bains, dont les principaux étoient ceux de Pau]-
Emile, de Jules-César, de Mécène, de Livie , de
Sallusle, d’Agrippine, etc. Mais tous ces édifices,
résultats de fortunes particulières, furent effacés par
les établissernens des thermes } auxquels leurs fondateurs
attachèrent leur noms. Les plus remarquables
furent bâtis, selon l’ordre chronologique,
par
Agrippa, vers l’an........ io de l’ère vulgaire.
N é ron . ......................................... 64
Vespasien........ ..
Titus..................
Domitien..........
'Trajan................
Adrien................
Commode. . . . . . . .
Àntonin Caracalla .
Alexandre-Sévère..
Philippe . ...............
6ff
? 5
9 °
] io
120
188
217
2 3o
245
D è c e . . . . . . . . . . . . . . . - .
Aurélien. ...................
D io c lé t ien .. . . . . . 1 . . . .
Constantin....................
200
272
295
3 2 4
Il existe encore à Rome des restes de quelques
uns de ces grands édifices , mais 1 immense
destruction qui s’est opérée dans cette ville, a du
naturellement les décomposer, et én isoler les parties,
de manière à rendre impossible,, pour le
plus grand nombre, la remise ensemble des membres
dont ils éloient'formés. C’est aujourd’hui le .
fait de l’antiquaire d’en rechercher les emplace-
mens, l’histoire à la main, à l’effet d’en compléter
la topographie de l’ancienne Rome. Pour 1 architecte
, il n’y à plus guère de-visibles et.d instructifs
que les restés des thermes de Titus , des
thermes de Caracalla et de ceux de Dioclétien.
Ilavoit manqué jusqu’à présent, une restitution
complète du plus entier de ces monumens, qui
pût servir d’indication pour faire .connoître, par
analogie, le lien commun de toutes les parties
qui entroiènt dans la composition de quelques
autres moins bien conservés. Mais cet ouvrage
vient d’avoir lieu, par la restauration qu’a faite
des therfnes de Caracalla, M. Abel Blouet, pendant
le ’cours de son séjour à Rome , comme pensionnaire
du Roi; Ce beau travail, dont la publication
a été-'encouragée par le Gouvernement, va rendre
une sorte d’existence à un genre d’édifices dont il
étoit difficile , vu leur grandeur et la diversité des
parties qui les composoient, de se former une
juste idée.
Au pied du mont Aventin,. entre lés murs de
Rome, et la voie Triomphale , existent des restes
très-considérables de ces thermes , qui furent les
plus grands de ce genre, et formèrent un des
pins vastes, et à la fois des plus magnifiques édifices
de la capitale du Monde ancien.
Construits par l’empereur Antonin Caracalla,
dont ils prirent le nom , ces thermes furent achevés
dans la quatrième année de son règne, c’est-à. I
dire l’an 217 de Père chrétienne. Selon Lampii- I
dius , ils n’avoient point eu originairement de pov- I
tique. Eliogabale et Alexandre-Sévère y en ajou- I
lè-rent dans la suite. S’ilést difficile, en général, I
que de grandes entreprises, toujours susceptibles I
d’augmentations et de changemens , reçoivent
leur exécution d’après des projets définitivement I
arrêtés d’avance , avec une correspondance par- I
faite de leurs parties, les fouilles faites avec beaucoup
de dépense pendant deux années, aux
thermes de Caracalla, en faisant retrouver le plan I
exact de toutes les masses , ont mis à jour la régularité
des parties qui entrèrent dans leur composition.
11 résulte de la certitude de ce plan, que chacune
des faces des corps d’édifices intérieurs, étoit
disposée avec une correspondance de symétrie parfaite.
Pareille disposition devoit.régner à l’extérieur,
dont les murs, dans les restes de leurs éléva-
| lions actuelles, n’annoncent pas qu’on ait porté à
| ces dehors une grande dépense de décoration. Na-
! lu Tellement ce soin et cette dépense furent appliqués
à l’intérieur des galeries, des salles de tout
genre, où la multitude étoit plus ou moins admise.
