
Prienne , et au livre T, chap. i , on lit : « Pitheusy
» celui qui, parmi les anciens architectes, cons-
» truisit avec un grand succès à Prienne le lem-
» pie de Minerve. » Indubitablement, dans les
deux endroits, il est question du même architecte,
puisque, outre la ressemblance de nom, cest du
même monument qu’il s’agit. De plus, les..deux
passages font mention de cet architecte, comme
avant été aussi écrivain. Vitruve, en elïet, le cite
encore ici, pour avoir dit dans ses Commentaires^}
que l ’architecte dévoit en savoir faire plus dans
chaque art, et dans chaque partie des connois-
sances relatives à l’archiiecture, que les plus habiles
en chacune de ces parties. Quelques lignes
plus bas, Vilruve réfute l’opinion de Pitheus. Il
s’est trompé, dit-il, faute d’avoir réfléchi que
tout art se compose de deux choses, de la pratique
et de la théorie, l/une de ces choses appartient
à ceux qui exercent l’a r t, et c’est la pratique
; l’antre, savoir, la théorie, est le propre de
tous les savans. C’est à la suite de cette discussion
que Vitruve prétend que l’architecte doit avoir
quelque connoissauce de toutes les sciences qui
ont du rapport avec l’architecture, sans être
obligé d’en savoir autant que celui qui fait profession
d’une seule de ces sciences.
Il résulte de ces notions, que Pitheus fut un fort
habile architecte, et extrêmement instruit; qu’il
bâtit le tombeau de Mausolé, le grand temple de
Minerve à Prienne; qu’il laissa des descriptions de
s'es propres monumens, ét qu’écrivain également
instruit, il composa des traités d’architecture, et
de savantes théories sur cet art.
P IVO T , s. m. Morceau de fer ou de bronze,
qui , étant arrondi à son extrémité , et attaché au
venlail d’une porte , entre par le bas dans une
crapaud!ne, et en haut de la porte, dans ce qu’on
appelle une s em e lle et fait tourner la porte verticalement.
On ne parle ic i de l’usage du pinot que par
rapport à l'architecture, car on s’en sert dans
beaucoup de machines pour les faire tourner.
A l ’égard des portes, et de la manière de les
suspendre , i’emploi du pinot est certainement ce
qu’il y a tout à la fois de plus simple et de plus
solide. On peut s’en convaincre aux portes du
Panthéon à Rome, qui sont de bronze , et dont
les ventaux , chacun de vingt-trois pieds de haut
sur sept de large, n’ont pas encore surplombé
depuis le long espace de temps qu’ils subsistent.
Ils s’ouvrent et se ferment encore avec la plus
grande facilité.
P LACAGE , s. m. On appelle de ce nom tout
ouvrage de menuiserie ou d’ébénislerie, qui consiste
en morceaux de bois plaqués sur d’autres,
soit pour y.produire des moulures, soit pour leur
servir de revêtissement.
Souvent on forme des lambris, des portes, ou
leuvs ventraux, et béaucôup d’autres ouvrages en
bois, dont les panneaux, au lieu de moulures poussées
à même la pièce , ou taillées dans son épaisseur,
reçoivent tous ces détails, au moyen de
morceaux rapportés , qu’ou y plaque, et qu’on y
arrête de di lièrent es manières.
Dans la fabrication cl es meubles en bois rares
et précieux, on emploie le procédé du placage
d’une faç^on encore plus générale. On scie ou l’on
débite le boixqu ou veut plaquer, en lames extrêmement
minces, par conséquent assez flexibles
pour pouvoir s'adapter aux formes et aux contours
du meuble, ou de l’objet d’un bois plus commun
, qu’ou veut eh revêtir, et aû moyen d’une
colle très-forte, on attache la feuille de placage
au corps solide dont elle épouse la figure. Ainsi
sè font aujourd'hui, e’ëst-à-dire , en placage y
presque tous les meubles qu’on appelle a acajou.
