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lit dans ce rapport, qui étoit adcompàgné de dessins
, un exposé de considéra lions, de prôjets, de
travaux graphiques, qui ne peuvent être que le fait
de l’artiste , et ne sauroient convenir à l’auteur du
Cortigiano. Tout ami des arts et «de Raphaël qu’ on
puisse le supposer, certes il ne devoit ni ne pou-
voit se livrer au travail de mesurer des ruines;, de
tracer des plans , et d’y faire entrer jusqu’aux indications
des voies romaines.,
Comment se persuader ensuite que le pape
Léon X auvoit commandé un pareil travail à Bal-
thazar Castiglione, mêlé alors dans toutes les affaires
d’intérêt entre le Saint-Siège et le duché
d Urbin , et non à Raphaël} son architecte, sur-
intendant et conservateur des antiquités î* Comment
pouvoir se prêter cètte id é e , lorsque
l ’auteur de la lettre ou du rapport dont il s’agiit,
dit en propres termes, que le Pape lui a commandé
de dessiner Rome antique , autant que cela
se pourroit, par la connaissance dés restes qui en
subsistoient ? Essendo mi àdunque commandato
dd Vostra Santïta che io ponga in disegno Rorria
a ntic a y quanta conoscer si puo per quello che
oggidi s i vede/, etc.
Certainement Castiglione ne 'sauroit avoir été'
celui q u i, dans, un rapport au Pape , aiiroit décrit
le procédé particulier‘ employé pour lever les
plans, et tracer les élévations géométriques des
édifices antiques. Resta, che io dica i l modo che
ho tehuto in misurar gli.
Nous nè saurions quitter cette partie, jusqu’ici
peu remarquée, des travaux d e Raphaël sur les
monumens antiques de Rome , sans faire mention
d’un passage de la préface 3*Andrea fciilvipy dans
son ouvrage des antiquités romaines, publié sept
ans après la mort de Raphaël. « J ’ai pris soin,
J (d i t - il) , de sauver de la destruction , et de
» rétablir, avec les autorités des écrivains, les'
» restes antiques dë Rome, & j’ai étudié dans
»_ chaque quartier les anciens monumens , que ,
» sur mon indication , Raphaël d’Urbin, peu de
» jours avant sa mort, avoit peints au pinceau ,
» pehicillà pinxèrat. »
Il résulte de ce passage ,'q u e non-seulement
Raphaël avoit mesuré, dessiné et restitué les
édifices ruinés de l’ancienne Rome, mais qu’il
avoit déjà commencé à en faire,. ce qu’on appelle,
des tableausc de ruines ou d*architecture.
RAPPORT, s. m. L ’emploi le plus ordinaire
de ce mot, en architecture , est d’exprimer dans
la combinaison des parties d’ un édifice, la relation
où la correspondance dès masses essentielles ,
de leurs mesures, de leurs 'détails . de leurs !br-
nemens.
Il u y a presque rien dans les ouvrages des arts,
et peut-être dans ceux de la nature, qui ait une
valeur absolue, et telle qu’on puisse la considérer,
abstraction faite de toute relation. Comme il my
a rien qui ne se compose de parties y ce sera tou-
RAP*
jours par les rapports des parties entrelles et
leur tout, que nous jugerons des qualités de chaq„p
objet, ' ' . ‘ 1 e
Ainsi les idées les plus simples, celles de gvao-
deur, par exemple, sont plus qu’on ne pense son-
mises à Faction de rapport. Une masse plus pe.lii©
qu'une autre.paroîtra plus grande, en raison des
parties ou des objets qu’on^met en rapport avec
• elle ^ et qui lui servent d’échelle. Un. édifice pa-
rollra grand dans une petite place $ le même si
la place est vaste, va nous,sembler petit.
Quelquefois le manque absqlu. dp divisions dans
unq grande, masse, ne présentant^à l ’oeil aucun
rapport facile de mesures, empêche.d’en évalues
la grandeur. Quelquefois des divisions beaucoup
trop multipliées, qécômposant-.la masse par des
détails trop difficiles à additionner, s'opposent à
l'effet de la grandeur, en ne nous frappant que
par la petitesse des parties. Dans le premier cas
de,s rapports trop étendus échappent, à la mesure
de la vue j dans le second , c ’est l’oeil même qui
s’y refuse.
