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contigu de tant de masses d’édifices, il en compare
l’aspect à celui d’une plaine de pierres. On peut
bien croire dès-lors , que les habitations particulières
de l'Egypte antique ne dévoient avoir,
comme celles d’aujourd’hui, d’autres couvertures
que des ternisses.
L’usage des toitures en .charpente fut sans doute
très-répandu en Grèce et dans l’Italie , mais il ne
dut pas exclure entièrement l’emploi des couvertures
en plate-forute. S’il existe peu , ou s’il
n’existe plus de restes de terrasses dans les ruines
des édifices grecs ou romains, la cause en est
sensible, c’est que les faites de toutes les bâtisses
sont ce qui éprouve en premier les coups de la
destruction. Mais une multitude de passages et de
doenmeus recueillis chez les écrivains, ne permet
pas de mettre en doute que dès la plus haute antiquité
il y eut des maisons et des palais couverts
en terrasse. Par exemple , Homère nous en donne
une preuve, dans le récit qu’il fait {Odyssée, l. 10,
v . 5 5 2 ) de la mort d’Elpenor. il raconte qu’ayant
été dormir sur la terrasse du palais de Circé, qui
manquait de parapet d’un côté, et étant mal réveillé
, au lieu d’aller du côté' de l’escalier , il s,e
précipita du haut de la maison en, bas. On ci-
teroit d’autres traits chez les écrivains latins,
comme témoignage de l’emploi des terrasses ,
s'il ne suffisoit pas de. renvoyer le lecteur à Vi-
truve , qui (//V. 7, ch. I ) nous apprend de quelle
manière les aires dévoient être exécutées, lorsqu’elles
étoient pratiquées à découvert, sub dio.
Ces détails, nous les avons déjàrdonués à 1 article
A i r e . Voyez ce mot.
L’Italie moderne a dû à la bonne qualité de ses
enduits, surtout à Naples , l'usage général des
terrasses sur les maisons. Tontes celles de la ville
qu’on vient de citer sont ainsi terminées par des
terrasses, qui ont un parapet dounaiit sur la rue.
L’emploi universel de la pouzzolane , permet de
couvrir ainsi les maisons d’un massif assez épais, et
imperméable aux eaux p u via les. La douceur des
hivers garantit encore cette sorte de mortier des
atteintes de la glace. Rome moderne use aussi
volontiers de terrasses au sommet de beaucoup de
palais et de maisons; toutefois le plus grand nombre
se trouve surmonté de mæniaha , ou de ce
qu’on appelle loggia, petites Constructions qui
mettent au moins perpendiculairement la terrasse,
à couvert de la chute des eaux.
Plus on remonte vers le Nord, plus les terrasses
deviennent rares. Le climat en fait beaucoup
moins sentir l'agrément, ün y éprouve moins
long-temps et moins souvent le besoin d’y jouir de
la fraîcheur, et des aspects que les lieux élevés
procurent; et la longueur des hivers, la chute
des neiges surtout, réclament des toitures solides
et plus ou moins aiguës. Aussi remarque-l-on que
l’on ppurroit, en quelque sorte, calculer les climats
d’abord par l’absence ou la multiplicité des toits ,
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e n s u ite p a r la p e n te p lu s o u m o in s ra p id e qu‘0
le u r d o n n e .
Eu France on fait peu de terrasses, et indenen-|
darament de beaucoup d’autres raisons , il ne na.
mit pas qu’on ait jusqu’à présent réussi à fajrJ
adopter un enduit ou un mastic durable et imrerJ
meuble, quoique quelques épreuves récentes aient!
lait concevoir des espérances à cet égard.
On emploie le plus ordinairement, en France
a la formation des terrasses, deux sortes de procédés
: celui des dalles eu pierres, et celui des
lames de plomb. Les inconvéniens en sont généra»!
ment sentis , lorsque les plates-formes qu'un pva-J
tique ainsi, ont lieu sur des planchers en solives. 1
Nous n’en tendons toutefois parler du danger des
terrasses, qu’à l’égard de ces sortes de constructions,
qui sont celles des.habitaiion&et des maisons
ordinaires. S’il s’agir, en effet , d’édifices qui de-1
mandent ou admettent des terrasses sur des voûtes
en pierre ou en maçonnerie solide, il est alors
possible d’en couvrir les plates-formes, par des
pierres d’une .épaisseur et d’un volume qui assurent
leur solidité , et les rendent moins perméables
à l’humidité.