Ce bois n’ës t, si Ton peut dire , que l ’épiderme de
l’ouvrage, et l’on prétend que plus celte, espèce
d’épiderme est mince , plus l ’ouvrage est durable.
PLACARD, s. m. C’est une dénomination
qu’on donne , dans le bâtiment , à une décoration
de porte d’appartement, en bois, en pierre ou en
marbre, laquelle-se compose d’un chambranle
couronné de sa fnse ou gorge , et de.sa corniche
portée quelquefois sur des consoles.
•On donne encore le nom de placard au revêtement
d’une porte de menuiserie, garnie de ses
ventaux.
Ce mot, comme le précédent, vient de plaque
ou plaquery et il est évident par cette étymolog
ie , que l’on considère ces objets comme des
travaux d’appliquage. qu’on fait à part, et qu’on
ne met eu place, qu’après que le travail de la
bâtisse esHfterminé.
P l a c a r d c in t r é . C’est ainsi q u ’o n nomme un
placard dont le plan est curviligne , comme une
arcade, une porte arrondie ,, dont ou use par conséquent
dans toute pièce circulaire par son plan.
P l a c a r d d o u b l e . Placard qui, dans un haie
de porte, est répété dés deux côtés du dedans et
du dehors, avec embrasure entre-deux, sur l’épaisseur
d’un mur ou bien d’une cloison.
P l a c a r d f e in t . Placard qui n’est autre chose
qu’un lambris, et qui ne sert qu’à la symetne,
en répétant une porte, soit parallèle, soit opposée.
P LA C E , s. m. Ce mot, dans son rapport avec
1’archileclure et les édifices , exprime plusieurs
choses : i°v le lieu même, le terrain obligé ou,
choisi sur lequel on élève un bâtiment; 2°. l’espace
qu’on ménage à son aspect ; q°. celui qu’on
laisse vide ou qu’on pratique au milieu d une
ville pour l’ agrément ou les besoins de ses habilans;
4°. celui qui doit servir d'accompagnement
à certains objets de décoration.
Selon la première de ces acceptions, place
est synonyme Remplacement y et à cet égard on
De sauroit dire combien le choix d’une place ou
d’un emplacement convenable contribue à l’effet
d’un monument et à la bea.ulé des aspects d’une
ville. H faut remarquer cependant, qnele choix de
l'emplacement, en bien des cas, doit être déterminé
par la nature même de l’édifice, c’est-à-
dire, de sa destination usuelle. Il y a des monumens
dont la place doit être au centre d’une
ville : tels sont ceux qui.correspondent aux affaires
ou aux besoins journaliers du pins grand nombre.
C’est ainsi que le Forum , qui cloit la place
publique, dans, les villes antiques, en occupoit
toujours le centre. C’éloit le point qu’on établis-
soit en -premier dans la fondation d’une ville ,
parce que ce Forum comprenoil le marché, les
juridictions, les comptoirs d’échange, e tc ., enfin
tout ce qui se rapportoit aux besoins de la vie,
aux affaires de commerce. C’éloit le rendez-vous
universel, le lieu de .réunion où, pour toutes;
sortes de motifs, le plus grand uombre passoit lah
journée entière. Lorsque les villes s’agrandissent,
elles deviennent nécessairement des réunions de
plusieurs villes; dès-lors il faut que chaque
quartier ait sa place publique. Ainsi Rome antique
vît se former dans les diverses parties de ses
nouvelles enceintes, de nouveaux Forum y et
nous voyons de même dans les grandes villes
modernes, établir au centre de chacun de leurs
quartiers, les bâtimens dont l ’usage correspond à
celui du Forum des Anciens.
Après l’utilité commune, qui décide, avant
tout, de la place que doivent occuper les monumens,
il faut prendre en considération la beauté
que procure, soit aux villes, soit aux édifices, le
choix d’une place qui mette en vue l’ouvrage de
l ’architecture. Rien ne contribue plus à la magnificence
des aspects extérieurs d’une v ille , que
la position élevée de certains monumens, dont
les masses pyramidales dominent le reste des
.constructions ordinaires. Partout où le terrain
occupé par les .villes renfermoit quelques hauteurs,
les Anciens ne manquèrent jamais de
choisir une semblable placex pour y situer le
temple principal ou tout autre édifice important.
