
être encore plus naturel dans les usages de la société
chez les Anciens, où les moeurs domestiques se prê-
toient beaucoup moins , que chez les Modernes ,
aux réunions particulières. Aussi avons-nous dit
au mot Bain, que les établissemens de ce genre
à Rome, comprenoient ce qu’exprimoit le mot
gymnase en Grèce. Il faut donc se figurer les thermes
9 comme les points de réunion de la population
à Rome , et où chaque classe de citoyens
trouvoit à passer le temps, soit aux exercices du
corps, soit à ceux de l’esprit, soit dans des espèces
de cirques, soit dans des bibliothèques, soit dans
des promenades , soit dans des galeries d’ouvrages
d’art. On doit croire encore que les grandessalles purent
servir à des concerts, à des fêtes, à des spectacles
de tout genre, à des banquets. Enfin, ce
geure d’édifices auroit compris dans un ensemble
de bâtiment, ce qui se trouve séparé selon les
moeurs modernes, dans nos Académies, nosWaux-
halls, nos jeux de p^ume, nos cafés , nos jardins
de réunion publics ou autres, et tous nos lieux de
divertissement.
THESSALONIQUE. Voyez Salonjque.
THOLUS, en grec 6oXos. C’est le nom que les
Romains et les Grecs donnèrent à cette forme
d’édifice, ou de construction, que nous appelons
coupole.
La forme des édifices sphériques et circulaires ,
dans l’ordre des inventions et des opérations de
l ’art de bâtir, ne dut se produire qu’après la
forme des bâlimens rectilignes et quad ran gulaires .-
La nature des choses indique cette marche, quel
qu’ait été le choix des matières. Là où dès les
commencemens, on employa la pierre, il dut se
passer beaucoup de temps, avant qu’on ait tenté
de faire décrire à un assemblage de blocs taillés,
les courbes nécessaires à la configuration d’une
voûte , et surtout d’une voûte sphérique. On a
présumé qae jamais l’antique Egypte n’en éleva, du
moins on n’en rencontre aucune indication, dans
les restes très-nombreux de ses monumens.
Il nous a toujours semblé que l’emploi du bois
dans les constructions primitives, avoit été le
plus favorable aux inventions futures de l’a rt, le
plus fécond en combinaisons variées , le plus propre
à inspirer à l’architecture, non-seulement
pour l’extérieur, la régularité des distributions,
des membres , des parties et des ordonnances,
mais aussi par la facilité des couvertures, la grandeur
e,t l’étendue des intérieurs. Là où le bois devint
la matière première des constructions , les
arbres fournirent des poutres et des solives, propres
à faire des plafonds de toute mesure. Mais le
simple assemblage des chevrons qui donnèrent la
forme des toits, enseigna bientôt l’art de faire
prendre aux solives la courbure qu’exige la configuration
des arcades. Dès qu’on eut ainsi fait un
arc, il ne fut plus question , que d’en réunir'de la
même manière plusieurs, autour d un axé, et l’on
eut un tholus ou une coupole en charpente.
Que cet emploi du bois ait existé, en Grèce
pour de tels ouvrages , cela nous est attesté par la
mention que Pausanias a faite du Philippeum}ou
monument bâti par Philippe, roi de Macédoine,
après la bataille de Chéronée. Il étoit, dit-il
construit en briques, sur un plan circulaire, et envi-
ronné de colonnes. A son sommet étoit un fleuron
en forme de pavot de bronze, qui faisoit le lien
des poutres dont se composoit la couverture. On
concluroit à tort de cet exemple, et du siècle où
le monument fut exécuté , qu’on n’en avoit point
fait de semblables auparavant, ou que les Grecs
n’avoient pas connu plus anciennement la pratique
des voûtes sphériques en pierres.
Dès la haute antiquité, l’édifice appelé le Trésor
de Mynias avoit été bâti en marbre, et étoit un
véritable tholosj ainsi l’appelle Pausanias. Il se
terminoit par une voûte , dont le comble , dit-il,
n’étoit pas trop aigu. Une seule pierre servoit de
clef à la voûte. Celte observation sur la forme
peu aiguë’ de son comble , semble indiquer qùe
d’autres constructions du même genre affectaient
davantage cette forme , c’est-à-dire la forme pyramidale.
