
rabilis auïa gigantum. Ainsi voil-on sur l’écusson
de celte vilie, trois figures nues, qui semblent
supporter trois tours. Gigantes in scnto ostëntat
arcein humeris sustineniem. De là vint donc à
populaire de palais de Géans, palazzo dé Gi-
ganti.
Quels étoient ces géans ou télamons ? c’est ce
que les fouilles exécutées, vers le commencement
de ce siècle, au milieu des débris du temple
olympien, nous ont manifesté.
Ce temple a été décrit avec beaucoup d’exactitude
et de clarté par Diodore de Sicile. Il nous
apprend qu’il avoit ses murs en dehors ornés de
colonnes circulaires à moitié engagées, et eu dedans
de colonnes quadrangulaires. On avoit vu là
naturellement un psendopériplère et les colonnes
carrées, ori les avoit expliquées par unè ordonnance
de pilastres correspondans aux demi-co-
lonues extérieures , et la chose peut très-bien s’entendre
ainsi. Mais l’état entièrement ruiné de
l’intérieur du temple éloit resté inconnu, les décombres
cachant entièrement l’aire de son naos.
Or, il a été avéré qu’au lieu de colonnes formant
les trois nefs comme dans les grands temples , ;l y
avoit des piliers quadrangulaires, et au lieu du se-
cond ordre de colonnes surmontant, selon l’usage,
l’ordre inferieur, il régnoit une rangée de téla-
rnons, ou atlantes en ronde bosse, faisant fonction
de colonnes et supportant l’entablement.
Des fragmens de ces colosses se- sont retrouvés
dans les décombres du temple , et en assez grand
nombre , pour qu’il ait été facile à M. Cockerell,
il y a quinze années., d’en recomposer une figure
toute entière. Depuis, de nouveaux fragmens retrouvés
et assemblés , ont permis d’en remettre
plusieurs autres dans leur premier ensemble, et
ainsi s’est confirmée la vraie raison qui avoit fait
appeler cet édifice temple des Gédns.
D’après les renseignemens donnés par plus d’un
voyageur, et récemment encore par M. Hittorf,
ces télamons avoient à peu près vingt-cinq pieds
de hauteur. Ils ont les deux bras ployés au-dessus
de leurs têtes, dans l’attitude des porte-faix qui
chargent des fardeaux sur leurs épaules ; leurs cheveux
symétriquement bouclés sont surmontés d’un
bonnet. Celte sculpture est d’un style qui tient du
genre des anciennes écoles. Les yeux y ont de l’o-
îmquilé, et les coins de la bouche sont relevés.
Généralement , le goût et le travail en sont assez
grossiers. Ce qu’on explique, non par l’époque
qui fut très-certainement celle du développement
de l’art , mais d’abord par la position très-éle.< e
d’où cette sculpture de voit être vue, ensuite par la
nature de lu pierre du pays , qui ne comporte
point de fini , enfin parce que ces figures dévoient
être toutes revêtues de stuc , et peut-être de couleurs
comme l'architecture. Mais Diodore nous
apprend que ce temple ne fut point terminé dans
son comble, et très-rprobablement ces télamons
restèrent dans une espèce d’état d’ébauche, auquel
la dégradation n’aura pas laissé d’ajouter de nouvelles
défectuosités.
À l’article Salonique [voyez ce mot ), on a fait
mention d’un monument antique , où’règne au-
dessus des colonnes une ordonnance de piliers
carrés auxquels s’adossent des figures d’un bas-relief
assez saillant, et qui, si elles ne paroisseul pas
faire fonction de caryatides, en sont au moins le
semblant. D’autres exemples qu’on a rapportés, et
qu’on rapportera encore, prouvent que cet usage
d’adosser des statues à des pilastres, et d’en faire
le soutien réel ou- fictif des plates-bandes ou îles
en table me ns , fut beaucoup plus commun qu’ou ne
l’avoit pensé. Voici une nouvelle autorité de celle
pratique dans une moindre dimension sans doute,
et que les découvertes- récentes de Pompeia en
1824 viennent de nous fournir.
Une salle qu’on croit avoir été une salle de
bains, a son entablement supporté par des mon-
tans, entre lesquels sont des ouvertures ou fenêtres.