U n’est pas toujours donné de placer ainsi les
monumens. Là où le terrain tout uni ne sauroit
leur offrir de semblables expositions, il y a encore
plus d’un moyen de leur ménager une place
qui ajoute à leur effet, comme, par exemple, en
face d’une grande rue , ou de quelque percée
qui leur permette de s’annoncer de. loin. Mais
ceci nous conduit à l’autre acception du mol
placey signifiant l ’espace qu’on laisse ou qu’on
pratique devant ou à l’entour d’un édifice.
Les villes , -surtout dans les temps et chez les
peuples modernes, ont fort rarement été construites
et fondées sur des plans déterminés d’a vance.
Cet avantage fut plus fréquent chez les
Anciens, qui eurent l’habitude de former des colonies,
de transporter des populations entières,
sur des terrains inhabités. Dès-lors rien ne met-
toit d’obstacles à la distribution, aux alignemens
des maisons et des rues, au choix des emplace-
mens que dévoient occuper les édifices principau
x , et par suite à la disposition des places
qu’on devoit pratiquer pour embellir leur aspect.
Presque toutes les villes modernes, au contraire,
nées, si l’on peut dire , d’elles-mêmes , formées
par une agrégation successive de'maisons, de
rues, de quartiers, n’ont reçu que du hasard, et
leur agrandissement et leur disposition. Il devient
donc par la suite fort difficile , ou de donner des
places aux monumens déjà faits, ou d’en faire de
nouveaux, auxquels on puisse procurer des empla-
cemens extérieurs proportionnés à leur mesure ou
à leur caractère.
Quelques villes ont dû à des causes particulières,
l’avantage de pouvoir former autour et en
face de leurs monumens des places dignes d’eux.
Rome moderne peut être citée à cet égard. Mais
on voit qu’elle eut un rare privilège, celui de
s’élever sur les ruines d e là plus immense ville
qui ait existé, et de trouver dans ses restes, les
modèles des plus vastes emplacernens, et les
traditions d’une grandeur à laquelle nulle cité
n’étoit parvenue. Rome moderne, capitale nouvelle
du monde nouveau , le monde chrétien, eut
aussi le besoin d’une grandeur inconnue avant
elle. Siège de la religion de presque toute l’Europe
, elle éleva dans sa basilique de Saint-Pierre
un temple q u i, pour l’immensité, n’eut jamais
d’égal. Ce monument, élevé sur les débris d’un
cirque antique, devoit encore proclamer sa supériorité
sur les conceptions du paganisme, par une
place qui répondît à ses élévations colossales, et
la place euvironnée de colonnes , que Bernin sut
avec tant d’habileté réunir au frontispice du
temple, est devènué la plus belle de l’Europe.
L e s ‘mêmes causes ont procuré à beaucoup
d’églises de Rome, et à plusieurs autres monumens,
des placés dont on admire le rapport avec
l ’édifice qu’elles annoncent ou qu’elles environnent.
Peu de villes lui sauroieul disputer la supériorité
en ce genre, et beaucoup, au 'contraire,
nous montrent de grands monumens qui manquent
d’une place convenable.
On cite .ordinairement l’église de Saint-Paul à
Londres, comme celle qui, par son étendue et
sa hauteur , tient le second rang après Saint-
Pierre à Rome. Mais ce vaste édifice n’a d’aucun
de ses côtés , ni même en avant de son frontispice,
une place qui permette d’èn embrasser les aspects,
au point de distance nécessaire pour juger de
l’effet du tout ensemble. La raison de ce défaut
est dans le lieu même où le monument est situé,
c’est-à-dire, au milieu de la cité, quartier étroit,