
dans l ’entablement. Il y a des pilastres grêles \
au grand portail de l’église de Saint-Louis^ aux
Invalides.
On nomme aussi pilastre grêle un pilastre, qui
a en hauteur plus de diamètres que n’en comporte
la proportion ordinaire de son ordre. Ou
voit ainsi à quelques portails des pilastres corinthiens
ayant douze diamètres , au lieu qu’ils n’en
devroient avoir que dix.
Pilastre lié. On peut appeler ainsi non-seulement
un pilastre qui est joint à une colonne par
une languette, comme Bernin l’a pratiqué à la
colonnade de Saint-Pierre, mais encore les pilastres
qui ont quelques parties de leurs hases et de
leurs chapiteaux jointes ensemble.
Pilastre plié. Celui qui est partagé en deux
moitiés dans un angle rentrant. Il y a de ces pilastres
dans un grand nombre d’edifices.
Pilastre rampant. Il y a deux sortes de pilastres
qu’on nomme ainsi : le premier est celui qui,
quoiqu’à-plomb, suit la rampe d’un escaliér, se
trouve d’équerre sur les paliers et sert à la décoration
des murs de sa cage, ou de ce qu’on
appelle l'échiffre. La seconde sorte de pilastre est
assujettie à une antre espèce de pente. Tels sont
ceux des ailes qui établissent la communication
de la colonnade avec le portail de l’église de
Saint-Pierre à Rome.
Pilastre ravalé. C’est un pilastre dont le parement
est refouillé et incrusté d’une table de
marbre bordée d’une moulure, ou avec des or-
nemens (comme on en v o it, par exemple, aux
pilastres de l’arc des orfèvres), ou avec des com-
partimens en relief, ou de marbres de diverses
couleurs. Il y a aux chapelles Sixte et Pauline de
Sainte-Marie-Majeure, À Rome, des pilastres
ravalés de cette seconde espèce.
Pilastre rudenté. Pilastre dont les cannelures
sont remplies jusqu’au tiers, d’une rudenture
ronde, comme les pilastres de la grande galerie
du Louvre , ou d’une rudenture plate, telle qu’on
la voit à l’église du Val-de-Grâce, à Paris, ou
enfin d’ oruemens semblables à ceux des colonnes'
rudenlées.
Pilastres accouplés. Pilastres qui sont deux à
deux , comme ceux qui , sous le péristyle du
Louvre, correspondent aux colonnes accouplées
de ce monument.
On. applique encore le nom de pilastre à plus
d’une sorte d’ouvrages plus ou moins étrangers à
l ’architecture. Ainsi l ’on dit :
P il a s t r e d e f e r . ( Terme de serrurerie.) C’est
le nom qu’on donne à certains mcntans à jour'
qu’on établit d’espace en espace , pour entretenir
les travées des grilles. On y introduit des orne-
meus analogues. Tels sont les pilastres des grilles
du château de Versailles et de ses écuries.
Pilastre de lambris. ( Terme de menuiserie. )
Espèce de montant ordinairement ravalé entre les
panneaux de lambris, d’appui et de revêtement.
P il a s t r e d e t r e il l a g e . {Terme de jardinage.1)
Corps d’architecture long et étroit, fait d’échalas
en compartimens, dont on décore les portiques
et cabinets de treillage dans les jardins.
P il a s t r e d e v it r e . {Terme de vitrerie.) Espèce
de montant de verre , qui a base et chapiteau
, avec des ornemens peints, et qui termine
les côtés de la forme d’un vitrail d’église.
PILE, s. f. Ce mot vient de pila, qui signifie
en latin la même chose, c’est-à-dire, un amas,
ou un montant de matériaux destinés, dans l’art
de bâtir, à supporter une masse quelconque. Au
fond , le mot pile et le mot pilier sont synonymes,
mais l’usage a spécialement affecté le premier
à l’archilecture hydraulique , et l ’on s’en
sert à l’égard des monlans qui servent de supports
aux arches des ponts.