Çes montans ou trumeaux , comme nous les a p ilerions
, servent de fond à des figures de télamons
ou atlantes en ronde bosse , tout-à-fai 1 semblable*
k ceux du temple d’Agvigenle. Elles posent chacune
sur un socle. Elles ont , comme les télamons
d’Agrigente, les deux bras ployés au-dessus de
leurs têtes, et elles expriment dans leur attitude
l’effort d’un homme portant un fardeau. La plus
grande différence enti’elles , et celles du temple de
Jupiter Olympien, consiste dans la dimension.
Les télamons de Pompeia n’ont guère qu’un
pied et demi de hauteur 5 ils sont en terre cuite , et
les moulures de la corniche qu’ils supportent, sont
de sine. Quelques-unes annoncent par l’espèce de
ceinture de poils qu’ils ont, qu’on eut l’intention,
d’en faire des-êtres de la nature du Faune.
C’est ainsi que sont effectivement représentée*
ces trois grandes figures 'antiques qui supportent un
bassin , qu’on voyoil jadis à Rome dans les jardins
de la villa Albani, et qui ornent aujourd’hui le Muséum
royal de Paris. L’emploi auquel ouïes a appliquées,
quoique fort convenable à leur caractère,
étant très-certainement d’invention moderne , rien
n'empêche de croire que ces statues atlantiques furent
originairement employées comme support, en
place de colonnes , dans quelqu’édifiee, sous un
couronnement quelconque.
Pirro Ligorio , dans sa description manuscrite
de la villa Adriana Tiburtina , nous a conserve la
mention d’un semblable emploi de télamons, plaC['s
dans une salle à manger ou triclinium (ainsi i[u|1
l’appelle), dont la forme étoit circulaire, mais décrivant
un décagone , dont les angles étoient peu
prononcés. Elle avoit, dit-il, à chaque anglfi)
au lieu de çolonnes, des figures en marbre noir,
drapées de plis légers, avec les nus en marbre
rouge. Je vais rapporter les propres paroles de
Pirro Ligorio. Aveva questo (Tiiclinio) alquanto
délia Jvrma rotonda , ma decagona , e degh nnr
irnli dolcemente angolata , merostata tutta di
marnii mischi e di compartiments. Aveva figure ,
ver colonne, del 'manno negw 1 v estiment 1 di
sottihssinil v e li, vestite colle mani e piedi e brac-
da del marmo rossa, poste in ogni angulo una ,
che sostenevano mutuli , capitelli e corone , dette
auali, solo una ne avemo veduta intera, e delli
iosamenti delle altre tuttiJbderati di marmo mis-
cJiio, cinque piedi alte da terra , ed esse figure
sono di grande.zza tre volte il naturale.
T E L M I S S U S . V i l l e a n t i q u e d e l ’-A s i e m i n e u r e ,
dans la C a r i e , o ù M . d e C h o i s e u l - G o u f f i e r a f a i t c o n -
n o î lre d e s r e s t e s d e m o n u m e n s t o r t c u r i e u x , e t
dont o u p e u t v o i r i e s d e s s in s d a n s s o n v o y a g e p i t to
re sq u e d e l a G r è c e . .
La planche 65.-, tom. I , contient quelques sarcophages
en pierre grise de différentes grandeurs.
Il s’en trouve un fort grand nombre sur le penchant
de la colline où étoit bâtie Telmissus jusqu à la
mer. Un de ces sarcophages a sur son petit coté
une ouverture carrée , par laquelle il est vraisemblable
qu’on introduisoit te corps mort. On fermoit
sans doute après cette entrée , avec une pierre
qu’on scelloit.exactement.
La planche 66 nous montre un autre sarcophage
beaucoup plus grand. 11 est ('dil M. de Clioiseul)
» d’un dessin très-singulier, et je n’en connois
> aucun du même genre. On dircit, ajoute l-al,
» qu’on ait voulu imiter un édifice .construit en
» bois ; c’est au moins ce que par ois sent indiquer
» 'certains dés de pierre faisant au-dessous du cou-
» vercle fonction de modifions, ou de mutules
» dans les deux côtés plus longs. »
Il n’y a aucun doute , comme l’observe le célébré
voyageur, que les Anciens aient souvent
imité dans leurs sarcophages les formes generales
de l’architecture et les détails des édifices. Ces
sortes d’imitations plus ou moins exactes sont
iuuombrâbles. Qui ne sait aussi que de tout temps
l’on s’est plu à donner ces sortes de ressemblances
à beaucoup d’autres objets, tels que meubles, ;
i coffres, armoires, etc.? Nous hasarderons sur j
la vue du dessin de ce grand sarcophage , de met- j
tre en avaut une autre espèce d’imitation analogique.
