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Le plus notable exemple de l’emploi de la
pomme de p in y comme ornement et couronnement
des édifices , est celui du mausolée de l ’empereur
Adrien. On peut voir la restitution entière
de ce monument dans l’ouvrage des Sepol&ri an-
tichi j par Pielro Santé Bartoli. D’après les meilleurs
témoignages, et de sa masse qui est encore
entière , et des restes nombreux de ses colonnes
transportées dans la basilique de Saint-Paul, ce
mausolée devoit se terminer par une coupole ap-
platie que surmouloit la pomme de pin colossale
en bronze, qui est placée au bout d’ube cour du
Vatican, sur le baut de la double rampe, qui est
au bas de la grande niche du belvédère.
POMPE, s. f. Machine composée de tuyaux
cylindi iques de bois ou de métal , d’uu piston et
d’une soupape. On s’en sert pour puiser l’eau et
l ’élever.
La construction de ces machines n’est point du
ressort de ce Dictionnaire. Quel que soit leur moteur,
cet article ne peut faire partie qûe du Dictionnaire
de Mécanique. Il n’en est question ic i,
que parce que les pompes} considérées et employées
en grand, pour fournir de l’eau avec abondance,
dans les grandes villes oùlil y a une riv
iè re , exigent des bâtimens, ou s’établit le mécanisme
qui amène l’eau, et le bassin qui doit la
recevoir.
Paris avoit ainsi, sur deux de ses pouts , un
édifice construit pour recevoir le jeu d’une pompe}
dont le moteur se trouvoit naturellement dans
l ’action du courant d elà rivière, sur une roue à
aubes , qui fais oit agir le piston de la pompe. De
ces deux pompes, celle qui étoit à la seconde arcade
du Pont-Neuf, dans le grand bras de la riv
iè r e , a disparu. Il ne reste plus que la pompe
dn pont Notre-Dame.
On a , depuis quelques années, remplacé ce
genre de pompes, qui embarrassoit la rivière,
par les pompes à feu , et dont le moteur est la
Tapeur d’eau. Plusieurs pompes semblables sont
élablies sur les bords de la îiv iè re , dont l'eau, par
un canal, est introduite dans un grand bassin, où
elle s’épure, et d’où le jeu. de la pompe l’élève
dans un autre bassin. De là elle est répartie en
divers tuyaux qu’on dirige selon les'besoins des
diflérens quartiers.
Ces nouvelles machines hydrauliques ont donné
lieu à quelques édifices de peu d’étendue,, mais
d’une construction simple et de bon goût. Te l est
celui qu’on apeîle la pompe à feu de Chaillot ,
situé sur le quai de ce nom. Le style de ces bâtimens
, qui n’exige ni fenêtres , ni ouvertures ,
doit tenir de celui qu’on affecte aux réservoirs ,
ou à ce qu’on appelle des châteaux d'eau.
POMPEIA. V ille antique de la Campanie, voi-
vsine d’Hercnlanum, et qui fat ensevelie sous les
cendres du Vésuve.
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A l’article Herculanum , nous avons déjà <3î{
que l’éruption de l’an y g ne fut pas la seule
cause de la destruction de Pompeia. Un tremblé,
ment de terre avoit précédemment renversé ses
édifices,' et il paroîl qu’entré ce't événement et
celui de la grande éruption, il s’étoit écoulé un
espace de temps pendant lequel les babil ans
rentrés dans leur ville , avoient pu en restaurer
plusieurs édifices. 11 est également prouvé cjuo,
Pompeia né fut pas entièrement couverte, en
.par les cendres du volcan, et que dans la suite
de nouvelles éruptions la dérobèrent entièrement.
Mais beaucoup de ses édifices , restés plus, ou
moins enterrés , eurent à subir , dans tous ces intervalles,
plus d’un genre de destruction ^ indépendant
des causes naturelles.
On a besoin de quelques-unes de ces considérations
pour s’expliquer lès dilférens états de conservation
ou de ruine dans lesquels se retrouvent
aujourd’hui les restes de cette ville antique , restes
toutefois des plus curieux et des plus instructifs.
