
l ’art des ponté font le sujet d’un Dictionnaire à
part.
. Nous terminerons cet article en donnant une
simple nomenclature des variétés , par lesquelles
on désigne les divers ouvrages de l ’art de bâtir
en ce genre.
Ainsi l’on dit :
P ont a b a s c u l e . C’est un pont fait en charpente
, qui se lève d’un côté et se baisse de l’ autre,
étant porté et arrêté dans son milieu par un essieu.
P ont a coulisse. Petit pont qui se glisse dans
oeuvre pour traverser un fossé. Il y a des ponts
ainsi pratiqués dans d’anciens châteaux.
P ont a è l è ch e . C’est un pont qui n’a qu’une
flèche avec une anse de fer, qui porte deux chaîne®
pour élever un petit pont au-devant d’un guichet.
Pont a quatre branches. Pont d’invention
moderne, formé par quatre"culées ou branches
assujetties au plan d’un cercle sur lequel s’élève
une voûte qui est pénétrée par quatre lunettes
pour le passage des bateaux. On doit l’idée de ce
pont à M. Barbier, ingénieur des ponts et chaussées
, et il a été exécuté en iy5 o par M. Beffara,
aussi iugénieur dans le même corps. Ce pont est
situé à la section que font les canaux de Calai®
et d’Ardres, sur la nouvelle route de la première
de ces Villes à Saint-Omer. Il réunit dans un seul
point la navigation.de quatre canaux, le passage
d’une grande route et la communication des quatre
pri u ci pales p a r li es .d u pays, qui étoient séparées
avant sa construction, et qu’on n’auroit pu
joindre sans faire plusieurs ponts auxquels celui-
ci seul supplée. M. Belidor a donné la figure et la
construction de ce pont dans son Architecture
hydraulique } tome IY , section 2.
P ont-aqueduc. Vont qui porté un conduit d’eau,
on qui est accolé à un aqueduc, comme à celui du
Gard.
P ont dé bois ou de charpente. Vby. ci-dessus.
P ont de pierre ou de maçonnerie. Voyez ci-
dessus.
Pont plottant. V ’oyèz P ont Volant.
P one- levis. C’est un pont fait en manière de
plancher, qui se hausse et qui se baisse devant la
porte d’une ville , par le moyen de flèches, de
chaînes et d’une bascule.
Pont tournant. Pont qui tôurne sur un pivot
pour laisser passer les bateaux. La mécanique de
ce genre de pont est quelquefois assez ingénieuse,
mais fl est diifijeile de la faire comprendre sans le
secours des figures. Nous renvoyons a l ’Archi*
chitecture hydraulique de Belidor.
P o n t v o l a n t . C’est un pont fait de bateaux
joints ensemble par un plancher entouré d’une balustrade
ou garde-fous, avec un ou plusieurs mâts
où est attaché, par un bout, un long câble porté
de distance en distance sur des petits bateaux
jusqu’à une anse, où l’autre bout est arrêté au
milieu de l ’eau , en sorte que ce pont se meut
coçime une pendule d’un côté de la rivière à l'autre,
au moyen d’un gouvernail, feulement.
On appelle encore pont volant un pont fait
avec des pontons de cuivre, des bateaux de cuir
des tonneaux ou des poutres creuses, qu’on jette
sur une rivière, et qu’on couvre de planches, pour
faire passer promptement une armée.
P o n t d é b a t e a u . Est c e lu i .q u i e s t fo rm é de
p lu s ie u rs b a te a u x p la c é s le s u n s p rè s d e s a u tre s ,
d a n s to u te la la r g e u r .d ’u n e r i v i è r e , lié s e n sem b le
p a r d e s c o r d a g e s * e t fix é s d a n s l e u r p la c e par
p lu s ie u rs a n c r e s . On p o s e e n s u ite s u r c e s b a te a u x
d e s p o u tre lle s q u ’o n y a r r ê t e , e t q u ’o n c o u v re de
g ro s s e s p la n c h e s o u m a d r ie r s .
P ont dé vaisseau. Se dit du plancher qui,
dans la carcasse d’un vaisseàu, forme lés différens
étages. Il y a des vaisseaux- à deux et. à trois
ponts.