Mais le premier procédé de faire les terrassesI
dans les bâtisses ordinaires sur sol 1 ves , «’emploie-
pas des pierres aussi étendues et d’une semblable
épaisseur. C'est, au contraire , de simples dalle»
que l’on use, et ces sortes de dalles se réduisent
ordinairement à l’épaisseur des carreaux. O11 évite
aussi de leur donner trop de longueur, dans la
crainte qu’elles ne se fendent ; et de là , le besoin,
en les multipliant, de multiplier aussi leurs joints.
Or, ce sont ces joints multipliés qui, nécessitant
1 emploi du mortier qui doit les unir, occasionnent
, selon la nature de ce mortier, de fréquentés
désunions , par où s’opèrent des filtrations d’eau.
Les inégalités de tassement dans les bâtisses, le
travail des bois de charpente , tendent aussi à déranger
le niveau des dalles. Ajoutons crue le peu
d’épaisseur de ces dalles destinées à recevoir le»
eaux pluviales, à éprouver l'action des neigesqiii
y séjournent, des gelées et surtout des dégels,|
fait qu’elles sont facilement pénétrées par l’bumi-
dilé, et en transmettent le principe dissolvant au
massif qu’elles recouvrent.
Ou peut faire une partie de ces reproches aux|
couvertures de terrasse en plomb. Ce métal ductile
et facile à travailler et à étendre , a l’inconvé-1
ment d’être poreux, et de transmettre l’humidité I
plus encore que la pierre. Il y faut aussi pratiquer
dessoudures, qui produisent le même inconvénient
que celui des joints aux dalles de recouvrement.
D’autres métaux encore remplacent le plomb, I
mais rien ne peut empêcher que l’humidité q«d»
transmettent, ne pourrisse les bois des solives sur I
lesquelles s’établissent de semblables {errasses. I
T e r r a s s e ( contre- ) . On a p p e lle a in s i une ter- 1
russe élevée a u - d e s s u s d ’u n e a u t r e , p o u r quelque j
raccordement I
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jccorüement de terrain , on élévation de par-
terre» •.
Terrasse (en sculpture). On donne ce,nom dans
les ouvrages de sculpture, à cette partie de la
plinthe d’une statue, où pose la figure. Il y a effectivement
des cas assez nombreux où l’arliste
ménage une certaine épaisseur de matière sur sa
plinthe pour former comme une sorte de terrain
factice qui devient quelquefois nécessaire, par
exemple» pour motiver l’introduction de ces troncs
d’arbre qui servent d’accompagnement et de ten
o n , surtout aux figures en marbre.
j Terrasse (en marbre). Ainsi appelle-t-on,
dans le langage de la marbrerie , un tendre, c’est-
à-dire un défaut du marbre, qu’on nommebouzin
dans les pierres. On remédie autant qu’on le peut
j à ce défaut, avec de petits éclats et de la poudre
du même marbre, qu’on mêle avec un mastic de la
même couleur.
TERRASSIER, s. m. Ce nom désigne soit l’ou-
I vrier entrepreneur des travaux d’une terrasse , soit
K les ouvriers que l’entrepreneur emploie aux mou-
vemens de terre, et qui travaillent sous lui, ou à la
tâche, ou à la journée.