Nulle autre ville de l’anliquilé ne nous a été
conservée dans un tel état d’intégrité, et tel surtout
quant aux pians, que l’architecte n’a souvent
autre chose à faire que de relever on de rachever
ses élévations, sur les témoignages incontestables
des parties inférieures qui eu subsistent.
Les monumens de Pompeia appartiennent à
1’architécture grecque ; cependant on est forcé
de convenir qu’elle ne s’y montre point dans toute
sa pureté primitive, quoique d’ailleurs les édifices
de cette ville ne manquent ni de simplicité,
ni de noblesse, ni de grâce. Les peuples divers
qui l’ont habitée tour à tour , ont dû y laisser des
traces de leur passage. Mais on y sent paiiicuhè-
reuicnt l ’iuftuence que dut y exercer la longue
domination des Romains, chez lesquels le goût
de l’architecture, grecque avoit reçu plus d'une
altération. Ajoutons encore que Pompeia ne dut
être qu’une ville du troisième ordre. Or , on
comprend que jadis , comme cela a lieu de nos
jours , les plus célèbres artistes ne dévoient travailler
que pour les grandes villes. Pompeiaxi'du~
roit eu ni les moyens , ni les occasions d’élever
de ces grands monumens où l’art peut déployer
ses ressources. On y trouve bien à peu près tous
les établissemens dont se composaient les grandes
cités ; mais on les y voit , si l’on peut dire, en
diminutif, et réduits, soit pour l’étendue , soit
pour la composiiion , soit même pour le genre ou
la mesure des matériaux.
En examinant les ruines de Pompeia sous le
point de vue de la construction , on y trouve cependant
l’emploi des dilférens modes de bâtir,
dont parle Vitruve; mais le plus ordinaire est
'Copus incertum et la maçonnerie en briques.
Les. pierres sont celles qu’on appelle „la pierre
de lave dure, les scories volcaniques , le tuf plus
ou moins blanc, la pierre ponce blanche, le pi-
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pemoy pierre grise d’un grain rude, et quelques
pierres calcaires, le travertin.
1 Le mortier qui lie les matériaux , quoiqu’nssez
abondant dans certains endroits, est cependant
loin d’avoir la solidité qu’on lui trouve ailleurs ;
il parait'qu’i l ’ne faut en accuser que la négligence
des ouvriers.
Le cuivre, le fer et le plomb sont mis en oeuvre
dans les constructions,. à peu près comme
on le fait aujourd’hui ; mais, contre la pi’atique
la plus ordinaire chez les Anciens , l’emploi du
fer est plus commun que celui du cuivre.
Le bois , outre d’autres usages , servit à faire,
ainsi qu’on le pratique encore à Naples, des
terrasses fort solides, quoique supportées par
des pièces d’un foible diamètre et d’une grande
portée. La charpente y étoit d’une grande simplicité
, les bois y étoient quelquefois à peine
équarris. C’é.toit le plus souvent du sapin ; on
l’employoit de préférence, et particulièrement poulies
toits qui recou vroien.t les cours des maisons.
Les édifices sont décorés à peu de frais , e t , à
l’exception de quelques pavés et des mosaïques,
on ne trouve guère de marbre qu’aux théâtres..
Le stuc est employé, ou ponr les. ornemens , ou
pomme revêtement sur les enduits, et fait conformément
aux procédés indiqués par Vitruve, de
plusieurs couches de mortier avec de la chaux et
de la pouzzolane. Le stuc , qui étoit appelé, par
les Anciens , opus, albarium } à cause de sa blancheur,
ou marinomtum y parce qu’il imitoit le
marbre ,.e t qu’il en entroit dans sa préparation ,
se mettoit sur la dernière, couche d’enduit. Tous
les stucs u’éloient pas de la même finesse. Dans
; les endroits les moins apparens, et chez les par-
: Ucultejfs pauvres, ils étoient d’une espèce infé-
i ïieurev | :
s On faisoi,t encore usage, à Pompeia, d’une
î composition à peu près semblable, .pour former.