L’architecture, confine les autres arts, consiste
donc en rapports. Mais ce qui fait sa difficulté
G’est qVeile n a point dans la nature,, de modèle
qui lui en. fournisse des exemples tout faits et des
règles particulières. L’architecte, ne peut presque
jamais .s’assurer du bon effet des rapports dans
l’ensemble qu’il imaginer, par la comparaison avec
un modèfe effectif.. il ne peut avoir recours à l’é-.
prëuve de la réalité, que .dans quelques parties
de détail , comme quelques pi-ofilp d’enta'blemens,
quelques contours de chapiteaux, encore ne sau-
rpit-il les.voir en rapport avez la masse totale',de
l’édifice, qui n’existe.ppint;, il,q y a véritablement
qu’une grande expéA*ieùce, l ’habitude des parallèles
et le, tact.d’un sentiment très-déli»çat, qui peuv
en t lux faire deviney , dans les desfins qu’il qora-
ppsie, ce que deviendra, l’ouyr.age réalisé en grand.'
j . .Apre? ce qù’on peut appejpr^ips
! res., M , si Ton peut dire,, m^téfielsj^dpntpù.vieut
,de parler, il y a po,ur l ’art de,Ta)fchitecture une
muititude d’autres, rapports intellectuels pu njo-
r,?ùx,.de la juslesf|é desquels dépendent le mérite,
fa propriété, lecaraclère de chaque édificè., Ainsi,
du choix de telles ou telles proportions, de fein-
plpi de telles ou telles fQ,rme,s, de l'application
de tels ou tels ornemens ^procéderont, pour l’es-
pnt du spectateur, tels^ou'tels effets , .qui mettront
l’édifice en rapport> avec.sa destination, et
produii'ont les impressions qui lui sont analogues,
Mais , comme on voit, la théorie de.ces so.rjes de
rapports3 étant la théprie même du goût; et da
génie de l ’architecture, elle.se retroqvetendétail
à tous les articles de ç.e Dictionnaire, dont elle
est le pi’incipal objet,. G’est pourquoi nous n’alon*
gérons pas davantage qelui-éi.
R a p p o r t . Dans la partie administrative'des
bâtinxens, on nomme ainsi le.jugement par écrit
r a y
w font des gens experts en Part de b âtir , et
^ooiuiés d’office ou par convention , soit siir la
; iuaüté et la quantité, soit sur le prix “fies ouvra-
I es j quelquefois aussi sur quelque point douteux
[pu controversé d’un projet de construction ou
| d’un procédé nouveau.
R a p p o r t , s e d i t a u ss i d e s o u v ra g e s q u i se fo n t
de d illé re n s m o rc e a u x d e m a tiè re ;, e t s u r u n fo n d
[d’une a u tre m a t i è r e , c o m m e , p a r e x e m p le 'r dë
[difléreus b o is c o lo ré s e t p v é c ie u x , s u r u n f o n d d e
[bois c o m m u n , d e d iffé re n s m a rb r e s s u r u n f o n d
[en p ien ’e , d ’o r e t d ’a r g e n t s u r le c u iv r e . Voyez
[sur c e t o b j e t , le s a r tic le s M a r q u e t e r i e , M o-
[saïque* . ■
K RAPPORTEUR, s . m. Plaque de métal ou de
Icorne transparente , en forme de demi-cercle,
Idont le limbe est divisé en 180 degrés , et les dè-
Igrés en minutes , suivant sa grandeur. On s’en
■ sert pour rapporter sur le papier les angles qu’on
la mesurés sur le terrain en levant un plan.
I RATELIER, s. m. C’est, dans une écurie , une
■ espèce de b.ilustrade faite de roulons tournés, où
B’on met le foin pour les chevaux, au-dessus de
lia mangeoire. Le râtelier doit être à une hauteur
■ de la mangeoire , telle que les chevaux , tirant de
■ haut leur foin ou leur paille, s’accoutument à
■ lever la tète.
■ RAVALEMENT, s. m. On donne ce nom dans
Bes pilastres et corps de maçonnerie ou de menui-
Berie^ à un petit enfoncement simple, ou bordé
»une baguette ou d’un talon.
■ RAVALER, v . act. C’est faire un enduit sur
Km mur de moellons, et y observer des champs,
»es naissances et dès tables de plâtre ou de crépi.