Une pile de pont est donc un massif de forte
maçonnerie et de pierres , dont le plan est le plus
souvent un exagone aîongé, qui sépare et porte
les arches d’un pont de pierre, ou les travées
d’un pont de bois.
On construit ce massif avec beaucoup de précaution.
Le fondement qu’on lui donne est élevé
en talus, par recoupemens, retraites et degrés,
jusqu’au niveau de la terre, au fond de l’eâu. La
première assise d’une semblable construction est
toute en pierres de taille, et se compose de carreaux
et de boutisses. Les carreaux ont deux
pieds de li t , les boutisses ont au moins trois pieds
de queue. Cés pierres sont coulées , fichées jo in toyées
, et mêlées de chaux et ciment. On
cramponne celles qu’on appelle pierres de-parement
9 les unes aux autres, avec des crampons de
fer scellés en plomba Outre cela, on met à^cha-
que pierre de parement un crampon pour la lier
avec des libages dont on entoure la première assise.
Ces libages, de même hauteur que les pierres
de parement, sont posées à bain de mortier, de
chaux et de ciment, et on remplit les joints d’éclats
de pierre dure. On bâtit de même les autres
assises’ de pierres.
La construction d’une pile de pont, et les procédés
qu’on y emploie,ne sont pas encore ce qu’il
y a de plus difficile à régler. Un point, peut-être
plus important, est de déterminer par la théorie la
proportion qu’il convient de donner à sa masse.
Les Anciens , selon Bergie r, donnoient aux
piles de leurs ponts la troisième partie et même la
moitié de la grandeur des arches. Aujourd’hui on
pense quelles doivent avoir moins, c’eft-à-dire,
un quart ou un cinquième. Mais on ne saùroit
dire sur quoi se fondent ces règles, et l’on est
porté à penser que l’expérience seule doit fixer
les dimensions des piles. Or , le résultat de cette
expérience est nécessairement variable. Il dépend
en effet , de la force et de la consistance
des matériaux que l’architecte emploie à supporter
la pesanteur du fardeau des arches. :
* R y en a qui prétendent que la pile ne doit supporter
que la moitié du poids de la maçonnerie
des arches , à supputer cette moitié depuis le
milieu de la clef de l’arcade. Cela étant, eu con-
poissant la solidité de cette masse, on doit savoir
quelle sera celle qu’il faudra donnera son support,
et l’on trouvera là une base d’après laquelle on
pourra déterminer la dimension de ce support.
Mais n’y a-t-il pas d’autre condition à examiner
? Ceci, comme on vo it, est le sujet d’une discussion
qui doit être traitée dans un autre ouvrage
, et nous renvoyons le leoteur au Dictionnaire
des ponts et chaussées.
Pile p e r c é e . C’est encore un terme dont la nô-
tion appartient a l’architecture hydraulique. On
sé bornera à dire ici que c?est une pilé qui, au
lieu d’avant-bec d’amont et d’a v a l, est ouverte
par une petite arcade , au-dessus de la crèche.,
pour faciliter le courant rapide des grosses eaux
d’une rivière ou d’un torrent. Il y a de ces piles à
ce qu’on appelle le pont de César près d’Apt, et
à celui du pont du Saint-Esprit sur le Rhône.
PILIER, s. m. Ce mot désigne tout corps
élevé, debout, massif et sans ornement, qui
sert à soutenir du à supporter, dans la construction
des édifices, une charge quelconque de maçonnerie.
Les voûtes, les arcades, les plafonds des-grandes
salles, quelquefois aussi les toits de certains
édifices, sont supportés par des piliers.'