C’est ce qui dut en effet- résulter assez naturellement
du modèle primitif, que les combles en
bois de charpente avoient présenté à l’art de bâtir
en pierre. Nous retrouvons cette forme de tholus
à voûte aiguë’ , dans quelques- monumens d’une
assez médiocre importance, quant à' l’étendue,
et qui furent des tombeaux en pierre , dont il
s’est conservé un assez grand nombre en Sardaigne.
Ils- se terminent par un comble, qui,
sans être tout-à-fait aigu, l’est cependant assez,
pour que leur construction ait pu être élevée
comme celle des arcs aigus du gothique, sans le
secours d’un échafaudage.
On trouve peu de voûtes dans les ruines de la
Grèce, ce qui ne doit pas faire conclure qu’elles y
furent aussi rares qu’on le pourroit croire. Si la
pratique du bois dans les couvertures et dans les
voûtes y eut plus généralement cours, cela pourroit
expliquer cette rareté, indépendamment de
beaucoup d’autres raisons.
Au contraire, eu Italie, le genre' usuel delà
brique, et de la maçonnerie déblocages , favorisa
singulièrement la construction des tholus ou coupoles.
Rome, d’ailleurs, put porter dans de. tels
ouvrages une grandeur et une dépense, qui eut
été hors de proportion avec les ressources des
petits Etats de la Grèce. Aussi presque toutes les
villes de la domination romaine , dont les vestiges
sont parvenus jusqu’à nous, offrent-elles d’assez
nombreux exemples de voûtes sphériques, qui se
sont d’autant mieux conservées, que leur construction
en maçonnerie, ne put fournir aucuns matériaux
utiles aux entreprises à des âges suivans '•
| car on ne doit point perdre de vue, que si le*
grands édifices en pierre, semblent avoir été les
nioins durables, c’est parce que des pierres peuvent
toujours être taillées de nouveau, pour servir
à d’autres édifices, tandis qu’il n’y a aucun
parti à, tirer pour de nouvelles constructions,
des bâtisses dont le corps est formé de pierrailles
et de ciment.
THORICION ou THORICES, étoit un bourg
de l’Attique, situé entre Sunium et Potamus, et
qa’on appelle maintenant Porto Rqfry, à dix
lieues d’Atbènes. M. Le Roy y a dessiné les restes
d’un temple d’ordre dorique. Il en subsistoit
encore de son temps dix colonnes, dont le lût,
avec le chapiteau, avoit moins de quatre épaisseurs
de diamètre mesuré en bas : ces colonnes ont
uu commencement de cannelures au-dessous du
chapiteau, et probablement elles étoient répétées
au pied du fût. On en voit de semblables à Corinthe
et au temple dit de Cérès, à Segeste en
Sicile. Cela ne signifie autre chose, sinon que ce
temple.n’avoit pas reçu son ragrément, et n’a voit
point été achevé. Nous avons expliqué cette particularité,
ou plutôt ce procédé d’exécution, a
d’autres articles. Voyez Segeste et Cannelure.
THYRSE, s. m. 11 n’entre point dans ce qui
fait l’objet principal de ce Dictionnaire , de rechercher
quelle fut l’origine de cet attribut mythologique
de Bacchus. Il nous suffit de dire que
l’espèce de lance donnée par les représentations de
l’çit à cette divinité, se composoit d’un long bâton.,
environné de lierre , et se terminant par une
pomme do pin. C’est ainsi que le décrivent Euripide,
Virgile, Ovide et Sénèque. Quelquefois
aussi il est orné de bandelettes.