IC est aussi repasser avec la l.aye où la ripe une fa-
igade de pierre, ce qui s’appelle encorej'aireun ravalement
y parce que l’on commence cette façon-par
|pn haut, et qu’on finit par en bas , en ravalant.
■ RAVENNE, est une des plus anciennes villes
le 1 Italie. Aucune n’auroit ni plus de restes à
piontrer, ni de plus variés de son antique existence,
si, en passant squs tant dé nominations
diverses, elle n’eût éprouvé les plus nombreuses.
Ricissitudès. Enfin , ce qu’elle a conservé de célér
ité , sous le rapport des monumens, est dû à la
nomination des Golhs, dont elle fut quelque temps
P capitale'en Italie 5 el le tombeau de Théodoric,
Ùa on y voit encore, atteste un des derniers, efforts
■ e , ancien art de bâtir.
■ Cependaut on trouve dans Ravenne ? de plus
^tiques témoins de sa grandéur et de sa richesse
Jpassee.' ■
ha G M antiquités de Paris possède un
|ASj,i e qùi vient originairement de Ravenne,
■u 0n Y01t encore, son pendant, entre toutes les
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raretés qui décorent l’église de Saint-Vital. La
gravure a fait counoître ce dernier, qui représente
le trône de Neptune avec trois génies , dont
l’un porte son trident , et les deux autres une
grande coquille de buccin. Un de ces' génies
est à droite du trône , les deux autres sont à la
gauche. Au-dessous du trône est un monstre tua-,
rin qui semble être là pour le garder. Le basr-re-'
lief du Musée de Paris offre la même composition
, mais le trône est consacré à Saturne, f l
existe des morceaux tout semblables pour la di-<
mension et la composition , à Rome , à Venisç
et à Florence : d’Hi l’ on doit conclure que ce sont-
tous morceaux détachés de l’ensemble d’une frise*
appartenant à un temple de Ravenney consacré
à tous les dieux , et où chaque divinité étoii représentée,
comme l’usage en est très-fréquent
dans l’antique, sous l ’image d’un trôné accompagné,
des symboles et attributs que la religion
avoit affectés à chaque dieu.
Il resté encoi’e quelques débris de l’an.cien
pont de Ravenne., On y reconnoît la situation
du phare destiné à éclairer la route des vaisseaux5.
des vestiges de la belle porte de marbre, porta
aurea9 qui fut bâtie par Claude ou par Tibèi’e ,
et.aussi d’autres constructions qu’on donne pour
les restes de l’ancien palais de Théodose.
Ravenne est extrêmement remarquable par la
giande quantité de fragtnens antiques de marbre,
surtout noir et blanc, qui attestent le grand emploi
qu’on, en fit aux temps de sa magnificence.- *
Le cathédrale est ornée de quatre rangs de
belles colonnes de marbre grec. L’église de
Sainte-Apollinaii;e a vingt - quatre colonnes de
marbre gris veiné, qui furent, dit-on, appor-
I tées de Constantinople. L’église de Saint-Vital,
( sur un plan octogone, est soutenue par des colonnes
de marbre grec , qu’on ci’oit avoir été apportées
à Ravenne , sous les exai*ques qui en
étoient les souverains y; sortis la plupart de Constantinople
, source principale d’où alors éma-
noient les richesses'des arts er de l ’ai’chitecture.
Dans une cour du couvent de Saint-Vital, on
voit une chapelle revêtue de marbre gris d e .lin ,
qui fut bâtie par l ’impératrice Oalla P laiid ia,
fille de Tiiéodose-le-Grand, pour servir de sépulture
à sa famille. Il y a en effet trois grands tombeaux
en m a rb r e c e lu i de cette impératrice,
ceux des empereurs Honorius, son frère, et 'V alentinien
I I I , son fils.
Mais ce qu’on appelle Ai Rotonda, ou l’église
de Sainte-Marie de la Rotonde , qui est
maintenant hors de la v ille , tout près des murs ,
est le monument le plus remarquable de ses antiquités.
Il fut érigé à la mémoire de Théodoric ,
par la célèbre Amaiasonte, sa fille.
Ce monument sépulcral se compose de deuxéla*
ges. L ’inféi'ienr est aujourd’hui à moitié comblée!
rempli d’eau. L’étage ^supérieur forme une salle
circulaire qui se termine en voûte d’un seul mor