TERRE, s. f. La matière à laquelle on donne
I ce nom, si on la considéré, ou si on 1 emploie
I dans son état naturel ou primitif, ne sauroit don-
I ner lieu , ni à beaucoup de notions, ni a un grand
I nombre d’usages applicables à la construction. Ce
I n’est pas que la terre ne comporte d’innombrables
diversités de qualités, dont l’analyse et la connois- I sance importent beaucoup aux arts du besoin, en I tête desquels se place l’agriculture.. Mais si Par -
[ chitecle doit avoir quelques lumières sur ces.
| variétés , ce ne sera guère que soas les rapports
! que les qualités des terrains, où il élevera ses bâti-
inens , pourront avoir , soit avec .les fondations
qu’il leur confiera, soit avec les matériaux qui en
recevront l’influence. ... . , i ^
Ce que la terre a de plus directement applicable
à l’art de bâtir, se rapporte à l’emploi qu’on en
fait, comme matière propre à former des murs.Le
plus simple et le plus grossier de ces emplois,
consiste à faire d’une terre grasse délayée, et mêlée
quelquefois d’autres substances qui y forment
liaison, tantôt des murs de, séparation entre les
champs et les jardins, tantôt même d<?s cabanes
ou des chaumières pour les villageois, qui n’ont
pas d’autres moyens de se construire des habitations,.
Ce moyen inspiré par la simple nature, et
dont on use encore en plus d’un pays, a cependant
reçu , e t , à ce qu’il pareil, fort anciennement,
un certain peçfeciionnement, qui en
fait un procédé régulier, dont nous avons rendu
compte en son lieu , sous le nom de Pisé qu on lui
donne {voyez ce mot), et qui permet de donner à
Diction, d’ Archit. Tome III.
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celte sorte de bâtisse une solidité, une propreté
extérieure, et une régularité qui le rendent applicable
à beaucoup de petits corps de balimens, dans
les grands établissemens ruraux.
Mais la terre ou l’argile a été dès les plus anciens
temps mise en oeuvre, pour former des briques
dont on a composé les plus grands et les
plus durables ouvrages. A l’article B r iq u e {voyez
ce mot), nous avons donné de nombreux détails
sur ce genre de matériaux, et sur ses variétés,
particulièrement sur l’emploi que l’Egypte fit des
briques crues, c’est-à-dire en terre simplement
séchée au soleil. Les voyageurs qui ont poussé les
recherches dans ces contrées et à plusieurs centaines
de lieues au-delà des cataractes du Nil, ont
rencontré partout des restes de constructions antiques
en briques crues, et les babitans de ces
pays n’usent guère aujourd’hui encore d antres
sortes de matériaux, dans les bâtimens qu ils construisent.
Il est vrai qu’ils ne peuvent convenir que
sous des climats où il pleut rarement, et ou 1 on
ignore ces vicissitudes de température , qui dans
les hivers du Nord font succéder aux pluies et aux
causes d’humidité, l’action de la gelee et du dégel,
action à laquelle ne résisteroient point des
matériaux en terre crue. f
Il reste à faire counoître quelques-unes des désignations
qu’on donne à la terre, so.us le petit
nombre de rapports qu’a celte matière, .soit avec
l’art de bâtir, soit avec celui du jardinage, qui est
une des attributions de l’architecture. On dit :
Terre argileuse. — Terre dont on se sert pour
faire des briques et autres ouvrages.
Terre franche. — Espèce de terre grasse , sans
gravierdont on fait du mortier et de la bauge en
quelques endroits.
Terre glaise. — Terre argileuse dont on use
pour former les fonds des bassins.
Terre maigre. — C’est une terre sablonneuse
qu’on mêle quelquefois avec de la terre trop
grasse. 5
Terre massive. — Nom général qu’on donne a
toute terre que , dans le langage du bâtiment, Fou
considère, comme étant entièrement solide, sans
aucun vicie, et toisée cubiquement, ou réduite à
la toise cube, pour l’estimation de sa fouille.
Terre naturelle. — On appelé ainsi une terre,
qui n’a encore été ni éventée, ni fouillée- On la
nomme aussi quelquefois terre neuve.
Terre rapportée. — Terre qui a été transportée
d’un lieu à un autre, soit pour combler des fossés
ou des bas-fonds, soit pour élever des terrasses.
TERREAU, s. m. ( Jardinage.) On appelle
ainsi dans le jardinage , une sorte de terre noire ,
résidu du fumier pourri et macéré, dont on forme
ce qu on appelle les couches dans les jardins potagers.
On le modifie diversement par des mélanges
, selon les plantes ou les arbustes qu’on veut
faire venir et cultiver.
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