On peut juger de cette magnificence, non-seulement
par les nombreux débris encore visibles,
des ornemens répandus sur toutes les superficies
de ces intérieurs, majsencore par les mounmens
de sculpture qui y ont été trouvés. Les plus remarquables
sont l’Hercule de Glycon, le torse antique,
le Taureau dit Farnèse, la Flore, deux gladiateurs
, les deux vasques de granit de la place
Farnèse , les deux belles urnes de basalte vert qui
sont dans la cour du Musée du Vatican, diverses
terres cuites, et une infinité d’autres sculptures et
objets d’art. La dernière colonne de granit de la
grande salle du milieu a été enlevée de ces thermes
en T 5 6 4>et donnée parle pape Pie IV au grand-duc
Cosme de Medicis , et elle est présentement sur la
place de la Trinité à Florence, où elle supporte
une statue en porphyre de.la Justice.
La masse générale des thermes de Caracalla
forme, en plan, un quadrangle de 1011 pieds,
sur 1080. L’entrée principale du monument est
sur -le côté plus petit, et elle s’annonce par nu
portique extérieur composé de deux étages ou
rangs d’arcades l’un sur l’autre , au nombre de
cinquante-trois dans chaque rangée. Ces arcades
ont leurs piédroits ornés- de colonnes adossées,
doriques dans le rang d’en bas, ioniques dans
l’étage supérieur. Ces arcades introduisent dans
une longue galerie, et les piédroits qui la forment,
ornés de ces colonnes en dehors, le sont en dedans
, de pilastres -correspondant à une rangée
pareille de piédroits. •
Les trois autres côté du quadrangle n’ofiroient
en dehors que des murs sans décoration , d autant
plus naturellement, que deux de ces façades extérieures
étoient adossées au mont Aventin, allX
dépens duquel même a voit été taillée une pullie
f]e l’espace, en sorte qu’il n’y auroit eu aucune
reculée pour jouir de leur aspect.
Le luxe de l’architecture et de la décoration avoit
été réservé pour les façades intérieures du monu-
,eüt dont l’enceinte renfermoit le, corps de bâti-
rnent’le plus important par sa distribution, comme
oour la décoration et la richesse de son architecture.
H étoit placé au milieu de cette enceinte,
entre deux espaces, l’un moius grand du
côté du portique, l’autre double du premier, et
(jur'l’un et l’autre, avoient des promenades plantées
de platanes et d’autres arbres. La façade intérieure
de la grande ,enceinte , en face de celle
du portique, offrpit une sorte d’amphithéâtre ou
rangée de gradins. . r , .
Mais le grand corps de batiment renterme clans
l’enceinte étoit, quant à l’élévation, la partie la
plus remarquable de cet ensemble. lise présentoit
au spectateur, sur une ligne coupée dans son milieu,
par une grande rotonde percée de deux rangs
d’arcades d’un côté5 de l’autre régnoient avec une
parfaite symétrie, des ouvertures ornées de colonnes
et séparées par des massifs; au-dessus de
ces. péristyles en colonnes, il y avoit des arcades
surbaissées. . ..
Rien , au reste, ne seroit plus difficile , et peut-
être plus inutile, que d’essayer de faire comprendre
par le discours, toutes les variétés de forme données
à cet innombrable assemblage de pièces communiquant
les unes aux autres, et différant enlr’elles
par leurs plans, leurs élévations et leurs détails,
autant que par les emplois qui avoient motive pes
différences. On ne sauroit rendre compte à l’esprit
de ce qui ne peut être compris que par les
yeux. n
La construction des thermes de Caracalla est,
comme la plupart des grandes constructions romaines,
{ qui fournissoient de l’eau pour fous les usages du
monument, est faite à bain de mortier. L’iuténenr
en est couvert d’une forte épaisseur de ciment ;
tous les angles ventrans sont arrondis. Leur fond
est une surface courbe, en tous sens, plus basse dans
le milieu, et,qui se raccorde avec les arrondisse-
mens le long des murs. Les pave mens des salles
d’enceinte sont en marbre blanc , celui de la salie
circulaire du milieu des thermes est en marbre dé
diverses couleurs ; leurs compartimens reposent
sur un blocage en maçonnerie.