I des aires sur les terrasses, dans les cours et les
; apparie mens. Avant qu’elle fût sècb e , on y in-
i crustoit de petits morceaux de marbre de couleur,
; pour l’embellir ; d’autres fois on aiêloit seule-.
ment à cet enduit, du tuileau pilé , ce qui lui
| donnoit l’apparence d’une espèce de granit rouge..
I C’est ce qu’on appeloi t opus signinum.
Les édifices. sont aussi presque tous ornés,
meme avec profusion , de ces pavés de mosaïque,
[ nommés lithostrotos par les Grecs , qui.en furent
Iles inventeurs, et que les Romains paroissent n’a-
ï voir connus que vers la fin de la république ,
I puisque Sylla , dit Pline , fut le premier qui en
| introduisit l'usage.
j Les peintures étoient d’un usage si général
1 dans cette ville,, qu’on peut dire qu’elle est entièrement
peinte. Elles sont dans le goût de ces.
| arabesques qui commencèrent à devenir de mode
tsous Auguste, et contre lesquelles Vitruve s’est
élevé avec peut-être plus de. raison que de goût. ;
| Les murailles de la ville de Pompeia jafont été
découvertes qu’on quelques endroits, cependant
on en voit assez ponr prendre une idée juste de
leur construction j elles sont bâties de grosses
pierres taillées et posées avec beaucoup de soin.
Près de la porte, ou aperçoit des contre-forts intérieurs
, qui soutiennent la poussée du terre-
plein du rempart, auquel on monte par dix marches
rapides et peu commodes. Dans quelques
endroits on aperçoit que ces murailles ont-été réparées
par des constructions en briques et de
blocage.
De toutes les portes, il n’en reste plus que
trois visibles , dont une seule est assez conservée.
Elle consiste en trois ouvertures3 savoir,
une grande et deux petites latérales, qui se répètent
aux deux bouts d'un long passage. Les petites
portes se fermoient avec des vent aux ; celle du
milieu, du côté de la ville , étoit close de même,
ainsi que le témoignent les trous dans lesquels
tournoient les pivots; mais, du côté extérieur,
elle étoit fermée par une herse. Elle est construite
en briques et moellons posés par assises
alternatives, et revêtue d’un beau stiic blanc.
Cette porte donne entrée sur une rue dont le
pavé est formé, comme celui des voies romaines ,
de . gros blocs polygones irréguliers , avec un
petit trotoir de chaque côté; elle a I entre les tro-
toirs, de douze à quatorze pieds, ce qui suffisoit
au passage de deux voilures, dont les roues ont
laissé dans la pierre une jrace assez profonde.
On trouve, avant l’entrée de cette rue, divers
tombeaux , une. petite oedicula; de chaque cô té ,
intérieurement et extérieurement , sont placés de
petits bancs de pierre. Après est un banc demi-
circulaire, dont les deux extrémités sont terminées
par une griffe de lion ailé. Au milieu de son
cintre est placé, sur l’appui du banc, un encadrement
qui conlenoit autrefois une inscription. Ce
banc est suivi d’un reste de tombeau, dont le
(soubassement est construit en grosses pierres. Plus
loin s’élève le tombeau de la prêtresse Mammia.
: Cet édifice est. décoré de colonnes engagées ; il
est entouré d’un appui formé de petites arcades.
L’intérieur est orné de niches et de peintures. Au
milieu est un massif qui sans doute portoit l’urne
où étoient renfermées les cendres de Mammia. Ce
tombeau est construit en moellons-, les colonues
sont en briques, le tout revêtu d’un stuc assez
épais.
De nouvelles fouilles ont fait découvrir, sur la
voie qui conduit à la v ille , de nouveaux tombeaux
, mieux conservés encore que celui de
Mammia. La description dé tardée de ces monumens
seroit la matière d’un ouvrage. Nous nous
contenterons, dans cet article, d’en donner la
•simple énumération. On voit ainsi se succéder,
sur le bord de la voie , deux tombeaux , dont aucune
inscription ne désigne les personnages auxquels
ils appartenoient. Le tombeau de Lucins
Libella et de son. fils ; ua tombeau sans nom ; un