de dessin en grisaillesur
mur, et-qu’on a traduit jadis en français
par le mot égratigné } manière égratignée. C’est
ce que signifie en effet le mot italien, et ce mot
exprime assez bien la nature du procédé, par lequel
on exécute cette sorte de dessin, ou pour
mieux dire, de gravure sur murailles.
Voici comment on y'procède.
On forme sur le mur en maçonnerie qu’on veut
ainsi décorer, un enduit fait de sable ef de chaux ,
ou l’on mêle une cendre de paille brûlée> qui donne
au mortier, en raison de la quantité qu’on y introduit,
une teinte noirâtre ou grisâtre plus on moins
forte. Lorsque la couche de ce mortier est sèche,
on y passe une teinture de chaux délayée dans de
l’eau de colle. Dessus cette teinture blàuche on
trace les dessins de la composition qu’on veut
exécuter, avec des cartons ou papiers piqués , en
faisant usage d’un petit sac rempli de charbon pilé,
qu’on frappe sur le trait indiqué par les petits
trous des piqûres, de façon que la poussière passant
à travers ces trous , marque les traits du dessin en
points noirs.
Le peintre se sert alors d’une pointe de fer pour
fixer. son trait, ou de plusieurs pointes en manière
de fourchette, qui forment des hachures, lesquelles
enlevant la teinte blanche et découvrant
l’euduit du mortier noir qui est dessous, produi-
*ent d’une manière très-expéditive un dessin en
grisaille, c’est-à-dire èn blanc et noir. Il est encore
facile de former des demi-teintes, en passant par
endroit un gris léger, sur les parties qu’on veut
éteindre.
On a jadis usé fréquemment , à Romç, de cette
Manière, de décorer les murailles, à peu de frais,
etencoré aujourd’hui la pratiquê-t-on à Gênes,
au dehors de& maisons. Cette méthode de décora-
kpn plus simple que la fresque, a encore l’avau-
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tage de mieux résister aux injures du temps.
Quelques vestes de sgraffito de la main de Poly-
dore, élève de Raphaël, ont subsisté jusqu’à nos
jours, et § est à croire que le plus grand nombre
a dû sa destruction moins au laps du temps, qu’aux
changemens survenus dans beaucoup des habitations
qui en étoient ornées.
SIÈGE, s. m. Dans son acception ordinaire, ce
mot signifie un meuble fait pour s’asseoir. Il s’en fait
de toutes sortes de matières, et de formes diverses.
On donne en effet ce nom et à des meubles portatifs
et mobiles , et à des bancs de pierre , tels que
les degrés des théâtres anciens, où s’asseyoient les
spectateurs.
Les sièges y par la dignité de quelques-uns de
leurs usages , par la richesse de leur matière , pBar
la beauté de leurs formes ef la variété de leurs or-
nemens, ont.été jadis, et sont encore quelquefois
d’importantes compositions , où le génie de la décoration
architecturale trouve à s’exercer.
L’antiquité nous a laissé quelques monumens
durables du goût que ses artistes portèrent à de
tels jouvrages. On a trouvé dans l’Attique deux
sièges sculptés en marbre, et dont les ornemens
désignent clairement l’usage. La partie antérieure
présente deux chouettes d’un assez grand relief,
et qui semblent supporter soit la banquette, soit les
bras du siège. Sur la partie latérale d’un de ces
deux sièges y est sculptée la table où l’on plaçoit
les couronnes, les palmes et les différens prix
donnés aux vainqueurs dans les jeux du stade. 11
est bien probable que ce sont.les des Agonolhèles;
ou juges des combats.
Plus d’un siège de marbre ou de porphyre s’esfc
trouvé dans les ruines des Thermes à Rome, et
orne aujourd’hui les musées de. cette ville.
Mais de tous les objets auxquels le nom général
de siège convient, il n’en est point qu’on puisse
comparer pour la grandeur, la richesse et le goût
de la composition, aux trônes des divinités , surfont
de celles qui étoient d’or et d’ivoiré. Nous en
renvoyons la description au mot T r ô n e d e s d iv i n
it é s . Voyez T r ô n e .
SIGNINUM'(Opus). C’est le nom que donne Vi-
truve (//A 2. cap. 4* Hb. 8. cap. 7-) à une sorte
de mortier, dont on faisoit usage pour les puits et
les citernes. On mêloit ensemble cinq parties de
sable pur, et deux de chaux. On remuoit bien ce
mélange, et on y met toit de petits morceaux de
pierre ou de tuf, du poids d’environ une livre;
ensuite on le battoif avec des masses de bois garnies
de fer. Selon Pline, on faisoit aussi lesigni-
num opus avec des tuiles pilées et de la chaux.
SILVANI ( G h e r a r d o ) , né en *5yQ, mort en
1 6 7 ,5 .
Silv.ani fut un des derniers, architectes du seizième
siècle à Florence ,, c’est-à-dire de ceux qui
Bb b a
y