PONTE (Giovanni daPonte ) , Vénitien, né en
i5 i 2 , mort en ifipÿ.
Get architecte fut beaucoup occupé de la restauration
et du rétablissement d’édifices publics
à Venise.
Ce fut 1 ui qui rebâtit , après un incendie dans
le palais ducal, ce qu’on appeloit i l Collegio et
Y AnticollCgio. Un nouvel incendie ayant consume
dans le même palais d’autres salles, il répâra encore
ces dommages avec beaucoup d’a r t , et> cela
contre l’avis de Palladio, q ui, ayant jugé le dommage
irréparable, croybit qu’il étoit nécessaire
de faire un bâtiment tout-à-fait nouveau : toutefois
, la restauration de Giovanni da Ponte fui si
bien exécutée, que le tout s’est conservé jusqu à
présent en très-bon étal.
Cet artiste paroît avoir eu un talent particulier
pour la restauration des édifices. C’est de lui cependant,
dans l ’arsenal de Venise, cette grande
salle de 910 pieds de longueur , qu’il 'orna de
deux rangs de colonnes qui ne sont, à proprement
parler, d’aucün ordre. On ne trouve guère aussi
d’autrè mérite que Celui dé la solidité, dans l’architecture
de l’église qu’il construisit pour les religieuses
de Sainte-Croix, surlte grand canal. Même
caractère dans la porte qu’il fit à l’églisè de l’hôpital
des Incurables , qu’il ter'mihâ.
Mais l'ouvragé qui a rendu1 son n o m plus célèbre
, est celui An pont d e Rialto, à Venise, et où
JT) ll
il eut l’avantage de l’emporter et sur Palladio et
sur Scamozzi, qui eu a voient donné déjà les plus
ma«-ai tiques projets. L ’avantage paroît .s’etré réduit*
dans Je choix qu’on en fit, au mérite de
l'économie, qui ne laisse pas d’en être un, quand
0.n y joint, dans un pareil projet,*la beauté.,
(la commodité ; et surtout la solidité.
| C e tte q u a lité é to it la p r in c ip a le c h o s e d a n s u n
\pont q u i , je té s u r le g r a n d c a n a l , n e d e v o i t o ffrir
q u ’u n e s e u le a r c h e j a u ss i l’o u v ra g e r e s ta - t- il
peudant q u e lq u e te m p s s u s p e n d u . Il s’étoit é le v
é des s o u p ç o n s s u r s a s o lid ité ; m a is l'e x a m e n
quon-fit d u p r o j e t d e l ’a r c h ite c te e t d e s m o y e n s
[de sa c o n s tr u c tio n , r a s s u r a b ie n tô t. Le t o u t fu t
terminé a v e c s u c c è s , e t c e lte m a ss e e s t r e s té e
[ ju sq u ’ic i i n é b r a n l a b l e , s a n s q u e la m o in d r e désunion
s’y s o it ja m a is m a n ife s té e .
L’ouverture de cé pont est de soixante-six pieds,
Tépaisseur de l’arû est de quatre pieds, et sa hauteur
au-dessus du niveau de l’eau est de vingt-un
I pieds. Sa largeur est égale à son ouverture. Celte
largeur se divise ên cinq parties, c’est-à-dire en
! trois-rues, avec deux rangs de boutiques sur chaque
rue. La rue du milieu a vingt pieds de large 5
[les deux, latérales ont chacune dix pieds. O11 y
I compte vingt-quatre boutiques. Au milieu, du
IjDOTï/sont deux arcades qui joignent les boutiques,
[avec des frontispices ornés de colonnes doriques.
K Une ’corniche avec balustrade règne tout à l’en-
Itour du pont, dont toute la masse est construite
. eu pierre d’Islrie.
[ Le dernier ouvrage de Giovanni da Ponte
[fut la construction des prisons qu’ on transféra hors !
[ du palais ducal. L ’édifice est un quadrilatère avec
[ un portique en avant de sept arcades. Au-dessus
Is’élèvè un étage percé de sept grandes fenêtres
I avec frontons et entremêlées de «colonnes dori-
I ques. Une arcade joint la prison au palais, eteette 1 arcade .s’appelle j-l ponte de Sospiri. Toute cette
1 construction office une masse des plus solides, et
[ quf, en ce genre , n’a peut-être point d’égale.