Elle nous est suggérée par les bandes mul-
j tiplîées que présentent ses élévations. Pourquoi ne
supposeroit-on pas qu’on auroit eu en vue d imiter
la construction de certains coffres , entourés de
bandes de métal pour en assurer la solidité *.
Dans une montagne voisine de Telmissus , et
i dans la roche dont elle se compose, on voit un
très-grand nombre de tombeaux. Quelques-uns ne
| sont que de simples trous. Mais il en est deux,
véritables monumens d’architecture , qui fixent
bientôt les regards. Us offrent des façades d édifices
réguliers. M. de Choiseul, tom. I pl. 68 et
suivantes, a fait connoître le plan , l’élévation et
! les détails des plus importans de ces sépulcres
! taillés dans la masse du rocher.
L’ordre employé,dans ce monument ne permet
nas de le croire fort ancieti ; on s’aperçoit qu’on a
’cherché à lui donner un caractère simple et severe.
Toutes, les parties de la rnodénuluve sont lisses et
carrées. On y a supprimé la frise; l’architrave est
en deux bandeaux , et la corniche a des modulons
eubiquement taillés. Les acrotères repondent
au caractère lisse du fronton. Toute cette simplicité
a du être inspirée, par le travail meme d une
architecture prise dans la masse de pierre, dont est
formée la montagne. Le frontispice présente un
vestibule composé de deux antes ou très-larges
pilastres, et de deux colonnes isolées, dont le;
chapiteau est ionique. La base a un double plateau,,
l’un carré, l’autre circulaire, et un seul tore
saillant. . .
Sous ce vestibule est une porte feinte parfaitement
figurée, et qui n’a jamais eu d’autre ouverture
qu’un des espaces d’un panneau inférieur, par
lequel on s’est ménagé le moyen de creuser au-delà
et de pénétrer dans la chambre qu’on a creusée.
Cette chambre a onze pieds trois, pouces de large,
sur neuf pieds deux pouces de profondeur; sa
hauteur est de cinq pieds dix pouces. Autour de
cet intérieur règne une banquette de trois pieds
deux pouces de large, sur deux pieds neuf pouces
de haut. _ . f
Il est à croire que les corps déposés dans ce sépulcre
ne furent point enfermes dans des sarcophages,
de la nature surtout de ceux^qu on trouve
à Telmissus, car aucun n’auroil pu etre introduit
parla petite ouverture dont on a parlé. Peut-être y
déposait-on lés corps , de la manière dont on les
voit dans les sépulcres de la grande Grèce, sur la
banquette même autour de la chambre. ^
L’entrée de ce sépulcre se fermoit par une dalle
de pierre qu’on faisoit glisser dans des rainures
taillées pour la recevoir , et dont la surface extérieure
répondoit à celle des autres panneaux figurés
sur la porte. Sur le panneau correspondant à
celui-ci, est une inscription grecque, mais tellement
effacée, quii a été impossible de la déch;f-
frer.,, , , | . , ..
La planche 69 renferme , avec d autres détails
de ce monument, le dessin exact de la totalité de la
porte feinte, dont le chambranle est formé de
deux faces tout unies, et surmonté d’une manière
de corniche, qu’accompagnent deux consoles sans
ornement ni enroulement. On remarque le soin'
avec lequel on a cherché a y copier les tetes de
clous , dont on fortifie les portes faites en menuiserie.
. ,
II s’est conservé à Telmissus les restes d un théâtre
pratiqué sur le penchant d une colline , comme
le sont presque tous ces édifices en Grèce. Il est
construit d’une pierre grise fort dure. Toute la
partie circulaire sur laquelle se plaçoient les spectateurs
est assez bien conservée , mais les extrémités
qui joignent le proscenium , et cjui n’étoient
pas soutenues par le terrain, sont entièrement dé