Sur un trapézophore en marbre, gravé tom. 4 3
pl. 10 du Museo P io Clementino _, ,on voit deux
ithyrses très-grands, et peut-être les mieux caractérisés
de tous ceux qu’on rencontre sur les monumens
autiques. Ils sont entourés d’amples bandelettes ,
qui pendent avec grâce, et dont l’extrémité est
garnie de petits rubans, ce qui donne l’idée du
thyrse9 qui dans la pompe d’Alexandrie, décrite
par Athénée., étoit dans les mains de la figure colossale
de Nysa.
Le thyrse 9 quoiqu’il soit l’arme , et par conséquent
l’accessoire obligé des figures de Bacchus,
peut encore être convenablement appliqué à tout
ce qui tient aux représentations scéniques, parce
qu’autre fois elles étoient, ainsi que les théâtres,
sous la protection immédiate de Bacchus.
Ainsi le thyrse peut se mettre au nombre des
attributs symboliques que l’art de l’ornement appliquera
, soit dans les frises, soit sur d’autres
objets, à des salles de festin ou de réjouissances,
ou à des salles de spectacle.
TIBÜR, aujourd’hui T ivoli. Ville antique d’Italie,
dans la Campagne de Rome, située à vingt
milles de cette ville, selon le calcul des anciens
milles. Aujourd’hui, soit par la différence de la
route nouvelle , soit par celle du nouveau mule,
on en évalue la distance à un peu plus de dix-
neuf. . . .
La seule énumération des restes d antiquité
qn’on y voit, et auxquels les archéologues modernes
ont donné des noms plus ou moins verita-
tables, alongeroit cet article sans aucune utilité.
La belle position de Tibur9 la magnificence de
ses sites, et la proximité de Rome, en avoient
fait autrefois le lieu de délices des riches et des
grands. Une multitude de ruines sont aujouvdhui
éparses dans son territoire, et ne servent plus qu à
donner l’idée, de ce que dut être jadis cette collection
de palais, de maisons de plaisance et de
monumens , qui se disputèrent les beaux aspects
dont la nature est si prodigue en ces beux.
Pour concevoir l’ancien Tibur tel qu’il fat aux
temps de sa splendeur, il faudroit réunir a 1 emplacement
qu’il occupe aujourd’hui, les vastes espaces
occupés par cette villa de 1 empereui
Adrien, qui eut pins d’étendue qu’un grand nombre
de grandes cités, et toute cette partie de territoire
qui commençoit au ponte Lugano. Oblig s
de resserrer ces notions dans un petit espace ,
nous ne parleronsquedes monumens, dont le nom
et la forme n’offrenL aucun doute, et ensuite nous
renverrons à l’article Adrienne (villa), où nous
avons parcouru les nombreux iragmens d édifices,
' qui composèrent ce prodigieux ensemble.
A partir donc du pont Lugano , distant de
Rome de seize milles , la plus remarquable antiquité
est le tombeau de la famille Plautia, qui,
avec ceux de Cecilia Metella et de Cestius, est
un des mieux conservés et des plus intègres. Il est
en entier.de pierre travertine, à l’exception des
inscriptions, qui sont de marbre. Sur un soubassement
quadraugulaire décoré d’un ordre ionique
entremêlé de niches peu profondes , s eleve le
corps du tombeau en forme ronde , couronnée
i par un entablement. Mais dans les temps mo-
! dernes, on a converti ce monument funéraire en
forteresse, et on y a ajouté des créneaux. On croit
aussi qu’originairement la masse en fut ronde du
haut en bas , et qù’on y ajouta postérieurement
la partie, de ce soubassement carré dont on a pailé,
pour y placer les incriptions relatives à ceux qui
depuis y furent inhumés. .
Après ce tombeau, sur la même voie, on trouve
à main droite , dans la villa Gentih9 les îestes
encore bien conservés de deux fort beaux sépulcres,
connus sous le nom de tombeaux de Sereni.
Leur construction est semblable, et consiste en
petites chambres carrées, larges chacune de huit
pieds. Au dehors ils sont revelus de gros blocs de
pierre travertine, et leur masse est surmontée
d’un piédestal qui probablement, jadis, portait
une statue. Sur une des faces d’un de ces piédestaux,
est sculptée en fort beau marbre , une