I Elle fut terminée .après'la mort de cet artiste par
mContino son neveu.’
I On croit que ce nom da Ponte est un sobriquet
I qui lui resta pour avoir construit le célèbre pont.
de Rialto. Du reste-, quoiqu’il-ait vécu quatre-
I vingt-huit ans , et qu’il eut-beaucoup travaillé , sa;
ifn-tune fut loin d’égaler ses travaux. Il paroît
I avoir été. toujours pauvre et nécessiteux.
[ Extrait de Milizia.')
PONZIO (Flaminio). Cet architecte étoit de
la Lombardie.
Il construisit pour la famille Borghèse, dans-
l ’ésrlise de Sainte-Marie-Majeure, l'a chapelle Pau-
“ ne , en pendant avec la chapelle Sixtine qui est
vis-à-vis j l'on trouve que si l ’ouvrage nouveau
1 emporte sur l’ancien, c’est en richesse de matières
,. en magnificence d’ornemens plutôt .qu’en
Diction. d’Arc hit. Tome III.
beauté réelle. La mêmè église lui doit sa sacristie
actuebe.
Au palais Quirinal (où de Monte Cavallo), P on-
zio construisit le grand escalier à deux rampes,
qu’on ÿ admire., quoiqu’ on les trouve trop longues.
L ’une conduit à la salle royale et à la chapelle
,Taptre aux appartemens. On ne sauroit en- •
core y approuver le rétrécissement que leur font
éprouver, dans leur milieu, les deux pilastres qui
soutiennent des.arcades, et l’elfet de ces-pilastres
sur les. marches.
Ponzio commença la reconstruction de la basilique
de Saint-Sébastien hors des murs, et la conduisit
jusqu’à la corniche.
Mais le plus bel ouvrage de cet architecte, et
celui qui mérite le plus d’éloges , sous le rapport
spécial de bon goût et de pureté de style en fait
d’architecture, est le palais Scitirà Colonna } dans
la' rue du Cours à Rome. On y admire la belle division
des étages d’apparternens , le judicieux et
noble espacement des fenêtres,, l’emploi raisonné
des o me mens et leur distribution simple à la fois
et majestueuse. Nul abus dans les détails, partout
unité et correction. Ponzio n’ a employé ni corniche
ni séparation entré les étages , un seul bel
entablement couronne celte masse. La grande
porte est la seule chose qui s’y détache. Elle se
compose de colonnes doriques cannelées, auxquelles
on ne peut reprocher que d’avoir des
piédestaux très-élevés.
Ponzio mourût softs le pontificat de Paul V -,
âgé de quarante-cinq ans.
( Article extrait de'Milizia. )
PORCELAINE, s. f. Nous avons réservé de
parler, dans cet article, de l ’usage que l ’on a fait,
et que l’on peut faire encore en architecture,
c’est-à-dire, dans la décoration des édifices, dé. la
matière artificielle qu’on appelle J a ï e n c e et de
celle à laquelle on a donné le nom de porcelaine.
Là faïence n’est autre chose'que de la. terre
cuite, recouverte d’une couche de vernis vitrifié ,
où couverte ordinairement blanche, et- parfois
teinte de diverses couleurs.
La porcelaine se fait avec une terre beaucoup
plus fine, èt réduite,- au moyen du feu, à un état
mitoyen entre le verre et la p'olerie, et dont la
cassure est blanche.
L’origine de la faïence , qui a du conduire à la
découverte de la porcelaine, remonte à une. très-
haute antiquité. Les Egyptiens connoissoient l’ait
de recouvrir la terré cuite d’émaux colorés. On
trouve beaucoup de petites idoles égyptiennes
couvertes d’un émail souvent d’un-beau bleu plus
ou moins foncé, quelquefois d’un vert-clair, mais
dont la pâte est intérieurement blanche comme
celle de la plus belle porcelaine.
Il n V à aù cm v doute que dès les temps les plus
anciens, les procédés de là faïence et de la porcelaine
furent connus et très-perfecdonnés dans