du genre qu’on appeloit emplecton} c est-
à—dire maçonnerie en blocage, revetue de briques
triangulaires , le tout relié par des rangs d autres
grandes- briques q u ad rang al aire s , placées de distance
en distance les unes au-dessus des autres,
et traversant toute l’épaisseur des murs. Ces memes
inurssont encore enduits d’une, et quelquefois de
deux couches de ciment, dans lequel on remarque
quelques plaques de marbre, sur lesquelles étoient
appuyés les revêtemens.
Les voûtes sont construites en pierres^ ponces
(oupumici); elles sont à l’intérieur revêtues de
briques carrées, placées à plat. On observe que,
dans quelques salles, ces briques sont doublées
d’un autre rang de briques plus grandes, posées de
la même manière,"et recouvertes d une couche de.
ciment, destinée à recevoir les stucs peints ou les
mosaïques. Sur ce blocage en pierre ponce qui
forme la partie supérieure des voûtes, ily a un enduit
de ciment, dans lequel étoient incrustées les
mosaïques, dont étoiffait le pavement des terrasses
qui couvroient une grande partie de 1 édifice. ^
La maçonnerie des canaux et des réservoirs,
Les mosaïques qui forment le pavement des
autres salles et des portiques, sont établies sur
une construction, qui se compose d’abord d’une
première couche de grandes briques posées sur un
blocage. Ces briques sont surmontées de petits
piliers carrés , lesquels portent un double rang de
briques recouvertes d’une couche épaisse de ciment
grossier, qui sert de base a un ciment plus
fin , dans lequel les mosaïques sont incrustées.
Celte pratique n’est pas générale à tous les locaux.
11 est probable qu’on la réserva pour les pièces où
l’on vouloit faire circuler la chaleur des hypo-
caustes.
Nous ne dirons que quelques mots du genre et
du goût des ornemens, qui furent appliqués à la
plus grande partie de ces constructions.
La façade du côté de l’entrée et les deux façades
latérales du monument, étant plus ou moins
Cachées par des objets environnans, et par des
plantations, leurs constructions étoient seulement
revêtues d un enduit de stuc lisse. La façade
du côté du Xi s te, a conservé de grandes
parties de décoration , qui se-composent d’un enduit
de stuc, dans lequel étoient incrustées des
mosaïques en vitrifications de differentes couleurs.
Les colonnes qui décor oient cette façade
étoient de granit rouge , ce qu a fait connoître
la quantité de fragmeus de colonnes, qui ont été
découverts parle proprietaire du terrain.
L’ensemble de la décoration intérieure du corps
de monument compris dans 1 enceinte générale,
se composoit d’un revêtement de marbre jusqu’à
la hauteur de la naissance des voûtes. Les parties
supérieures , ainsi que les voûtes mêmes, étoient
ornées de stucs et de mosaïques vitrifiées de diverses
couleurs. Les colonnes dont les dernières
fouilles ont fait découvrir de très-nombreux frag-
rneas, étoient de granit rouge et gris , d’albâtre
oriental,-de porphyre et de jaune antique. Les
revêtemens étoient de porphyre rouge et vert,
de serpentin , de vert africain , de jaune antique ,
de Porta Santa, de blanc veiné de violet, appelé
en Italie pavonazzetto, d’albâtre et de marbre
blanc. ^
Il ne peut appartenir qu’à l’ouvrage dont j ai
fait mention, et qui opérera la restauration totale
en dessin, des thermes de Caracalla , de faire
bien connoître ce que furent ces immenses édifices,
dont l’idée seule confond aujourd’hui notre