Avant que l’art en fut venu à embellir les formes
des premiers supports, on se contenta d’employer
pôur le sinfplë besoin, soit les bois, soit
les pierres plus ou moins bien taillées, et assemblées,
à supporter les masses, soutenues depuis
par des colonnes agréablement arrondies, ou par
dès piliers équarris'avec art, et soumis au caractère
de chaque ordonnance. Lepi/fergrossièremeri t
formé, fut donc la colonne primitive d’une architecture
encore dans l’enfance. Aussi, comme lorsqu’on
le considère isolément, il n’entre guère
dans ce quon appelle la partie décorative de
l’architecture, les architectes ne lui ont assigné
dans leurs méthodes, ni forme, ni proportion , ni
ornemens déterminés. On trouvera des piliers
ronds, carrés et polygones.
On doit pourtant excepter ce qu’on appelle le
piédroit {voyez ce mot) dans la formation des
portiques en arcades, et auquel le nom de pilier
semble véritablement convenir. Le piédroit entre
dans le système de chacune des ordonnances de
colonnes, auxquelles il se trouve associé par l’application
très-ordinaire que l’on fait de la côlonné
qui s y adosse. Alors cette sorte de pilier reçoit
tm couronnement et un socle qui participent dan*
leurs profils, et quelquefois dans leurs ornemens,
au caractère des profils et des ornemens de l’ordre
lui-même. Quoiqu’en général on ne lui donne
aucune diminution, Scamoz'zi cependant lui eu
fait éprouver une , à la vérité fort légère.
Si l’on n’exige pas qu’un pilier soit élégant,
néanmoins le goût veut qu’il puisse aussi plaire
aux'yeux:, comme tout ce qui entre dans l’architecture.
C’est pourquoi il peut emprunter aux
différées ordres quelques parties de leurs orm -
mens, mais surtout.du système de leurs proportions
» Il ne doit être ni trop mince ni trop épais;
sou diamètre doit être subordonné à la masse
qu’on lui impose f et bien que souvent ( la solidité'
du support pouvant résulter de la dureté et
; de la consistance de la pierre) une masse considérable
pur son volume , puisse être portée sans
| danger sur un pilierîort mince, ce qu’ont quelquefois
pratiqué les constructeurs gothiques , cependant
il convient que l’oeil soit toujours rassuré,
par un rapport sensible entre la masse qui porte
et celle qui est portée.
On donne généralement le nom de pilier aux
supports des édifices gothiques. Effectivement, c e
nom seul leur convient , depuis que celui de co-
lonne9 appliqué aux supports, dans l’architecture
grecque devenue celle de toute l’Europe, donne
l ’idée d’un corps soumis à une forme déterminée,
à des proportions raisonnées, à des ornement
analogues, soit aux formes, soit aux proportions
de chaque ordre. Or, il n’est rien de tout cela
dans le gothique. L ’énorme diamètre de ses supports,
tous destinés à soutenir des arcades à angle
aigu, ou les retombées des ogyves des voûtes,
l’absence d’un rapport déterminé entre leur diamètre
et leur élévation, le manque de système et
de régularité dans leurs ornemens, tout cela de-
yoit empêcher qu’on les appelât d’un nom qui
eût exprimé tout autre chose que ce qu’ils sont.
Que pourvoient avoir d e . commun avec la colonne,
des masses qui sont quelquefois des ag-
grouppemens de légers fuseaux, qui quelquefois ressemblent
à des tours par leur circonférence, et d’autres
fois ne paroissen t être que des perches élancées?
Le pilier9 ou pour mieux dire, le nom de pilier Ap-
partient donc en propre à l’architecture gothique,
et l’usage est ic i d’accord avec le fait.
Autant doit-on en dire de l’architecture indienne
( voyez ces mots ) , où l’on trouve encore,
en guise'- de colonne, des masses plus écrasées,
plus fantastiques, et plus éloignées de tout système
raisonné pu raisonnable.
Le corps de bâtisse appelé pilier9 trouve place,
comme on l’a v u , dans les constructions où l ’on,
emploie les portiques. Mais il a encore, considéré
simplement comme masse, plus d’un emploi dans
l’architecture, où il figure sous diflérens noms,
ainsi qu’on va le dire.